Protocole X-04 et mission 112

**Ororo Munroe** Sam 6 Aoû - 17:04

La fanfic se passe durant la mission à l'Institut. https://nation-x.forumactif.org/t226-retour-a-l-institut-pv-caitlyn

Partie I

Arpenter les couloirs si silencieux de l'Institut était un peu étrange, étrange et à la fois rassurant. D'un autre coté, vu l'heure plus que tardive si j'avais croisé un ou une élève il/elle aurait pris une soufflante comme au bon vieux temps. Le bon vieux temps c'est justement lui qui guidait mes pas ce soir. Johan avait du bosser une partie de la soirée, Directrice oblige tandis que Cait jouait les mentors avec cette jeune gamine qu'elle avait croisé hier. Et moi je m'étais retrouvée toute seule ... enfin. J'avais tellement de souvenirs que finalement je n'avais pas été vraiment seule.
J'avais commencé par aller voir ce qui restait de mon ex-futur maison. La pauvre même les ruines étaient des ruines. Faut dire que déjà à la base ce n'était pas bien reluisant mais alors depuis : 10 ans de complet abandon après avoir aussi subit les foudres de la destruction de l'Institut, c'était même un miracle qu'il reste autant de pans de mur debout. La végétation avait repris aussi ses droits.
Etrangement je n'en éprouvais aucune peine. Ce tas de pierre n'avait jamais représenté ma maison. Ma maison, mon chez moi il était en Afrique. Au milieu de cette savane sauvage ou repose mon cher et tendre sous l'oeil bienveillant de mon amie la lionne.
Mon chez moi c'est aussi mon bureau au X-center. Même mon appartement dans les beaux quartiers ne représente pas grand chose. Un lieu de vie ou ma fille peut être, c'est tout. Quand elle sera en age je le lui donnerais. De toute façon je ne pense pas finir ma vie à New Heaven. J'y étouffe déjà bien trop par moment.

J'ai donné le chèque de Reiji à Johan. Cet espèce de requin. Il est malin, un peu trop à mon goût mais bon. Les affaires c'est son truc. Quand je lui ai demandé pourquoi, il m'a simplement répondu parce que c'est bien.

Hum ... venant de Reiji ce genre de phrase ne veut absolument rien dire sauf : mêle toi de tes affaires. Je n'ai pas insisté. Cait s'en occupera le moment venue, elle et lui sont sur la même longueur d'ondes. Il m'a aussi fait remarquer que l'argent venait de la famille Aoe et non pas de lui. Il m'a dit ça avec un grand sourire. J'en ai conclu que la famille (traduction : son fils) ne devait pas vraiment être au courant mais qu'il "prêtait" son nom.
Quoique effectivement le chèque était signé par le jeune Sanzo, donc il devait être au courant.

Je ne sais pas si Reiji veut passer pour un philanthrope ou quoi mais manipuler ainsi son fils est bien dans sa nature. Je me demande ce que Jade en pense. Car elle pour l'embobiner c'est une autre paire de manche ... à moins qu'elle soit dans le coup ce qui lui correspondrait bien. Pauvre Sanzo, il n'est pas sorti de l'auberge, pour un peu je le plaindrais.

Enfin mettre le nez dans les affaires (glauques) de la famille Aoe était pire que le mettre dans la "merde" passez moi l'expression.

En tout cas, Johan elle avait été enchanté de l'aubaine et m'avait chargé de remercier chaleureusement les Aoe père et fils. Et voilà, le vieux brigand avait réussi à se la mettre dans la poche, ce qui n'était pas rien. Je crois que c'est pour cela que Cassidy le craint tellement. Reiji n'est pas seulement un requin de la finance il joue sur tellement d'autres tableaux et surtout sur à peu prêt tous les continents. Une fois je l'ai entendu parler avec Jade et Caitlyn j'en ai attrapé la migraine.
Je me demande même s'il ne fait pas tout ça uniquement pour embêter Kreele et Cassidy. De plus il sait qu'il a le soutient de Caitlyn, ce qui n'est pas rien, de part son fils ainsi que le mien et donc une bonne partie des X-men enfin Agent X actuels et futurs. Et maintenant voilà qu'il lorgne sur l'Institut. Se diversifier autant a un risque mais c'est aussi très malin.
Vu ce que Johan nous a expliqué de l'Institut, avoir une telle manne de son coté est plutôt une bonne chose. Il joue sur le tableau "humain aimant les mutants" et se retrouve pile dans la ligne de pensée du Professeur Xavier. Sans parler des différentes catégories socio-professionnelles et ethniques que les jeunes représentent.

J'en étais à ce genre de réflexion en arrivant devant la porte de la SdD. Hier nous avions fait une petite mission souvenir entre nous afin de nous rappeler les bons moments mais ce soir, ce soir ce moment ne serait qu'à moi seule. Ce "protocole" mes filles ne le connaissent pas. D'ailleurs personne ne le connait à part nous. Nous c'est à dire : moi bien sur, Scott, Logan et Jean. Il a toujours été confidentiel et lourdement sécurisé et pour cause. Il n'y en pas beaucoup mais quelques uns sont bien trop dangereux pour être mis entre n'importe quelle main. D'ailleurs il ne commençait pas par un chiffre mais par une lettre, un X. Il y en avait 5 si je me souviens bien de ce genre. Je crois que le X-01 a été totalement effacé et le X-02 a subit aussi de fortes modifications. Mais celui qui m’intéressait était le X-04

Celui ci remonte aux environs de mi 2007, c'était peu après ma défection des X-men. J'en avais vraiment marre. Les missions s'enchainaient à un tel rythme que j'étais épuisée, physiquement et nerveusement. J'étais tombée dessus un peu par hasard une fois de retour au sein des X. Finalement je n'ai jamais pu quitter les X et surtout le Professeur bien longtemps. C'est Jean qui me proposa un entrainement afin de reprendre nos bonnes habitudes et quand je lui ai fait remarqué que les garçons n'étaient pas là, mission oblige, elle m'a répondu que ce n'était pas bien grave grâce à un nouveau protocole mis en place en SdD. J'étais un peu surprise mais Jean semblait si sur d'elle. Je n'ai compris que lorsqu'elle a activé le protocole X-04. En effet les garçons étaient bien "avec nous" ou du moins leur reproduction par Danger. Je suis restée un moment sans voix avant de la regarder fixement et de lui demander d'une voix plutôt agressive si j'étais aussi dans ce protocole. "bien sur qu'est ce que tu crois. Nous y sommes tous les quatre" Sa réponse me mit en colère bien sur. Surtout qu'elle prenait ça à la légère.

"et jusqu’où ça va ?
- tu vas voir." me lança t elle un peu moqueuse .
Effectivement j'ai vu, et bien vu. Danger ne faisait pas que reproduire nos images holographiques non, c'était nous, complètement. Nos gestes, nos voix, nos paroles et même nos pouvoirs tout y était parfaitement reproduit.

"sympa non. Comme ça quand l'un de nous est absent les autres peuvent quand même s'entrainer.
- sympa... sympa ... t'es complètement folle. C'est dangereux au contraire. Ces ... choses c'est nous.
- ouai mais t'inquiète personne n'est au courant. Et puis ce protocole est super sécurisé. Il faut l'empreinte de l'un de nous, plus sa voix et son code. Tu vois personne ne peut l'ouvrir, même pas le professeur.
- et son constructeur ?
- en fait c'est nous ... surtout Scott mais ne lui en veut pas. On était tous d'accord et vu que t'était pas là ...
- vous avez décidé à ma place.
- fallait rester"

je n'ai pas su que répondre à cela. Elle m'en voulait d'etre partie même si elle ne me l'avait pas dit en face.

"tu m'en veux ?
- un peu oui mais je t'assure que ce truc est vraiment utile Ororo.
- ... ... mouai je sais que je peux te faire confiance mais ...
- t'inquiète pas. Allez viens voir ce que ça donne."

et nous l'avions utilisé et effectivement c'était utile et si réaliste qu'au bout d'une demi heure j'ai réussi à m'engueuler avec le Scott-robot.

Et aujourd'hui, c'est tout ce qu'ils me restent d'eux, de mes amis. Leur image, leur voix par ordinateur interposé.

J'active la console, pose mes doigts, donne le code. Ils apparaissent tous les trois. Si réel que mon coeur se serre. Les larmes coulent sur mes joues. Je descends les rejoindre.

"bonjour Ororo.
- 'Lut.
- Salut Scott ... Logan ... Jean" ma voix s'étrangle. C'est avec elle que c'est le plus dur. C'est mon amie, ma confidente, ma grande soeur. On a passé tellement d'années ensemble. J'étais là pour son mariage, la naissance de sa fille. Elle était là pour le mien. Elle a tenu Ash dans ses bras quelques minutes après sa naissance. Elle a été sa marraine

"ne soit pas triste Ororo.
- tu es morte et pourtant ... tu es là si réelle.
- oui mais quelque part c'est bien moi"

c'est aussi pour cela que je trouvais ce programme dangereux. À force de l'alimenter avec nos rapports de mission, nos évaluations et tout ce qu'on pouvait afin de nous perfectionner, il avait atteint un réalisme proprement effrayant. La preuve cette conversation. D'ailleurs comment pouvait elle savoir tout cela.

"les journaux Ororo.
- arrêtes ça. Je n'aimais déjà pas que tu farfouilles dans ma tête du temps de ton vivant alors c'est pas maintenant que je vais apprécier.
- toujours aussi ronchon. Ça te réussi pas de vieillir. En plus t'aurais pas pris du poids ?"

ma main part comme autrefois.

"raté" me nargue Scott en l'évitant facilement "t'étais plus rapide autrefois ma vieille. "

j'entends Jean soupirer. Elle sait comment cela va finir. En tout cas "Scott" aura réussi à réveiller mon coté combattante " tu vas voir si je suis vieille ... cadavre"

je vois Scott sourire. "bien mission 112. difficulté maximale"

la mission 112, l'une des plus difficiles pour moi, une mission que j'ai mis un temps fou à réussir. Je me demande si après toutes ces années je vais pourvoir de nouveau aller jusqu'au bout. Elle avait été créée spécialement pour moi. C'était un labyrinthe d'égouts, de tuyaux, de tunnels au centre de la terre, à plusieurs kilomètres. L'air y était rare. Pour une claustrophobe comme moi c'était l'enfer. Je ne sais même plus combien de fois Scott a du l'interrompre avant que je ne devienne complètement dingue. Et sans la puissance mentale de Jean, j'aurais surement fini par dévaster complètement la SdD. Mais aujourd'hui ... aujourd'hui je suis toute seule. Mes amis ne sont pas là. Pas vraiment.

"Ororo arrête s'il te plait. Tu te fais du mal, et tu nous fais du mal. Et puis c'est toi qui nous a appelé. "

je baisse la tête "c'est vrai. Je voulais tellement vous revoir. Vous me manquez tellement.
- et nous sommes là. Comme au bon vieux temps.
- ouai et on va les massacrer. Allez les faignaces vous papoterez une fois. "

Logan et sa délicatesse. Mais il amène un sourire sur mes lèvres. Je sens le bras de Jean passer sous le mien "allez courage tu veux pas laisser l'avantage aux mecs quand même. Girl power t'as pas oublié"

non j'ai pas oublié. Malgré ces 10 années, j'ai pas oublié l'équipe que nous formions.

**Ororo Munroe** Ven 12 Aoû - 11:15

Notre formation est toujours la même : Logan en tête puis Scott, moi et enfin Jean pour assurer nos arrières. Avec ma possibilité de nous camoufler dans le brouillard, les "conversations" de Jean et le flaire de Logan nous étions quasi invincibles sans parler du sens tactique de Scott. Il faut lui reconnaître ce talent.

La porte métallique provoque toujours la même appréhension. Crainte de ne pas y arriver, crainte de disjoncter, crainte de faire du mal à ceux que j'aime plus que tout. Et aujourd'hui, bien que ça ne soit que des machines, cette crainte est là. Tout au creux de mon ventre. Une sourde angoisse. Et sans filet ... enfin ... mon filet est au dessus. Au dessus de cette salle. Ils sont si jeunes, si plein d'enthousiasme, si seul, si gai et si triste.

Jean vient poser sa main sur mon épaule, elle me sourit, confiante. **tu vas y arriver**

Jean a toujours eu confiance en moi, plus que moi même. Surement sa faculté à lire dans nos esprits.

La porte s'ouvre en gémissant. Ça aussi c'est resté. C'est sinistre. Le couloir est bien là. Un long, très long couloir si étrange. À la base il est tout simple, droit et éclairé sauf que Danger s'amuse avec. Parfois courbé, parfois chaotique, semé d'embuche, de trous, de pierres, de chausse-trappe. Parfois lumineux à la limite de l'aveuglement, parfois si sombre qu'on n'y voit absolument rien. Aujourd'hui que va t il être ?

Je suis surprise. Il est rectiligne, éclairé, agréable. C'est pire. Nous nous regardons, le même scepticisme dans les yeux.
"allez les enfants, en route. On a un beau soleil aujourd'hui"

l'humour de Logan me fait sourire. Ce qui me fait moins sourire c'est l'ombre qui s'étend derrière nous au fur et à mesure que l'on avance. J'en étais sur, ce couloir est une illusion.

"attendez" je finis par m’arrêter, Jean aussi vu qu'elle est juste derrière moi "les gars"

ils stoppent, se retournent et me regardent avec une certaine surprise "quoi ?
- tu ne trouves pas ça un peu trop facile. Ce couloir ne nous a jamais fait de cadeau. Et cette ombre derrière nous ça te gêne pas ?
- pour une fois que c'est simple pourquoi ne pas en profiter. Et ...

je vois Scott se pencher légèrement pour regarder derrière moi "je ne vois pas de quelle ombre tu parles, Ororo. Si tu flippes déjà on est pas sortie de l'auberge"

je fronce les sourcils. Non je ne "flippe pas", l'ombre est bien réelle. D'ailleurs elle s'arrête à environ 1 mètre de nous. Scott ne peut que la voir. A moins qu'il ne fasse semblant pour ne pas m’inquiéter ou pour m’embêter. Sauf que ni l'un ni l'autre ne marche vraiment. Je finis par hausser les épaules. C'est toujours comme ça avec lui de toute façon. Il n'en fait qu'à sa tête.

Nouvelle pression de la main de Jean et toujours ce sourire. C'est bizarre mais son sourire me parait ... faux. Ou du moins pas aussi sincère que dans mon souvenir

{c'est une machine} me souffle une petite voix. Oui c'est surement ça. Ce n'est pas la "vrai" Jean

"Ororo" me soupire mon amie d'un air las et triste.

"ok, ok, désolé"

notre formation reprend sa route mais je reste sur mes gardes. Je n'arrive pas à me défaire d'un sentiment de malaise. Le couloir s'élargit, les murs "disparaissent" de chaque coté, laissant place à une végétation dense. Ce ne sont pas réellement des arbres mais plutôt des arbustes, des fougères et autres lianes qui forment un mur épais. La lumière se tamise de vert, c'est beau. Vraiment beau. On entend même des oiseaux et des bruissements d'animaux.

Sans que l'on s'en rende compte le "couloir" descend en pente douce. La terre a succédé à la pierre. Une terre rouge et poudreuse. Une terre qui virevolte à chacun de nos pas. Une terre qui sent l'humidité malgré sa sécheresse. Une terre que finalement je connais et reconnais. C'est MA terre.

Et je comprends. Vu que je suis le seul être réellement vivant ici, Danger se base sur moi, sur mes souvenirs, mes expériences. Je soupire en hochant la tête. Je savais que ce programme était une erreur. En voilà la preuve. Et je me suis (bêtement) coincée dedans. Car une autre de ses caractéristiques - de ma faute cette fois je dois bien le reconnaître - c'est que lassée de ne pas parvenir au bout, j'ai demandé à Scott d'y mette un verrou. Un verrou qui ne s'ouvre que par mon succès. Je n'ai donc pas le choix, je dois parvenir au bout de l'épreuve.

Et je me mets à rire. Un vrai rire. Un rire un peu dément. Les autres me fixent avec surprise. Rire ainsi n'est pas dans ma nature c'est sur.

"et voilà elle a disjoncté
- non Scott bien au contraire. Je ne me suis jamais aussi sentie bien depuis votre mort. Je sais c'est complètement idiot et totalement irrationnel et pourtant c'est ce que je ressens. Je viens de comprendre une chose. Une chose importante qui m'avait échappé. Une chose masquée par ma souffrance et ma détresse face à votre disparition.
- laquelle Ororo ?
- vous ne mourez jamais entièrement tant que je me souviendrais de vous. Tant que je vous garderais au fond de mon coeur. Vous êtes en moi désormais. Vous êtes et serez à tout jamais mes amis. Toi Logan je sais que tu es toujours en vie quelque part même si le Logan que j'ai connu à vieillit lui aussi et que d'une certaine façon est mort tout comme l'Ororo d'il y a 10 ans est morte. Et aujourd'hui je suis non seulement l'Ororo d'avant mais surtout celle de maintenant. X-men rescapée de ce carnage, Directrice du X-Center et surtout mère et grand-mère.
- tu as enfin compris Ororo.
- oui Jean. Bon les amis finit les sentiments, il va falloir qu'on sorte d'ici. "

je sais que j'ai pris la bonne décision. Cet endroit plein de souvenir est ma force, ma vie, et une partie de mon futur. J'ai été, tout comme Caitlyn mais surtout, surtout je vais être et c'est cela le plus important.

Je pose ma main sur le mur végétal, je le sens bouger, je le sens respirer. C'est bien ce qui me semblait. Je sais ou je suis ou plutôt je sais ou Danger m'a emmené. C'était l'une de nos premières missions ensemble. Nous 4. Danger cherchait elle à me dire aussi quelque chose avec son esprit et sa logique de machine ou bien n'était ce qu'un hasard ?
En tout cas revenir ainsi à nos débuts était à la fois plaisant, surprenant et un peu inquiétant. Je savais ce qui était sensé se passer ...

"tu te souviens ?
- oui.
- bien mais cette fois on ne se sépare pas.
- d'accord.
- d'accord Ororo ? Même pas une petite remarque. Même pas un soupir d'agacement.
- ... pffff tu m'énerves.
- ah quand même. Je préfère."

Scott me sourit et je lui réponds. Ce genre de conversation était si fréquente. Je crois que je le contredisais juste pour le contredire. Je me demande si avec le temps nous aurions réussi à nous entendre lui et moi ... non impossible. On dit que les opposés s'attirent pas l'inverse.

"tu crois que les autres vont être là ?
- je ne sais pas. C'est ta mission. "

étrange mission en fait. Je perds un peu mes repères temporels. J'avance en tête du coup, écartant les lianes ou les hautes fougères, nous frayant un chemin à travers le rideau vert.

"merde !!" voilà j'ai relâché mon attention et une liane en a profité pour m'entourer le poignet.

"Scott s'il te plait" je crois que c'est la première fois que je lui demande de l'aide aussi rapidement et naturellement. J'ai vieillit. Je me suis assagit. La lumière de sa visière fuse me libérant. Un râle de mécontentement agite le reste.

On se regarde. "on court les amis". Les lianes mécontentes se sont mises en mouvement, cherchant à nous attraper jambes et bras. Je vois aussi le sol qui ondule tel un serpent, de nouvelles racines en surgissent, traitresse sous nos pieds. On court comme des dingues sans réfléchir. Des éclairs blanc de mes mains, rouge des yeux de Scott. On entend le son soyeux des lames de Logan. Jean a déployé un bouclier devant nous écrasant et broyant tout ce qui s'y trouve.

Depuis combien de temps on court ? Je ne sais pas. Je ne sais plus. Je n'ai plus la notion du temps. On court simplement. Mais pourquoi ? Quel intérêt de courir ainsi ? Cette course c'est pas nous. C'est pas ainsi que l'on fonctionne. Cette course c'est moi. Je fuis non pas la végétation en furie mais ma vie.

Je stoppe brusquement. Logan me rentre dedans. "quoi encore ?" grogne t il.

Je me demande si je l'ai un jour entendu parler normalement.

"Ororo ? " la voix de Jean me parvient inquiète. "faut pas s’arrêter. C'est trop dangereux"

dangereux ? Comment quelque chose qui n'existe pas pourrait elle être dangereuse. Le danger il est devant. Le danger c'est le futur. Le danger c'est l'inconnu. Pas le passé. Lui on le connait. On sait qu'il existe et ce qu'il a été. Pourquoi en avoir peur. Le passé ne peut plus rien nous faire. C'est pour cela qu'il est si rassurant. Que l'on s'y vautre avec délectation. Que l'on ressasse autant nos souvenirs.

"non ça suffit. Réfléchissez. Pourquoi on court ? Qu'est ce qu'on fuit ? Vous êtes des machines. Vous ne devriez pas avoir peur. Tout ça n'est pas réel. C'est moi. Juste moi. Ce sont mes souvenirs et surtout mes craintes. Ma crainte du futur. Ma douleur du passé. Votre mort, celle de T'Challa et du professeur. Danger s'en nourrit pour son stupide programme.
- Ororo !!
- non. J'ai dit non. C'est fini. Je refuse d'avancer ainsi. Je refuse de continuer à vivre dans le passé. Stop. "

** Ils vont mourir Déesse. Tous tes amis. Ils vont disparaître. Par ton entêtement tu vas les tuer. **

peut importe. Peut m'importe. Je sais que j'ai raison. Je sais que cette fois j'ai gagné. Et toute seule en plus.

"Ororo s'il te plait.
- non."

la voix de Jean s'est faite suppliante. Comme si Jean pouvait me supplier ainsi. Comme si Logan et Scott pouvaient ainsi se laisser piéger. Danger peut avoir tous mes souvenirs, elle peut avoir mes sentiments mais au fond ce n'est qu'une machine. Elle les reproduit tel quel. Elle ne les comprend pas. Elle ne les assimile pas. Elle les transforme et les régurgite en une suite de 1 et de 0.
j'ai gagné. J'ai gagné tout comme nous avons gagné face à Ultimate. Jamais les machines ne pourront vaincre aussi perfectionnées soit elles. J'ai gagné par mon refus. Un refus qu'elle ne peut comprendre. Tout comme Ultimate n'a pu comprendre notre entêtement.

Je m'assoie sur le sol poussiéreux alors que le décor change. La végétation devient un mur, gris, froid, sale.

** tu l'auras voulu. **

"Ororo !!!" les voix se font de plus en plus suppliantes tandis que les murs se rapprochent, encore et encore.

"non" je ne dois pas baisser les bras. Je dois m'accrocher à la réalité. La vrai réalité. Celle du dessus. Les enfants, l'Institut. Ce sont eux mon point d'encrage. Ma forte tête de fille. La petite Johan devenue une si belle femme. Et cette gamine ... et MA gamine.

"s'il te plait, ne fait pas ça. Aide nous
- Chérie aide les. Ils ont besoin de toi.
- non"

même la voix de mon cher et tendre ne me fera pas changer d'avis. Je sais que j'ai raison.

**Ororo s'il te plait.
- non Professeur. Vous non plus.
- alors Adieux. Tu n'as plus besoin de moi **

mon coeur se serre. Non je dois m'accrocher à ma raison. J'entends toujours les grincements, les gémissements, les hurlements puis le silence.

** ils sont morts par ta faute Ororo **

"non. Tu n'as toujours rien compris. Jamais nous ne pourront mourir. Bien sur tu peux les tuer mais ils ne mourront pas pour autant car je les fais vivre à jamais. C'est ça notre vrai pouvoir. Notre vrai force. À nous les X-men. Un X ne se sacrifie pas pour mourir mais pour vivre. Il ira jusqu'au bout pour défendre la vie, toutes les vies."

** Ororo ...

- STOP. Je ne suis pas Ororo. Je suis Madame la Directrice du X-Center de la première Nation libre mutante, la vivante New Heaven. Alors arrête. "

ma voix gronde le long du mur si proche de moi. Je me suis relevée. Mes mains crépitent. Mon corps crépite. J'en ai assez de cette stupide mission. J'en ai assez qu'elle me sous-estime. J'en ai assez qu'elle me fasse souffrir.

Je ne suis pas en colère. Je ne suis pas inquiète. Je ne suis même pas vraiment agacée. Je suis juste en vie. Les murs se mettent à briller, flash de lumière sous mes éclairs. Des grêlons aussi gros que des oeufs de poule se mettent à les mitrailler avec force. Ils ont beau continuer à s'avancer, je suis plus forte. Je suis Ororo Munroe. Je suis la Déesse des éléments et je suis maintenant très très mécontente.

Protocole X-04 et mission 112

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