Déambulations aléatoire et réflexions étranges
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Déambulations aléatoire et réflexions étranges
Les rues des Asphodèles - 2 mois après l'arrivée de Kaya à New Heaven, en milieu d'après-midi.
Bon... Un boulot fait, terminé et payé. Ils m'avaient filé mon blé pour ma semaine de contrat. J'avais bossé, pendant une semaine pour ceux qui n'auraient pas suivi, dans un restaurant pour le service du midi. Cela signifiait que je démarrais vers 7h30 du mat', que je déchargeais les ingrédients commandés par le chef cuisinier, que je les aidais ensuite pour l'épluchage des légumes et la découpe, avant d'ensuite préparer le service (table, terrasse, ménage, ...). Une fois le service commencé, je m'occupais de celui-ci : commandes, demandes particulières, et tout ce qui allait avec. Le restaurant était relativement chic et je savais quoi faire : je devais cela principalement au fait que, pendant mes huit premières années, mes parents m'avaient amené plusieurs fois dans des restaurants assez chicos et m'avaient expliqué un peu comme tout se passait, que ce soit du côté du client ou du côté du service. Ma mère avait été maître d'hôtel pendant plus de 15 ans, avant de finalement quitter son job à ma naissance et vu que mon père gagnait plus que ce qu'il fallait, elle avait préféré lâcher l'affaire. Ou alors c'était à cause de moi... Le fait qu'elle cesse de bosser l'avait plongée dans l'inactivité et la dépression, sur le long terme. Aurait-elle continué d'être heureuse sans moi ? Ou sa dépression était-elle génétiquement codée, comme de plus en plus de preuves semblaient le montrer ? Bah.
Il était un peu tard pour penser à ça. Je m'étais fait une somme assez coquette et j'étais, en fait, assez déçue qu'ils n'aient pas besoin de moi pour plus longtemps : je n'avais fait que remplacer un de leurs serveurs, qui était revenu. Plus malade, plus de problèmes. Le patron avait dit qu'il garderait mon numéro en cas de besoin et vu que j'avais pu me retenir de faire des conneries, il me semblait fort possible qu'il me redemande de l'aide au besoin. C'était pas un job stable mais, eh, au moins c'était ça de côté... Il y avait toujours un petit job potentiel qui pouvait tomber. Enfin, passons, limite on s'en fout en fait. Ce qui importait, c'était plutôt ce sur quoi je tombai en rentrant.
Alors que je parcourais les rues des Asphodèles, parce que j'avais décidé de rentrer à pieds, je remarquai une boutique de musique, où il était écrit "PIANOS & CLAVIERS". Tiens donc. J'avais beaucoup joué de clavecin, à l'époque où mes pouvoirs s'étaient développés... Le symbiote s'était lié à mes nerfs, notamment la colonne vertébrale et les cortex moteurs. Cela m'avait permis de... ne plus vraiment avoir besoin de mémoire musculaire, c'était un peu difficile à expliquer. En gros, chez la plupart des gens, pour apprendre à faire un mouvement il faut voir ce mouvement, le retenir, le pratiquer de nombreuses fois, puis de nouvelles connexions se forment dans le cortex moteur afin que le message nerveux nécessaire pour faire ce mouvement-là se déclenche plus rapidement. Le message nerveux passe plus vite et il est possible de faire ce mouvement de façon plus précise et plus rapide. Mais le symbiote avait... un peu court-circuité le processus. En gros, il me suffisait de voir le mouvement, de l'apprendre par cœur, et le symbiote envoyait les infos directement à la colonne vertébrale sans passer par le cortex moteur. Enfin, c'était l'explication qui m'avait été donnée à l'Institut. Cela m'avait permis d'apprendre des mouvements de combat complexes très rapidement et surtout, d'apprendre à jouer de la musique.
Bon, en trichant un peu, du coup... Mais je n'avais jamais appris à jouer par manque de temps. Le fait de ne pas avoir à pratiquer 50 heures par jour pendant 12 ans me permettait de gagner un temps considérable. Je devais juste avoir une idée globale des sons produits par chaque touche du clavier, connaître chaque note que je voulais jouer et je pouvais jouer sans aucun souci. Pendant un moment je m'étais même demandée si je ne pourrais pas tenter une carrière musicale... Ah, cette époque me manquait un peu. C'était l'époque où j'hésitais entre plusieurs futurs : professeur de biologie ? Chercheuse ? Défenseuse d'autrui en tant qu'X-woman ? Musicienne ? Les choix étaient multiples. Maintenant en revanche... Je faisais ce que je pouvais quand je pouvais. C'était vite vu. Enfin... Le fait était que je n'avais pas joué depuis longtemps mais je me rappelais encore de mes morceaux favoris. Il y en avait qui n'étaient pas du tout conçu pour le piano, comme la montée épique de Gargoyles, Angels Of Darkness ou Night on Bald Mountain, ou des trucs entièrement faits pour le piano comme le Winter Wind de Chopin. J'avais tellement écouté ces morceaux en boucle qu'il n'y avait presque aucune chance que je les oublie un jour...
Et passer devant ce magasin me donna des idées. Pourquoi pas, après tout ? J'entrai tranquillement, disant bonjour au type derrière la caisse qui me regardait un peu de travers (le type, pas la caisse). Moui, je n'avais pas trop une tenue "locale"... J'avais... ben la même chose que d'habitude en fait. Débardeur blanc, soutif de sport, jean noir. Les autres clients étaient un peu mieux fagotés que moi, c'était clair et net. En fait, tout sur ma tronche disait que je n'avait pas les moyens de me payer quoi que ce soit dans cette boutique. D'ailleurs, je me mis à regarder les prix et cela confirma définitivement mes craintes. Soupirant, je passai à deux doigts de sortir quand mon regard tomba sur quelque chose de singulier : un clavecin. Mon instrument favori. J'avais joué sur celui de l'Institut pendant des heures, au plus grand désespoir de ceux qui dormaient pas loin de la salle de musique d'ailleurs. Double clavier, sautereaux en bois, coffre en aulne, table d'harmonie italienne décorée, un vrai travail de chef. Le prix aussi, était de chef... Cela dit c'était logique : il n'existait aucune production industrielle de cet instrument.
Laissant tomber mes instincts, je m'installai, appuyant sur plusieurs des touches afin de voir quel accordage avait été adopté. Hmm... Diapason baroque. Oubliant totalement mon instinct de survie et ignorant le fait que le type derrière le comptoir me faisait "Hey, oh ! On ne touche pas !", je me mis à jouer un morceau que je connaissais plus que bien. Celui-ci commençait assez doucement, en fait c'était à se demander si c'était un morceau pour les débutants ou quelque chose du genre... Mais que nenni, sacrebleu : d'un seul coup, sans prévenir, une véritable tempête de notes, montant et descendant sans pitié s'abattait sur l'auditoire. Oui, "que nenni, sacrebleu", je me mettais dans l'ambiance de l'époque. Enfin... Ce furent trois minutes d'une intensité sans limite. Pour certains, la musique, c'était juste un truc qui passait à la radio et la musique classique c'était un peu chiant. Chacun avait une perception différente des arts... Par exemple, ces mêmes personnes iraient s'extasier devant du Van Gogh alors que pour ma part, je ne pourrais que reconnaître la technique. L'oeuvre elle-même ne m'inspirerait aucune émotion. La musique en revanche, là... Et sous toutes ses formes. Classique, électronique, rock, métal, peu importait.
Le Winter Wind fut aussi une tempête émotionnelle pour moi. Pendant un peu plus de 3 minutes, je ressentis... Autre chose. Pas la dépression liée au sevrage ou à ma situation douteuse, pas de haine de soi à cause de ce que j'avais fait, pas de peur du jugement des autres, pas de peur de l'abandon à cause de ce qu'avaient fait mes parents, pas de doute, rien de tout ça. Les seules émotions que je ressentais étaient celles liées à la musique et j'en avais un contrôle total. C'était... difficile à décrire pour quelqu'un qui n'était pas aussi touché que moi par la musique. Mais toutes les choses avaient une fin... Le morceau se termina dans cette montée rapide, qui s'interrompait d'une façon brutale. Je soufflai un petit coup histoire de revenir à moi, observant alors les alentours. Un ou deux clients s'étaient arrêtés avec un air un peu surpris, tout comme le mec au comptoir. Un type en costume avec une moustache s'était, lui aussi, arrêté dans le petit escalier en colimaçon qui menait au premier étage. Vu l'expression qu'eut l'employé en voyant ce mec descendre, je pus en déduire rapidement qu'il était soit un manager soit le patron. J'eus confirmation lorsqu'il s'adressa à moi :
- Très impressionnant ! Vous jouez depuis longtemps, mademoiselle...?
- Ben... J'en pas joué d'puis plus d'10 ans quoi...
- Quel gâchis ! J'imagine que vous êtes venue ici pour reprendre ? C'est un exemplaire splendide que vous avez choisi là, modèle Italien, av...
- Coffre en Aulne et plectres en plume de corbeau oui... répondis-je avec un air un peu absent.
- Une connaisseuse ! Nous pouvons vous le livrer sans aucune diffic...
- Ce... ce s'ra pas nécessaire, l'interrompis-je en me levant brutalement.
- Oh, vous êtes déjà équipée ? demanda-t-il alors.
- C'est... pas vraiment l'souci... répondis-je en regardant le carton où figurait le prix. P't'ain il me faudrait au moins 25 petits boulots.
- Ce n'est pas un problème, nous avons des moyens de payer en plusieurs fois, comme...
- Comme quoi, un crédit sur 45 ans ?
- Ah, je vois... dit-il finalement en me détaillant. Ma tenue avait fini par l'interpeller. Dans ce cas, nous sponsorisons des musiciens prometteurs au conservatoire, il y a un récital bientôt, je suis sûr que nous pourr...
- L'âge moyen là-bas c'est 14 ans, je risque d'faire tâche... Écoutez, dis-je finalement en reculant lentement vers la sortie, comme un animal pris au piège. C'est gentil mais... ça ira...
- Laissez-moi au moins vous donner le numéro, ça ne coûte rien d...
- J'dois, j'ai j'ai, laissé la porte du du... couloir, dans... la voiture de de... l'escalier... d'la douche... qui sonne à la porte... finis-je par balbutier, avant de sortir.
Je me mis alors à marcher à toute vitesse, histoire de me perdre dans la foule. Pourquoi avais-je refusé ? Il y avait sûrement des raisons mais pas forcément logiques. Enfin, il y avait des raisons logiques ! Par exemple, prendre cette place serait prendre la place d'un gamin qui étudiait VRAIMENT la musique (au lieu de tricher avec son pouvoir comme moi) et ce serait extrêmement injuste pour lui. Ou encore, ce serait tenter d'entrer dans un monde qui n'était pas le mien et ne l'avait jamais été. Ou bien, il y aurait sûrement des conditions douteuses attachés. Ou, tiens, pas envie de me faire remarquer : si je devenais connue d'une façon ou d'une autre, le FBI et les flics de New Heaven pourraient me tomber sur le râble. Mais pourtant, aucune de ces raisons n'était celle pour laquelle j'avais refusé. Et le pire là-dedans était que j'ignorais entièrement pourquoi j'avais refusé et pourquoi je l'avais fait avec une attitude aussi terrifiée. Peur d'être mise en avant ? Peur qu'un de mes talents soit reconnu ? Encore ce cycle de dépréciation dont j'étais la victime constante depuis mon adolescence ? Va savoir. C'était possible... Il faudrait que je travaille là-dessus même si à mon âge, il était douteux que je change en profondeur. Mais pour le moment, je devais travailler sur mon sevrage et sur le fait de pouvoir bouffer et payer mon loyer... Pas sur une quelconque folie des grandeurs musicale. Ce fut sur cette sinistre pensée que, les larmes aux yeux, je repris ma route au milieu des passants de New Heaven, qui était moins paradisiaque que ce qu'on en disait...
Bon... Un boulot fait, terminé et payé. Ils m'avaient filé mon blé pour ma semaine de contrat. J'avais bossé, pendant une semaine pour ceux qui n'auraient pas suivi, dans un restaurant pour le service du midi. Cela signifiait que je démarrais vers 7h30 du mat', que je déchargeais les ingrédients commandés par le chef cuisinier, que je les aidais ensuite pour l'épluchage des légumes et la découpe, avant d'ensuite préparer le service (table, terrasse, ménage, ...). Une fois le service commencé, je m'occupais de celui-ci : commandes, demandes particulières, et tout ce qui allait avec. Le restaurant était relativement chic et je savais quoi faire : je devais cela principalement au fait que, pendant mes huit premières années, mes parents m'avaient amené plusieurs fois dans des restaurants assez chicos et m'avaient expliqué un peu comme tout se passait, que ce soit du côté du client ou du côté du service. Ma mère avait été maître d'hôtel pendant plus de 15 ans, avant de finalement quitter son job à ma naissance et vu que mon père gagnait plus que ce qu'il fallait, elle avait préféré lâcher l'affaire. Ou alors c'était à cause de moi... Le fait qu'elle cesse de bosser l'avait plongée dans l'inactivité et la dépression, sur le long terme. Aurait-elle continué d'être heureuse sans moi ? Ou sa dépression était-elle génétiquement codée, comme de plus en plus de preuves semblaient le montrer ? Bah.
Il était un peu tard pour penser à ça. Je m'étais fait une somme assez coquette et j'étais, en fait, assez déçue qu'ils n'aient pas besoin de moi pour plus longtemps : je n'avais fait que remplacer un de leurs serveurs, qui était revenu. Plus malade, plus de problèmes. Le patron avait dit qu'il garderait mon numéro en cas de besoin et vu que j'avais pu me retenir de faire des conneries, il me semblait fort possible qu'il me redemande de l'aide au besoin. C'était pas un job stable mais, eh, au moins c'était ça de côté... Il y avait toujours un petit job potentiel qui pouvait tomber. Enfin, passons, limite on s'en fout en fait. Ce qui importait, c'était plutôt ce sur quoi je tombai en rentrant.
Alors que je parcourais les rues des Asphodèles, parce que j'avais décidé de rentrer à pieds, je remarquai une boutique de musique, où il était écrit "PIANOS & CLAVIERS". Tiens donc. J'avais beaucoup joué de clavecin, à l'époque où mes pouvoirs s'étaient développés... Le symbiote s'était lié à mes nerfs, notamment la colonne vertébrale et les cortex moteurs. Cela m'avait permis de... ne plus vraiment avoir besoin de mémoire musculaire, c'était un peu difficile à expliquer. En gros, chez la plupart des gens, pour apprendre à faire un mouvement il faut voir ce mouvement, le retenir, le pratiquer de nombreuses fois, puis de nouvelles connexions se forment dans le cortex moteur afin que le message nerveux nécessaire pour faire ce mouvement-là se déclenche plus rapidement. Le message nerveux passe plus vite et il est possible de faire ce mouvement de façon plus précise et plus rapide. Mais le symbiote avait... un peu court-circuité le processus. En gros, il me suffisait de voir le mouvement, de l'apprendre par cœur, et le symbiote envoyait les infos directement à la colonne vertébrale sans passer par le cortex moteur. Enfin, c'était l'explication qui m'avait été donnée à l'Institut. Cela m'avait permis d'apprendre des mouvements de combat complexes très rapidement et surtout, d'apprendre à jouer de la musique.
Bon, en trichant un peu, du coup... Mais je n'avais jamais appris à jouer par manque de temps. Le fait de ne pas avoir à pratiquer 50 heures par jour pendant 12 ans me permettait de gagner un temps considérable. Je devais juste avoir une idée globale des sons produits par chaque touche du clavier, connaître chaque note que je voulais jouer et je pouvais jouer sans aucun souci. Pendant un moment je m'étais même demandée si je ne pourrais pas tenter une carrière musicale... Ah, cette époque me manquait un peu. C'était l'époque où j'hésitais entre plusieurs futurs : professeur de biologie ? Chercheuse ? Défenseuse d'autrui en tant qu'X-woman ? Musicienne ? Les choix étaient multiples. Maintenant en revanche... Je faisais ce que je pouvais quand je pouvais. C'était vite vu. Enfin... Le fait était que je n'avais pas joué depuis longtemps mais je me rappelais encore de mes morceaux favoris. Il y en avait qui n'étaient pas du tout conçu pour le piano, comme la montée épique de Gargoyles, Angels Of Darkness ou Night on Bald Mountain, ou des trucs entièrement faits pour le piano comme le Winter Wind de Chopin. J'avais tellement écouté ces morceaux en boucle qu'il n'y avait presque aucune chance que je les oublie un jour...
Et passer devant ce magasin me donna des idées. Pourquoi pas, après tout ? J'entrai tranquillement, disant bonjour au type derrière la caisse qui me regardait un peu de travers (le type, pas la caisse). Moui, je n'avais pas trop une tenue "locale"... J'avais... ben la même chose que d'habitude en fait. Débardeur blanc, soutif de sport, jean noir. Les autres clients étaient un peu mieux fagotés que moi, c'était clair et net. En fait, tout sur ma tronche disait que je n'avait pas les moyens de me payer quoi que ce soit dans cette boutique. D'ailleurs, je me mis à regarder les prix et cela confirma définitivement mes craintes. Soupirant, je passai à deux doigts de sortir quand mon regard tomba sur quelque chose de singulier : un clavecin. Mon instrument favori. J'avais joué sur celui de l'Institut pendant des heures, au plus grand désespoir de ceux qui dormaient pas loin de la salle de musique d'ailleurs. Double clavier, sautereaux en bois, coffre en aulne, table d'harmonie italienne décorée, un vrai travail de chef. Le prix aussi, était de chef... Cela dit c'était logique : il n'existait aucune production industrielle de cet instrument.
Laissant tomber mes instincts, je m'installai, appuyant sur plusieurs des touches afin de voir quel accordage avait été adopté. Hmm... Diapason baroque. Oubliant totalement mon instinct de survie et ignorant le fait que le type derrière le comptoir me faisait "Hey, oh ! On ne touche pas !", je me mis à jouer un morceau que je connaissais plus que bien. Celui-ci commençait assez doucement, en fait c'était à se demander si c'était un morceau pour les débutants ou quelque chose du genre... Mais que nenni, sacrebleu : d'un seul coup, sans prévenir, une véritable tempête de notes, montant et descendant sans pitié s'abattait sur l'auditoire. Oui, "que nenni, sacrebleu", je me mettais dans l'ambiance de l'époque. Enfin... Ce furent trois minutes d'une intensité sans limite. Pour certains, la musique, c'était juste un truc qui passait à la radio et la musique classique c'était un peu chiant. Chacun avait une perception différente des arts... Par exemple, ces mêmes personnes iraient s'extasier devant du Van Gogh alors que pour ma part, je ne pourrais que reconnaître la technique. L'oeuvre elle-même ne m'inspirerait aucune émotion. La musique en revanche, là... Et sous toutes ses formes. Classique, électronique, rock, métal, peu importait.
Le Winter Wind fut aussi une tempête émotionnelle pour moi. Pendant un peu plus de 3 minutes, je ressentis... Autre chose. Pas la dépression liée au sevrage ou à ma situation douteuse, pas de haine de soi à cause de ce que j'avais fait, pas de peur du jugement des autres, pas de peur de l'abandon à cause de ce qu'avaient fait mes parents, pas de doute, rien de tout ça. Les seules émotions que je ressentais étaient celles liées à la musique et j'en avais un contrôle total. C'était... difficile à décrire pour quelqu'un qui n'était pas aussi touché que moi par la musique. Mais toutes les choses avaient une fin... Le morceau se termina dans cette montée rapide, qui s'interrompait d'une façon brutale. Je soufflai un petit coup histoire de revenir à moi, observant alors les alentours. Un ou deux clients s'étaient arrêtés avec un air un peu surpris, tout comme le mec au comptoir. Un type en costume avec une moustache s'était, lui aussi, arrêté dans le petit escalier en colimaçon qui menait au premier étage. Vu l'expression qu'eut l'employé en voyant ce mec descendre, je pus en déduire rapidement qu'il était soit un manager soit le patron. J'eus confirmation lorsqu'il s'adressa à moi :
- Très impressionnant ! Vous jouez depuis longtemps, mademoiselle...?
- Ben... J'en pas joué d'puis plus d'10 ans quoi...
- Quel gâchis ! J'imagine que vous êtes venue ici pour reprendre ? C'est un exemplaire splendide que vous avez choisi là, modèle Italien, av...
- Coffre en Aulne et plectres en plume de corbeau oui... répondis-je avec un air un peu absent.
- Une connaisseuse ! Nous pouvons vous le livrer sans aucune diffic...
- Ce... ce s'ra pas nécessaire, l'interrompis-je en me levant brutalement.
- Oh, vous êtes déjà équipée ? demanda-t-il alors.
- C'est... pas vraiment l'souci... répondis-je en regardant le carton où figurait le prix. P't'ain il me faudrait au moins 25 petits boulots.
- Ce n'est pas un problème, nous avons des moyens de payer en plusieurs fois, comme...
- Comme quoi, un crédit sur 45 ans ?
- Ah, je vois... dit-il finalement en me détaillant. Ma tenue avait fini par l'interpeller. Dans ce cas, nous sponsorisons des musiciens prometteurs au conservatoire, il y a un récital bientôt, je suis sûr que nous pourr...
- L'âge moyen là-bas c'est 14 ans, je risque d'faire tâche... Écoutez, dis-je finalement en reculant lentement vers la sortie, comme un animal pris au piège. C'est gentil mais... ça ira...
- Laissez-moi au moins vous donner le numéro, ça ne coûte rien d...
- J'dois, j'ai j'ai, laissé la porte du du... couloir, dans... la voiture de de... l'escalier... d'la douche... qui sonne à la porte... finis-je par balbutier, avant de sortir.
Je me mis alors à marcher à toute vitesse, histoire de me perdre dans la foule. Pourquoi avais-je refusé ? Il y avait sûrement des raisons mais pas forcément logiques. Enfin, il y avait des raisons logiques ! Par exemple, prendre cette place serait prendre la place d'un gamin qui étudiait VRAIMENT la musique (au lieu de tricher avec son pouvoir comme moi) et ce serait extrêmement injuste pour lui. Ou encore, ce serait tenter d'entrer dans un monde qui n'était pas le mien et ne l'avait jamais été. Ou bien, il y aurait sûrement des conditions douteuses attachés. Ou, tiens, pas envie de me faire remarquer : si je devenais connue d'une façon ou d'une autre, le FBI et les flics de New Heaven pourraient me tomber sur le râble. Mais pourtant, aucune de ces raisons n'était celle pour laquelle j'avais refusé. Et le pire là-dedans était que j'ignorais entièrement pourquoi j'avais refusé et pourquoi je l'avais fait avec une attitude aussi terrifiée. Peur d'être mise en avant ? Peur qu'un de mes talents soit reconnu ? Encore ce cycle de dépréciation dont j'étais la victime constante depuis mon adolescence ? Va savoir. C'était possible... Il faudrait que je travaille là-dessus même si à mon âge, il était douteux que je change en profondeur. Mais pour le moment, je devais travailler sur mon sevrage et sur le fait de pouvoir bouffer et payer mon loyer... Pas sur une quelconque folie des grandeurs musicale. Ce fut sur cette sinistre pensée que, les larmes aux yeux, je repris ma route au milieu des passants de New Heaven, qui était moins paradisiaque que ce qu'on en disait...
Kaya Kangee- Civil
- Messages : 260
Localisation : Bordure du Outer, New Heaven
Emploi/loisirs : Variables - pas d'emploi fixe
Pouvoirs : Symbiote évolutif
Re: Déambulations aléatoire et réflexions étranges
- 18+ (violence):
- Vidéo disponible dans quelques coins reculés du dark web, sur des serveurs non-répertoriés, des forums privés, des réseaux "old school" usenet dissimulés et autres endroits auxquels la large majorité des internautes n'aura jamais accès.
La vidéo démarra dans un lieu assez sombre. D'après les informations visibles à l'écran, il semblerait que cette vidéo vienne du feed tactique d'un membre du SWAT : une de ces caméras modernes qui sont attachées au casque et qui permettent aux équipes éloignées de l'action de voir comment va tout le monde, mais aussi d'avoir toutes les informations à la fois afin de pouvoir donner des ordres aussi précis et efficaces que possible. Le fait d'avoir une vision globale du champ de bataille était un atout manifeste...
- Équipe 1, on entre, dit une voix légèrement déformée par le haut-parleur de la radio.
À ce signal, la caméra avança avec son porteur, entrant dans un couloir. Le bâtiment semblait pas mal délabré : vieux béton sale et gris, de la poussière et des débris un peu partout au sol, ... l'ensemble finit par les mener à une double porte en acier qui a été éventrée. Il y avait une marque d'impact entre les deux portes, qui avaient visiblement ensuite été tordues de façon grossière jusqu'à ce que l'ensemble ne cède pour que l'intrus ne parvienne à entrer.
- Équipe 2, RàS au 1er étage. Tout le monde est mort ici... dit une autre voix, légèrement tremblante. C'est... oh putain...
Des bruits de vomissement se font entendre, alors que quelqu'un de l'équipe 1 se moque un peu :
- Hé ben alors sergent, le poisson était pas frais à midi ?
- La ferme Felman. On entre dans 3... 2... 1...
Paf ! Les types entrèrent, agissant "by the book". L'opération était clean : tous les coins de la grande pièce furent vérifiés dans des gestes rapides, le déploiement était nickel, vraiment, 10/10.
- RàS ! lança finalement le chef de file.
Le moment d'adrénaline étant passé, les hommes du SWAT purent prendre le temps d'observer ce qu'il y avait dans la pièce. La caméra se baissa, montra ce qui traînait au sol... Un corps. Déchiqueté. Il n'avait plus de visage, les os des bras et des jambes avaient été broyées par des dents visiblement, les organes internes étaient parfois dedans parfois à côté.
- Jésus tout puissant... Qu'est-ce-qu'il s'est passé ici... demanda le porteur de la caméra.
Lorsqu'il releva la tête, il put voir deux de ses collègues sortir avec empressement, eux aussi semblant avoir eu du mal avec le poisson de midi. Il y avait d'autres corps comme celui-là, tous mutilés à des degrés divers. Chaque fois leur tête était transformée partiellement ou totalement en tas de chair impossible à identifier, certains n'avaient plus du tout de crâne, d'autres n'étaient plus que des troncs éventrés - va savoir où était passé le reste. Il y avait du sang partout, le sol en était recouvert intégralement. Toutes les victimes n'étaient pas au sol : sur l'un des murs, il y avait deux types qui étaient littéralement cloués au béton par des sortes de pointes à l'allure osseuse. Les victimes étaient entièrement noires, comme si elles avaient été carbonisées - mais elles étaient en fait entièrement nécrosées, ressemblant plus à des momies qu'à des grands brûlés, en fait.
Au total, les quelques courageux qui parvinrent à rester sans rendre leur déjeuner purent compter 13 victimes, plus les 6 du premier étage. Tous déchiquetés et à priori partiellement dévorés d'une façon ou d'une autre, sauf les deux cloués au mur et une qui avait été, semblait-il, électrocutée... Elle semblait en fait avoir été même frappée par la foudre et tuée sur le coup. Ses yeux étaient rouges, les vaisseaux ayant éclaté, et toute sa peau était parcourue par des marques d'électricité typiques d'une personne atteinte par un éclair. Il y avait des traces de combat : les victimes étaient toutes mutantes, mais aucune d'entre elles n'avait réussi à repousser l'envahisseur. Les membres du SWAT reçurent alors l'information :
- L'électrocutée a pu être identifiée, c'est Ellen Olson, ancienne membre de la Confrérie des Mutants.
- Ça ne peut pas être ces ploucs du KKK... Ils utilisent des armes à feu, des lance-flammes, on dirait qu'ils ont tous été déchiquetés par des chiens enragés, répondit le chef de file.
- ON A UN SURVIVANT ! cria subitement Felman.
Le porteur de la caméra se mit à courir vers Felman afin de l'aider, tout comme trois autres hommes. Effectivement : l'une des victimes était en train de se relever alors que son corps semblait... déformé de façon épouvantable. Des morceaux d'os brisés sortaient de ses bras et épaules, sa cage thoracique avait l'air d'être ouverte, les côtes ressortant dans tous les sens, ses mains semblaient avoir triplé de volume et étaient ornées de griffes osseuses d'une taille démesurée... Et sa tête semblait recouverte par quelque chose.
- Monsieur ? Nous sommes de la police, ne bougez pas, les secours sont en route. Savez-vous si l'agresseur est enc-
Le chef de file n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'un hurlement atroce, aigu, déformé se mit à sortir de la gorge du "survivant". Parmi ces hurlements, quelques mots étaient reconnaissables.
- O̤͖̺̜͇̫̓ͧ̂̚H̸͈̺͚̪̻̪̹͐ ͕̺̯̠̤̟̆́͠M̩̠̋ͭ̐ͥ̽ͣ͞O̙̠̱͕ͥ̎͢N̵̩̜̞̳̤̼̥ͨ ҉͔̠D̩͖̯̞͕̭̼͆̓̍̽̐̃̚I̠͍͕̤̺͇͖̓̅̃ͩ͒ͬ̔Ęͤ̈́U̴̝͔͍̜͊̆̾ ͫ͊҉̗̼̖̭̖͓ͅ!̛̥̣͙͚̫̝ͮͮ̽͑͌ͅ ͙̖͒̏͞Á̩̮̤̗̼̫̞IͬͣD̹̯̫͓̄E̲͓͈̹͚ͭ͊̂Z̭͕͇̭ͥ̓-͓̱̰̱͉͗M̜̘̝̭̗̗͐ͩ̓ͭ̒̀̚O̗̹̰̖̼̞͗͋̈́I͕̜͕̫̕ ̦͙̘̣ͯͧ̂͗͗͡!͚̬̦̗̱͑̉͋͆͐̇ͥ͡ͅ!̫͎͙̝̲̑͆ͩ͗ͫ P͙̺͓͕͍̈́ͤͫͅI͕͈̎̑T͙̱̯͉͎̞̓͊̋̈́͂Ĩ̢̪̺͓̭̼̱̥͊͛É̯̝͗̊͂͝ ̷͇̥͛͒ͥ͑ͯͩ!̹͖̺̒ ̠̑͟P̛͎͎̥̎ͨ̅̇͌Ȋ̜̻̰̠̘̌T̴̼̝͙̟̯̟͓̈̉ͬ̓̐ͯ̚Î̜͢É̠̮̖͋̆̓̉É̻͚̔ͨ̄͗̂̚É̲̼͚̂ ̢͉̻̺̼̹̺͇̔!̗̗̺́
Certains des hommes eurent un mouvement de recul... Ils eurent raison. La créature continua de hurler et de supplier, tout en envoyant un coup de griffe au chef de file qui se retrouva tué sur le coup, un morceau de crâne manquant. Les membres du SWAT réagirent rapidement, leur entraînement leur donnant les bons réflexes : ils ouvrirent le feu sur le champ, mais sans effet. La créature semblait absorber les balles et, sans cesser de vociférer, courut vers Felman, sautant de façon maladroite et lui envoyant un coup de griffe aussi rapide que grossier en pleine poitrine - un morceau de celle-ci se détacha sur le coup de l'impact et l'agent tomba au sol en criant. Ce fut ensuite le tour du porteur de la caméra de prendre un coup de patte. La créature se dressa face à lui, abattant les deux mains d'un seul coup vers le pauvre homme qui ne put pousser qu'un cri étouffé avant de chuter, le casque et la caméra tombant par terre en même temps que lui. Le reste de la vidéo ne sont que des flashs dus aux coups de feu et ces beuglements inhumains et suppliants, suivis par une explosion causée par une grenade. La créature sembla céder à l'explosif, tombant au sol à portée de vue de la caméra et commençant à se nécroser à vitesse grand V.
La vidéo prit alors fin alors que les membres des deux équipes du SWAT criaient, exigeant que tous les cadavres soient inspectés un par un et demandant l'intervention des secours.
Kaya Kangee- Civil
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Re: Déambulations aléatoire et réflexions étranges
Les rues des Asphodèles - août 2026
Bon... Le boulot au laboratoire d'analyses était des plus intéressants. P't'ain... J'étais PAS DU TOUT assez payée, sans déconner ! Bordel ! J'me disais qu'ça allait êt'facile, parce que pendant mes études, on avait étudié les analyses de sang humain. Jusque là, normal. Mais humain, NON-MUTANT. Pac'que la majorité des labos analysent du sang normal, standard. Sauf qu'ici... 80% d'nos patients n'étaient pas des humains standards ! Du coup, c'était l'bordel pour une analyse sur quatre. Et vazy qu'y'en a un qui a une mutation qui augmente son taux d'glucose et ça nique 6 tests différents, et vazy qu'y'en a un aut'qui utilise du Cobalt au lieu d'utiliser du Fer comme élément pour lier l'oxygène aux globules rouges (qui du coup sont des globules bleus) et ça change TOUTE la chimie, et vazy qu'monsieur n'a pas d'anticorps pac'que son gène X génère à la place des sortes d'nanomachines immunitaires chelou donc tu peux pas faire d'titrages anticorps, ... LE GROS BORDEL DE MERDE. Je passais un tiers de mes journées à modifier les tests existants pour les adapter aux bizarreries biologiques de nos amis mutants, et les deux autres tiers à faire les analyses. Bordel, je devais être payée facile le triple pour tout ça !
Je comprenais que le poste soit resté inoccupé aussi longtemps, du coup... Et pourquoi il y avait autant de turnover. La majorité des étudiants qui sortaient de l'école avaient besoin d'expérience donc ils venaient là, mais ils foutaient le camp dès qu'ils avaient suffisamment de lignes sur leur CV ou qu'une autre opportunité se présentait. Ah, oui, et en plus je devais faire moi-même les prélèvements assez régulièrement, pour couronner le tout ! Genre, je n'avais que ça à foutre. En plus j'avais fait des études en biologie, moi, pas en médecine... J'avais appris à faire une prise de sang mais bordel, c'était plus de 10 années plus tôt ! Heureusement que le symbiote pouvait m'aider à faire des mouvements ultra précis, c'était uniquement grâce à ça que je ne ratais pas la veine une fois sur deux. Sans compter, évidemment, les mutations qui faisaient changer les veines de place mais n'en parlons pas sinon je vais m'énerver toute seule.
Donc... Ouais, c'était quand même bien chaud, comme job. Heureusement, il y avait assez de place pour que je mette mes petites enceintes bluetooth dans le labo : je pouvais donc blaster de la musique à longueur de journée sans problème particulier. Et ce matin-là, justement, donc... Parce que ouais, je me plains, je me plains, mais c'était pas de ça que je voulais parler. Ce matin-là, donc, je m'étais plantée et j'avais mis la radio au lieu de foutre une de mes playlists... Je tombai donc sur New Heaven Classic, la radio musique classique de la ville mutante. J'allais changer ça quand subitement, le présentateur affirma quelque chose qui retint mon attention : le philharmonique de New Heaven recherchait une chanteuse de chœur pour remplacer une mezzo-soprano qui avait réussi à chopper une angine, quelques semaines à peine avant la représentation.
Celle-ci était assez courte, en fait. Il ne s'agissait que de jouer le Sogno di Volare, un de mes morceaux favoris, pour faire l'introduction d'un musicien de renom très à la mode dans la haute société Heavienne. Le truc... C'était que mezzo-soprano c'était assez facile, surtout avec l'aide du symbiote qui pouvait techniquement me faire aller du contralto au colorature sans trop de problème. Il fallait bien l'avouer, ma voix n'était pas "faite". La dernière fois que j'avais chanté, c'était à New York et je n'en avais parlé à personne... Mais en théorie... avec un peu de boulot et avec l'aide du symbiote... Hmmh... Intéressant. En soi, ils cherchaient quelqu'un d'urgence donc ils n'allaient pas trop faire les difficiles sur le CV... Ce qui pourrait donc me permettre de rentrer dans le circuit et peut-être me faire quelques contacts. Très, très intéressant. Il allait falloir que j'aille faire un tour par là-bas, à l'occasion. Si j'osais, évidemment... Parce que quelles que soient mes capacités, j'aurais toujours cette impression de "tricher" vu que le symbiote faisait une bonne partie du boulot à ma place.
Mais l'idée de faire partie de cette symphonie de fou furieux... Merde. En fait ça aurait pu être n'importe quoi mais non, c'était le Sogno di Volare (qui malgré son nom n'avait pas été écrit par un Italien, encore moins en Italie, et encore moins au 18ème siècle). Hmpf... Bon, pour l'instant je devais finir plusieurs de batchs d'analyses, donc on verrait ça une autre fois. Patient suivant ! Ah... les valeurs standard n'étaient pas valables pour lui car il avait 4 reins et 2 foies. Super...
Bon... Le boulot au laboratoire d'analyses était des plus intéressants. P't'ain... J'étais PAS DU TOUT assez payée, sans déconner ! Bordel ! J'me disais qu'ça allait êt'facile, parce que pendant mes études, on avait étudié les analyses de sang humain. Jusque là, normal. Mais humain, NON-MUTANT. Pac'que la majorité des labos analysent du sang normal, standard. Sauf qu'ici... 80% d'nos patients n'étaient pas des humains standards ! Du coup, c'était l'bordel pour une analyse sur quatre. Et vazy qu'y'en a un qui a une mutation qui augmente son taux d'glucose et ça nique 6 tests différents, et vazy qu'y'en a un aut'qui utilise du Cobalt au lieu d'utiliser du Fer comme élément pour lier l'oxygène aux globules rouges (qui du coup sont des globules bleus) et ça change TOUTE la chimie, et vazy qu'monsieur n'a pas d'anticorps pac'que son gène X génère à la place des sortes d'nanomachines immunitaires chelou donc tu peux pas faire d'titrages anticorps, ... LE GROS BORDEL DE MERDE. Je passais un tiers de mes journées à modifier les tests existants pour les adapter aux bizarreries biologiques de nos amis mutants, et les deux autres tiers à faire les analyses. Bordel, je devais être payée facile le triple pour tout ça !
Je comprenais que le poste soit resté inoccupé aussi longtemps, du coup... Et pourquoi il y avait autant de turnover. La majorité des étudiants qui sortaient de l'école avaient besoin d'expérience donc ils venaient là, mais ils foutaient le camp dès qu'ils avaient suffisamment de lignes sur leur CV ou qu'une autre opportunité se présentait. Ah, oui, et en plus je devais faire moi-même les prélèvements assez régulièrement, pour couronner le tout ! Genre, je n'avais que ça à foutre. En plus j'avais fait des études en biologie, moi, pas en médecine... J'avais appris à faire une prise de sang mais bordel, c'était plus de 10 années plus tôt ! Heureusement que le symbiote pouvait m'aider à faire des mouvements ultra précis, c'était uniquement grâce à ça que je ne ratais pas la veine une fois sur deux. Sans compter, évidemment, les mutations qui faisaient changer les veines de place mais n'en parlons pas sinon je vais m'énerver toute seule.
Donc... Ouais, c'était quand même bien chaud, comme job. Heureusement, il y avait assez de place pour que je mette mes petites enceintes bluetooth dans le labo : je pouvais donc blaster de la musique à longueur de journée sans problème particulier. Et ce matin-là, justement, donc... Parce que ouais, je me plains, je me plains, mais c'était pas de ça que je voulais parler. Ce matin-là, donc, je m'étais plantée et j'avais mis la radio au lieu de foutre une de mes playlists... Je tombai donc sur New Heaven Classic, la radio musique classique de la ville mutante. J'allais changer ça quand subitement, le présentateur affirma quelque chose qui retint mon attention : le philharmonique de New Heaven recherchait une chanteuse de chœur pour remplacer une mezzo-soprano qui avait réussi à chopper une angine, quelques semaines à peine avant la représentation.
Celle-ci était assez courte, en fait. Il ne s'agissait que de jouer le Sogno di Volare, un de mes morceaux favoris, pour faire l'introduction d'un musicien de renom très à la mode dans la haute société Heavienne. Le truc... C'était que mezzo-soprano c'était assez facile, surtout avec l'aide du symbiote qui pouvait techniquement me faire aller du contralto au colorature sans trop de problème. Il fallait bien l'avouer, ma voix n'était pas "faite". La dernière fois que j'avais chanté, c'était à New York et je n'en avais parlé à personne... Mais en théorie... avec un peu de boulot et avec l'aide du symbiote... Hmmh... Intéressant. En soi, ils cherchaient quelqu'un d'urgence donc ils n'allaient pas trop faire les difficiles sur le CV... Ce qui pourrait donc me permettre de rentrer dans le circuit et peut-être me faire quelques contacts. Très, très intéressant. Il allait falloir que j'aille faire un tour par là-bas, à l'occasion. Si j'osais, évidemment... Parce que quelles que soient mes capacités, j'aurais toujours cette impression de "tricher" vu que le symbiote faisait une bonne partie du boulot à ma place.
Mais l'idée de faire partie de cette symphonie de fou furieux... Merde. En fait ça aurait pu être n'importe quoi mais non, c'était le Sogno di Volare (qui malgré son nom n'avait pas été écrit par un Italien, encore moins en Italie, et encore moins au 18ème siècle). Hmpf... Bon, pour l'instant je devais finir plusieurs de batchs d'analyses, donc on verrait ça une autre fois. Patient suivant ! Ah... les valeurs standard n'étaient pas valables pour lui car il avait 4 reins et 2 foies. Super...
Kaya Kangee- Civil
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