Mission indiscrète [pv Max]

(Bâton Rouge - Louisiane - mars 2026 - 10h)

L'air est déjà saturé d'humidité. Les gens marchent d'un pas tranquille. Il fait déjà relativement chaud. Un homme s'essuie le front. Les cheveux gris, une imposante moustache, la chemise tendue sur sa bedaine, il marche d'un pas alerte pour ses 60 ans. Il n'est pas pressé mais à cependant un horaire à respecter car comme tout bon retraité il a des millions de choses à faire. Il a décidé de commencer par aller poster son courrier. Il tient galamment la porte à la vieille dame impotente qui le remercie d'un sourire édenté. Il agite la main devant le bébé dans sa poussette sous le regard attendri des autres mamans. Il salue poliment la jeune caissière à qui il demande les timbres. Un gentil monsieur parmi d'autres. Personne ne fait réellement attention à lui. Personne ne veut le connaître. Personne ne cherche à le connaître. Et cela lui va très bien. Car il est personne. Car il est tout le monde. Il a remercié la caissière. Il est ressorti de la poste. Il fait toujours aussi chaud et humide même en ce mois de mars. La caissière a mis la lettre avec les autres, sans faire attention. De toute façon qu'aurait elle vu ? Une adresse comme sur les millions d'autres lettres qui transitent à travers le pays. Peut être lui a t elle semblé plus lourde mais le monsieur a payé, le reste elle s'en fout. La lettre va suivre son chemin à travers le dédale mécanique du centre de tri. Elle va mettre 2 jours pour arriver à son destinataire. Elle va prendre l'avion ou le train. Elle ne va subir aucun contrôle, ce n'est qu'une lettre. Qu'est ce qu'une lettre peut avoir de dangereux. Rien ... Elle va franchir une frontière, puis passer de mains en mains pour arriver enfin à son destinataire. Un certain Maximilian Barrow habitant dans les Ingleside de la nouvelle ville-état mutante, la fameuse New Heaven. Il va l'ouvrir un peu surpris peut être mais elle s'en fiche. Peut être fera t il tomber les deux billets qui l'accompagnent s'il est maladroit. Il va déplier le papier. Ses yeux vont la parcourir. Quelle sera sa réaction ? Elle n'en sait rien, ce n'est qu'une lettre. Et voici ce qu'elle va lui dire :

"Chambre 3 - Hotel Rubens at the palace - 39 Buckingham Palace Rd, London SW1W 0PS, Royaume-Uni.
Je veux des photo du jeunes couples qui va l'occuper le weekend du 12-13 mars.
Vous trouverez deux billets aller-retour. Un billet d'avion d'une compagnie lowcost New Heaven-Paris puis un billet de train pour rejoindre Londres.
Voici 25 000 $ que vous pouvez récupérer maintenant. Ils sont en ligne voici les coordonnées :
Zurich banque
compte 1098
mot de passe XR93EV983-2D9E

la même somme vous sera envoyée à la réception des photo.
Vous devrez les envoyer le 15 mars exactement. Ni la veille. Ni le lendemain. À cette adresse : BP 5 - Bâton rouge - Louisiane.
Si je ne reçois pas les photo dans les 2 jours ou si vous essayez de me doubler, je ferais de votre vie un enfer."

Signé :  N?

Elle a été écrite sur un ordinateur, puis imprimée. Les caractères sont ce qu'il y a de plus classique : time new roman 12. La signature est manuscrite. Un N et un ? imbriqués l'un dans l'autre, le pied du ? formant la première jambe du N.
Et maintenant que va t il faire ? Va t il la bruler ? La déchirer ? Faire comme s'il ne l'avait jamais reçu ? Ou obéir ? Encaisser l'argent et suivre les instructions. Si elle, elle s'en fiche ce n'est pas le cas de son auteur.

08 Mars 2026 - Ingleside au petit matin.

Mon regard parcourt encore le texte de la lettre. Je crache ma fumée de cigarette avec une sorte d’exaspération marquée. Pour qui se prenait ce connard ? Et surtout pour qui me prenait-il ? Comme si j’avais que ça à foutre de jouer les fouille-merdes de bas étages. Comme si je n’avais pas d’autres chats à fouetter entre les anicroches entre gangs des quartiers sud, les demandes d’arbitrage à China Town, les intimidations de la famille russe près des Lake et les mauvais payeurs des quartiers pauvres. Sans parler de ce casse couille venu d’Australie et qui demandait une audience au nom d’un groupe dont on en savait si peu…du moins ceux qui avaient survécus pour en parler. Un torche cul comme ça, j’aurai pu m’en passer seulement voilà, y’avait un gros paquet de frics à la clé et on ne crache pas sur l’oseille. Et surtout, il n’y avait rien de logique la dedans.
Pourquoi un amerlocque paierait une telle somme pour un service qu’il pourrait avoir près de chez lui ? Déraisonnable n’était pas le mot. Suspicieux, plutôt. Il faut se méfier de la suspicion bien plus que des menaces à la con jetées en bas de page pace qu’ici la vie est DEJA un enfer, pauvre abruti. Mais l’illogisme, ça c’est anormal, ça c’est signe que quelque chose de gros comme un bus dans une rue étroite de Little Hell est en train de nous passer pas loin sous le nez, et mon boulot consiste avant tout à ignorer le hasard. Ce n’est pas un choix de hasard que cette lettre m’arrive, ce n’a rien d’un hasard qu’une telle somme d’argent puisse être en jeu, ça n’a rien d’un hasard….c’est calculé, et ça, ça me parle les enfants !
Il y a des choses qu’on ne doit pas chercher à comprendre, rien n’est plus vrais, parce que le savoir apporte l’allergie au plomb et qu’on respire toujours plus mal avec des balles dans le corps que sans. Mais il y a surtout des choses qu’on ne doit pas ignorer. Je me contrefous du pourquoi ce travail, ce qui m’intéresse à présent c’est le pourquoi du comment.

Adultère ? Inceste ? Scandale ? Et après ! Chacun sa came, chacun son buisness mais on ne convoque pas un Lion à Tokyo pour terrasser deux fourmis à Paris.
Je dépose sur la table les billets pour le transport et replis soigneusement la lettre et la range dans la poche de mon veston. Puis m’absorbe dans mes pensées, mon verre à la main. Faire danser le liquide ambré dans cette micro tempête est toujours un grand plaisir pour moi et surtout un moyen d’organiser mes pensées. Je lève à peine un regard sur l’homme qui vient de rentrer, il me salut mais je ne lui réponds pas. Je finis par lâcher mon verre lui faisant signe de s’assoir puis je m’allume une nouvelle cigarette avant de murmurer.

- J’ai un job pour toi Frank.

D’un geste lent je pousse les billets vers lui avant de continuer.

- Je t’envoie la cible via texto, je veux que tu mitrailles tout ce que tu peux…ça ne veut pas forcément dire du flag, ok ? Je veux des preuves de leur présence là-bas. Tu prends du vieux matos, rien de numérique. Au pire tu vois avec Nicky pour le matos. Propre et discret. …

Je tire une bouffé de la cigarette avant de conclure.

- Tu me trouves aussi de qui il s’agit, je veux l’identité de ce couple. Une fois que tu l’as-tu me la donnes et tu fais le taff. T’auras un sacré bonus pour ce job, le foire pas.

- Combien ? Demande-t-il d’une voix posée

- Un sacré bonus…dégage.

Bande de rapace, si tu crois que tu peux négocier avec la famille tu vas vite te retrouver avec des bottes en ciment dans la baie. Je lui jette un regard noir alors qu’il quitte la table, puis je replonge dans mes pensées. Je lancerai une autre équipe dès que j’aurais l’info pour avoir l’identité de ces gens et quant à « N », il trouvera une seule photo du job, avec visage découpés le jour J avec une simple indication manuscrite « Le Job est fait. Si tu veux le reste, viens le chercher en personne, merci pour l’enfer, j’y patauge chaque jour. Signé « M »
Un bon joueur doit un moment où l’autre montrer des cartes, on s’en fiche de savoir si le jeu est truqué ou non. Y’a qu’une chose de dangereux dans un jeu, l’adversaire.

(Bâton rouge - Louisiane - 17 mars - 8h30)

Une moto s'arrête, un jeune homme en descend. 25 ans environ, les cheveux longs et gras, un jean élimé voir déchiré, des bottes et un blouson qui ont le double de son age. La poste est fraiche comparée à l'air du dehors. Il se dirige vers l'arrière, là ou sont les boites postales. Il marche plutôt lentement, de toute façon ici tout se fait lentement. 3 personnes sont entrain elles aussi de prendre leur courrier. Il sort une clef et ouvre la petite porte avec un léger sourire. Il sent l'excitation monter en lui. La lettre est bien là, seule. Il tend la main pour la prendre, ses sourcils se froncent, il la soupèse un bref instant : quelque chose ne va pas, elle est si légère ... L'excitation le déserte pour faire place à la colère. Merde ... Il inspire profondément sous l'oeil suspicieux d'un des types. Il le fixe méchamment, l'autre abandonne. Non pas ici. Il ne doit pas laisser la colère le dominer. Pas ici. C'est bien trop risqué. Il n'a pas oublié, il n'a pas oublié les mots et tout le travail fait avec le psy lorsqu'il était en taule.
Ce souvenir lui arrache un sourire. Quel connard. Il avait bien fait de le tuer à sa sortie. Il s'en souvient comme si c'était hier. Ces yeux, cette incompréhension et surtout, surtout cette question "pourquoi ?" question à laquelle il avait simplement répondu "parce que je le peux" avant de l'égorger d'un geste net et précis. Puis il avait regardé le sang couler, la vie le quitter et il avait rit.
Enfin ces stupides séances ont au moins atteint leur objectif : dompter sa colère ... momentanément.

Il ressort le plus calmement possible, enfourche sa moto. Les bayous ne sont pas loin, là bas il pourra laisser libre court à sa rage. Là bas personne ne pourra le voir. Le trajet est court. Il laisse rudement tomber l'engin, il s'en fout elle n'est pas à lui. Puis il déchire l'enveloppe. Il n'y a qu'une photo et encore ... elle a été découpée. Il voit les gamins qui s'embrassent et le nom de l’hôtel ... quand au mot, il le met dans une rage indescriptible.

15 minutes. Evacuer sa colère et sa frustration lui ont demandé tout de même un bon quart d'heure. Au moins il n'y a personne dans les alentours, seule la végétation a fait les frais de sa folie destructrice. Il halète comme s'il avait trop couru. Bien maintenant il doit réfléchir. Pas ici. Il n'y a qu'un endroit ou il peut le faire sans problème.  

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(quelques heures plus tard) (pour le repaire cf la fan fic : https://nation-x.forumactif.org/t247-no-one)

Enfin le calme. Enfin la solitude. Enfin la sécurité de son repaire. Ici il va pouvoir penser. Ici il va pouvoir réfléchir. Il s'installe confortablement dans son fauteuil, les yeux fixés la carte du monde. Les volutes de fumée s'enroulent en une spirale quasi parfaite.
Organiser ses pensées.
Réfléchir à toutes les solutions.
Mmm plus facile à dire qu'à faire.
Mais cette pièce joue parfaitement son rôle.

Bien solution numéro 1 : laisser tomber. Après tout des photo il aura surement l'occasion d'en refaire sauf que ... sauf que "surement" n'est pas une option pour lui. Même si elles ne sont pas d'une absolue nécessité pour son plan, il les veut.

Solution numéro 2 : envoyer un pion ... non mauvaise idée. Qu'est ce que cela changerait à la donne ? Ce type, il l'a sous-estimé, il aurait du mieux se renseigner avant de l'engager. Il a été imprudent, cela ne se reproduira plus.

Pourtant la somme semblait correcte. 25 000$ c'est un bon montant. Ce type serait donc prêt à s'en passer ... mais qui est il donc ?

Il ne reste donc que la solution numéro 3 : y aller en personne ... enfin presque en personne. Et puis il y a de la curiosité, une curiosité malsaine qui le pousse à le voir de ses propres yeux. A voir ce mutant, ce dégénéré qui non seulement a refusé son argent mais qui ose le menacer.

Oui la solution n° 3 lui plait. Maintenant il s'agit de déterminer quel lui va y aller. Il se lève lentement, jette un dernier coup d'oeil à l'un des panneaux avant de fermer soigneusement la pièce. Puis il se dirige vers l'autre partie de sa retraite.
Cette fois pas de panneaux dans la pièce mais un immense dressing. De nombreux placards tous parfaitement ordonnés et surtout remplis de vêtements : pantalon, chemise, chemisette, vestes, robes ... des tiroirs à sous vêtements, de lingeries de toute sorte. Des étagères de perruques, des coffrets de lunettes, des boites de chapeaux ... Un immense miroir devant lequel trône maquillages et autres produits. Il se déshabille, ouvre les placards et attend. Il attend l'inspiration passant en revue son répertoire. Chacun des personnages a sa "fiche". Plusieurs le tentent. Une femme ... mmm non il n'en sait pas assez sur son adversaire. Et puis jouer une femme est assez difficile. Donc un homme. Jeune ? Vieux ? Finalement pourquoi ne pas rester dans sa zone de confort. Moins il en fera plus il pourra donner le change. D'un autre coté à être trop "lui" n'est ce pas le risque d'etre démasqué ?

Il finit par se décider. C'est un personnage qu'il aime bien et qu'il maitrise à la perfection. Homme, la 40 aine, cheveux blonds cendrés, yeux bleus, une très fine moustache sur des lèvres minces, il fait classe, un léger accent anglais. Il se regarde dans la glace et se sourit "bonjour lord Richard Wilson". Wilson, lord Wilson IV ème du nom est un parvenu, un fils à papa qui a perdu une bonne partie de sa fortune aux jeux et dans les femmes. Il a un casier pour délits mineurs en Angleterre : tapages, bagarres, une affaire de drogue sans suite ... Intelligence moyenne, force quasi nul. S'il n'avait pas son "père" il serait un moins que rien. Il se sert exclusivement de son titre afin d'impressionner ses adversaires. Il se croit malin mais c'est un idiot.

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(18 mars - Le "Love Bar" - quartier de Old Castro - NH - aux environs de midi)

Dans le bar peu fréquenté la journée, un homme sirote un vieux brandy tout en fumant. Le cendrier quasi plein indique qu'il est là depuis au moins une bonne heure et demi. Il attend tranquillement. Il est arrivé hier soir à New Heaven, la ville-état des mutants. Il a pris une chambre dans un hotel moyen dans le Up Richemond. Il a payé cash. Puis il s'est servi d'une connaissance qui connaissait quelqu'un qui connaissait quelqu'un pour faire parvenir un bref et laconique message au fameux "M": "12h - Le Love Bar - Old Castro" le mot était signé simplement d'un sigle : N?.
Ses yeux ne reflètent rien à part un profond ennui. Les femmes qui circulent offrant leurs charmes ne l’intéressent pas vraiment, ni les hommes d'ailleurs. Il est là pour affaire pas pour le plaisir. Un ou deux ont retenu brièvement son attention mais aucun n'est encore venu s'assoir. Le fameux M va t il venir ? Et surtout va t il comprendre ? Il n'a volontairement pas donné plus d'indication. Il veut surtout en savoir plus sur son adversaire. Mesurer son intelligence et surtout comprendre ce qui a pu lui faire refuser autant d'argent.

Mon regard s’attarde sur l’une des photos en noir et blanc, longuement j’observe les détails avec une précision chirurgicale. A quoi peuvent-ils donc penser ? Le jeune hybride à l’air d’être le plus heureux du monde, il la tient à son bras comme une sorte de trésor dont sans doute il espère profiter pour l’éternité. Il a l’insouciance de ses espoirs, il ignore encore que le temps est un assassin qui ne rechigne pas à la besogne. Il la perdra, pour un autre ou dans les méandres du temps parce que tout se perd. Sa belle assurance fanera, ses mains ne retiendront que du sable de tous ses merveilleux palais où il croit couver l’amour, l’amour meurt. Tout meurt, il ne veut simplement pas le voir. Elle ne sourit pas. Il pleut, il n'y a pas de soleil sur son visage, la fille....Pourquoi ne sourit-elle pas ? Est-elle de ceux qui ne voient pas leur chance, qui boudent sous l’opulence ? Ou peut-être est-ce l’inverse, peut être que son regard en a trop vu. Quelles ombres s’agitent sous sa petite corpulence, quels rêves la portent ? Elle ne semble pas faire grand cas de sa beauté, je la trouve assez distinguée et sage. La vie la brisera. La vie brise toujours les gens trop heureux, elle donne pour mieux reprendre. C’est couple si mal assorti qu’il en devient admirable, ce grand félin à l’allure sportive, un dandy occupée à conquérir un monde qui l’a déjà bouffé, et cette petite poupée asiatique, sage et lisse au point qu’on la croirait s’excusant de vouloir vivre un peu trop fort. J’ai un faible pour les asiatiques parce qu’il y a toujours un drame sous leur regard muet et toujours un imbécile espoir, même leur colère semble suinter le pardon, elles sont toujours si déchiffrables, il suffit d’un regard. Dommage, je ne vois pas les yeux de celle-là, la faute à la piètre qualité du cliché, j’aurais sans doute compris pourquoi elle ne sourit pas, j’ai toujours su déchiffrer…à part les iris noirs. Mais je n’en ai jamais revu depuis…trop longtemps. Oui…un couple improbable. De ceux qui voleront en éclat si la vie souffle trop fort, de ceux qui étalent sur la pellicule un bonheur indécent, presque aussi insupportable que malheur lui-même.  Je range délicatement la photo et raccroche mon téléphone.

Il est temps de m’allumer cette cigarette puisque le jour décline. Mon contact a vérifié la boite postale en toute discrétion. Il a rechigné devant l’absurdité d’une telle requête, mais le poids de « la famille » est une excellente motivation. J’ignore quand mais le courrier a été relevé, le commanditaire à mon invitation.

Le mobile se précise. L’identité du couple me met sur une piste, ce n’est pas du chantage. La relation du jeune Aoe, cadet de la X Force et de la cadette des Oldfield est connue et même officialisée. C’est peut être un repérage pour un kidnapping, après tout le père Aoe est fortuné et Oldfield est un nom qu’on a même plus besoin d’évoquer en ce qui concerne la politique du New Heaven. Tout de même, c’est une entreprise téméraire si c’est le cas, Reiji Aoe montre un autre visage que celui d’homme d’affaire, c’est un criminel qui n’hésite pas a se salir les mains, je suis même le premier étonné qu’il ne fût pas affilié à une famille du Outer comme les Tangs. En tout cas, il n’a rien d’un enfant de chœur. Quant à la fille de la Conseillère à la Justice….s’attaquer à un membre du conseil, en plus une légende X Men serait de la folie, c’est une salope totalement corrompue mais toucher au conseil revient à chatouiller les couilles de Kreele, personne n’est assez con pour le faire. Il traine de sales rumeurs sur son compte ici, je suis certain qu’une bonne partie d’entre elles reposent sur un fond de vérité, elle est instable et violente….comme tous ces vétérans du Big Day. La petite asiatique est sa fille adoptive, elle n’a rien d’une grande pute rousse aux yeux phosphorescents mais elle reste tout de même une fille Oldfield et ça signifie que c’est un prélude à un paquet d’emmerdes et il est hors de question d’aller se fourrer la dedans !

Bien sûr, je termine toujours un travail pour lequel on me paye et j’ai mon mobil : fric ou terrorisme, je m’en contrefiche du moment que ça ne devienne pas nos affaires. Mais je n’ai toujours pas la réponse à mon pourquoi et ça, je ne le digère pas. Un mec capable d’avoir dans sa ligne de mire une cible politique et financière ne joue pas dans la cour des baltringues. S’il convoque un chef d’orchestre pour jouer un air de flute, c’est qu’il a ses raisons. Je ne veux pas qu’on me la fasse à l’envers, je couvre toujours mes arrières car il n’y a rien de pire  qu’un retour de manivelle dans la gueule.
Je suis un homme patient et prudent.

J’ai pour devise d’éviter la merde parce qu’inévitablement quand on la remue, la merde éclabousse.
Il est l’heure de faire les tournées, je me redresse en soupirant, tirant une dernière fois sur ma clope avant de jeter un regard circulaire bordé de dégout autour du dépôt de misère où je végète, où nous végétons tous.
Merde, pourquoi cette petite conne ne sourit pas sur cette photo à la con ? Foutus Paradisiens…


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(18 mars - Le "Love Bar" - quartier de Old Castro - NH - )


Le vieil homme noir pénètre dans le bar, de sa canne d’aveugle il cherche ses repères, bougeant la tête de droite à gauche, ses lunettes noires reflétant par moment les néons de l’enseigne au dehors. Il semble chercher sans vraiment voir, puisque de toute évidence, il ne voit pas. Une serveuse s’approche et lui glisse quelques mots à l’oreille, il lui adresse un sourire édentés puis sans autre formalité se dirige en tâtonnant vers la table au client atypique. Sa voix marque l’âge alors que cherchant de la main, il trouve le dossier de la chaise et s’installe sans aucune gêne, soupirant de fatigue.

- J’vous jure m’sieur…san Francisco, à l’époque….c’était bien autre chose. L’air, la vie….même les putes…Mais aujourd’hui…ouais….rien n’est acquit, tout va trop vite….L’ère du Mutant Power, qu’ils disent….mon cul….Cette pute de New Heaven ressemble à toutes les vieilles putes, t’auras beau lui mettre des beaux rubans et tout…elle pue le cadavre, elle s’abreuve de sang. Ouais…c’est comme j’le dis.

Il soupire à nouveau puis porte la main à ses lunettes pour les soulever exhibant ses yeux vitreux et sans vie.

- J’ai perdu ça pour tu trouver un job…C’est ça la vérité du rêve mutant. Ne rien dire, écouter mais surtout…savoir fermer les yeux. C’est mon job…Notre ami commun vous présente ses excuses, il est retenu pour une autre affaire, je suis son messager…attention, pas n’importe quel messager, LE messager. Celui de la famille O’Neil…assermenté et tout l’bordel…J’écoute, je rapporte mais surtout…je ne vois rien, c’est ça qui garde en vie mon vieux…Premièrement…Y’a moins de putes que de frappes des O’Neil dans ce bar, même s’il n’est pas des Outer…Max a dit que t’étais quelqu’un d’intelligent, faut pas être née avec un QI d’Eistein pour comprendre que si tu frappes le messager, c’est les pieds devant que tu sortiras d’ici, mais j’suis sûr que tu serais pas vache avec le troisième âge…en plus, j’suis un humain, c’est plus rare qu’un panda ici….

Il se laissa aller à un rire gras un peu stupide avant de poursuivre.

- Deuxièmement, quand je sortirai d’ici, quelqu’un te remettra ce que t’es venu chercher ce qui signifie que le job est terminé. Je ne sais pas ce que c’est, ni en quoi ça consiste : moins j’en sais, mieux c’est, j’ai trois pensions alimentaires à payer et mes ex sont aussi chiantes que mes boss…c’est dire que j’tiens à ma vieille peau. Troisièmement j’ai un unique message, c’est pour ça qu’j’suis là…c’est un message de la Famille et de ce que je sais, tu t’es quand même adressé à un capot, c’est pas rien… « Pourquoi les O Neil ? » Y’a que ça….Une fois que j’ai ma réponse, on en aura fini et je pourrais retourner à mes vices…

{est ce que je perds mon temps ? Peut être, peut être pas. Chaque chose a son importance, aussi minime soit elle. Lord Wilson n'est rien, ni personne mais il peut servir. Tous peuvent me servir. Si M vient tant mieux, sinon tant pis pour lui.}

dans sa tête, ses pensées s'agitent. Il voit déjà la suite. Sa vengeance a tellement de visage. Si M ne vient pas il n'aura pas beaucoup de temps pour mettre en route la suite. Et s'il vient, tout ceci n'aura servi à rien ... bien que ... rien que la pensée de "!!!" le fait sourire.

Une serveuse lui change le cendrier. Il se force à maintenir un ennui profond. Il est tiré de son phantasme par l'arrivée d'un vieux black édenté et aveugle. Il le regarde avec mépris ... enfin c'est plutot Wilson, No One lui est immédiatement intéressé. Un aveugle ... ça c'est ni con, ni banal. M est vraiment malin. No One se demande brièvement si ce n'est pas lui déguisé ... non c'est assez difficile de jouer un aveugle, il en sait quelque chose et celui là lui paraît authentique.

Mais qu'est ce que c'est que ce clown ? Se ficherait il de lui ? Si c'est le cas il va le regretter. Comment le vieux a t il su ? Peut être parce que Wilson est le seul dans ce trou à rat. Finalement il aurait peut être du donner rendez vous dans un endroit plus chic.

Le vieil aveugle poursuit. "messager de la famille O'neil" qu'est ce que c'est que ce merdier ? La famille O'neil ... il fronce très brièvement les sourcils, une chance que le vieux ne voit rien. Une chance pour lui surtout.

"Les pieds devant", un bref regard circulaire. Mouai ... la bagarre de rue c'est pas son truc à No One, lui c'est par derrière, par surprise. L'affrontement de face, il n'aime pas.

L'autre poursuit après un rire gras qui donne envie à No One de l'étrangler immédiatement de ses propres mains.
Bon au moins, il va finir par les avoir ses photo. Seulement ... seulement voilà, il semblerait que le Max ne soit pas totalement ce qu'il paraissait, c'est à dire un simple mercenaire.

Et merde, un capot de cette fameuse famille. Là il est dans la merde. En tout cas y en a un qui va morfler c'est sur. Cette espèce de petite frappe mutante qui était censé le renseigner s'est bien moqué de lui. La prochaine fois il vérifiera lui même les info. Il s'est montré trop négligent. Trop empressé. Ce joli petit couple lui a mis l'eau à la bouche. Un peu trop. Faut dire que la tentation était si grande.

Bon plusieurs solutions : la première jouer à l'imbécile, après tout il n'est lui aussi qu'un messager de No One mais aura t il ses photo ? Rien de moins sur.
La deuxième jouer à moitié à l'imbécile, aussi risquer. Bien sur il pourrait se téléphoner, mais il se méfie du vieil aveugle. Aveugle mais pas sourd. Il s'est dit humain mais qu'est ce qui le prouve ?
La troisième jouer franc jeu. Tout aussi risquer mais peut être moins au final. De toute façon Wilson est totalement grillé. Il devra l'abandonner à son triste sort. Un sort radical.

"Wilson" s'approche du vieux, lui soufflant la fumée de sa cigarette dans le visage. "je n'ai rien demandé à la famille O'Neil mais uniquement à Maximiliam Barrow. "

ce qui était la stricte vérité. "Mon petit doigt m'a dit qu'il était très doué dans son domaine mais peut être me suis je trompé"

c'était risqué. Oui il s'était trompé sur le type. Il était sur pourtant que l'argent l'aurait appâté comme il a appâté tous les autres. Tomber sur un mec "réglo" c'est quand même pas de chance. Par contre pourquoi ce Max avait il ce semblant de conscience ? Connaissait il les jeunes ? Voulait il une part plus grosse ? Sauf qu'il n'avait pas demandé plus d'argent. Avait il pris peur ? Ce n'était que des photo, il ne lui avait demandé ni de kidnapper ni de tuer personne ... étrange. Etrange et déroutant et surtout très ennuyeux.

finalement il aurait mieux fait de les faire lui même ces fameuses photo sauf que ... Londres ... Londres était encore plus dangereuse pour lui que New Heaven.

"satisfait ?"

No One lui ne l'était pas. Il voulait les photo. Il voulait en finir avec Wilson et surtout, surtout il voulait éventrer ce fils de pute qui l'avait trompé.

Le vieil homme sembla rester de marbre un long moment avant de lâcher un sifflement admiratif mais à l’attitude résolument ironique. Il s’adossa à nouveau contre le dossier et passa une main accablé sur sa chevelure blanche.

- Merde…putaiiiiin….vous êtes vraiment con à ce point….Le prenez pas mal, hein, surtout. Mais vous n’avez jamais foutu les pieds dans cette ville c’est pas possible autrement. Moi c’que j’en dis…c’est pas mes affaires mais quand même, mec….quand on écrase une grosse merde, c’est toujours pertinent de savoir qui l’a pondu.

Il réajuste sa veste tout en secouant la tête.

- M’sieur Barrow…c’est pas qu’un nom ici….c’est une famille. Les O’Neil. Little Hell c’est pire que le bronx….Imaginez, vous enfermez les plus grands prédateurs ensemble dans la même pièce et vous leur interdisez d’agir selon leur instinct…Ils savent…Ils savent qu’à New Heaven, l’œil des Nymphes voit tout ! Le moindre pas de travers et tout le X cirque leur dégringole sur la tronche….de ce fait y’a une sorte d’ « équilibre » qui règne ici….Les quatre plus dangereuses familles de Little Hell, La Mafia Russe, les Ramsosky…Les chinetocs, les Tangs, la mafia de New York, les Stern et la mafia italo-irlandaise, les O Neil….c’est un vrai foutoir dont les affaires touchent quasi tout New Heaven…même les planqués de Paradise ! Putain…vous n’avez pas idée de l’endroit où vous avez fourrez votre nez…c’est l’endroit le plus dangereux de la planète…

Il fit une brève pause avant de poursuivre.

- Mr Barrow, on ne s’adresse pas à lui….c’est aux O Neil qu’on s’adresse…Ton ptit doigt mec….c’est un sacré connard. Mais un conseil…n’allez pas lui dire « que vous vous êtes trompé sur ses compétences » la putain…vous avez intérêt à ne plus jamais refoutre les pieds à New Heaven ! De toute façon, j’connais Max…vot « petit doigt », il va le trouver….et il va lui expliquer comment il voit les choses…

Le vieil homme finit par se redresser, puis doucement se releva de sa chaise et la repoussa contre la table.

- Mais Mr Barrow finalise toujours une transaction. J’ai fini mon taff et vous le vôtre…Max a dit qu’il n’y aurait pas d’autres affaires, du moins sur celle qui concerne la première, j’ai rien pigé, mais il a dit que foutiez le nez dans une sacrée merde avec ça…Profitez d’la ville m’sieur mais ne restez pas trop dans le Outer, du moins pas tant que vous n’en connaitrez pas les règles et les codes sans quoi votre espérance de vie ne durera pas autant que le pucelage d’une fille dans ce rad à la con….Allez-vous éclater dans le Inner plutôt ! Adios l’ami….

Il s’éloigna titubant avec sa canne jusqu’à ce qu’il trouve la sortie et s’engouffra alors dans la rue. L’instant d’après une serveuse indifférente déposa une épaisse enveloppe en craft sur la table devant N en débarrassant les tasses puis sans un mot poursuivit son service. Dans l’enveloppe, l’intégralité de toutes les photos du couple prise à Londres comme il en avait été convenu.
Le Deal était clôturé, l’avertissement donné.

et bien, et bien ... s'il s'était douté de tout ça, il n'aurait certainement pas fait appel à ce type. D'un autre coté il avait (enfin) ses photo et surtout de précieuses informations. Etrange quand même.

C'est vrai qu'il n'avait "jamais foutu les pieds dans cette ville" et il n'était pas prêt de le refaire. C'était pire qu'un marigot et de toute façon il s'en fichait royalement de ces maudites familles. Deux familles seulement l’intéressaient.

Une fois le vieux sorti, il rangea les précieux clichés dans l’intérieur de sa veste sans même vérifier puis il sortit tranquillement. Il avait encore du boulot.

Tout d'abord se débarrasser de son "informateur" à moins ... à moins qu'il laisse ce soin à son "ami". Un très léger sourire étira ses lèvres. Il avait un autre plan. La mort de cet idiot serait bien trop douce et de toute façon il ne méritait pas que lui, No One se fatigue pour ce junkie. Disons que ça serait son "cadeau". Mais il n'allait certainement pas laisser ce crétin s'en sortir. Il s'était bien foutu de sa gueule et ça No One ne le permettait pas.

D'un pas rapide, les sens en alerte, "Wilson" rejoignit son hôtel. Personne ne le suivait. Max était réglo et le vieux aussi. Ses paroles résonnaient dans sa tête.

"l'oeil des nymphes" il se demandait si c'était une figure de style employée par le vieux ou bien une espèce de mutant. Oui autant laisser Max faire les choses. Lui connaissait les règles. Et puis quelle importance s'il se faisait prendre. D'un autre coté, il pourrait encore faire l'affaire, lui et sa "famille". No One rangea l'info dans un coin de sa tête.

Tranquille dans sa chambre, No One transféra le reste de la somme dans les mêmes conditions avec un bonus de 5 000 $ pour le vieil aveugle. Après tout il avait été "utile". Puis il prit enfin le temps de regarder les photo. Il y en avait un bon paquet, Max avait fait du bon boulot. Le jeune couple irradiait de bonheur, totalement insouciant. Qu'ils en profitent, cela n'allait pas durer.
Il passa un doigt sur le visage de chacun. Sa langue humecta brièvement ses lèvres sèches. Cela faisait tellement longtemps. Si longtemps qu'il attendait ce moment.

Encore un peu de patience et ils allaient voir. Il s'était fait oublié. Ils l'avaient oublié, baignant dans une félicité béate et surtout trompeuse. Et lui, il était resté dans l'ombre toutes ces années mais aujourd'hui ... la peur allait refaire surface. Cette peur insidieuse et sournoise. Ils avaient oublié, il allait le leur rappeler.

*** fin de la partie I***

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