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Les chroniques de Broken Hopes

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Message  Caitlyn Oldfield Sam 30 Jan - 19:51

Les chroniques de Broken Hopes 211


  Melbourne, A D 2025, l’enfer sur terre ou ce qu’il en reste. Ici, on a pris l’habitude de parler de l’an 10 après Ultimate, il ne reste de ce continent qu’un chantier à ciel ouvert et un embryon d’état où chacun fait ce qu’il peut. L’Australie ou du moins les vestiges de ce continent sont devenu le premier état anti mutant du monde, dans les mégalopoles où la misère culmine, il n’y a plus d’autres solutions que de survivre par ses propres moyen, le taux de pauvreté atteint les 75 % de la population, les lois ne sont plus respectées, les quartiers des grandes villes sont aux mains de clans de mafieux de tout bord et de spécialistes du crime organisé.
L’anarchie et le système D domine, la mort est à chaque étage et personne ne viendra pleurer sur votre sort, dans ce vivier boueux pourtant…l’espoir subsiste, entre misère et solitude urbaine d’un monde post apocalyptique sur un continent ayant officiellement fermé ses frontières au monde.


Découvrez l’envers du monde de New Heaven à travers les yeux d’une jeune paumée dont l’unique objectif reste la survie.



Les chroniques de Broken Hopes 3_0y9k10


Découvrez le monde de Broken Hopes.


Dernière édition par Caitlyn Oldfield le Dim 21 Aoû - 20:16, édité 3 fois
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Message  Caitlyn Oldfield Sam 30 Jan - 19:54

CHAPITRE 1 : ANIMAL.

Les chroniques de Broken Hopes Vestia10




J'ai choisi le poison
Et je ne sais pas pourquoi l’alcool
Dans mes veines envahi mon cerveau
J'ai pris le poison à ton Intention
J'ai perdu toute affection, Perdu l'inspiration

Je suis arrivé dans ce monde
Par l’entrée de service de ton amour
Et le monde, c'est vraiment moi
Je suis arrivé dans ce monde
Ce monde, c'est vraiment moi
Il n’a rien d’une surprise.
Alors j'ai pris le poison

Il coule, le poison
Il  consume nos vies, me fait m’enfuir
Quelque chose qui m'effrayait
Est apparu doucement

J'ai pris le poison
J'en ai trouvé la raison :
J'ai essayé en vain
D'oublier la douleur




Arène de Combats Clandestins, 2021, Quartier du Riverside, Broken Hopes.

J’entends la clameur, j’entends le champ barbare d’une humanité avilie et à bout de souffle.

C’est un besoin, une nécessité, c’est inscrit quelque part dans nos gènes en une trace indélébile et primaire. C’est imperceptible mais présent derrière chaque sourire, chaque regard mouillant, chaque idéaux même ceux qui portent les grandes espérances. Il est l’alpha et l’oméga, il est le ciment du lien qui unit toute cette ville, Mutant et humain, oui il est là.

 Il est là, omniprésent du berceau au tombeau, il nous marque et étend des ailes sombres de corbeau sur le souffle de nos mots. C’est la quintessence de la Nature de ce que nous sommes et infiniment ce qui nous sépare du divin. C’est résumé ainsi, en un long râle bestial d’une nation avide de violence et de sang.

Les paupières sont pourtant closes mais le cœur bat son sang aux tempes en un rythme qui ne se calmera pas. C’est comme ça, cette fausse quiétude qui installe la colère, cette fausse tranquillité qui vient vider l’esprit et les remords pour ne plus faire qu’un avec l’atmosphère électrique de la sale.

C’est une onde brulante et sourde qui coule en mes veines comme un poison déshumanisant. C’est une colère qui n’a pas de cause et mille origines et qui ne trouvera son expiation que dans le fracas et un déchainement de violence.

Red, ils scandent mon nom, comme une sorte de prière aveugle.

Red trois lettres qui résument ce que je suis : le carmin, la libération d’un liquide si intimement lié à l’existence que le regarder s’épancher devient une sorte de communion malsaine, un exutoire de l’interdit et une messe noire adressée à ce qu’il y a de pire chez nous-même et je suis devenu le pire, rien n’est plus vrai.

Une longue expiration pour chasser le reste de tristesse alors que l’excitation, là, juste à quelque pas est à son comble. Et je sais déjà. Je sais déjà leurs visages défigurés par le mal, par l’excitation et la vérité de notre nature. Je sais les cris les encouragements, les sifflets, je sais même la jouissance de certains. Je sais la fange de ce monde et de ses règles, je sais ma place comme la leur.

RED, trois lettres cicatrisées au fer à souder sur la chair de mon épaule droite. Un divertissement, un spectacle ou chacun y trouve son compte. Ils se bestialise, je gagne le droit de survivre un peu plus longtemps. Mais tout s’arrête ce soir.
Ma main bandée caresse ma nuque nue remontant sur mon crane quasi rasé. Optimisée pour le combat. Une nécessité pour une combattante surtout si elle a la réputation de n’offrir aucune opportunités de victoire. J’ai longtemps espéré tomber sur plus fort. Battue et laissée à demi morte sur le sol, jetée au dehors et rouler comme un détritus dans un égout. J’ai attendu cette nuit comme une fête, comme un espoir idiot que tout s’arrête et qu’on mette enfin un fond dans les abimes où je m’étais précipité. C’est comme ça que je voulais finir. Vaincue et brisée mais sans avoir baissé les bras un seul instant. Mais ce moment n’est jamais arrivé depuis ces deux années et je sais qu’il ne viendra jamais. Personne ne pourra éteindre le feu qui consume mes coups et la violence qui me possède. Je suis une machine, un animal. Mais tout s’arrête ce soir car je vais franchir l’interdit, laisser la bête surgir.

Ils vont en avoir pour leur spectacle, pour leur argent mais ça n’aura plus d’importance. Un combat-tant ne doit jamais tuer volontairement, c’est la règle. C’est hypocrite mais c’est ainsi : on peut démembrer, casser, handicaper à vie mais pas tuer parce que c’est un meurtre et plus un jeu. Je n’ai jamais joué en ce qui me concerne.

Il m’attend

Je ne sais pas qui il est, en quête de se faire quelques dollars pour survivre, en quête de gloire pour avoir combattu contre une légende de l’arène. Un idéaliste ? Un mauvais homme ? Peut-être simplement quelqu’un de bien et qui lui aussi fait ce qu’il peut dans cet enfer. Il rejoindra la cohorte des ombres qui me regardent droit dans les yeux dès que j’essaye de trouver le repos. Je ne suis pas meilleure qu’un autre, peut-être juste trop naïve mais cette période m’a douloureusement passé. Ce que je sais c’est qu’il faut que ça cesse, qu’il faut que je tourne une autre page et que ce sacrifice est inévitable pour le faire parce que moi aussi, je ne suis qu’une putain de bête portée par la foule, moi aussi je suis un animal comme eux.

Je me redresse et me relève faisant craquer ma nuque et ouvrant pour la première fois les yeux sur la pénombre de cette anti chambre crasseuse, qui pue la sueur, le sang et la pisse. La clameur se fait plus frénétique, l’heure approche.
Ca ne sera pas long, je déchainerais les enfers d’emblée, je frapperais pour tuer, pour extirper la vie et ma liberté, il sera toujours bien temps après d’en faire n’importe quoi, puisque toute façon, nos destins sont déjà tracés, nos espoirs trahis et nos vérités acides.

Je crache au sol

J’ai déjà le gout familier du cuivre en bouche et l’odeur salé dans les narines. J’avance vers la lumière qui a toujours été mes pires ténèbres.

Sept minutes plus tard.

Tout est fini.

Tout est fini.

Tout est fini.


C’était ce que je voulais, certainement pas lui
.
Caitlyn Oldfield
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Message  Caitlyn Oldfield Dim 31 Jan - 7:17

CHAPITRE 2 : OPPORTUNITÉ

Les chroniques de Broken Hopes Jail210



Je ne peux pas rester dans cet état
Pas plus longtemps.
Comprends-moi
Une fois de plus.

Si on parle de cette lubie, ouvertement,
Qu'ai-je fait ?
Oh, cette incertitude
Prend mon contrôle

Je ne peux pas réarranger les faits
Plus maintenant
Reconnais-moi,
Une fois de plus

Si on parle de cette lubie, ouvertement,
Qu'ai-je fait ?
Oh, cette incertitude
Prend mon contrôle,
Prend mon contrôle.

Oh tout est fini à présent, ouais,
Oh c'est complètement fini….


Adossée contre un mur dans un coin de la cellule, j’en suis là. J’ai eu tout le loisir d’y penser, de ressasser ce que j’ai fait et de considérer chaque carrefour de ma destinée qui m’a amené à cette petite cellule obscure. Peut-être qu’au fond j’étais destinée à cette déchéance, que je suis exactement à l’endroit où je devais finir. C’est possible. Cela n’empêche pas de manquer d’une certaine humilité sous le poids de la fatalité et de se dire : putain, je m’attendais à mieux, je voulais autre chose ! Quoi au juste ? C’est assez difficile à  dire et j’en connais au fond si peu sur le monde, enfin, sur ce monde-là à présent qu’il a changé.

Je passais mon enfance, lors des temps libres, dans les rares livres que ma mère m’avait dégotté mais je sais à présent que la vie ne s’apprend pas dans les livres, qu’elle n’est ni juste, ni héroïque, qu’elle est faite de hasards et qu’on y meure en allongeant le pas ou tentant de la fuir. Il n’y aura pas de « Grandes Révolutions », pas d’ « Amour mystérieux » ou de « combat pour la dignité ». La dignité, ça s’oublie, ça ne survit ni aux coups, ni aux humiliations et les pages de livres si elles nourrissent l’esprit, vous laissent l’estomac vide et criant douloureusement famine.

C’est paisible de toucher le fond. Pour la première fois je vivais une sorte de plénitude ou l’urgence était proscrite, j’ai toujours tenté d’empoigner la vie et de me débattre avec ses aléas, mais à présent je me laissais couler, doucement à la dérive dans un océan de présent qui ne m’apportait plus rien d’autre qu’un long rêve éveillé similaire à la drogue et ses élucubrations. Le manque avait été terrible à gérer, à présent que mon esprit n’était plus autant embrumé, la lucidité était si cruelle qu’elle en devenait obscène et donc gérable par sa douleur omniprésente, c’est un sentiment étrange et difficile à expliquer, ce n’est pas un apitoiement pas plus qu’un regret, c’est comme une évidence et une acceptation. Il faudra vivre ainsi parce qu’il ne reste rien à changer et de toute façon, j’emmerde ce monde avec une indifférence profonde et sincère, je n’ai rien trouvé, je n’ai rien vu, ni eu ; je suppose que je n’ai pas le droit d’en vouloir ni à Dieu ni au sort. C’est ainsi, c’est tout. La métaphore est simple, je ne déciderais pas de qui coupera la lumière mais assurément, recluse au fond, je n’ai plus besoin d’y voir. C’est une forme de liberté, non ?

La porte de la cellule s’ouvre et attire mon regard, le gardien me jette un coup d’œil indifférent et le visiteur qui l’accompagne rentre. Je ne l’ai jamais vu mais de toute façon, je ne suis pas sûre d’avoir vraiment regardé quelqu’un ces dernières années. Il n’est pas dénué d’un certain charme même si bien plus âgé que moi. C’est la prothèse qu’il porte à la place du bras droit qui attire mon regard en premier lieu. Un mutilé de la Guerre ? C’est possible il y a eu tant de morts et trois fois plus de blessés. On les appelle parfois avec une certaine ironie « les enfants du souvenir », pour moi ils nous renvoient directement à nos blessures béantes qui ne cicatriseront plus. Son regard exprime une sorte d’étincelle qui m’accroche, il se passe quelque chose, je le sais et donc je le fuis, comme à chaque fois. Je détourne les yeux vers le fond alors qu’il reste debout immobile, un monde face à l’autre.


Les chroniques de Broken Hopes Prey-j10



- C’est ce que tu cherchais ?

Je ne réponds pas même si chaque fibre de mon corps hurle la réponse.  Mon rythme cardiaque s’accélère. Quelque chose arrive, quelque chose qui va changer l’instant, j’en ai parfaitement conscience. Il faut pourtant que je garde le contrôle sinon je risque de changer et ma mutation ne s’en fera que plus voyante et personne n’aime les mutants ici-bas, non personne.


- Oui c’est ce que tu voulais. Il y aura une procédure accusatoire tu sais. Au mieux tu finiras ici, au pire ils y mettront un terme en toute non officialité. Pas pour ce que tu as fait, mais pour ce que tu es….Je ne veux pas croire que tu t’es mis dans le crane que personne ne le remarquerait, tu voulais  être ici, tu souhaitais que ça finisse. Mais ce n’est pas ce que tu veux vraiment, ni ce que nous voulons.

Comment peut-il savoir ce que j’ignore moi-même ? Je suis un changeante, personne ne peut encaisser autant de coup et guérir aussi vite et surtout personne n’a la couleur des iris qui vire au rouge sang quand elle se met en rogne…Je sais ce que je suis, je sais la haine qu’on nous porte, c’est mon époque, ma croix à porter


- Tu es clean à présent, ça doit être plus compliqué de gérer la merde, hein ? Je t’ai vu plusieurs fois te battre, tu aurais pu laisser tomber, t’allonger, mais tu as toujours refusé…tu es de celles qui jettent tout dans l’action comme si c’était la dernière fois, non ? C’est une qualité rare…pas unique, tu comprends. Juste rare.


Non je ne comprends pas ce qu’il me dit, ni pourquoi il me parle de tout cela, je renifle salement avalant ma salive.


- Tu n’es pas unique, Red. Ton histoire, tes merdes, ta descente aux enfers…des millions ont connu ça et le connaitrons encore. Tu n’es qu’une poussière portée par la tempête. Tu attends que quelque chose arrive depuis des années et rien ne s’est présenté. Je vais te dire….

Il s’agenouille à mes côtés son regard envoutant ancré au mien.


- Je t’ai vu te signer lorsque tu as tué ce mec, je n’avais pas vu ça depuis longtemps…Il n’y a plus de Dieu, Red. Le ciel est vide et personne ne viendra sur son cheval pour t’emmener au loin. Il n’existe qu’un seul monde, qu’il te fasse mal au cul, on n’en a rien à battre ; Que tu crèves ici ou dehors, ça m’empêchera pas de bouffer ni de dormir et ca empêchera ni les autres de souffrir, ni de vivre, ni de jouir. C’est un monde de merde et de désespoir mais tu peux y survivre, si tu comprends qu’il ne faut rien attendre ni espérer. Tu peux y avoir ta place si tu sais observer et écouter, deviens fonctionnel, apprends à vivre ta vie au rythme des besoins de celles des autres. C’est un jeu, ma belle, un putain de jeu pervers mais quand tu en comprends les règles tu n’as plus besoin de but. Parce qu’il n’y en a pas…parce qu’il n’y en a jamais eu. TU ne décides pas, tu subis. Il faut apprendre à être plus malin, à tirer ce qui est profitable de ce constat. Tout le monde dépend de tout le monde et tout le monde a besoin de quelque chose, puissants ou des merdes comme nous.
......................
Certains comprennent, d’autres choisissent d’ignorer. Mais…tu ne pourras pas dire que personne  ne t’a jamais expliqué les choses.



C’est pour ça que je suis là…pour ça que j’ai graissé la pâte à la milice pour te voir, parce que certains dépendent de moi comme je dépends d’autres. Tout se négocie même toi…que ça te plaise ou non…mon « employeur » te veux, il paye pour ça…il paye pour que je te propose d’être libre autant qu’on puisse l’être.


Je reporte mon regard sur le mur, est ce qu’il me parle d’esclavage ? L’Australie est prête à le rétablir, ça et la « chasse aux mutos » dans les « quartiers sains ». Si c’est le cas, qu’il aille se faire foutre.   Je ne serais jamais l’esclave de personne que le diable l’emporte .

- Ne t’offusque pas, je doute que tu le rencontres un jour…c’est un partenariat « commercial », nous avons des intérêts convergents et j’ai besoin de quelqu’un d’aussi rare que toi à mes côtés pour mieux fonctionner.
Tu peux laisser tout derrière…ce n’est pas ce que tu as été qui m’intéresse mais ce que tu peux devenir…tu auras un avenir, un rôle et une liberté et tout cela à une condition.


A nouveau mon pouls s’accélère, nous y voilà…

- Quand tu passeras cette porte, quelque sois ton choix, renonce à l’espoir…

Il se redresse et laissant flotter un sourire énigmatique et se dirige vers la porte, tapotant aux barreaux avec sa chevalière en métal pour se manifester.

- Mon temps s’achève, je n’ai pu obtenir que 2 visites avec ma trésorerie et donc tu me coutes déjà des frais…je reviendrais dans trois jours et ça sera tout. Tu es une grande fille je te laisse à ta solitude et à tes réflexions

- Att…attend !

Il s’immobilisa sans se retourner alors que je cherchais mes mots, le son de ma voix m’effrayait un peu, je n’avais pas parlé depuis des semaines.

- Tes mots sur l’espoir….c’est de Dante …dans la Divine Comédie….c’est ce qui est inscrit sur..sur la porte des enfers.
- Et ?
- Et…et c’est…tout.
- Red…le monde-là dehors…il est juste comme on l’a fait et comme on le fait heure après heure. C’est NOTRE enfer. Dante était un poète…le temps des poètes a disparu avec le reste. Comme doit disparaitre l’espoir de reproduire les mêmes conneries. J’ai vu le monde s’effondrer, j’y ai participé, j’ai vu l’enfer droit dans les yeux et tu sais ce qu’il a dit ?
Il a rit
Il a juste rit..


Trois jours…Red…trois jours….
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Message  Caitlyn Oldfield Dim 31 Jan - 18:49

CHAPITRE 3 : ANABASE

Les chroniques de Broken Hopes Bed-bl10



J’ai troqué une prison contre une autre sorte de cellule. Une sorte de petite pièce dont la porte n’est pas fermée (je me suis empressée de vérifier) avec une table, deux chaises, quelques cartons et un lit crasseux et une large fenêtre donnant sur une rue animée en contre bas. Ça grouille et ça hurle, les odeurs, le bruit…tout cela ne trompe pas, je sais que je suis dans un cloaque des Bas quartiers, mais au moins je suis libre, ou c’est du moins ce qui y ressemble. Je n’ai offert qu’une acceptation, un « oui » qu’il me semble ne pas avoir été prononcé. J’ai accepté, je mentirai si je disais l’inverse, j’ai accepté et je ne m’attends à rien, c’est exactement ce qu’il m’a demandé.

Ce que je sais c’est qu’il ne me baisera pas, il m’a demandé de me laver, de prendre un bain et il est juste resté là à me regarder alors que je me déshabillais. Je croyais que c’était le « prélude », vous savez…mais rien n’est venu, il s’est contenté d’observer mon corps d’une manière presque médicale avant de quitter la pièce et de me laisser à la joie de m’immerger dans l’eau brulante. Un luxe dont je ne me souvenais pas, une poignée de bleu jetée dans mon ciel ténébreux. Il m’a ensuite ramené des vêtements propres et neuf, assez large et passe partout. Je n’ai pas décroché un mot depuis, recroquevillée là sur le lit alors qu’il observe le va et vient de la rue pendant de longues minutes, allumant parfois une cigarette, toussotant un peu.

C’est irréel, je ne parviens pas à savoir ce qu’il attend de moi. J’ai cessé de réfléchir, je vis l’instant, c’est tout. On frappe, il ouvre la porte et un homme de couleur apparait lui tendant un sachet, l’homme me jette un regard entendu, j’y lis de la crainte, de la curiosité, je ne sais toujours pas et ça commence à m’agacer. Sans un mot le livreur s’en retourne alors que l’homme ouvre le sachet en papier carton et qu’un fumet délicat me vrille le ventre. Ca sent bon, terriblement bon. Il en extirpe un petit sandwich enveloppé qu’il croque à pleines dents  avant de jeter le sachet sur le lit devant moi.

- Manges, tu dois reprendre des forces….

Il fouille dans sa poche et sortit un petit flacon de médicaments qu’il jette à mon attention, je le rattrape au vol, le toisant avec interrogation

- Tes muscles commences à s’atrophier, tu prendras ça : c’est des compléments alimentaires, des vitamines, ça vaut une blinde alors gaspille pas.

Mon regard ne quittait pas le sachet, ma volonté semblait s’effondrer devant la faim qui me tiraillait le corps.

- Si tu le fais pas pour toi, fais le pour ceux qui crèvent de faim la dehors…tu connais la valeur que ça peut avoir, plaisantes pas avec tes besoins primaires, jamais…

Je lui jetais un regard implorant

- Ça ne coute rien. Tu as déjà payé en étant tout simplement ici.

N’y tenant plus ma main se précipite sur le sachet pour en arracher le précieux pain chaud et l’enfourner avec gloutonnerie dans la bouche laissant échapper un gémissement plaintif, j’ai honte, je n’ai jamais eu autant l’impression d’être un animal. Mon interlocuteur m’observe avec patience, puis se lève et ouvre un placard d’où il sort une bouteille d’eau qu’il me ramène en s’agenouillant paisiblement à mon niveau.

- Doucement gamine…si tu t’étrangles on aura tout gagné.

J’ai l’impression de revivre, difficile de respirer et de manger en même temps, ma main agrippe la bouteille d’eau, j’ai l’impression de redécouvrir chaque petite sensation de la vie. Je fouille le sachet, mes deux mains crispées sur la nourriture. Je finis par l’observer à la dérobade et balbutie d’une voix mal assurée.

- C’est…c’est quoi la suite ?

Il se redresse, ramenant une chaise près du lit et s’y abandonne d’un air concentré.

- D’abord comprendre. Comprendre que ta vie ne t’appartient plus vraiment. Le groupe pour qui je travaille, il a sa place dans cette merde…et j’ai quelqu’un au-dessus de moi, quelqu’un qui a le pouvoir que je n’ai pas, le pouvoir de de décider et d’agir, de payer et d’évoluer « librement ». C’est à lui que je dois ma place ici,  à lui que tu dois la tienne. Il attend de nous qu’on joue notre rôle et si on le joue mal, c’est simple, il retire la donne et redistribue les cartes.

- C’est…un …Mutos?

- Ça ne te regarde pas, tu n’es pas amené à le voir….ça te pose un problème, la notion d’espèces, de races et toutes ces conneries ?

- …non…je ne sais pas…je…je m’en tape. Je sais ce que je suis….et je suis ce que je suis

- Bien, on avancera plus vite alors…


- Tu dis…qu’il attend de moi…certaines choses….c’est d’la baise ? Parce que ça…j’veux pas…

- Non. Te surestime pas non plus, les putes sont plus attirantes que toi…tu ressembles à une gosse

- Alors…c’est le combat….

Il y avait une sorte de fatalisme dans ma voix et c’était totalement perceptible.

- Non, ça c’est pour moi. C’est une compétence qui me botte.

Ça serait mentir que de te dire que tu ne briseras pas quelques gueules mais quand ça sera utile, jamais contre ta volonté. Ce que je veux que tu comprennes : c’est pourquoi ça doit être utile et pourquoi c’est dans ton intérêt.


- Et si je..je ne fais pas l’affaire.

- Si c’était le cas, nous n’aurions pas appelé ton nom, Cléo.


Je me redresse, surprise, j’ai l’impression que quelqu’un vient d’exhumer ce prénom du passé depuis son tombeau et le ramener sur la place publique.

- Oh…ne t’habitue pas…il n’y a plus de Cléo, pas plus que de Red…la première leçon est simple, pour devenir un rouage de cette machine il faut avoir une vision globale, et pour parvenir à cette vision, il faut devenir personne. Nous allons prendre le temps, tout le temps qu’il te faudra pour que tu apprennes, je te guiderai jusqu’à ce que tu tiennes debout comme une grande…du crépuscule à l’aube, tu seras qui te veux, le reste du temps, tu seras mon élève.

Devant mon silence alors que le crépuscule tombait au dehors, il élargit son sourire.

- Et toi. ? C'est quoi ton nom ?

- Kyle....mais tu peux m'appeler Grudge, je préfère...

A nouveau le silence alors que mon regard se perd vers la fenêtre et qu'il porte son bras mécanique à sa veste pour se saisir d'une nouvelle cigarette.

-  Bienvenue chez les Morlok, petite. Nous vivons du système, nous sommes le système mais c’est parce que nous le connaissons, que nous savons comment il veut être baisé.  
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Message  Caitlyn Oldfield Jeu 11 Fév - 11:28

CHAPITRE 4 : APPRENTISSAGE

Les chroniques de Broken Hopes Deal-511


Je crois que je peux voir le futur
Parce que je répète la même routine
Je crois que j'ai déjà eu une raison d'être
Quoi que ce n'était peut-être qu'un rêve
Je crois que j'ai déjà eu une voix
Maintenant je ne fais jamais de bruit
Je ne fais que ce que l'on me dit de faire
Je ne veux vraiment pas qu'ils viennent, oh non

Chaque jour est exactement le même
Chaque jour est exactement le même
Il n'y a pas d'amour ici et il n'y a pas de douleur
Chaque jour est exactement le même



Trois mois plus tard. Rues de la ville basse de Broken Hopes

Des mois que je fais que cela, j’accompagne et je décors mais je n’ai toujours pas vraiment l’impression d’en savoir plus, ni de comprendre.
J’observe l’homme avec un faux détachement alors que la transaction s’opère, le deal est conclu avec facilité et sans un mot prononcé. Kyle scrute d’un œil expert le petit flacon remit un instant avant de reporter son attention sur l’adipeux individu qui visiblement mal à l’aise a un mal fou à camoufler son stress. Kyle fouille alors dans la poche de son long imperméable beige et en sort un papier plié qu’il tend à l’individu alors que de l’autre main il sort son fameux carnet noir. Le « client » prend connaissance du mot et incline la tête en saluant, bredouillant quelques mots et sous le regard froid de kyle prend congé sans demander son reste.

Étrange ballet que tout cela que j’observe sous ma capuche de mon sweet avec une froideur de circonstance. Kyle ne commente pas le deal et se contente de quelques annotations dans son carnet avant de la ranger et d’extraire son paquet de cigarettes et de s’en allumer une. Il tire une bouffée puis d’un geste nerveux consulte sa montre et semble enfin remarquer ma présence.

- Jamais de transactions directes, tout repose sur un principe de réciprocité. Dawn enverra un runner sur place avec sa marchandise…Je ne m’occupe pas des échanges d’habitude mais c’est moi qui te forme et tu vas tout apprendre, le groupe des Morlocks a ses règles, tu ne deviendras pas un runner mais un lieutenant…c’est pour ça que je t’ai choisi, c’est toi que je veux à ce poste Dusk.

Je soupirais légèrement perdant mon regard sur la rue dévastée et son va et vient de misère urbaine post apocalyptique..

- Oui…mais ça n’a rien de…hum…non rien.

Il m’observe un instant avec un demi sourire entendu avant de cracher sa fumée et de hausser un sourcil.

- De ?

J’hésitais. Les Morlocks….un bien grand mot pour finalement pas grand-chose, une organisation de petite criminalité vivant du deal, du marché noir et de toute source de rentabilité malveillante, une organisation comme il en existe 1000 ici dans le chaos de Melbourne, rien de bien mystérieux, ni de si…mystérieux.

- Et bien…ce n’est que ça ? J’veux dire…transactions, vols, du banditisme …c’est…enfin je…


Il ricane avec amusement avant de planter ses mains dans les poches.

- Je savais que tu y viendrais rapidement, les choses e collent pas hein ? Chacun doit trouver sa place pourtant…Ce que nous faisons est une chose plus vaste qu’il n’y parait…Ce que je fais, moi. Ce que tu vas faire en tant que Lieutenant…ce que font les runners que tu superviseras….Tout fait partie d’un ensemble plus complexe. Cet aspect du groupe des Morlock n’est qu’une pièce d’un puzzle dont peu de personnes en connaissent la vue d’ensemble, si tu veux rester en vie, si tu veux progresser alors il te faudra apprendre à rester à ta place et surtout ne pas te pourrir la tête avec ce genre de questions.

Il sembla soucieux et son regard se fit plus insistant me mettant mal à l’aise.

- Les Morlocks…tout le monde les connait, tout le monde a eu affaire à eux…les autorités ferment les yeux parce qu’ils pensent que la criminalité de petite envergure ne mettra pas en péril les problèmes qui les préoccupent réellement : la politique, la mutation, la corruption….et ça doit rester comme ça à leurs yeux : nous ne sommes que des marginaux, des parasites sans signification autre que d’être une chiure sur une belle photo mais une chiure gérable et surtout insignifiante. Notre seul but est l’enrichissement personnel comme tout à chacun…qui pour en faire un problème « majeur » ? Personne. C’est un écran de fumée et ce n’est surtout pas à toi d’aller jeter un œil à ce qu’il y a derrière…c’est TA limite Dusk, celle de tous les lieutenants…
Le runner fait le deal et le gère…c’est son taff, il est interchangeable…et n’a pas vocation à faire autre chose…il t’incombera un jour de former ton équipe de runners et à la diriger en Lieutenant de terrain…
Tu auras comme tous les lieutenants une arme incroyable de puissance et qui fera ta respectabilité.


Il sortit son carnet et l’agita.

- Ceci !
Toutes les transactions y seront notifiées avec un cryptage personnel que tu apprendras et chaque semaine, j’en récupérerais les pages pour les transmettre « plus haut »….tu sais qu’elle est la pire des armes ? Et la meilleure des méthodes pour structurer un réseau ?


Je secouais la tête à la négative plus pour abréger ce cinéma « de bon communiquant » que pour réellement signifier mon ignorance alors qu’il se tapotait la tempe avec malice, visiblement ravi de son petit effet.

- La connaissance, petite, la connaissance. Et de cette connaissance, créer une interdépendance. Les transactions des morlocks sont conçues comme un large réseau d’interdépendance. Nous ne possédons rien, nous ne fournissons rien, nous ne produisons rien….mais nous connectons les filières, nous savons qui peut quoi et qui veut quoi…et surtout pour nous protéger nous gardons la trace de ce que chacun a fait et voulu. De ce fait si un lieutenant tombe nous sommes capables de virtuellement détruire des réseaux d’affairants entiers…Il n’y a rien de plus dangereux que des intermédiaires lorsqu’ils se sont constitués en réseau. Dealeurs, maquereaux, contrebandiers. TOUS dépendent des Morlock parce que sous couvert d’être une organisation criminelles sans réelle dangerosité, ils gèrent en sous-main tout le volume mineur et moyen de l’illégalité de Melbourne et jouissent de ce statut « d’intouchables » au nom de la trouille des interdépendances qu’ils ont su tisser….
Tu te souviens mes mots Dusk ? « Être au-dessus du système tout en en faisant parti.. » C’est effectivement ce que nous sommes…
Ce carnet, Dusk, c’est ton bien le plus précieux.


Il regarda sa montre et soupira alors que je restais pensive. Assurément ce qu’il venait de me dire me pousser à réfléchir encore plus.

- C’est l’heure, transaction suivante…
Ah et une dernière chose….deux règles les plus importantes : ne cherches jamais à savoir pourquoi une demande, c’est du buisness, c’est tout. La connaissance est une arme à double tranchant. Savoir le pourquoi peut t’amener à avoir des états d’âme et ça, c’est la pire des choses. Deuxièmement, ne fais jamais de politique ou ne prends jamais parti pour une cause…Une stricte neutralité s’impose, ce sont les idéaux qui nous en amené à cette merde, les idéaux et les actions de déséquilibrés qui les suivaient…les questions mutantes, les questions politiques, les points de vue, tout ça c’est de la merde et ça te conduira directement au cimetière. La seule chose en laquelle tu dois avoir foi, c’est toi. Il n’y a pas de Dieux, il n’y a pas de Héros…Il n’y a que des légendes et des cadavres, c’est tout !


Un élément parmi un tout ? Cette idée semée dans le coin de mon esprit venait de piquer ma curiosité. Kyle disait uniquement ce qui m’était utile comme si je devais rester à une certaine place. Il me faudrait apprendre à maitriser cette place avant de chercher à la dépasser. Comprendre le système et y agir pour pouvoir se placer au-dessus, c’était son speech après tout, non ?
Caitlyn Oldfield
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Message  Caitlyn Oldfield Jeu 11 Fév - 21:38

CHAPITRE 5 : DUSK

Les chroniques de Broken Hopes 9518d610


Maintenant, tout était calme
Et j'aurais juré qu'elle était morte
Et je ne l’avais même pas vu venir.

(Etait-ce un mauvais timing?)
Maintenant, tout ce que vous voulez entendre,
n’est que ce que vous craignez le plus

Donc, veillez ne pas vous approcher de trop près
Parce que tout ce dont vous pourriez avoir besoin
Vous pourriez bien l’obtenir d’elle.


Quartier Nord du Broken Hopes, Janvier 2025.
Je renifle en un grognement de mécontentement, les mains toujours gardées au chaud dans ma veste de sweet et la capuche rabattu sur le visage mais déjà campée sur mes appuis. Je vois sa peur sur le visage, j’ai appris à la sentir, à la « renifler » comme un chien renifle sa proie. Il sait ce que je suis, il sait comment il doit m’appeler et il sait surtout que ce tête à tête ne va pas lui être agréable. Je dois lui foutre les miquettes de sa life, il doit littéralement se chier dessus, il sait peu de choses oui mais ça il le sait. Si l’un des quatre lieutenant qui verrouillent le secteur s’invite à une transaction, ce n’est pas bon…ce n’est jamais bon car ce n’est absolument pas notre job à nous autres les agents terrain, nous faisons tourner des équipes, nous quadrillons.
Mon runner s’est placé en retrait.
Lui non plus n’est pas à l’aise, lui aussi sait ce que ça signifie.

Je suis un fantôme, le fantôme des quartiers nord de Broken Hopes, je suis devenu un simple surnom porté de lèvres en lèvres. J’ai eu tout le loisir d’apprendre, tout le temps de devenir celle qu’on attendait de moi. Dusk. C’est ici mon domaine, c’est ici que se déploie mes  runners, c’est ici que je fais tourner le buisness comme il doit être tourné, j’en ai noircis des pages de mon putain de carnet et j’en ai déjà vu des choses. J’ai dû apprendre oui, apprendre à n’être qu’une ombre et à retenir, à écouter, voir et agir lorsque c’était utile. J’ai suivis scrupuleusement les règles des Morlock, je les connais chacune, j’ai eu tout le loisir d’en attester la justesse et apprécier la véracité.

C’est amusant comme les gens ne me remarque que lorsque mon surnom se colle à ma silhouette, j’ai l’air d’un adolescent comme il en existe des milliers et qui zonent dans les rues en quête de temps à tuer ou de direction à donner à leur pas. On ne me sous-estime pas, non : on ne me voit pas ce qui est encore mieux. Inutile de se fier à ma voix non plus, elle est fluette et définitivement sans puissance, un garçonnet ou une fillette : voilà ce qui me caractérise. Jusqu’à ce que je sorte les poings et montre les crocs. Une légende court à mon sujet, on dit de moi que si je garde le silence il faut se méfier car j’observe et que dès que je sors les mains de mon sweet, il est déjà trop tard. Ca me flatte, nous sommes finalement bien humains nous autres les « awaken ».
Il reste peu d’entre nous en Australie vu les temps qui court mais c’est une des caractéristiques des Morlock, nous sommes tous des « awaken » sauf que le sujet est définitivement tabou. Une mutation trop fragrante nous amènerait la milice, nous restons donc hyper discrets sur le sujet, même entre nous. Peu de personnes savent pour mes iris, encore moins par ma prescience et s’est tant mieux.

- Tu sais pourquoi je lui là, Doug ?

Ma voix le fait sursauter, il n’aime pas et porte le regard sur mon runner qui lui par lâcheté regarde nerveusement au sol.

- Ecoutes Dusk…j’veux…j’veux parler à Grudge…il, il comprendra…J’ai…
- On ne convoque pas Grudge, connard. On ne convoque pas les Morlock.
- J’ai de problèmes avec mes filles, Bordel…la milice m’a fait du tort, on a eu une  descente…y’avait des mutos dans les putes, ils en ont embarqué trois !!
- La manière dont tu gères ton établissement ne nous regarde pas, ni tes problèmes de personnel. Ce qui compte, c’est honorer une transaction. Tu vas honorer ta part du contrat, Doug ?
- Je veux juste t’expliquer que…


Je serre les poings dans mes poches. Un dixième de seconde, l’opération prend un dixième de seconde, le temps que mes iris prennent la couleur du sang, seule manifestation de ma mutation, imperceptible à un adversaire parce qu’il est déjà trop tard. Moins de une seconde pour réduire l’espace et mon bras s’écrase avec un bruit sourd sur son nez lui explosant le cartilage dans une gerbe de sang. Je n’ai aucun mérite, je vis l’action au ralenti dans un monde devenu monochrome, on ne peut pas anticiper mes attaques car j’observe dans un temps ralenti chaque mouvement de l’adversaire. De l’extérieur, on ne voit rien d’autre qu’une chorégraphie millimétrée,  un enchainement parfait de coups avec une précision chirurgicale, presque instinctif. Je suis imbattable au corps à corps parce qu’il est juste impossible de me surprendre lorsque mon pouvoir décuple la vitesse de la perception de mon environnement, cette hyper vitesse de perception et de réaction m’apparait alors comme un ralentissement du temps perçu. J’achève un violent uppercut alors que sa main dans sa veste extirpe lentement un cran d’arrêt. Vu. Réaction et action, je lui tords le bras et attrape le poignet en le lui brisant, m’emparant de la lame au passage. Le coup de pied circulaire le fauche et le projette au sol lourdement alors que d’un autre geste plus large du bras gauche mon poing s’abat comme une masse sur son visage et lui fracasse la mâchoire. Il est vaincu, il me reste à faire passer le message, je le surplombe un instant ma ranger sous la gorge le maintenant au sol, il étouffe. Ma botte quitte sa gorge alors qu’il tente d’hurler et vient avec rage s’abatte sur l’articulation du bras droit qui cède dans un craquement sinistre. Il roule sur lui-même s’agrippant le bras alors d’un coup de botte dans le vendre je le retourne et abat la lame du couteau qui se fige dans l’épaule gauche le faisant hurler à nouveau. J’en ai terminé.
Me redressant, le monde retrouve ses couleurs alors que mon regard se porte sur Tommy, un de mes runner. Je m’écarte en murmurant alors que ma victime geint en pleurnichant.

- Fouille-le…

L’homme s’exécute sous mon expression impassible. Il se redresse me montrant quelques billets…à peine 300 dollars. Je tends la main et prélève l’un des billets de 100 pour rendre 200 au Runner.

- Ta dette est de 800 $...tu en as remboursé 200, les 100 sont pour le « dérangement ». Dans 48 heures, on veut le reste ou tu perdras plus qu’un bras et ta dignité. Tommy…Pisse lui dessus.

Le gringalet me regarde d’un air horrifié jusqu’à ce que je plante mon regard dans le sien avec froideur.

- Dois-je répéter ?
- Non…non..
- Bien…

J’assiste au spectacle avec une certaine placidité les mains à nouveau plantées dans mon sweet.

- Tu pues Doug…tu pues la merde et la pisse maintenant…ça ne sera pas difficile de te manquer. Je ne reviens jamais 2 fois pour un litige Doug. Payes Tommy avant 48 heures ou tu me verras une fois de plus et après je te garantis que tu ne verras plus rien….Les Morlock sont réglos, Doug…je te promets une mort douloureuse si tu cherches à nous baiser.
Ça n’a rien d’perso, man, « it’s all about buisness ».


Je recule d’un pas, inclinant la tête à l’intention de mon runner et alors que je m’enfonce dans la rue bondée qui borde la sordide ruelle, ombre parmi les ombres, anonyme parmi les anonymes, j’extrais de ma poche de jeans mon carnet et y griffonne quelques annotation.
Je ne suis pas en retard sur mon planning.
J’ai 15 minutes de battement jusqu’au prochain spot.


C’est parfait.





Les chroniques de Broken Hopes Ginnif10


Dernière édition par Caitlyn Oldfield le Ven 12 Fév - 8:06, édité 1 fois
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Message  Caitlyn Oldfield Ven 12 Fév - 8:02

CHAPITRE 6 : PRESQUE VIVANTE




Les chroniques de Broken Hopes 86734910



L’amour est Aveugle.

L'amour est aveugle
Et Je ne veux pas voir.
M’envelopperas-tu de ta nuit ?
Prends donc mon cœur
L'amour rend aveugle

Dans une voiture garée
Dans une rue bondée
On voit son amour se concrétiser.
Puis les fils se rompent
Les nœuds se défont.
L'amour est aveugle

L'amour est mécanique
Froid comme l’acier
Des doigts trop engourdis pour sentir
Serrent la poignée
Puis l’heure où on souffle la bougie
L'amour est aveugle


Juste une petite mort sans deuil
Et pas d'appel
Et pas d'avertissement
Bébé... voilà bien une idée dangereuse
Qui a presque enfin un sens

L'amour noie
Dans un puits profond
Tous nos secrets
Et il ne reste personne à qui les dire

Prends ton due
Mon amour
Aveugle



De nos jours.

OooOOOh….Cette lumière agressive qui transperce mes paupières et ce bruit lancinant qui me vrille les tympans…C’est déjà le matin, mon esprit émerge du fin fond de cet état cotonneux et pourtant paisible qui conclue la léthargie chimique des paradis artificiels. Mon corps se refuse à se mouvoir alors que lentement ma mâchoire se contracte en remue, mettant en branle mes lèvres et me forçant  à ravaler l’indélicat et fort peu gracieux  filet de bave hérité d’une longue période d’abrutissement de sommeil. J’agrippe plus fermement mon oreiller  avec un gargouillis informe comme grognement de contrariété avant de réaliser sa chaleur et sa nature. Un peu surprise, j’ouvre des yeux emperlés de larmes pour me rendre compte que mon visage reposait sur une paire de fesses.

Hummm…j’ai connu bien pire comme inconfortable réveil et les fesses rebondies de la merveilleuse Daphnée semblent toute destinées à offrir un voluptueux tremplin vers un complément salvateur de bien être en dose concentrée. Ecrasant un lourd bâillement en renonçant raisonnablement à l’idée, je relève la tête vers la fenêtre entre ouverte de la petite chambre de ce taudis tout en essayant de rassembler les bribes de souvenirs de la soirée d’hier. Il est très difficile de tenter cet exercice lorsqu’on a littéralement la tête dans le cul. L’expression est tout à propos alors que baissant le front en gémissant légèrement je pose les lèvres sur les rondeurs de la demoiselle et y dépose un long baiser mouillant. Un grognement comme toute réponse alors qu’elle bouge le corps d’un geste brusque me faisant mettre le nez entre ses fesses. Faut pas déconner quand même, c’est largement suffisant comme stimulus pour me faire me redresser les bras posés en extension sur le matelas. Agenouillée auprès d’elle à présent, les cheveux court ébouriffé en pagaille et autant explosée que l’intérieur du crâne, je ravale une nausée de la redescente de drogue avant de rabattre d’un geste ample mon indisciplinée et rare coiffure l’arrière et de poser un regard vide sur ce corps nu encore épuisé de nos caresses et de toutes les saloperies que nous nous sommes envoyées pour « faire la fête ». Daphnée n’est pas un canon à proprement parlé, mais malgré sa petite constitution son endurance dans l’acte me surprendra toujours, c’est une bonne partenaire, sans doute une des meilleures, j’aimerai me convaincre que c’est pour ça que je l’apprécie et pas uniquement pour pallier cette solitude qui me ronge sans cesse. J’aimerai me convaincre que je ressens plus que le plaisir charnel que l’on partage mais je sais que c’est un de mes plus gros mensonges. Nous sommes tous nécrosés à force de respirer cet air vicié, tous pervertis et les choses aussi complexe et insaisissable que l’Amour pour moi, c’est une vieillerie qui doit bien comporter une étiquette de prix quelque part et qu’on peut surement trader contre 4 paquets de Tampax. Tout s’achète ou se vend, sauf l’espoir, ça, ce ne vaut rien entre ces murs.



Les chroniques de Broken Hopes Helena12



Elle se retourne et s’étire m’offrant la vue de son opulente poitrine où par reflexe mon regard dévie sans que je n’y prenne réellement garde.


- Lève ton cul, Daffy, Dee va te défoncer….

Elle minaude en me tirant la langue alors que je lui renvois un visage fermé.

- On s’en tape de Dee, je prends ma matinée...

Sa main se pose sur ma cuisse nue avec un frôlement délicieux, s’y attarde et remonte avec une expertise étonnante de tendresse vers mon entrejambe tendit qu’elle feule comme une chatte. C'est pour cette raison que pour le sexe j'aime prendre mon temps avec les filles, un mec c'est plus brutal , plus percutant aussi, je ne crache pas dessus selon les circonstances mais indiscutablement, homme ou femme, il n'y a que le plaisir, mon plaisir qui m'importe. Daphnée sait y faire et partage mon gout pour les drogues même si elle est bien plus déglinguée que moi, je me dois de rester un minimum lucide "pour le job" mais ce qui se passe la nuit, c'est mon problème, ça et qui je baise et qui me baise. Quand a elle,  c'est ma "régulière" du moins un semblant de relation suivie pourrait-on dire.

- …Et puis….Je suis certaine que ton petit clito à encore envie que je m’y perde et le triture à coups de langue …non ?

Hum. Elle sait y faire et je la connais sur le bout des lèvres, les quatre. D’un geste lent je chasse sa main et me lève, m’étirant de toute ma nudité à mon tour en lui adressant un sourire fantomatique.

- Je bosse Daffy, comment j’vais payer ta merde, sinon ?

Elle roule sur elle-même, observant avec attention mon jeu favori de « putain, où j’ai lancé mes fringues ? ». Elle soupire et m’interpelle tandis que je rassemble peu à peu mes vêtements.

- Il te reste de l’exta ?

Entamant un numéro d’équilibriste en sautant sur une jambe afin d’enfiler ma culotte, j’étouffe un juron tout en lui répondant


- Tu t’es tout envoyé hier…j’ suis à sec.
- Mmmm…chier….

Je fouille dans la poche de mon jeans et en extrais un petit sachet replié dans un morceau de sopalin que je balance sur le lit.

- De la coke…c’est pas du top, elle vient des bas quartiers…ca couvrira les frais…reste au lit aujourd’hui mais tu dois 6 passes à Dee…deal ?


Ses mains se referment avec avidité sur la drogue, cela me vrille un instant le cœur, notre putain de déchéance est si moche mais quelque chose me fait mal de la savoir besognée par un autre, surtout après cette nuit. Cette lâcheté passera, comme toujours, refoulé et remplacée par d’autres lâchetés.

- Six ? Bordel…avec une gagneuse comme moi ça vaut quatre….

- Dépend de ta lucidité ça, ma puce….Stoned à bloc,  t’es aussi performante qu’un cadavre de junkie en overdose…Ça te parle, non ?

Elle ne répond pas, se contentant d’enserrer le sachet entre ses doigts comme un trésor du ciel. Puis levant des yeux sans vie à mon attention, m’adresse un majeur tendu comme seule conclusion. Je secoue la tête avec tristesse et enfile mon tee shift. Puis je me dirige vers le porte manteau enfin ce qui y ressemble et décroche ma veste à capuche.  

J’hésite un instant avant de la contempler comme pour graver son souvenir. Étendue nue dans ces draps froissés avec cette avidité dans le regard fixé sur le sachet.  J’ai toujours cette certitude qu’un jour ou l’autre, elle finira comme toutes les autres. Les yeux ouvert vers les cieux mais ne regardant plus rien que le miroir sale du dôme, l’écume goutant des commissures des lèvres, l’esprit définitivement consumé. C’est comme ça, ce monde y participe, j’y participe. Ce monde est une pourriture, je suis une salope, oui…rien de plus.

J’attrape la bouteille de bourbon sur la table de chevet remplie au tiers et rabattant ma capuche lui montre d’un geste.


- Ma com’….

- Ok….A un de ces soirs ma belle….

Je pousse la porte sans me retourner, tout ce que je pourrais lui dire a un gout de mort dans ma bouche, tout sonnerai beaucoup trop réaliste pour n’être que cruauté. Oui, nous reviendrons combler nos vides jusqu’à ce qu’ils débordent, c’est ainsi. Je traverse le couloir silencieusement jusqu’à ce que je vois son ombre postée dans l’embrasure d’une porte, je ne m’arrête pas la dépassant en inclinant la tête et murmurant à son attention.




Les chroniques de Broken Hopes Mts_pa12


- Elle ne bossera pas aujourd’hui ….Déjà réglé avec elle, elle te doit six passes…un sachet de coke, mini,  de la qualité D. C’est dealé.

Derrière moi, la jeune femme n’exprime rien d’autre que le souffle d’une bulle de chewing-gum alors que doucement, elle extirpe de sa poche arrière son carnet noir et enclenche le cliquetis de son stylo pour y griffonner.


Putain de vie.
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Message  Caitlyn Oldfield Sam 13 Fév - 7:55

CHAPITRE 7 : « MONSIEUR BEN »

Les chroniques de Broken Hopes Sid_vi10


L’échoppe était fermée depuis une bonne demi-heure mais mes trois coups à la porte, signal établit et reconnu,  m’offrit le sésame sur l’univers de Benjamin Karkov, revendeur atypique en spécialités incongrues et curiosités diverses et variées. «  Ben », La plaque tournante du marché noir dit « atypique » et le membre des Morlocks en charge des demandes les plus complexes et entre autre du recel des produits volés. L’homme ne s’en laissait pourtant pas compter derrière ses lunettes d’intello le rendant presque « administratif » voire affable, et pourtant  son expertise était de renommé tout comme son regard était incisif, souvent redoutable et ses réflexes bien plus dangereux qu’on pouvait le supposer lors d’une visite anodine de son capharnaüm qui ne laissait pas supposer les merveilles dormant à l’abri des réserves. J’adorais discuter avec Ben parce qu’il était souvent d’une causticité et d’une justesse qui me faisait sourire. Il cachait admirablement son intelligence et ses connaissance sous un aspect « passe partout » et pourtant…ce qu’il savait ou pouvait me laissait toujours admirative et impressionnée. Il était le plus proche de Grudge, sans doute son lieutenant préféré et sa mutation avait toujours été un mystère pour moi mais devait sans doutes tourner autour de ce flot impressionnant de choses qu’il pouvait connaitre, un tel puits de science, ça n’était pas possible humainement parlant car il savait des choses qu’on ne pouvait pas savoir, des anecdotes dont nul témoin ne subsistait ce qui le rendait presque « mystique » à mes yeux admiratifs.  Il me témoignait toujours une certaine douceur parce que parfois je lui tenais la dragée haute en matière de vivacité et de réparties et qu’au fond, les traits d’esprit acides étaient une passion que partagions.


Les chroniques de Broken Hopes 14029111


Il referma la porte et après un simulacre de sourire, il glissa son regard sur le sachet que je tenais.

- Je n’aime pas faire ton coursier, Ben, y’a des runners pour ça…


Il s’empara du sachet avec rudesse non sans un haussement de cil embarrassé.

- Un runner honnête c’est rare et ça a ses limites. Un runner honnête et rapide ça s’appelle un cadavre très chère. Je préfère m’adresser au seigneur plutôt qu’à ses saints.

Je soupirais, manifestant un début de contrariété, j’avais confiance en mes runners, je connaissais mon équipe et c’est moi qui les avais recrutés, tous. Mais je n’avais pas envie de me lancer dans une diatribe inutile alors qu’il déballait le contenu du sachet. Je croisais les bras sur la poitrine en hochant la tête avec un air perplexe.

- Je suis quand même bien curieuse de savoir ce qu’elle peut bien avoir de si rare…Franchement dealer trois flacons remplie de Meth pour…des fringues…faut vraiment être bas de plafond violent !

Une simple veste de cuir usée par le temps. Ben la brandit à la lumière faible de son atelier tout en commençant à l’examiner avec attention. Il sembla absent un bref instant avant de manifester sa satisfaction par un sourire en coin.

- Tssss…Grudge  t’a déjà dit, jeune fille… »ne jamais chercher à comprendre ce que le client peut avoir en tête » et si tu veux mon avis…Cette pièce est une merveille.

Je laissais échapper un ricanement amusé avant de relever le menton avec fierté.

- Une merveille ? Un vieux truc moisi tout juste bon à sortir les poubelles si il n’en provient pas d’une d’ailleurs ! Tu m’excuseras de ne pas rire j’ai les lèvres gercées…Je n’ai pas fait de commentaires lorsque ce bouseux m’a pris pour Emmaüs en me refourguant le sachet mais je l’avais en travers de filer presque 1000 $ de valeur en stups pour…cette …merde. Parce qu’à mes yeux, ça ne vaut guère plus qu’un étron fumant.

- Dusk….ma petite Dusk….tu ne sais pas de quoi tu parles, c’est une œuvre d’art, sa place est dans un musée .

Il se déplaça vers son comptoir en me lançant un regard faussement courroucé alors que je roulais les yeux au ciel, ôtant ma capuche pour m’ébouriffer la tête en un geste désinvolte

- Tainnn ? C’est une connerie de veste en cuir mitée ! Merde ! encore pour les godes rose fuchsia je comprends que ça puisse s’utiliser mais ça…

Je fis une pause tout en recroisant à nouveau les bras et furetant mon regard sur les étals d’un air blasé.

- Et en plus tes godes à la con, y’a des clients qui n’aiment pas la couleur…c’est chiant pour la revente.

Il émit une sorte de rire amusé tout en repliant la veste avec soin.

- C’est très joli le rose fuchsia, ils auraient préféré des nuances de rouge vif ou marron foncé ?...On ne choisit pas toujours ce qu’on refourgue…Il t’en reste beaucoup ?

- Hummm 4….mais j’en ai ma claque des regards concupiscant que me jettent les potentiels acquéreurs, comme si j’étais l’égérie du produit, je m’en tape de leurs délires, moi…fuchsia, crème ou gris taupe….j’suis pas représentant en ustensile de plaisir, ni en fringues style clodo…

Il leva l’index comme une sorte de vieux professeur tout comme m’intimer l’ordre de me taire.

- Le dernier clodo qui a porté cette chose, chère enfant, doit être retourné à la poussière depuis quelques décennies…c’est un Wilsons shotts perfecto…du vrai cuir du vingtième siècle…et il a appartenu à un personnage illustre, une légende en son temps

Je plissais les yeux, en proie à mes réflexions dès qu’il s’agissait de rentabilité.

- Ça vaut plus que 1000 ?

- Infiniment plus  pour notre employeur…C’est le Style Ramones, ce type de vêtement a disparu depuis des lustres, tout est synthétique à présent…ça m’a pris 2 ans pour remonter une potentielle piste.

Je sifflais pour marquer mon étonnement et mon admiration.

- Bah…t’aurais dû majorer, Ben.

- Pas pour lui…petite. C’est un deal demandé par Grudge lui-même. Tu sais ce que ça veut dire…Je vais remiser cette merveille de suite…

Oui je comprenais, il s’agissait encore de celui  ou ceux qui nous couvraient, nos mécènes incolores, inodores et invisible sdont on ne devait pas parler, tel un Voldemort post modern ou une bloody Marry de sinistre mémoire même si je soupçonnais parfois que Kyle s’était joué de nous et qu’il nous leurrait sur leur existence pour garder les rangs des Morlocks serrés et en bon ordre de fonctionnement. Perdue dans mes pensées, j’observais Ben disparaitre derrière son comptoir avant de l’interpeler au loin

- Ramone ? C’est pas un truc de Rock N roll ?

Sa voix étonnée se fit entendre.

- Ohh ? tu connais ce style musical, jeune fille…c’est assez oublié de nos jours….

Mes doigts se posaient machinalement sur une sorte de cube en plastique aux faces de petits carrés multicolores qui trainait là. Je l’observais assez intriguée, ma curiosité maladive me triturant les méninges tout en répondant.

- Mouais…mon père  était fondu de ce type de musique, il m’en gavait la tronche tout le temps quand j’étais gamine….y’avait des trucs sympas…ça fait depuis l’enfance que je n’en ai plus entendu…Ce vieux dingue disait que le rock, c’était « la liberté de pisser contre le vent en se fichant de recevoir une giclée de retour  en pleine gueule »..

Je commençais à comprendre le principe du cube tout en faisant pivoter les carrés un à un pour chercher à reconstituer des faces d’une même couleur. C’était une sorte de casse-tête primitif au demeurant très amusant. Je me concentrais sur l’opération tout en passant le bout de la langue en un tic enfantin.

- Un véritable poète votre papa, mademoiselle….

- Mais affreux pédagogue pour le reste.

- On ne peut pas exceller en tout.

- En tout cas, c’était bien mieux que cette diarrhée auditive qu’on entend maintenant et que ces pantins maquillée comme des croques mitaines qui transforment les culottes des petite filles qui se touchent en serpillère...

- Génétique donc la poésie chez vous….

- Hein ? non…mais le bon gout oui…Je suppose que Grudge prend la suite du Deal…

Tout a mon affaire, je n’avais pas remarqué qu’il m’observait depuis une longue minute avec un léger sourire moqueur. Embarrassée et sentant le rouge me monter aux joues, je reposais l’objet en toussotant, regardant ailleurs pour dissiper la gêne.

- Aheum…Bon, bon,bon…Tout ça me dit pas comment me débarrasser de mes godes…

Il soupira et passa près de moi, prenant le cube et me le tendant en souriant avec bienveillance.

- Essaye une offre de Noël, étudie le Marketing….Tiens…Ta com, Dusk.

J’hésitais un instant ne sachant si l’offre était équitable puis expira en secouant la tête, m’emparant de mon « bien »pour le faire disparaitre dans la poche de ma veste.

- Ça ne marchera pas Ben, Parce que dans les bidonvilles de Broken Hopes…Noel ou un autre jour, c’est pareil…on se fait toujours baiser. Alors vendre ces trucs ici, autant tenter de refourguer du sable dans le désert à 500 bornes d’ici ! Salutations Monsieur Ben.

- Tout s’achète pourtant, mignonne, tu te rappelles la devise des bas quartiers ? «  le jour où les Politiciens décrèteront que la merde vaut du fric, les habitants du bidonville naitront sans trous du cul… »

Je baissais ma capuche en esquissant un sourire enjôleur me dirigeant vers la porte à reculons.

- Au moins on aura su garder le nôtre intact…Oh yeah ! Let’s rock…

- Gaffes à toi Dusk…a plus tard.

Dehors le froid, toujours le froid. Je m’engouffre dans la nuit alors que ma mémoire réveille des comptines oubliées. Mes lèvres se desserrent dans un demi-sourire.

- Mon mignon du vingtième siècle, laisse-moi être ton jouet…

Caitlyn Oldfield
Caitlyn Oldfield
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