[terminé]Jouer dans la cour des Grands ( Pixie - Aislinn)

16 Mars 2026, 7h 50 du matin.

Elle hume à plein poumon l’air du parc, les yeux mi-clos et un large sourire accroche son visage si particulier. Le matin n’est pas encore très avancé et l’air est assez frais même pour un mois de mars. Elle aime prendre son temps même si son temps est précieux et elle peut ainsi profiter de ces petites pépites de bonheur que la nature sait encore lui délivrer.  Elle pose les mains contre les hanches dans son uniforme impeccable et profite de l’absence de cadets dans les lieux pour faire frémir ses ailes de papillon de manière saccadé afin de s’échauffer. Elle doit être au meilleur de sa forme ce jour compte et la personne à qui il est dédié aussi. En parlant de cette personne, elle balaye la tête de gauche à droite puis soupire de contrariété. Elle devrait être habitué depuis le temps mais rien n’y fait. Elle n’est pas un modèle de ponctualité déjà mais son invitée du jour en bat tous les records. C’est un de ses grands défauts, un parmi tant d’autres et elle se dit qu’elle a l’excuse de la jeunesse, à son âge, elle ne faisait guère mieux et se souvient elle aussi des remontrances de Storm ou de Jean lorsqu’elle se présentait en retard au cours. Elle laisse échapper un rire discret tout en consultant sa montre. Un couple de cadets traverse les allées non loin d’elle et la salue respectueusement. A son tour Megan adresse un coucou très peu conventionnel avant de se reprendre et d’incliner la tête avec une sorte d’embarra. C’est vrai qu’elle n’est plus du même côté de la barrière, elle a parfois du mal à s’admettre que le temps a passé irrémédiablement depuis l’Institut et New Heaven. Elle commence cependant à se demander si sa protégée se présentera ce matin ou non, ça serait un raté mémorable si cela se confirmait

*Tu n’auras pas ce plaisir, elle approche par le Côté Nord, je suis dans son esprit.

- Et AUSSI dans le mien, John, et je déteste cela, l’évaluation est loin d’avoir commencée

Elle grimace en répondant tout haut, levant une main tendue armée d’un majeur tendue bien haut

*C’est très incorrect Megan, souviens toi de ton rang.

- Et toi de ton éthique, Stepford.

* Tu n’as pas besoin de parler, combien de fois devrais-je te le dire….

- Autant de fois que je te répéterais de ne pas entrer dans mon esprit sans y avoir été invité…Je vous le dirai quand sa commencera, là je veux du calme et de la confiance, c’est un moment important.

*C’est ta pupille, c’est toi qui gère…toutes mes excuses à plus tard.

Elle observe Aislinn approcher plus mal fagotée qu’à l’accoutumée, l’œil fatigué et la chevelure en pétard. Pourtant son pouvoir lui permet de dormir peu…ce qui signifie que certaines activités chronophages l’épuisent et la distraient. Ils avaient raison, ce moment est le plus judicieusement choisi.

- Alors ? 15 minutes de retard ! Tu te fous de qui ?!

Elle se décompose sur place alors que Pixie la fixe d’un air mauvais.

- Si l’ennemi attaque, il ne t’enverra pas de SMS, gourdasse et il n’attendra pas non plus que finisses tes céréales !

Aslinn passe les mains derrière le dos d’un air coupable en bredouillant

- Scuzez….je me souvenais plus que c’était au parc….j’étais parti à la Salle Des Dangers…me suis plantée.

- Mouais….t’as pas d’tête Aislinn, j’l’ai toujours dit, tu m’étonnes qu’on te surnomme Bébé Lune, tiens !

- Dites pas ça, c’est perso ça….pas ici. Minauda-t-elle en se frottant la crinière nerveusement.

- Quoi ? on a des secrets entre nous maintenant ? Laisse moi te dire une chose :  si tu t’occupais à autre chose qu’à sucer la langue de Miss Black, peut-être que tu serais un peu plus à ce que tu fais, non ?

Elle s’empourpre violemment comme une petite fille prise en faute ce qui amène un sourire ingénu sur les lèvres du professeur.

- C…Comment vous savez ? Merde on essaye pourtant d’être discrètes…

- Le Lundi du rassemblement général, Je vous ai grillé à vous embrasser à l’abri des regards et puis qui te connais mieux que moi ici ? Ça fait 3 ans que je te suis même lorsque tu étais en Irlande chez la Clover. Je croyais qu’on était des amies tu aurais dû m’en parler depuis longtemps. Alors…Qui va tout raconter à Tata Megan ? hummmm ?

A quelques années près, Megan et moi aurions pu être camarade de classe. J’ai refusé de la respecter dès que je l’ai vu la première fois. Je l’ai sous-estimé, ce que font la plupart des gens mais Pixie est aussi hargneuse que tous les X Men, aussi exigeante et résolue qu’eux. Ce n’est pas Cait qui est venue me tirer de ma cellule d’isolement suite à la perte des membres de mon escouade, non, c’était ce petit bout de femme. C’est sa main que j’ai saisi et que je n’ai jamais lâché depuis. Je lui dois beaucoup de ce que je suis, nous partageons des origines, des croyances et pour tout dire un caractère de merde. Megan m’a appris toutes ces choses qui font de moi une battante, elle dit humblement qu’elles étaient déjà là à la base et qu’il suffisait juste de les faire germer mais je sais que ce que sa modestie se refuse à voir, mon honnêteté me pousse à l’affirmer. Pixie est et restera toujours mon mentor. Je craquais littéralement sur elle à une période mais j’ai dû me faire une raison, Megan n’aime pas les femmes, mais les hommes et surtout les hommes romantiques et rêveurs, totalement l’inverse de ce qu’elle semble être. Elle a construction complexe, d’apparence douce et fragile, elle se révèle être dure et inflexible mais lorsqu’on connait la vraie Megan, on sait que tout n’est que jeu d’apparence.
Nous n’affichons pas aux yeux des autres cette relation de binôme que nous avions en Irlande, je m’efforce comme elle me l’a suggéré de rester dans le rang et de garder des distances mais nos entrainements en duo restent une véritable bulle d’oxygène pour moi. Il n’empêche que sa question me dérange, je détourne le regard fortement mal à l’aise.

- Ben….y’a trop rien à dire en fait….

La voilà qui m’affiche son sourire insupportable.

- Nope. Y’a beaucoup à dire au contraire, tu ne t’attaches pas d’habitude et tu cloisonnes, c’est la première fois que je te vois t’amouracher d’une cadette, novice en prime. Tu mets en péril ta formation pour histoire de cul, tu n’aurais jamais fait ça.

Le mot me blesse, surtout venant d’elle, je me contente de gronder.

- Ce n’est pas une histoire de cul, Pixie. C’est….

Je garde le silence en serrant les dents alors que son regard de fée se fait plus doux.

- Quelque chose que tu n’arrives toujours pas à dire, hum ? Je vois….Je m’en doutais un peu….je voulais juste voir ta réaction, Ais’. Il faudra que tu te serves de ce sentiment inédit pour te pousser toujours plus loin, mais méfiance, c’est un jeu complexe et risqué que tu joues là.

Cette fois ci je m’impatiente, je déteste ce genre de moment imposé. Je ne me confie que rarement et je déteste qu’on me force à dire les choses, tout est spontané chez moi, ce domaine là encore plus. Je réponds sèchement.

- Tu gatouilles, fée clochette, tu m’engueule parce que je me plante d’endroit pour l’entrainement et tu m’parles de ma vie privée ensuite en mode grande sœur et ses conseils….On s’y met, oui ou merde ?

Elle éclate d’un rire méprisant qui lui ressemble, rien ne semble l’affecter comme toujours et certainement pas mes états d’âme ou mes mouvements d’humeurs.

- Aislinn, Celle Aimée de Rosmerta…la Grande Chartière du Nord, ouais….Rosmerta ou Dana te foutrait une paire de gifle à te voir jouer ta midinette échaudée. Mais puisque tu le demandes….alors ok. On y va.
Sauf qu’il y a un petit plus aujourd’hui….on a décidé que c’était le Test. Pas un entrainement, on y va pour de bon…pas la peine de chouiner, J’ai donné mon accord. Tu savais que ce jour viendrait, il est là.
Tu vas me donner tout ce que t’as Cadet Oldfield et si tu es celle que je crois, c’est sans doute la dernière fois que je te sers du « cadet ».

Je l’observe, mon visage s’assombrit de seconde en seconde. Elle ne plaisante pas. Le Test final de la formation d’Agent, il intervient dans la troisième année, on ne le choisit pas, ce sont les tuteurs qui le font pour vous. Ils vous évaluent, si vous réussissez, vous obtenez le « X Temporis », une sorte de grade intermédiaire de futur agent ayant fait ses preuves et attendant l’officielle fin de l’année pour être titularisé « novice ». Si vous ne réussissez pas, il sera reproposé l’année suivante, vous resterez Cadet en attente même si l’année se termine. Je sais deux choses : je ne veux pas rempiler un an, et je ne suis absolument pas prête. Elle ne me laisse pas le temps de protester.

- Oui je sais….t’es pas au top, t’y pensais plus…t’as tes règles…une connerie du genre. Sauf que ca fait 3 années que tu attends ce moment, que tu t’entraines pour. Donc ta vie privée, tu la laisse au placard et tu vas faire face, comme la grande fille que je sais que tu es, tu vas faire face et tu vas tout déchirer Aislinn. Moi je le sais, toi tu dois juste oublier toutes tes merdes et ton corps qui te fait signe que non, et foncer ! Rappelle-toi ce que disait Miyamoto lors du Combat des 100.

Je ferme les yeux en soupirant disant la phrase sous son sourire satisfait.

- « Il n’y a pas de meilleur moment que le Pire moment »

Pixie lui adresse un sourire emplit d’indulgence avant de porter les mains sur ses hanches en une posture désinvolte.

- Allons, allons, l’Irlandaise…Ce n’est pas la peine de m’imposer ta mine de chien battu. Tu es mon élève, formée à la « manière de l’ancienne école », c’est-à-dire celle de l’Institut et pas ce…semblant d’école militaire…si j’estimais que tu n’étais pas prête à passer ce cap, je n’aurais pas autorisé cette épreuve. Tu vas donner tout ce que t’as et tout ce que t’as c’est exactement ce qu’il suffira et ce que j’attends de toi, sale rouquine.

Aislinn secoua la tête en étouffant une sorte de rire sarcastique avant de prendre une profonde inspiration.

- Vous êtes l’image née de l’insouciance…fée.

- Ouep, mais pas celle de l’irresponsabilité, sorcière. Bon t’as replacé ton string ? Tu veux une pause pipi parce que c’est le moment, ma fille. Bon…Briefing ?

Aislinn acquiesça alors que Pixie ajusta sa ceinture d’uniforme en enclencha sa balise de localisation.

- Brouuuuum Brouuuum….Agent expérimenté Pixie qui officiera en qualité d’accompagnant-épreuve. Epreuve finale pour la cadette Aislinn Oldfield, nous sommes le…heu…16 Mars 2026, bonne fête aux Bénedicte…il est 8h25 du matin. Le jury témoin est en salle d’observation et en bio - vidéo relation pour valider l’épreuve…hello hellllooooo, chers amis du Jury. Dis bonjour Aislinn !

Elle fit mine de tenir un micro qu’elle tendit malicieusement avec un sourire carnassier à sa vis-à-vis qui leva les yeux au ciel.

- Non ? Bon…Alors on va commencer par pousser un petit chant Irlandais ? Et je..

* Pixie, un peu de sérieux, s’il vous plait….c’est un examen officiel, retentit dans l’esprit des deux femmes la voix d’un john Stepford un peu embarrassé.

- L’humour…c’est un élément important pour garder son positivisme et la cohésion d’équipe, chers amis mais puisqu’il s’agit d’une épreuve individuelle, tant pis. Vous regretterez mon organe extraordinaire, même Dazzler ne fait pas mieux. Bien bien…
Le but de l’épreuve est très simple…la durée de l’épreuve est limitée à 60 minutes, un seul objectif.
Être capable de me stopper et de me rattraper avec un démarrage de 5 secondes de décalage par rapport à mon démarrage.

Aislinn sembla se renfrognée. Énoncée ainsi, cette épreuve paraissait simpliste et bien en dessous de ce qu’on pouvait attendre d’une épreuve pour valider trois années d’efforts. Il n’en était rien du tout car d’une part, le pire duel que peut effectuer un mutant de type téléporteur, c’est justement ce que l’on nomme un match miroir, que Pixie était l’experte officielle dans le domaine et enfin que les deux mutantes ne fonctionnaient pas du tout sur le même principe de téléportation. En quelques secondes, Aislinn en arriva à la conclusion logique que considéré la nature de leur pouvoir à toutes deux, c’était impossible à réaliser. Le regard surnaturel de Morgan se fit plus malicieux, de toute évidence, la tutrice de la jeune mutante comprenait parfaitement le dilemme qui lui était posé et se réjouissait d’avance de savoir comment l’Irlandaise allait surmonter ces difficultés de réaliser cette traque improbable. Elle murmura avec un amusement certain.

- Oui….Je vois que notre cadet comprend parfaitement les termes de cette épreuve et cerne probablement toute la complexité de la tâche. Mesdames et Messieurs les jury, vous allez jouir d’un spectacle des plus intéressants…

Pixie nous jouait un numéro de Diva qui devait faire grincer quelques dents là-haut. Son espièglerie m’aurait été un véritable ravissement si mon estomac ne commençait pas inexorablement à se nouer.
Pour n’importe quel observateur non membre de la X-Force, cette épreuve semblait d’une banalité confondante, mais il n’y pouvait rien y avoir de plus complexe qu’un duel de téléporteur, surtout en concédant des secondes d’avance à son adversaire. Trouver Megan n’allait poser aucune difficulté grâce à mon sens psychique mais prendre de l’avance sur elle, c’était tout simplement impossible, c’est là que l’endurance pouvait jouer. Je connaissais Megan et ses capacités, je savais qu’elle pouvait utiliser son don de façon intensive de longues heures mais l’épreuve avait un timing. IL devenait donc inutile de s’attendre à ce que l’une de nous lâche l’affaire par épuisement. Il ne restait plus que l’anticipation, et là….c’était impossible à moins d’être un agent psy. Je n’étais certainement pas dans la tête de cette fichue écossaise.

- On y va, Cadet Oldfield ?

Je crispais les mâchoires et déglutissant, tentant de faire le vide en moi, mon sens psychique se déployant comme une toile d’araignée.

- Je vais te chopper, la fée…

Elle élargit son sourire et me tira la langue.

- Chopper on va voir mais pécho, tu peux rêver ! Comptes jusqu’à cinq, pas de triche, ta montre chrono va lancer le décompte des 60 minutes….

Elle inclina la tête et se mit à crier une sorte d’incantation en celte, son corps tout entier sembla vibrer avant qu’elle ne disparaisse totalement. C’est parti. Tout en comptant, le calcul est lancé, je passe en analyse.
Ca y est je l’ai ancrée à nouveau….a 3 secondes, c’est un saut déjà mi long, je connais ses temps de latences pour réapparaitre, plus ils sont longs plus elle va vite et loin. 5, je prends une inspiration générant un portail immédiat que je traverse, je perds sa trace à 8 secondes, elle a déjà sauté.
Au bout de quatre sauts, l’évidence me frappe. Je n’y parviendrais pas. Elle aura toujours un temps d’avance sur moi que je pourrais réduire au minimum si elle ne décide pas de traverser la mer et d’y réapparaitre, je ne vole pas, moi.

Nous sommes déjà à dix minutes, je dois être à Hong Kong, elle me ballade sur le globe. Elle veut que je m’emballe. Il faut que je me pose et que je comprenne. Mégan a une logique, elle a forcément une logique. Personne ne fuit sans raison plus de quinze minutes et au gré du vent, il y a forcément un endroit, une destination et de ce fait une route. C’est ça qu’il faut que je comprenne. Je décide d’arrêter la poursuite pour observer, simplement observer et la traquer à l’aide de mon sens psychique. Les distances ne me sont rien pour moi, contrairement à toi fichue fée. Tu remontes vers Moscou ? C’est cela ? Tu es passé de Hong Kong à Pekin….des grandes villes ? C’est donc ton itinéraire ? Mon dieu mais jusqu’où tu vas m’entrainer comme ça ?
Vingt minutes….Berlin….Ok je commence à saisir, il faut que mon sens psychique soit plus en adéquation avec ses distances, direction Paris….mais Paris est vaste, comment savoir où elle réapparaitra ?

Yahou ! C’est l’éclate totale, un peu speed quand même mais j’aime ce sentiment de liberté totale, ce qui m’embarrasse par contre c’est que je ne sais pas ce que fiche ma pupille. Je n’ai pas son sens psychique moi, j’imagine qu’elle me traque mais en toute honnêteté, je ne sais pas où elle en est. Si j’avais eu l’avantage du sens psychique, cette épreuve aurait été impossible par la divergente fondamentale de la nature de notre pouvoir. Me voilà près du Parc de la tour Eiffel, j’effraie quelques touristes japonais par mon apparition que je salut d’un geste de la main avant de disparaitre à nouveau.
Hop Belfast ! Je ne suis pas loin de chez moi ! Dommage que le Pays de Galles ne fasse pas partie de mon plan de route, on repart pour un petit tour outre Atlantique, je jette un coup d’œil au chronomètre, 35 minutes. New York, puis Detroit, un détour par Miami, les villes défilent, mais toujours pas de manifestation de la rouquine. Au fond ç’est amusant d’être son lièvre de course même si les minutes qui défilent commence à m’inquiéter un peu. J’espère que ne s’en laisse pas compter, qu’elle garde la tête froide et qu’elle prend son temps pour comprendre parce qu’il y a toujours quelque chose à comprendre chez un adversaire.

J’apparais comme prévu sur le tarmac de l’aéroport de Seattle et je constate un portail de vortex ouvert non loin de moi. Merde ! C’est elle ? J’hésite un instant mais rien ne se passe, je formule mon incantation plus rapidement pour me diriger vers San Diego. Je ne comprends pas comment elle est parvenue à ouvrir un portail ici, ni ce qu’il signifie.

Je réapparais dans le parc et constate une fois de plus la présence d’un nouveau portail…mais pas d’Aislinn. Qu’est-ce que cela signifie ? Je commence à sentir une sorte d’inquiétude, pour la première fois de l’épreuve je me sens traquée véritablement. Direction Lima, il faut que je reste sur mes gardes. J’émerge près des ruines antiques et j’étouffe un cri de surprise. Un portail droit devant moi à quelques pas, tournant la tête j’en discerne un autre, puis un autre derrière moi. Je suis cernée de toute part ! J’ai un bref instant de panique alors que je commence à égrainer les mots de ma formule quand je sens violemment une étreinte me saturer par derrière. Enfer ! Cette folle vient de me sauter dessus par le vortex ouvert derrière moi, quand je dis jeter c’est plutôt me plaquer littéralement. Mille questions me passent par la tête. Comment est-elle parvenue à me localiser et me coincer ainsi !? Pas question de me laisser attraper, ok tu m’as localisé mais ne comptes pas sur Morgan la fée pour se laisser docilement appréhender comme ça !
Mais je n’ai pas le temps de faire grand-chose à peine je prononce quelques mots en celte tout en essayant de me dégager de son étreinte au niveau du bassin que je sens un nouveau vortex se créer, cette garce m’entraine ailleurs sauf que ce n’est pas moi qui vient de choisir notre destination.

Je ne pense plus qu’à une chose, le combat.

Le froid me pique le visage, j’ignore où nous sommes, mais c’est froid et enneigé, les montagnes, plutôt des sommets partout autour de moi, l’Himalaya je pense. Nous roulons toutes les deux dans la neige et je parviens enfin à m’extirper de ses bras, la repoussant d’un franc coup de botte en plein visage.
Il faut que je remette de la distance entre nous, agenouillée je prépare ma formule de téléportation et là….

L’horreur.
Mes lèvres bougent mais aucun son ne sort.

Je me relève rapidement, tout ce que j’ai entrepris à fonctionné. Je la vois complètement sonnée sous la charge, elle ne s’y attendait vraiment pas. Le plus difficile est fait, je l’ai stoppé mais ça ne veut pas forcément dire que je l’ai appréhendé, ça je ne sais parfaitement bien. Elle se relève à son tour et j’observe ses lèvres se mouvoir et constate avec un léger rictus de victoire sa surprise puis sa frustration lorsqu’elle  s’aperçoit qu’aucun son ne peut être entendu et pour cause, elle est précisément là où je voulais l’amener. Elle porte la main à sa gorge avec perplexité puis jette un regard suspicieux aux montagnes environnantes. D’un geste du bras, je lui fais signe que c’est inutile et accentue mon sourire avec une sorte de jubilation.

Oui Pixie, j’ai décrypté ta trajectoire parce que c’est un exercice de la X force même si il prend le cadre d’une passation et que tout exercice impliquant des téléporteurs hors du territoire de New Heaven est strictement régit par les lois internationales de non violation de l’intégrité des territoires. En mission, nous n’avons le droit d’exercer ce pouvoir que dans un nombre restreints de villes sans que l’Etat où l'on se rend considère l’apparition du mutant comme une intrusion sur son espace légal, tous les états disposent à présent d’un système analogue à Cérébro, la libre circulation des mutants n’existe plus depuis des années et les téléporteurs sont soumis à ces accords et règlementations, tu n’es pas aussi libre de tes mouvements que tu le crois chère fée, ni d’apparaitre dans les lieux que tu souhaites, des espaces, 4 par grandes cités sont prévus à cet effet.C'est tout le packaging "chiant" de nos cours de Droit de première année.
Une fois qu’on comprend la logique et les impératifs de déplacement et surtout le fait que tu suis une trajectoire de fuite rectiligne et non pas aléatoire, il suffisait de déterminer quelle serait la prochaine destination la plus "classique"et de parier sur un endroit sur quatre pour te voir apparaitre, oui je me suis ramasser 2 x mais Lima à cette particularité de n’avoir qu’un seul espace autorisé et c’est ce qui t’a perdu ma très chère professeure. J’ai pu installer mon piège et tenter ma chance. J’ai vu une faille j’ai saisi mon opportunité, c’est ce qu’on apprit en stratégie, ce que tu m’as appris.

Je ne sais pas si tu réalises, tu le réaliseras au débriefing sans doute par contre cette suite, tu ne t’y serais jamais attendu. La connaissance de l’autre, tu me disais que connaitre son ennemi, c’était s’assurer de la moitié de la victoire. Tu utilises l’activation de ta téléportation par ta formule, j’ai d’abord longtemps cru que c’était de la frime avant de comprendre que la modulation du son de ta voix était le déclencheur de ta téléportation qu’importe ce que tu dis, la formule celtique étant là pour le charme du folklore. Cet endroit, c’est moi qui l’ai découvert, il est situé dans un des contre-flancs de la chaine himalayenne, cerclée des plus hauts monts de la terre. Dans ce petit endroit d’une surface d’une centaine de metres carré l’acoustique connait une singularité presque unique au monde, l’absorption des ondes soniques de la cuvette est telle qu’il se produit un phénomène de « Bruit-Blanc »,, les ondes se répercutant sur les massif provoque une annulation totale dans cet espace, le son disparait comme si l’air ne le portait plus. Alors tu peux bouger les lèvres ma belle, il ne se passera absolument rien et tu ne peux plus m’échapper.

S’il te plait, Megan, Analyse comme tu sais si bien le faire, Pixie, analyse et arrives-en à cette conclusion logique : tu es vaincue.

D’un geste placide et calculée je reste sur mes assise et baisse le pouce à son attention avec un sérieux intimidant, je lui demande d’en rester là mais je sais à qui je m’adresse et je sais surtout que ce qui a toujours guidé Megan Gwynn , c’est un orgueil et une ténacité au-delà de toute logique

Elle reste un instant impassible avant de porter sa main à son dos et d’en sortir sa dague psychique de son fourreau. J’ai ma réponse, elle ne lâchera rien.

Paradise Parc Café, Il y a deux ans.

Mon regard s’absorbe sur son portrait, elle ne sourit pas, tout dans son attitude renvoi à une sorte de rébellion affichée, de sa moue boudeuse jusqu’au panneau d’identification de la police qu’elle tient en main pour la pose d’identification. C’est un caractère difficile, je le savais déjà, une réputation s’établit rapidement surtout lorsqu’elle va dans le mauvais sens. « Fille de », sans doute beaucoup trop à porter pour cette petite irlandaise, encore plus lorsqu’il s’agit de Caitlyn. Ces frasques défrayaient la chronique et nous savions la mère et la fille en bataille permanente. J’esquisse une sorte de soupire de contrariété avant de reposer la photo sur la table du café et de lever le regard vers celui de sa mère qui se tient non loin de là avec sa tasse de café à la main, je me surprends une fois de plus dans son changement d’attitude, elle ne ressemble plus à la Caitlyn que j’ai connu : on dirait une sorte de monstre politique tirée à quatre épingles.

- Je ne comprends pas Cait…Pourquoi ne veux-tu pas t’en charger toi ? Il me semble que tu formes toujours des élèves ?

Elle reposa sa tasse délicatement sur la table avant de lever ses yeux fascinants sur moi, cette couleur me faisait toujours un effet dingue, Fuzzy, pour moi c’était une créature magique, pleine de surprises et de secrets, j’en connaissais bien plus que d’autres sur son histoire et sa famille.

- Tu te trompes, je n’ai amené qu’une personne au rang d’X Men et Kaya a disparu dans la folie des camps….J’ai accompagné le jeune Aoe dans sa première année de formation pour honorer une promesse faite à son père….mais c’était officieux. Il n’existe plus de système de mentor/élève à la X force, le vieux système de l’Institut n’existe plus à New Heaven…ils veulent éviter de constituer des « singularités » dans les rangs, ces caractères forts débouchaient toujours sur des histoires et tensions entre les équipes, je ne t’apprends rien, tu en as fait les frais aussi…Quand Malicia a voulu quitter l’Institut, tu l’aurais suivi à l’époque….comme l’aurait peut-être fait Calie quand elle était son élève.

Je baisse le regard, je comprends parfaitement de quoi elle parle. Les X men étaient une famille et comme dans toutes les familles, il y avait des divergences. Malicia en 2014 traversait un passe dépressive, la situation avec Jean était devenue explosive au point qu’elle avait d’être éloignée, Hyperion et moi, ses élèves en avaient fait les frais. Cyclope avait commencé à me former avant de me confier au soin de la cogneuse du groupe puisque Calie son élève était devenue une X Men, Malicia avait été choisie mais déjà, elle rechignait à suivre la ligne directrice de Scott. Après Ultimate, sa disparition m’avait fait quitter les x Men après la bataille et retourner chez moi aux Pays de Galles, c’est plus tard que Stepford est venu me trouver pour New Heaven. C’était des petites histoires dans la Grande Histoire mais la vie n’avait pas été simple à l’Institut.

- Je ne peux pas m’occuper d’elle parce que c’est ma fille et parce que d’une je n’ai et d’une ni le temps, ni la patience et que de deux elle refuse en bloc tout ce qui peut venir de moi. Je ne veux pas non plus que Storm s’en mêle. Aislinn a un ressentiment fort envers la famille, tant que les choses ne seront pas réglées, elle n’en fera qu’à sa tête.

C’était rien de le dire, tout le monde savait que fille et mère s’entendaient mal au point que certaines mauvaises langues disaient que la petite asiatique que Cait avait pris sous son aile ne servait qu’à remplacer cette fille « trop retord », comme ces autres rumeurs disant aussi que la fille électrique savait se consoler de la solitude dans les bras de bien des putes de luxe de New Heaven, chacun ses merdes après tout.

- Mais Cait…enfin comment dire…je connais son casier judiciaire…elle n’est peut-être pas faite pour cette vie, tout simplement. Y as-tu pensé ? Peut-être que ce n’est pas toi qu’elle rejette mais simplement le modèle que tu offres ? X-Men…ou Agent X si tu préfères…c’est…euh….un fardeau, tu vois ? Elle ne veut peut-être pas le porter….et puis, il n’y a pas que ça, il faut pouvoir LE FAIRE aussi, ce n’est pas donné au premier venu.

Elle émet une sorte de rire amusé avant de reprendre dans son étuis ses lunettes et de les reposer sur son visage.

- Quand j’ai formé Kaya…j’ai tout de suite su qu’elle ferait une bonne X Men mais qu’elle serait toujours bien en dessous de ce que nous pourrions être Calie ou moi. Quand j’ai commencé la formation de ce jeune hybride Sanzo, j’ai su ce qu’il deviendrait un excellent X Men  mais qui n’arriverait jamais non plus à notre niveau…Il lui manquera toujours….une sorte de folie, une audace imprudente qui frise au génie, et qui si elle est parfaitement doser peut l’amener à faire l’impossible, et l’impossible n’est qu’un concept, c’est juste quelque chose que personne jusqu’ici n’est parvenu à faire….j’ai bien dit « jusqu’ici »…On a ça dans le sang…toujours on l’a où on l’a pas…Malicia par exemple l’avait. Ce que je peux te dire c’est que Aislinn l’a aussi.

Je la regarde un instant, trépignante d’intérêt, j’aurai aimé être avec elle au front plus souvent, j’aurais aimé qu’elle soit « à nouveau » à nos côtés et plus ce fantôme politique. Quel dommage.  

- Dis ? Si Malicia avait refusé à l’époque….tu m’aurais prise aussi ?

Elle esquisse un sourire amusé avant de poser sa tasse.

- Oui. J’en ai fait la demande. Mais comme j’avais déjà une élève et que c’était ma première, Scott et Ororo ont refusé.

Merde ! Ca je l’ignorais complètement, le destin est farceur, j’en reste bouche bée.

- Je sais autre chose au sujet de ma fille…Bien guidée et avec le temps, elle deviendra une excellente X men….au-delà de ce que j’ai été. Je le sais. Elle sera bien meilleure que moi, peut-être de la trempe de Calie ou de sa Grand-mère….et certainement bien meilleure que toi.

J’en reste stupéfaite, regardant à nouveau la photo de cette adolescente boudeuse.

- …Et pourquoi moi ?

Elle incline la tête avec tendresse.

- Allons Pixie….Tu es la plus enclin à la comprendre. Tu as la même irrévérence qu’elle, le même caractère rebelle et tu compenseras sa brusquerie par ta folie et ta jovialité. Tu es aussi à ce jour la plus « bordeline » des Agents X , je lu les rapports sur ce travail que tu as fait avec John sur tes problèmes de violence, je veux que tu le mettes à profit avec elle…
- C’était confidentiel, tu n’avais pas à lire…
- Je n’aurai pas confié ma petite fille à quelqu’un en qui je n’ai pas une totale confiance, elle refuse de le voir mais c’est mon….mon trésor. C’est pour ça que je l’ai fait intégrer le programme Hopes en Irlande, je ne veux pas qu’elle se « perde » ici. Et puis….qui mieux qu’une fée peut comprendre une sorcière ? Je sais que tu t’intéresses aux Oldfield depuis longtemps, à notre famille et à son histoire et que tu as même espionné des Suivantes d’Alia.
- Tu as su ça…murmurais-je…Adrien..était dangereux pour tous…mutant ou créatures magiques…j’ai voulu aider, c’est tout.
- Alors aides la. Même si la magie à mes yeux n’existe pas….aides la, qu’importe le sens que tu veux donner à tout cela.

J’hésite u instant alors qu’un fin sourire commence à étirer mes lèvres.

- Meilleure que moi, tu as dit ?

Elle ferme les yeux et reprend sa tasse la portant aux lèvres.

- Indubitablement.

C’est un monde d’apparence, on se fit étrangement à ses premières impressions. Comment penser que derrière ce physique de personnage sorti tout droit des contes de fée de l’enfance puisse se cacher une combattante hargneuse et qui pourrait très bien cogner jusqu’à vous faire rendre votre dernier souffle. Pixie affiche cet étrange paradoxe, fluette et gracieuse mais cogneuse et enragée, c’est pour cette raison que Scott jadis a fini par lui céder comme professeur quelqu’un capable d’avoir plus de répondant qu’elle tout en restant d’aspect fragile, la frappeuse de la Team : Rogue.
J’ai longuement étudié la façon de se battre de chaque X Men majeur de « l’Age d’Or » en plus de celle de ma mère par simple curiosité puisqu’elle faisait plutôt parti de l’Age d’Argent. Malicia est une risque tout qui fonce et cogne au plus dur, faisant complètement fit de sa résistance ou de la défense, son pouvoir la rendant difficilement « abimable ». Pixie n’a pas cette hyper résistance, elle a dû composer et donc restreindre l’attaque bille en tête de Rogue mais du coup sa défense reste inévitablement son point faible, généralement elle pallie à ce manque par la téléportation, ça ne lui sera pas possible maintenant.

D’un geste rapide, j’accroche de la main le manche de mon bâton de combat et du pouce, j’actionne le mécanisme pour le développer dans toute sa longueur avant de prendre une posture de parade. J’avais vu juste, elle fonce avec une vélocité surprenante, la main droite tenant la dague-psy en arrière, elle ne frappera que pour immobiliser, que si l’ouverture est franche, que pour terminer le combat, c’est une arme bien trop puissante pour être utilisée à la légère, elle le sait très bien, je fais le pari raisonnable qu’elle ne s’en servira pas contre moi. J’esquive sa frappe du gauche lourde alors qu’elle pivote déjà pour frapper de la jambe avec une force que je ne lui connaissais que trop peu.
Ce n’est pas moi qu’elle vise, je le comprends trop tard, elle veut briser la garde. Le bâton encaisse mais la charge est bien trop rude, je fléchis sous mes appuis dans cette étrange danse silencieuse. Désengagement avec un basculement de l’objet, la repousser, imposer la distance, elle grimace et recule. Et la voilà chargeant à nouveau. Feinte, j’essaye de la contourner mais ses mouvements vont toujours de l’avant avec une violence impensable. Impossible pour moi de placer le moindre coup, elle attaque comme une furie, avec une rage que je ne lui connais pas ; mais où t-es-tu Megan ? Dans quoi t’es-tu perdu ?

Je reconnais le style tout en puissance de Rogue. Je perds l’équilibre mon bâton ne suffisant plus à la repousser, je n’ai pas assez d’amplitude et de distance. Son gauche m’atteint au ventre, le souffle se coupe et la douleur est fulgurante. Outch, elle profite de l’effet de douleur pour remonter en uppercut, mon menton cogne violement alors que mon corps est projeté vers le haut, le Green Punch, la frappe préférée de Rogue sauf qu’elle la plaçait du droit, Pixie elle, préserve sa lame. Je savais que ce mouvement se conclurait ainsi, je l’ai dit, j’ai étudié Rogue, Meg’. Mon bâton frappe ses cotes avec force dans un mouvement rotatif amorcé alors qu’elle plaçait l’uppercut, c’est frappant et cinglant, assez pour lui imposer de reculer en protégeant son flanc alors que je retombe lourdement sur les fesses. Se rétablir, ne pas lui laisser d’ouverture. La main est ferme sur la neige alors que je repose le bâton en garde planté à l’envers en barrage, à moitié agenouillée. Elle m’a fracturé la mâchoire, j’ai dû lui briser une cote ou deux. Le sang coule sous mon menton mais je ne la lâcherai pas du regard.

Elle recule un instant avant de se replacer en garde, elle a compris, ses attaques seront moins impulsives. Un rictus mauvais vient fleurir sur ses lèvres, elle y prend plaisir. Son regard lui est empreint d’une folie palpable, elle jubile.
Je ne peux pas attaquer même si j’ai imposé ma distance, le style de Rogue est trop « imprévisible » mais il reste lourd. Une feinte, une seconde sur la droite et la voilà à nouveau au combat. La chorégraphie s’enchaine soulevant des monticules de neige sous les coups. Elle essaye de pilonner, j’évite le plus gros, mais son poing plus rapide finit par toucher mon bras droit me faisant un instant baisser la prise sur mon arme, c’est l’ouverture qu’elle voulait provoquer. Non , nous ne sommes définitivement pas du même poids. Je vais perdre, c’est chose assurée. Elle m’explose la lèvre avant de conclure par une ruade d’un coup de coude dans le plexus puis d’un coup de genoux dans le bas ventre. C’est un enchainement classique de brise garde, c’est bien loins du risque tout offensif et m’empêche de placer toute riposte. Megan est une tacticienne, elle a vu et compris.
Je peux encore faire une ultime tentative alors que les coups pleuvent. Mon bâton lui revient dans les jambes, gauche puis droite avec force provoquant un écartèlement, elle s’affaisse perdant son équilibre, je lâche mon arme de ma main droite et lui écrase mon punch en pleine face…Aie ! Manque de force, je n’ai pas pu armer le coup. Son bras revient et agrippe le mien au retour. L’impulsion est violente alors que je bascule en avant. WTF ???? Merde !!! J’ai oublié, cette conne vole !!! Voilà la différence avec Rogue, elle m’a complètement fait oublier sa caractéristique principale, elle vole. Un battement d’aile alors qu’elle me tient fermement par le bras et l’impulsion m’entraine à deux bon mètres du sol avant qu’elle me face faire un soleil avec une clé de bras et me rabatte avec violence sur le dos dans la neige.

Le monde perd ses couleurs sous le choc, je n’ai plus de souffle. Je ferme un instant les yeux tant la douleur est stridente avant de rouvrir pour voir Pixie descendre sur moi en piquet, la main droite contre le corps, la dague pointée en attaque. Ca y est, elle juge que c’est la fin mais c’est une horreur, ce qu’elle fait est déraisonnable, sa dague est dangereuse, je pensais qu’elle cherchait juste à me faire peur mais non, elle va vraiment frapper. Je bascule dans la neige en un réflexe salvateur pour récupérer mon bâton alors qu’elle termine son mouvement tournant pour me poursuivre, armant son geste. Me revoilà sur le dos, et elle vient s’écraser sur moi, face contre face, la Dague maintenue à quelque centimètre de mon visage, son corps arrêté par mon bâton que je tiens comme une altère à l’horizontale, comme une ultime barrière entre sa fureur et moi.
Et je sens alors que Megan Gwynn, mon mentor et amie, a complètement perdu la boule, les billes noires de son regard plongé dans le mien, le sang de son visage goutant sur le mien et sa force toujours de plus en plus pesante faisant pression pour m’enfoncer sa dague dans l’épaule. Elle s’est perdue dans le combat, il devait avoir bien plus d’importance que le mien à ses yeux.

Raisonner Pixie serait possible si au moins elle pouvait m’entendre, c’est mon premier réflexe, lui parler pour la ramener. Seulement j’ai beau bouger les lèvres, il n’y a pas de son ici. Et voilà, comment un avantage peut se transformer en piège mortel.

Camp de la Division Clover, Centre du Programme Hopes, Irlande du Nord, il y a 1 an et demi.

La porte de la cellule d’isolement se déverrouille alors qu’elle apparait dans l’embrasure de la porte, Pixie regarde un instant la jeune fille accroupie contre le mur, les mains jointes entre les jambes recroquevillées mais la rouquine ne lui rend pas son regard, alors elle jette un regard circulaire à la pièce avant de soupirer et de croiser les bras d’un air nonchalant.

- Et une fois de plus, case prison…
- Dégages Pixie… marmonne Aislinn avant de renifler bruyamment.
- Oh crois moi, j’ai autre chose à foutre que voir ta sale trogne d’ivrogne irlandaise au saut du lit, j’ai même essayé de leur faire comprendre en gaélique à quel point j’m’en tape de tes frasques mais ils pensent…j’sais pas…que je t’ai adopté où un truc moche dans le genre..
- Fermes ta gueule, je n’ai pas bu, proteste l’Irlandaise.
- Non, c’est vrai…mais ça m’étonne cette facilité que tu as à trouver de la cocaïne dans un trou aussi paumé de l’Irlande reculé. C’est quand même dingue, on arrive à endiguer Ais l’ivrogne, on se retrouve avec Ais la Junkie sur les bras….
- Je ne veux pas parler avec toi…vas t’en…D’façon, « Elle » va arriver…comme à chaque fois…je connais la procédure…je t’avais dit que tu perdais ton temps avec moi. Fiche le camp.
- Toujours tes certitudes hein ? Ben il va falloir me supporter, personne ne viendra…
- Hum…Elle a fini par renoncer alors…

Pixie laisse échapper le spectre d’un sourire avant de décroiser les bras et de s’agenouiller devant Aislinn, face à elle et la surplombant légèrement.

- Non. J’ai donné l’ordre de ne plus la prévenir de tes merdes, tu auras beau t’agiter comme un beau diable, tu ne trouveras plus que moi. Je ne ferais pas perdre de temps à Madame La conseillère à la Justice pour une épave comme toi.

Pour la première fois, Aislinn relève la tête et la fixe d’un regard chargé de haine et de colère.

- Pixie, tu….commence-t-elle d’un ton froid.

- Non, j’en ai rien à battre de ta complainte de petite conne perdue dans sa life, tu sortiras d’ici diplômée, et si il faut que je te traine un grand coup de pompe dans l’fion pour y arriver, je serai prem’s. Et crois-moi, je le ferai. Les excuses, c’est comme les trous du cul, tout le monde en a. Tu croyais que j’ignorais que tu te droguais, pauvre imbécile, je le sais depuis des mois. T’es une fiotte, Aislinn, un gros sac à merde ! Tu n’as pas de fierté, tu sais quoi, t’as pas de couilles !
- Pixie, arrêtes tu passes les limites, gronda-t-elle.
- Et toi ? Rouquine ? Tu crois que tu les vois encore tes limites ? Tu sniffes comme un sac à foutre de Soho parce que t’es pas capable de supporter la pression. Parce que t’es bien trop lâche pour reprendre ta vie en main. Et tu trouves encore le moyen de créer une bagarre et de te faire embarquer pour ça, mais t’es qu’une terreur des bacs à sable. Moi je ne vois qu’une Fille à maman, une pauvre petite gouine bobo de Paradise, c’est là ta place, entre les cuisses de celles que ta mère a déjà brouté, à lécher ce qu’il reste…

Dans un cri de rage Aislinn bondit en avant avec pour objectif d’attraper la X Men à la gorge mais Pixie a déjà anticiper le brusque accès de furie de l’Irlandaise. D’un geste ample des bras, elle écarte le geste des mains et acène un violent coup de tête en pleine face de la rouquine qui sent son nez se briser net sous l’impact. Elle ne lui laisse pas le temps de terminer son cri de surprise et de douleur que sa poigne se referme sur sa gorge et la rappelle à elle, le direct du droit de Pixie est assez violent pour abattre au sol Aislinn d’un coup sec et sans appel. Elle heurte à peine le bitume que d’un coup de pied, Pixie la retourne et s’agenouille sur elle, les genoux ancrée sur ses creux des bras pour l’immobiliser totalement.

- Ecoute petite conne, écoute bien. Tu n’es pas à la hauteur mais tu n’y arriveras certainement pas en sniffant cette merde. La Coke te tient en alerte et augmente ta vigilance, gomme par illusion la fatigue mais elle exacerbe l’émotivité. Tu es déjà une écorchée vive Aislinn, tu es devenue un putain de volcan ingérable. Trois mots sur ta mère et regarde où tu en es. Tu as perdu ! tu es battue ! Tu n’as pas besoin de stimulants, tu es déjà bien au-delà de ça, tu piges ? Je t’INTERDIS de gâcher ton potentiel par des conneries de ce genre, je t’INTERDIS d’échouer.

A demi inconsciente Aislinn bredouille entre larmes de douleur et ruissellement de sang.

- P…pourquoi…qu’…est-ce que ça …peut…te foutre..

Pixie grimace de colère et lui assène une gifle claquante avant de la forcer à la regarder.

- Parce qu’on est du même bois, toi et moi. Parce que je t’aime bien, je suis ta seule amie et que je te comprends. Parce que je crois en ton potentiel. Parce que je suis ton mentor et certainement pas ta mère, je n’ai aucun scrupule à te botter le derche moi, je ne crie pas souvent mais mordre, je sais….. ce qui n’est pas le cas de Caitlyn avec toi, tu ne peux pas jouer avec moi, gamine. C’est moi qui donne le jeu ici, toi tu es trop faible pour la ramener. Est-ce que c’est clair ?

Aislinn soutient son regard avec une dureté incroyable, Pixie la secoue violemment haussant le ton.

- EST-CE QUE C’EST CLAIR, AISLINN ? !

Son visage tremble puis s’affaisse, elle éclate en sanglots.

- Oui…

Le regard de la fée semble se radoucir alors qu’elle lâche son étreinte et que Aislinn se roule en boule pour pleurer à chaudes larmse. Pixie s’installe à son coté, la couvant d’un regard absent avant de murmurer.

- C’est bien…pleure ce que tu as à pleurer, ma belle. Tu es suspendue deux mois. J’ai posé deux mois de congés au X Center…enfin…congés….une sorte de « longue mission ». On part ensemble, toi et moi. Je vais te sevrer de cette merde et on va reprendre l’entrainement toutes les deux…à la dur….juste toi et moi. Je vais veiller sur toi, Aislinn. Je vais t’apprendre, tout ce que tu dois savoir, d’accord ?

- D’accord…

Megan pose une main attendrie sur l’épaule de la jeune rousse qui continue à sangloter.

- Il va falloir soigner ton pif par contre, tu ressembles vraiment à la caricature des ivrognes irlandais là.
- Pff…Au moins…c’est pas…une « Gouine Bobo de Paradise »….
- Bah, je t’ai déjà dit que tu faisais ce que tu voulais de tes fesses du moment que tu ne convoitais pas les miennes.
- Sniff…ouais…ben je te le répète…un jour …je te roulerais…la pelle de ta vie….connasse de fée…

Megan sourit, et émet un rire bref avant de conclure d’une voix indulgente.

- Le jour où John Stepford dansera en Kilt, chère petite impertinente….

Rien à faire, j’essaye de hurler mais aucun son ne peut sortir du silence- blanc. J’ai beau le savoir, je ne peux m’empêcher d’essayer alors que je la vois serrant les dents à en saigner, ses yeux d’un noir profond réduits à deux billes ténébreuses où luisent la folie meurtrière et l’obstination. Elle a fait de moi ce que je suis devenue, je n’en doute pas un instant mais je ne doute pas un instant non plus qu’en la piégeant ici et maintenant, tout ce qui habite l’esprit de mon amie et mentor et l’obsédant désir de m’écraser, de me pulvériser.

Aucun de ceux qui ont traversé la guerre d’Ultimate en est revenu sain d’esprit ou inchangé. Les combats, les pertes, les tortures…Tous ont subi plus que ce que leur raison pouvait tolérer, tous ont vu trop de choses ou entendu des hurlements qui ne prendront jamais fin. Je connais parfaitement le rôle du Megan durant les évènements, elle me l’a expliqué un jour, toute sa frustration, toute son impuissance et tous ses regrets. Pixie est l’emblème de cette génération fauchée en pleine éclosion, trop jeune pour se battre, trop concernée pour éviter le combat. Elle passe à présent son existence en une sorte de sacrifice en forme d’excuses, trouver le pardon de ne pas avoir été plus forte, plus puissante, de ne pas avoir été simplement plus vieille. Caitlyn est un héritage de la Génération sacrifiée, Megan, la génération fauchée…que suis-je moi devant de tels destins ? Qui suis-je devant la folie de mon Mentor qui refusera jusqu’à la démence à se laisser dominer à nouveau et à voir les événements lui échapper comme lors du Big Day ?

Elle est si forte et exerce une telle pression que je ne peux absolument plus effectuer le moindre mouvement. Le bâton perd sa tension, mon regard dévie vers le bas. Mon dieu ! Le bois est un train de céder et sa lame se rapproche de mon épaule. J’observe avec horreur les fendilles qui apparaissent le long de mon arme. Il n’est plus question d’hésiter, je sais ce que je dois faire. Mon esprit s’isole un instant et se met en trance, ça prend moins d’une seconde pour retrouver mon calme et préparer mon pouvoir à entrer en action. Mais avant de commencer à visualiser quoi que ce soit, le bois casse brutalement et sa dague pénètre avec facilité dans ma chair et me crucifie l’épaule avec rage.

Je supporte assez bien la douleur physique, peut-être un héritage du pouvoir de ma mère, je ne sais pas…Mais l’arme de Pixie n’est pas une lame ordinaire, sa puissance vient de son âme même et la douleur qu’elle inflige est psychique, un coup de poignard porté dans votre esprit, comme si on vous déchirait l’esprit à coup d’un liquide rongeant et brulant. Ma tête percute en arrière le sol neigeux en un hurlement muet, c’est un horreur innommable qui met fin à toute ma concentration et me sonne l’esprit totalement, je vois à peine le halo du vortex prendre forme derrière mon dos alors que je m’y enfonce, entrainant à ma suite mon adversaire vers une destination que je suis incapable de visualiser. J’ai pu l’activer par reflexe mais j’ignore totalement vers quoi.

De l’autre côté,
La chute, nous sommes dans les airs, les images me parviennent, se bousculent, mon cerveau est complètement figé par son poison et ne parvient pas à interpréter la situation. L’air est moins froid, le son est présent, j’entends le fracas du vent et un grondement sourd en fond qui me rappelle…..oui…., je vois la masse se rapprocher rapidement puis l’impact dans un fracas terrible.
Je n’ai pas eu le temps de prendre mon souffle, j’ai percuté l’eau à grande vitesse, le gout salé me remonte par le nez, la tasse que je bois ressemble plus à une cruche qu’à autre chose. En tout cas je sais où je suis, ce gout salé, ce grondement et ce roulis alors que je ressurgis à la surface crachant l’eau et étouffant.

L’océan…
Mon regard paniqué cherche Pixie mais il n’y a que l’entendue d’eau à perte de vue. J’essaye d’effectuer des mouvements pour me maintenir hors de l’eau mais mes muscles son encore sous l’effet de cette saloperie de dague.
Je voulais donner un coup de « frais » à Pixie pour lui refaire reprendre ses esprits, j’ai songé à l’eau mais rien de plus, l’urgence a fait le reste en nous lançant ici avec précipitation.
Seule…perdue dans l’océan.
Il faut que je bouge, une première vague me submerge, à nouveau l’eau s’infiltre, m’étouffe. Par le Sang du christ, il n’y a rien ici…rien que l’eau à perte de vue, je sens la panique me contaminer totalement. Je me mets à crier, à hurler, mes muscles refusant de se coordonner, mon pouvoir ne fonctionnant plus. C’est la panique totale, j’ai peur, je suis terrifiée, je ne veux pas mourir, pas mourir comme ça.
Une seconde vague me submerge à nouveau, je regagne péniblement la surface, ne trouvant plus la force de hurler.
Je pense à mes sœurs, à maman, à Maeve…je ne veux pas finir ici.
Ça ne peut pas finir comme ça.

La troisième m’assomme littéralement et m’entraine vers le fond.
Tout devient sombre
Sombre et froid

Je ne peux plus me débattre, mes mouvements cessent.

Mes pensées se figent
Je descends…

Vers le calme…vers le néant

Plus rien ne semble important.

Plus rien.

Le monde s’éteint.

J’ai perdu la tête mais je ne la perdrais pas, elle.

La chute m’a surprise et le choc avec l’eau encore plus, ce fut pire qu’une gifle, j’ai du mal à réaliser ce que j’ai fait, j’ai du mal à réaliser que je me suis servi de la dague contre elle. Mais il y a plus urgent, bien plus urgent et cette perte de contrôle passe au second plan. Je connais bien mon pouvoir, je connais parfaitement ce qu’implique une blessure par ma lame, même un monstre d’endurance physique comme mon élève ne s’en remettra pas avant dix bonnes minutes et je connais par-dessus tout ses faiblesses et ses peurs. L’Océan pour elle, c’est sa plus grande terreur.
Elle a pensé bien faire et elle a eu raison, l’eau m’a fait retrouver mes esprits mais elle nous a projeté semble-t-il au hasard, peut-être n’a-t-elle pas eu le temps d’ajuster, c’est fort probable. Par des gestes rapides je fends les ondes pour remonter vers la surface, je reste une excellente volante comme une excellente nageuse mais la houle est forte et froide, lorsque j’émerge, il n’y a que des flots à perte de vue.  
Je me stabilise en reprenant mon souffle, respirer m’arrache bien des souffrances avec mes blessures mais il faut que je reste professionnelle…Voyons…mon sens psychique de localisation s’active…l’Océan Indien….je vois…la cote est à 250 Km vers le nord, cette folle nous a jeté nulle part en plein cœur des flots déchainés. Mais où est-elle ?

Je peine à me maintenir à la surface. Je sens la panique poindre, je n’y céderai pas…Où es-tu connasse d’Irlandaise ? Il n’est pas question que je la laisse ici…pas question. Mais je n’ai pas son tallent pour tracer une personne, j’ignore où elle se trouve. Il ne me reste plus de choix, j’active sur mon uniforme au niveau de la ceinture la balise d’urgence et déploies mon casque diadème, je brise ainsi les règles de l’exercice, ça n’a plus aucune importance.

- Pixie à  New Cérébra, code 45. Priorité absolue, Traçabilité du biocapteur de l’Agent Wanderess. Permission A7458.

Dépêche-toi….dépêche-toi…D’un bon, j’émerge de l’eau en hurlant mon rituel celtique. Je ressurgis immédiatement après téléportation à plus de 300 mètres au-dessus du sol, en chute libre. J’active en piquet mes ailes les faisant battre à toute vitesse pour les sécher. Jusqu’à pouvoir me stabiliser.

- Localisation effectuée. Coordonnées suivantes…

J’écoute avec impatience tout en volant. Je les visualise et un frisson me parcourt, elle est en train de couler plus à l’est, je repousse l’idée qu’il puisse être trop tard alors que ma voix hurle à nouveau l’incantation.
Je manque d’étouffer par l’intrusion de l’eau de mer dans ma gorge et le changement de pression, se téléporter dans l’eau est une connerie monstrueuse, c’est la première chose qu’on apprend aux novices mais je n’ai pas d’autres solutions. Ma vision est troublé le choc est monstrueux mais je distingue son corps à la dérive passant devant le mien, mon bras s’avance et la saisie par une poigne prise sur sa chevelure, elle détestera ça, pour sûr si elle est toujours en vie….je ne veux pas y penser…il ne faut pas…je ne dois pas.

Il faut que je lance toute mon énergie dans un ultime effort pour remonter, je suis incapable de nous tirer de la tant que je suis sous l’eau. Les trente mètres qui nous séparent de la surface sont un cauchemar sans fin.  Sans doute une des pires épreuves que j’ai vécue depuis ces dernières années, chaque mètre gagné la trainant par le bras est une gageüre, chaque mouvement une souffrance insondable, mais jamais….jamais je ne la lâcherais.
Le ciel enfin déchire la surface aqueuse  alors que je reprends mon souffle au bord de l’asphyxie et que je hurle l’incantation d’une voix brisée

Changement d’environnement, j’ai bien sur utilisé ma « destination réflexe », tous les téléporteurs en ont une au cas où la réflexion serait balayée par la rapidité d’une situation ne laissant place qu’au réflexe. Je ne me préoccupe pas d’où je suis pour l’heure, ce qui compte, c’est la fermeté du sol et de l’herbe sous notre corps. Je bascule mais mes idées sont plus claires à présent. Dans un grognement de fatigue je me redresse à quatre pattes et la bascule sur le dos. Elle est inconsciente et ne respire plus. Merde !!!!!

Je la chevauche commençant les manœuvres d’un massage cardiaque. Un, deux, trois…respires…respires, bordel…

- ALLEZ ! ALLEZ AIS ! ARRÊTES TES CONNERIES !

Une, deux , trois…bouche à bouche, il faut qu’elle respire, il faut qu’elle nous revienne…qu’elle me revienne.

- ALLEZ ! RÉVEILLES TOI ! ALLEZ SOLDAT !!

Une , deux , trois…ne pas laissez la panique m’emporter…garder la tête froide….

- TU N’AS PAS LE DROIT ! TU ENTENDS ?! REVIENS !!!

Une, deux , trois…bouche à bouche…Il faut qu’elle….Ses bras m’agrippent , ses mains derrière ma chevelure…Qu’est ce que….Je sens sa langue chercher la mienne…Mon dieu quelle….quelle saleté de….Je pousse un grognement enragé, ruant en arrière pour me dégager de son baiser. J’y parviens enfin..me redressant furieuse et abattant ma main en une gifle magistrale, lui clouant le visage sur le coté

- ESPECE DE PETITE….. !!!!!

Je reste prostrée un instant la regardant cracher l’eau de mer en vomissant.  Son regard retrouve le mien, misérable et assommé, elle tente un sourire.

- Kofff kofff…la…la pelle de ta vie…tu t’souviens…la fée ?

Je reste comme interdite, bouche ouverte et sans force, alors que les larmes me viennent aux yeux. Elle est vivante, Seigneur dieu, elle est vivante. Je prends  son visage dans mes mains enfouissant le mien contre son cou en une étreinte soulagée.

- Ta gueule, Sorcière….La noyade…petite sotte…tu croyais que tu flottais ? et quoi la prochaine fois, le bucher ? Petite sotte….sale petite…

Ma voix se perd dans des sanglots lourds alors que je sens son étreinte se resserrer contre moi.

La première fois que je l’ai vu, je l’ai trouvé singulière, elle semblait…si irrévérencieuse, si insouciance…que son rang ne pouvait être qu’une blague.
La seconde fois, je l’ai provoquée, parce que je n’étais qu’une petite conne arrogante, qu’un chien sans collier ne cherchant qu’à mordre. Elle m’a blâmé et insulté avec une violence verbale inédite, je l’ai détesté.
La troisième fois j’ai cherché ses limites, je les ai vite trouvées : elle m’a cognée plus rudement que personne n’avait osé le faire, elle m’a filé l’une de mes plus grosses trempes de ma vie : j’ai commencé à avoir peur…puis je l’ai respecté.
Pixie m’a dressée, le mot est cru mais tellement vrai, elle m’a dressé en « mieux », elle m’a fait me débarrasser de mes illusions, de mes habitudes stupides…

Pendant une période, je crois que j’en étais éperdument amoureuse. Mais je me faisais du mal, Pixie est une hétéro pure et dure. J’ai beaucoup fantasmé sur elle, j’ai cherché son visage à travers mes étreintes d’un soir puis je me suis résignée, Megan ne m’aimerait jamais. Alors je suis passé à autre chose et j’avais vu juste : c’était une amourette, une attirance très forte pour ce qu’elle représentait pour moi : l’autorité et la liberté, ce que je voulais être, un modèle….lui ressembler, qu’elle me considère comme son égale…Et bien après, j’ai découvert l’amour. On ne cherche pas à devenir une autre personne par amour, on désire lui offrir tout simplement ce qu’on est, tout ce qu’on est : c’est ce que je fais avec Maeve.
Mes sentiments sont nobles, j’ai tant d’affection pour toi, la Fée…tant de reconnaissance. Je ne t’avais jamais vu pleurer, c’est la première fois, j’en suis réellement bouleversée. Je sais ce que tu combats, ce que tu as traversé. Je me souviens de ce jour où tu m’as amené pendant nos entrainements sur le Golden Gate Park et où tu m’as expliqué combien cela avait été l’enfer le jour du Big Day, d’être cantonné là à deux kilomètres du carnage, à évacuer les civils, à regarder de loin la bataille en entendant les ordres de Sage dans son casque de communication. Ton cœur s’était figé lorsque la phase deux avait débuté et que tu avais demandé l’autorisation d’évacuer les blessés de la première ligne de front…la fameuse zone de contact primaire et que Sage t’avait répondu laconiquement qu’il ne restait « plus personne à évacuer ». Malicia ton mentor, Mercury, Iceman, Wolverine, Fuzzy et Berserk et tant d’autres….même ton ami de formation, ton binôme Hyperion dont je suis certaine qu’il restera ton grand amour dont tu n’as jamais voulu me parler…Tu avais désobéis bien sûr et tu n’avais trouvé là-bas que des cadavres démembrés sur le champ de bataille et une bouillie humaine en train de régénérer, Wolverine….C’est toi qui un peu tard avait retrouvé ma mère complètement hagard qui errait dans les rues dévastées en tenant une petite fille dans ses bras, ma future jeune sœur, Jade. Et c’est là, devant ce carnage que tu t’étais jurer qu’un tel sentiment d’impuissance et d’inutilité ne te clouerait plus jamais sur place et que tu ne me laisserais pas vivre ce sentiment, d’être sur la touche à regarder ses amis se faire massacrer et le monde s’écrouler…Cette discussion, si tu savais….elle restera ancrée en moi à jamais.
Plus jamais ça, jamais, je te l’ai promis.

Tu es tellement plus, la Fée…tu es mon amie et mon mentor, je suis si heureuse de t’avoir « ramenée » des ombres.
Je te laisse pleurer encore un peu, ce n’est pas de la tristesse, ni de la joie. C’est un trop plein de peur, de colère, d’inquiétude et bien sûr de regrets. J’aimerai tellement t’épargner ça mais c’est ton combat, je sais depuis déjà que longtemps tu revivras en cauchemar cet instant de ta lame s’enfonçant dans mon épaule, je sais qu’il te sera bien plus douloureux et long que pour moi.

- Megan…Ca va aller…
- Ta gueule…
- Ca va aller…merci pour…pour tout ce que tu as fait pour moi…
- …..
- Megan…je suis flattée, vraiment…mais j’ai une petite amie et c’est sérieux…il va falloir que tu sois courageuse…Mais toi et moi…ca n’ira pas plus loin, ok ?
- …Qu…QUOI ? ! MAIS NON !

Elle se redresse comme un diable alors que je ris lourdement mon épaule me faisant vraiment souffrir, je la vois se rassoir en grognant

- Espèce de connasse ! Tu ne peux vraiment pas t’empêcher d’ouvrir ta grande gueule, hein ?
- …pour te titiller la langue ? pas moyen…chose promise, chose due…Note tu embrasses comme une merde mais je suis fière d’être la première fille à t’avoir dépucelé la bouche.
- CA T’EN SAIS RIEN ! SORCIERE ALCOOLIQUE !
- Bien sûr que si…

Elle ricane en ce relevant faisant battre ses ailes pour les sécher alors que je me redresse sur les coudes en grimaçant de douleur, je la vois porter la main à son émetteur.

- Pixie à New Cerebra, code 45. Permission A7458, Épreuve finale pour la cadette Aislinn Oldfield clôturée. Il est 10h 30 à New Heaven mais la mission a été effectué dans le timing, ça sera dans mon rapport… Prévoir unité médicale, nous allons rentrer. Terminé….
Chier....Je n’ai plus de liaison télépathique on est trop loin…

Je regarde autour de moi, mon sens psychique en action, la pâture, une odeur d’iode présentant la mer….au loin un petit village.

- On est pas loin D’Abeaeron…Pays de Galles…pourquoi ici ?

Elle se tourne en adressant un léger sourire narquois

- A Toi de le dire, Ex Cadet….

Elle se rallonge en soupirant le regard perdu sur le ciel à peine bleu sous le printemps anglais et ses nuages pendus.

- C’est ta Safety Place…je sais que tu es née pas loin….

Pixie tourne le regard vers le village dont on aperçoit les toitures vers le bas de la plaine.

- C’est un peu plus bas…là-bas. Ça vaut bien un manoir irlandais, non ? Je ne suis pas née avec une cuillère en argent dans la bouche moi…
- Si c’est ta Safety Place, ça veut dire que ta téléportation a été limite….tu as du drôlement en chier.
- Tu es une grosse vache Aislinn, ça n’aide pas, tirer un corps mort dans la flotte…ça fait les muscles….Mais bon, tu respires, t’es vivante alors cesse de geindre.

Un silence entre les deux filles, un silence pesant avant que l’irlandaise reprenne.

- C’est quoi la suite ?
- Case guérisseur. Puis tu passes X –Temporis en attendant la fin de l’année et d’être titulaire en probation ….C’est ce que tu voulais, tu l’as…bien joué. J’arrive a pigé comment tu m’as tracé, c’était une des possibilités, pas la plus simple mais la plus logique…par contre…le coup du déplacement dans cet endroit sans son…Là tu m’as bluffé, je ne savais même pas qu’un endroit comme ça existait…comment tu savais ? Simple curiosité…

Aislinn se redresse, jouant négligemment avec l’herbe sur le sol.

- Il existe 7 endroits comme ça au monde….Un jour, je me suis posé la question de comment tu parviendrais à déclencher ta téléportation sans le son…un environnement non acoustique, c’est un environnement sans air…ouvrir un vortex dans l’espace m’est impossible, j’en crèverais…Bien sûr il y a la modification de l’environnement comme l’eau aussi…mais ce n’est pas l’idéal pour prendre un avantage tactique…alors j’ai cherché s’il existait des « singularités » acoustiques sur terre…j’ai ratissé des ouvrages de géographie, d’exploration, de curiosité terrestre…et j’ai fini par trouver au bout d’une semaine… Dans un affrontement, l’issue dépend de la connaissance de l’adversaire et de la maitrise des paramètres du combat, la zone d’affrontement en est un sérieux, et si en plus elle peut influer sur les capacités de l’adversaire, c’est une conjoncture à utiliser.

- J’y crois pas….balbutia la X Men….c’est une excellente analyse et le plus dingue c’est que tu as fait ça…ces recherches par..par anticipation ? Qu’est ce qui t’es passé par la tête…Tu te voyais déjà m’affronter ?

- Bien sûr que non…je fais ça pour tous ceux avec qui je peux être amené à collaborer. La confiance et la connaissance de l’autre….les piliers du travail en équipe…Savoir ce que tu peux faire, ne pas faire…ou ne peux plus faire…ça pourrait un jour te sauver la vie…c’est tout con.

Megan en resta perplexe un instant puis se frotta le sommet du crâne en secouant doucement la tête.

- Tain…ta mère…elle avait vraiment raison.
- Sur quoi ?
- Rien…un truc qu’elle a dit une fois.

Le visage de Aislinn sembla s’assombrir alors qu’elle perdait son regard vers les champs.

- Ma mère…tu sais…Ma mère…c’est une des seules…pour qui…je n’ai rien trouvé.
- Comment ça ? Qu’est-ce que tu veux dire ?
- Tu n’as jamais vu Caitlyn …manifester sa puissance en toute liberté, sans plus d’entraves…c’est…c’est terrifiant. Je l’ai vu une fois, et jamais même en y pensant depuis, tu vois…jamais, je ne suis parvenu à trouver un moyen. Fuzzy ne peut être stoppée. C’est un monstre aussi impitoyable et instopable que Ultimate.

La fée grimaça un instant avant de soupirer.

- Tu te trompes, Aislinn Oldfield…la chose qui stoppera ta mère…c’est une chose contre laquelle on ne peut pas lutter, c’est l’amour. Ultimate était dénué de cela, pas ta mère. Même toi, gamine…tu ne peux t’opposer à cela…personne ne peut.

Aislinn se mit à sourire, elle n’avait jamais envisagé cette alternative pourtant si simple. Cette réponse lui plaisait infiniment.

- Comme toi, tu n’aurais pas pu me tuer.

Cette fois ci, Megan sembla perdre son flegme, son regard baissé vers le sol.

- Ne dis pas de conneries, tu ne sais pas ce que je…
- Je le sais mieux que personne, je gère les colères de Jade, de Maeve et celles d’Ariella à présent. Je sais ce que c’est d’avoir un volcan face à soi et ce qu’il faut faire pour calmer l’incendie.
- Ah oui ? Demandes donc à ton épaule ce qu’elle en pense ?
- C’est l’épaule Megan…ta lame aurait pu se figer dans ma gorge ou mon crane. Ce n’est pas ce qui s’est passé, oui tu as perdu le contrôle, non tu n’es pas une meurtrière, ce n’est pas dans tes gènes.
- Ferme ta gueule ! J’ai passé l’âge d’entendre tes conneries, ok ?

Elle s’éloigna en grognant de quelques pas alors qu’ Aislinn poursuivait.

- L’instinct du meurtre…on l’a ou pas…toi tu ne l’as pas mon amie…tu ne pourras jamais devenir une meurtrière sans déchirer ton âme. C’est peut être génétique…cette capacité à tuer l’autre…c’est peut-être ça, le « Mal ».

Morgan se retourna avec un rictus moqueur.

- Tu vas me ressortir ta litanie sur la malédiction des sorcières Oldfield, bébé Lune ? C’est ma famille…gniagniagnia….Mais vérole de moine ! tu n’es PAS ta famille, idiote ! Le meurtre est volontaire ou accidentel, il n’a pas de prédisposition, ni de marqueur génétique !
- Ma petite sœur est une tueuse…ma mère l’est…ma grand-mère l’est…c’est dans notre nom, en lettres de sang, tout ce qui EST Oldfield ou tout ce qui le devient….Comment veux-tu que moi j’y coupe ?
- Bon, on rentre, c’est bon tu m’as soulé avec tes rengaines…je vais te demander qu’on te shoote à la morphine, tu délireras moins…

Alors que la Galloise se baissait pour prendre dans ses bras l’irlandaise, celle-ci lui déclara en soupirant.

- Tu ne m’aurais pas tué, Pixie alors cesse de te torturer…Tu ne peux pas tuer même la rage dans le cœur, je le sais et toi aussi tu le sais bien…

X- Center. Bureau de la Directrice, 2 jours plus tard.

Je grognais un instant seule comme une bête résignée tournant dans sa cage puis je me retournais avec une certaine brusquerie faisant une fois plus montre de mon caractère impétueux et emporté. Elle affichait toujours ce calme olympien qui m’exaspérait et m’impressionnait tellement, j’arrivais à le comprendre, parfois l’imiter mais lorsqu’elle me l’infligeait à moi, il avait tout d’une torture. Elle m’enseignait le calme et la patience, le recul et la réflexion mais moi aussi finalement j’avais mes limites. Surtout lorsqu’il s’agissait pour moi d’un sujet aussi sensible que celui-ci.

Je connaissais bien Megan, elle m’évitait soigneusement depuis deux jours parce qu’elle ne voulait pas confronter son regard au mien. Parce qu’elle avait quelque chose derrière la tête qui m’exaspérait, parce qu’elle puait a trois mètres la culpabilité et les idées imbéciles. Je ne pouvais pas la llaisser faire ça, je ne pouvais pas la laisser s’enfermer dans de telles pensées et refuser l’aide que l’on pouvait lui apporter. Le contrôle de la colère s’apprenait, je le savais parce que je voyais Jade le faire, et surtout je voyais tous les efforts que faisaient Maeve. Il était hors de question que je laisse mon amie, mon mentor et un agent aussi incroyablement efficace que Pixie suivre une logique idiote et destructrice. Je respirais avec force avant de murmurer.

- Gran’ Mère….Je sais ce qu’elle a derrière le crane…je sais ce qu’elle va faire…Retourner se terrer comme une taupe dans son foutu mouroir du Pays de Galle. Je ne peux pas accepter ça. Pixie a pété les plombs mais n’est PAS une criminelle. Punies là comme tu l’entends mais ne la laisse en aucun cas commettre une bêtise. D’accord elle m’a planté mais c’est aussi elle qui a mis sa vie en péril pour plonger dans les profondeurs et me hisser à la surface, elle m’a sauvé, elle a réparé ses erreurs. Et je t’assure qu’elle aurait préféré couler dans les grands fonds avec moi plutôt que de remonter toute seule. C’est une BONNE personne qui doit être protégée avant tout de ses propres choix…Elle m’a tant appris, tout ce que je sais de bien, je lui dois….je ne veux pas que ça se termine comme ça. Il n’est pas question que je gagne ce titre si elle doit perdre le sien !

Je reprends ma respiration, excédée, puis je poursuis

- New Heaven a besoin de Megan Gwinn….Elle est restée spectatrice impuissante lors du Big Day, elle a assisté à la fin de ses amis, de sa famille…vous vous pouviez vous battre, elle non. Elle avait ses ordres. Tout ce qu’elle fait, même dans l’extrême, ne vit que de cette blessure, de cette souffrance. Tu l’entendras Grand’mère. Promet moi que tu ne laisseras pas cette horreur se faire. Je ne t'ai jamais rien demandé, là c'est ta petite fille qui te le demande.

X- Center. Bureau de la Directrice, 2 jours plus tard, l'après midi même qui suivit.

Elle se tient droite comme un I dans son uniforme mais la mine passablement grave. Son regard va nerveusement de la Directrice du X center à celui de Caitlyn Oldfield. Elle ignorait qu’elle serait là, elle s’était imposée pour ce rendez-vous afin de faire ce qu’elle avait à faire en se fichant de l’agenda de la directrice qui apparemment avait prévu autre chose et se retrouver face à la mère de sa jeune élève ne faisait pas vraiment parti de ses plans. Mais elle irait jusqu’au bout. Elle y avait pensé toute la nuit et n’était pas femme à reculer une fois sa décision prise. Elle s’agita nerveusement afin de troubler son immobilisme pesant car oui, Megan semblait toujours avoir la bougeotte, cela faisait partie de son caractère. De son impulsivité et de sa nature profonde. Le silence des deux femmes était des plus intimidants. Storm dans sa posture d’écoute, le regard sévère toujours rivé sur la lettre que j’avais déposée sans un mot sur son bureau et Caitlyn sur un fauteuil confortable, tailleur impeccable, bras croisé et écoutant avec patience. Leurs tasses de thé refroidissaient sur le bureau de Storm non loin de la lettre. Pixie prit une brève inspiration avant de débuter.

- Avant tout je m’excuse pour mon impolitesse. Je ne pouvais me permettre d’attendre plus longtemps.
Je sais que vous avez déjà été briefée mais je tiens à appuyer personnellement les conclusions de ce test qui tient but de validation de la formation d’Agent pour Aislinn Oldfield. Wanderess s’est montrée remarquablement efficace, répondant à tous nos critères d’exigence et allant même au-delà en ayant gérer une « situation critique » inattendue. Ses aptitudes sont tout bonnement exceptionnelles, aussi bien sur le terrain que sur la théorie…Elle est née pour ce job…Sa seule faiblesse restant un manque évident de d’estime de soi qui parfois peut la pousser à prendre des décisions plus que risquées pour elle. Elle souffre du syndrome du martyr. Il lui faudra résoudre ce problème. Elle fait montre d’un réel génie stratégique et tactique, sans doute la meilleure de ce que j’ai vu jusqu’ici même si beaucoup de ses décisions se jouent sur une trop grande confiance à son instinct qui reste lui aussi hors du commun cependant. Sur les tests écrits, s’est une leadeur née dans son domaine de coordination mais sur le terrain, elle risque par ses faiblesses de tenter l’impossible au-delà du raisonnable pour limiter l’implication et les risques de ses compagnons d’arme. Si elle resiste bien à la pression en situation, réfléchissant vite et bien avec la hauteur d’une coordinatrice, j’ai peur que ses choix la démolissent psychologiquement une fois la mission terminée. Ce n’est pas une combattante au contact même si ses résultats sont au-dessus de la moyenne, son style de combat….trop reflexif, manque de folie et d’impulsivité. Mais ce n’est pas son domaine de prédilection. Wanderess est un agent d’exception…sincèrement.

Se tournant vers Caitlyn elle ajoute avec un hochement de tête.

- Et tu avais raison….elle est meilleure que moi….bien meilleure. Et avec le temps, elle te surpassera.

La Conseillère à la justice se contente d’un léger gloussement flatté tout en affichant un sourire satisfait alors que Pixie reporte son attention sur Ororo.

- Et ceci est ma lettre de démission.
Mon attitude au cours de cet exercice est intolérable et inexcusable, j’ai perdu totalement le contrôle de la situation, j’ai blessé Aislinn…pardon…Wanderess. J’ai failli tuer l’élève dont la charge m’avait été confiée. Il n’y a pas de mots pour exprimer mes regrets et je vous assure que je suis emplit de honte et de remords. Il s’agit du second incident du genre, je penssais que Mr Stepford et moi avions résolu ce problème mais de toute évidence j’ai « relâché ma vigilance ». Wanderess m’a acculé comme personne dans une situation inextriquable…j’ai…je….je n’ai pas d’excuses. Je ne suis pas digne, ni d’être instructrice, ni agente….je dois payer pour mes erreurs. C’est pourquoi je devance vos recommandations et décide de prendre mes responsabilités, toutes mes responsabilité, madame la Directrice.

Je vois une inquiétude dans le regard de Caitlyn, son sourire a disparu. Elle se contente de soupirer et de se pencher pour prendre sa tasse de thé sur le bureau et observer avec attention sa mère dans son fauteuil qui elle n’a pas cillé d’un millimètre.

(18 mars 2026 - matinée)

J'étais tranquillement à travailler à mon bureau sur les rapports de passation notamment celui de ma petite fille. J'avais lu le dossier rédigé par Pixie avec soin de même que la version d'Aislinn. Version obligatoire puisqu'il y avait eu un "incident". Enfin incident d'après la jeune mentor. J'avais aussi eu la version de John et des "surveillants" du centre.

Je connaissais bien Megan et je me doutais de sa réaction même si je la trouvais disproportionné. Après tout une passation qui se passe bien ne reflète pas la réalité. Pour ma part je savais que jamais Pixie n'aurait mis Aislinn en  danger de mort. La situation leur avait peut être un peu échappée mais elles avaient réagi à la perfection aussi bien l'une que l'autre. Comment même pouvaient elles ne pas penser qu'une équipe - voir moi en personne - allions réagir si Aislinn avait été en réel danger ? Comment même Megan pouvait elle s'imaginer tuer son élève de sang froid ... une élève voir une soeur même. Non je ne le croirais jamais.

Elle va me rétorquer qu'elle a bien poignardé un de ses prof mais elle a grandi depuis, elle a muri. Et franchement sans l'excuser qui n'a pas blessé un mentor ou un élève lors d'exercices un peu violent ... pas moi en tout cas. Il suffit que je repense à tous mes entrainements avec mon équipe ou pire ceux avec Caitlyn, Calie et Johann ...

Je savais que j'allais devoir parler à Megan. Que j'allais devoir la calmer et même la rassurer. Elle se sentait coupable malheureusement. Et ça ce n'était pas le plus facile. J'avais oublié un "petit" détail : ma petite fille.

Celle là elle est pire que sa mère et moi réunit quand elle a quelque chose dans le crane. Et avec elle le mot fidélité a un sens.

Elle avait donc déboulé dans mon bureau et tel un lion en cage avait commencé à me parler de Mégan et à tenter je ne sais quoi, peut être m'amadouer (comme si c'était possible) en me vanter les qualités de son mentor ... comme si je ne les connaissais pas. Mais à quoi pensait elle ? Que s'imaginait elle ? Que j'allais virer l'une de mes meilleurs professeurs pour une blessure.

Je ne dirais pas "simple" car je pense qu'Aislinn a du avoir mal mais il faut aussi prendre en compte la "victime". Et je sais que ma petite fille pouvait s'en sortir, ce qu'elle a d'ailleurs fait. Elle a bien résisté à mes éclairs et surtout à sa mère et sa soeur ... ce n'était pas un "petit" coup de poignard qui allait la perturber.

J'admire sa véhémence et je ne peux m’empêcher de sourire. Oui c'est une vrai amie. Je lève une main et d'une voix douce je prends la parole

"Aislinn s'il te plait, assis toi tu me donnes la migraine. " j'attends qu'elle s'exécute ... 10 secondes, elle reste tranquille 10 malheureuses petites secondes. Je laisse tomber elle a besoin de bouger même si cela m'agace.

"Aislinn " je reprends toujours aussi calmement "je n'ai aucune intention de punir Megan et encore moins de la virer ou je ne sais quoi. Et surement pas la laisser se terrer au fond d'un trou. Bon elle t'a blessé je le reconnais tu as du avoir mal et peur mais et alors ? Si j'ose dire. Aislinn tu as fait des épreuves terrains tu sais ce que c'est d’être blessé et de blesser. Tu sais ce que c'est que de perdre des gens qu'on aime. C'est douloureux mais ça fait parti de notre travail, de notre rôle en tant qu'Agent X. Je sais que ta mère est contre la passation, contrairement à moi. Je pense personnellement qu'elle permet de montrer le meilleur ou le pire de soi-meme. Et puis, tu gardes cela pour toi, mais vous étiez "surveillées" ... enfin jusqu'à ce que tu te téléportes en zone blanche. La prochaine fois il te faudra être plus prudente ma petite. Ces zones sont à double tranchant mais je pense que tu t'en es aperçue. "

je me lève à mon tour et pose mes mains sur les épaules de cette gamine si courageuse. "Aislinn tu n'as pas à me supplier de quoique ce soit, et encore moins à jouer de nos liens familiaux. Ma chérie tu as un coeur immense et beaucoup de courage. Je suis vraiment très fière de toi et ta mère aussi."

je l'embrasse brièvement. Nos contacts affectifs sont assez rares mais toujours sincères.

"ne t'inquiète pas pour ton mentor. Je vais lui secouer les puces. "

elle me regarde, je lui fais un clin d'oeil "en douceurs oui je sais. "

non je ne suis pas si insensible et dure que l'on veut bien le croire ou plutot que je le laisse croire. J'ai aussi un coeur.

"laisse moi faire et fait moi confiance. Allez oust j'ai encore du travail jeune fille"

je la sers dans mes bras avant de la pousser vers la porte.

"Et toutes mes félicitations Agent X Oldfield."

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(début d'après midi)

Caitlyn est passée me voir et je lui ai tout raconté. Elle connait bien Megan et son avis m'est aussi précieux. Elle aussi je l'ai rassuré sur mes intentions. Telle mère telle fille.

Nous étions tranquillement entrain de bavarder devant une tasse de thé quand Pixie se fait annoncer et pénètre dans mon bureau. Je lui avais demander de passer mais je ne pensais pas à cet après midi mais bon ...

Son regard indique clairement qu'elle ne s'attendait pas à la présence de Caitlyn. Elle aussi tourne comme un lion en cage. Elle me pose un papier sur mon bureau. J'y jette un bref coup d'oeil, je me doute de ce que c'est. Comme si j'allais accepter sa démission. Non mais franchement ...

Je garde l'air sévère. Je sais que cela intimide et surtout cela me permet de réfléchir. Megan se lance et un léger sourire vient effleurer mes lèvres. Elle l'aime vraiment sa sorcière d'élève. Ses compliments me ravissent.

Le syndrome du martyre. Je lance un coup d'oeil à Cait. Pense t elle comme moi ? Aislinn n'est pas la seule à en souffrir. Megan aussi fait partie de cette catégorie. Même si en plus elle a comme nous, le syndrome du survivant. Je pense que les risques qu'Aislinn prend pour épargner ses camarades vont en agacer plus d'un et que ce sont eux qui vont lui apprendre la modération. La connaissant jamais elle ne l'acceptera de ma part ou de celle de sa mère.

Megan passe enfin au vrai motif de sa visite. Je la laisse parler sans l'interrompre. Sans même regarder Cait.

Mon regard se fait plus sévère. "c'est vrai Agent Gwynn ton attitude est inexcusable en tant que mentor. Aislinn t'a poussé dans tes retranchements ce qui montre la qualité de ton travail. Elle a été blessée ce qui montre que malgré ton attachement pour ton élève tu as su aller jusqu'au bout de la mission qui t'a été confiée. Le coup a été porté à l'épaule ce qui montre la qualité de ta maitrise. Tu as tellement perdu le contrôle que tu as signalé le problème et que tu n'as pas hésité à plonger pour la récupérer sans même te poser de questions. Il est vrai que ce genre d'attitude n'est absolument pas digne d'un mentor et encore moins d'un Agent X."

je vois son regard se décomposer tandis qu'elle prend conscience de ce que je lui dis. Si Megan n'est pas digne d'etre un mentor et un agent x qui l'est ???

"tu veux payer en te soustrayant à tes devoirs et tu crois sincèrement que moi je vais te laisser. Oh que non jeune fille. "

je prends la feuille et la déchire en deux puis en quatre ainsi de suite jusqu'à ce qu'il n'en reste que des confettis.

"Agent Gwynn tu vas reprendre ta place de professeur et de mentor auprès d'Aislinn et des autres élèves du centre avec l’enthousiasme, l'entrain et l'efficacité qui te caractérisent. Tu vas aussi passer de nombreuses heures avec l'Agent Stepford et moi même en salle des dangers. Et crois moi tu vas comprendre ce que c'est que de perdre réellement le contrôle de la situation. "

je jette les petits bouts de papier à la poubelle "et je ne veux plus entendre parler de démission Agent Gwynn est ce bien clair ?"

je porte mon regard sur Caitlyn "Caitlyn quelque chose à rajouter ? "

J’avais écouté tout le long raisonnement de ma mère avec un sourire énigmatique. Je découvrais combien Pixie ressemblait par bien des cotés à ma propre fille et aussi combien il m’aurait plu d’avoir pu à l’époque devenir son mentor. Aurait-elle été différente, sans doute pas, non. Ce sens du sacrifice qui confine à la démesure, au fond je crois que c’est un trait caractéristique marquant chaque jeune agent ou jeune X Men. L’expérience vient ensuite, nous changeant irrémédiablement.
Les mots d’Ororo sonnaient justes. Elle savait y faire et ce genre de discours sonnait familièrement à mes oreilles, combien avais-je personnellement essuyé de ses tempêtes, combien en avait été directement ma cause ? La Glace contre le Feu, il y a longtemps que nous ne jouons plus à ce petit jeu, bien longtemps que nous ne dansant plus ce petit tango parce que j’ai changé, pas volontairement non, mais les circonstances m’ont assagi, et ma fougue s’est perdue. Il n’en reste pas qu’elle m’impressionne toujours autant comme je suppose qu’elle doit continuer d’en terrifier beaucoup. La pauvre Pixie accuse le coup et se décompose littéralement mais comment ne pouvait-elle pas s’attendre à une telle réponse, leur naïveté m’étonnera toujours. Ororo en a fini alors que je croise les doigts entre eux, mains sur les cuisses. Elle me demande d’intervenir, mon regard va de l’une à l’autre en silence avant que je commence d’une voix au ton résolument neutre.

- La vie ne se résume pas à un challenge, Agent Gwynn. La question n’est pas de savoir jusqu’où on peut repousser ses propres limites. Tout simplement parce que ta tâche principale est de préserver la vie et cela suppose aussi la tienne. Qui pourra défendre et apprendre si tu perds la vie dans une quête absurde ? Il faut vivre, il faut profiter de ce temps sur terre pour faire pétiller le miracle qui gronde sous tes veines….Sors, vis, accorde du temps, aimes…et fais toi aimer. Beaucoup ont disparu pour que puisses faire cela, ne rends pas leur mort…inutile.
Cependant….il n’en reste que tu as blessé ma fille….et tu sais combien j’attache d’importance à la protection de ma famille….d’un autre coté je rejoins l’analyse d’Ororo, tu as fait un travail remarquable avec elle, un travail que je n’aurai pas su faire moi-même sans…peut-être….m’énerver « un peu ». C’est toi qui l’a hissé à un tel niveau, oui ta méthode est parfois brutale et sans concessions mais tu sais t’adapter au style de ton apprenant et te montrer intraitable lorsque les circonstances l’exigent (j’esquisse un sourire) J’en connais une autre qui agissait ainsi aussi…(mon regard cherche celui de ma mère avec complicité) et je crois que ça n’a pas si mal réussit que ça avec son poison d’élève à l’époque….tu as fait du bon boulot, Pixie, je t’en remercie.
Et pour « payer » ta dette envers ma famille, j’aimerai ajouter en plus des recommandations d’Ororo, la prise en charge de ma protégée, Ariella. Le but n’est pas d’en faire une combattante mais juste de l’aider à gérer la colère et à trouver un équilibre psychologique. Je veux que tu vois ce que tu peux faire avec elle….sur TON temps libre bien entendu…ça me parait équitable comme « punition »….et rassures toi, je n’ai plus d’autres personnes à faire gérer après elle, du moins pour l’instant. Considère ça comme « un travail d’intérêt personnel », tiens….le terme juridique n’existe pas d’ailleurs…
Et pour terminer, oui, tu as raison….elle est plus forte que toi et moi….et ça ne fait que commencer.

PIxie acquiesça visiblement émue et attendit en silence que Storm lui donne l’ordre de quitter les lieux, lorsque cela fut fait, mon regard trouva à nouveau le sien.

- Bien….Voilà deux problèmes de régler, Pixie et Aislinn….et si nous parlions de Sanzo à présent ? Qu’est-ce que je peux faire pour t’aider pour sa passation ? Tu as déjà un truc en tête, madame la Directrice ?



Fin du RP.