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Une minute vingt-sept. (Calie, Aislinn, Toy) R3

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Une minute vingt-sept. (Calie, Aislinn, Toy) R3 Empty Une minute vingt-sept. (Calie, Aislinn, Toy) R3

Message  Aislinn Oldfield Mer 17 Mar - 10:52


(NdA, ce rp me tient particulièrement à cœur puisqu’il comporte une séquence que j’avais prévu de raconter dés le début de la création de cette plateforme, à savoir : la terrible bataille du Big Day vu par Cait (Ici ca sera Calie) J’avais même déjà le déroulé des événements dans leur narration appuyé par une musique bien précise. Ce texte me hante depuis maintenant sept ans, n’ayant jamais pu être posé. Ca sera chose faite à présent. J’espère pouvoir retranscrire tout le drame, l’urgence et l’intensité de cette minute vingt sept – correspondant en timing à la durée du crescendo du morceau de musique- toutes ces choses bercées par un souffle épique qui attendent depuis tout ce temps pour devenir « réelles »)

Entrée du Parc de l’institut Xavier, Etats Unis.

Le vortex de distorsion de la réalité se forma mystérieusement sous la forme d’un vaste cercle lumineux dont la surface ondulait comme les mouvements de l’eau à la surface d’une entendue d’un lac. Une forme traversa la matière laissant apparaitre la jeune femme brune portant un vêtement ample et informe à la manière d’un  street wear dont la capuche était rabattue sur la tête, afin de ne laisser apparaitre que son visage et quelques mèches brunes de sa longue chevelure. Elle franchi le passage puis sembla hésiter un bref instant puisque les lieux avait considérablement changés par rapport à ce que lui renvoyait sa mémoire. Puis  elle se décida à se retourner pour poursuivre la conversation qu’elle avait entamée avant la traversée.

- Ce n’est quand même pas toi, du haut de ton expérience malheureuse qui va me reprocher un écart de conduite insignifiant dû à la joie des retrouvailles avec une collègue du passé ? Ne peut-on pas clôturer ce sujet embarrassant ?

La jeune Aislinn émergea à son tour du portail avec sa nonchalance habituelle, portant son uniforme de la X Force signifiant par là même l’officialité de ce déplacement et répliqua sur le ton de la réprimande.

- Je n’aurai jamais du te laisser entre les mains de Pixie, je connais pourtant son penchant pour les boissons fortes. (Elle la pointa de l’index en une posture accusatrice) C’est quand même malheureux qu’il t’ait fallu attendre jusqu’après ta mort pour t’administrer ta première cuite. Tu devrais être morte de honte, Maty. Quand je pense que c’est moi que cette déglinguée a forcé à venir vous récupérer parce que cette idiote de Fée Ivrogne n’arrivait plus à déclencher son pouvoir…

Calie souffla et leva les yeux au ciel avec une expression d’agacement trahissant ses origines latines, pour le peu, il aurait  suffit  que les mouvements des mains accompagnent le tableau pour en brosser un parfait cliché culturel.

- Aislinn, s’il te plait, évite de hausser le ton, ma tête explose…protesta finalement une Calie se massant des doigts d’une main les tempes afin d’endiguer la douleur. On buvait à la mémoire d’Anna Marie…un shot par anecdote d’une engeulade dont on fut victime de sa part quand on était toutes deux son élève…C’était un jeu innocent mais j’ignorais que Megan avait une telle descente et que les anecdotes étaient aussi nombreuses…

D’’un geste reflexe de la main La téléporteuse clôtura le vortex derrière elle avant de dépasser Calie afin de lui ouvrir la route matérialisée par un chemin de graviers menant au portail colossal marquant l’entrée du domaine.

- Pixie a beau avoir été mon mentor et a beau rester ma meilleure amie, c’est le pire compagnon de soirée qu’on puisse se dégotter, à moins que ton désir secret se résumait à ce que la soirée se termine exactement comme elle s’est terminée : à quatre pattes en train de gerber.

- Contre vérité. Je n’ai pas vomi ! Objecta la brune sur un ton boudeur.

- Toi non, mais elle si !!! Ricana Aislinn sans se retourner pour autant. Et en plus sur le canapé du living de l’appartement familiale où je l’avais déposée le temps qu’elle cuve.
Un sourire discret naquit au coin de ses lèvres alors qu’elle visualisait la scène ce qui lui fit ajouter.

- Note, ça a eu le mérite d’amuser Kaya, sauf quand elle a percuté que Jade n’était plus là pour faire le ménage. Je me demande comment elle va convaincre Megan de nettoyer son merdier.

Calie cherchait toujours du regard quelques points d’attaches qui lui semblaient familier mais tout avait résolument changé, les environs de l’Institut n’étaient définitivement plus le cadre où elle avait vécue ses si précieuses années. Elle préféra taire ses émotions pour poursuivre.

- Cette déconvenue a eu le mérite de mettre un peu de vie dans le foyer, c’est bien de la voir sortir de son état dépressif même si c’est pour manifester son mécontentement,
souligna t’elle d’une voix où trainait des restes d’une tristesse plus profonde

- Laisse-lui le temps, Mati. Elle récupère à peine de l’Incident de Muir.

- Je sais…oooh, je me sens vaseuse, on était vraiment forcé de venir aujourd’hui ? glapi Calie sur un ton suppliant.

Aislinn soupira. Elle ne s’attendait pas à ce que Calie puisse être aussi « humaine » au quotidien. Sa mélancolie était pesante. Sa patience inexistante et ses opinions, toujours tranchées. D’humeur toujours maussade, elle ne s’enthousiasmait pas pour pas grand-chose et n’était pas ce qu’on pouvait qualifier de joyeux drille ni de boute-en-train. Son manque d’assurance était omniprésent et détonait drastiquement de l’image d’héroïne intrépide que l’esprit de l’Irlandaise avait fabriquée. Elle en avait touché quelques mots à Jade dont l’analyse psychologique des choses étaient bien plus experte que la sienne et cette dernière lui avait conseillé de la mettre en confiance afin qu’elle puisse retrouver ses repères et se débarrasser de cette carapace de « calimero à demi autiste et dramatiquement flasque » Dixit : Jade. En attendant, elle n’était pas simple à vivre et cette relation glaciale entre elle et Kaya n’aidait en rien à endiguer l’auto dépréciation que s’infligeait cet ex légende devenue Has been.

- Tu n’imagines pas le travail de fourmi et les emmerdes qui vont avec que ça génère d’obtenir un sauf conduit lorsqu’on vient de New Heaven pour accéder aux Etats Unis ! La situation s’est dramatiquement tendue entre nos deux nations, surtout avec la crise du marché du Platine. Nous sommes à couteaux tirés avec pas mal d’Etats à présent. Ca prendrait des plombes d’en obtenir un autre, l’autorisation est datée et signée alors ça sera aujourd’hui, point final.

- Vous et votre politique, c’est d’un casse pied ! soupira la X Woman en trainant des pieds  alors qu’elles faisaient face toutes deux au portail.

Aislinn inclina la tête et s’avança devant la camera scanner, un sourire idiot affiché sur ses lèvres par pure effronterie.  L’engin aussi tôt s’activa dans un bruit mécanique.

- Agente X Force Wanderess de New Heaven, déclara t-elle d’une voix somme toute autoritaire.  accréditation 1124 pour ce jour, nous sommes attendues, la personne qui m’accompagne, accréditation 1125 et moi. Nous désirons voir la Directrice.

Elle regardait la camera bien en face et une sorte de faisceau lumineux vint balayer son visage afin de s’assurer qu’elle se trouvait bien dans les bases de données. Aislinn laissa l’opération s’effectuer avant de se tourner vers celle qui l’accompagnait pour l’exhorter à faire de même.

- C’est idiot Aislin, objecta-t-elle, je suis morte depuis plus d’une décennie. Qu’est-ce que tu veux que cet engin puisse identifier…

Aislinn afficha une expression trahissant la surprise. C’est vrai qu’elle n’avait pas pensé à ce détail, courir après les autorisations internationales avait déjà été un véritable parcours du combattant, elle ne s’était pas souciée de la sécurité de l’Institut. Le retour de Calie Lorreto n’avait pas été rendu officielle hors d’une poignée d’élus et la version qui perdurait au sujet de l’absence de Caitlyn Oldfield restait la longue convalescence « au secret » suite à un attenta commis contre elle, les événements qui gravitaient autour de l’ile de Muir avaient tous été classé secret défense.

- Bah…essaye, tu veux bien.

Calie secoua la tête d’un air blasé et s’avança face à la camera. A nouveau le curieux ballet de reconnaissance de l’engin repris son cours mais au bout de quelques instants, une voix robotique se fit entendre.

- Accès refusé. Veuillez patienter, nous attendons une vérification supplémentaire.


- Satisfaite ? minauda Calie en esquissant un rictus à l’intention de l’Irlandaise.

Aislinn envoya promener un gros caillou de bout  du pied d’un air dépité et soupirant. Elle détestait attendre qu’on l’autorise à entrer ou sortir par son violent désir d’être toujours libre de voyager où bon lui semblait.

- A moins que…commença Calie…Danger ? Protocole 406. Autorisation X27

L’irlandaise releva la tête et émit une sorte de bruit de bouche moqueur. Comment pouvait-elle ne pas encore avoir intégré que les choses avaient changé ? Ça serait bien trop simple si un simple ordre vocal pouvait…

Le clic métallique de l’ouverture se fit entendre alors que Calie, visiblement satisfaite d’elle se contenta de réajuster sa capuche pour m’inviter du bras à pénétrer dans l’enceinte. Elle sifflota, en mettant les mains dans les poches en prenant une attitude faussement décontractée pour visiblement se moquer de sa comparse.

- Il se trouve que je sais QUI dirige cet endroit et la connaissant, elle n’aurait certainement désactivé les anciens protocoles de Danger que Xavier a lui-même mis en place. J’ai toujours dit que ça aurait été terriblement humiliant de renter le soir en ayant oubliée « les clés » de la maison d’où le pass permanent attribué à chaque X men…avant il se couplait a une reconnaissance biométrique à l’entrée du bâtiment principal mais pour activer le portail, cette simple commande suffisait avec reconnaissance vocale. Les choses changent mais pas l’une des devises de la maison : X Men un jour, X Men toujours.
Aislinn Oldfield
Aislinn Oldfield
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Une minute vingt-sept. (Calie, Aislinn, Toy) R3 Empty Re: Une minute vingt-sept. (Calie, Aislinn, Toy) R3

Message  Toy Jeu 18 Mar - 12:21

Bureau de la Directrice de l’institut Xavier, Etats Unis.

Une ile déserte entourée de palmiers généreux protégeant d’un soleil resplendissant dans un ciel d’azur et un transat agrémenté de cocktails rafraichissant sur une plage de sable fin. Seule cette image mentale arrive de me protéger d’une envie furieuse d’envoyer balader ces fichus dossiers sur lesquelles je planche depuis une semaine. Le manque de sommeil n’arrange rien, mon petit denier, James, fait ses dents et ne me laisse avoir des insomnies au sujet du travail que les laps de temps pendant lesquels il ne hurle pas comme un possédé. Je sais pourtant que c’est une guerre des nerfs que je livre seule, assise derrière mon bureau depuis des mois.

Je sais que si je baisse les bras et que je me laisse noyer par les demandes de « contrôle » du gouvernement, nous serons acculés à la fermeture des locaux et c’est exactement ce que le gouvernement  américain cherche à obtenir. Ils veulent retirer l’épine de leur flanc que représente l’institut, véritable vitrine mutante originelle, et n’y étant pas parvenu il y a vingt ans par la force, ils s’essayent à l’asphyxie financière et la pression administrative. Nos mécènes fondent comme neige au soleil, les média définitivement vendus et sous contrôle ne nous écoutent pas. La situation est dramatique  mais complètement occulté par les respects des accords de façade. Le pourrissement des relations avec New Heaven n’est pas étranger à ce harcèlement, au moins eux, ils ont l’option d’avoir recours à la force pour se défendre, ce que nous ne voulons ni ne pouvons faire. Je doute que cela soit plus simple mais au moins une telle solution aurait le mérite d’être plus  franche.

L’interphone de mon bureau bipa et la voix de Irwyn, mon intendant, se fit entendre.

- Johan, nous avons un problème à l’entrée. Vous attendiez de la visite de New Heaven semble t-il ?

Me redressant sur ma chaise, je pris ma souris en main pour réactiver mon ordinateur, rallument instantanément l’ecran.

- Humm…Oui, effectivement, une affaire personnelle, en effet.


Même si je n’en savais toujours pas le fin mot de l’histoire. Aislinn, la fille de Caitlyn avait demandé une audience sans pour autant m’expliquer clairement le but de sa visite me précisant uniquement qu’elle viendrait « accompagnée » à ce quoi j’avais supposé qu’il s’agissait de Miss Black, sa compagne fraichement devenue Agente X. lors de cet  appel , j’avais cru qu’elle me contactait pour me communiquer des nouvelles de sa mère suite à cet attentat dont nous avions entendu parler mais même Kaya que j’avais harcelé par la suite éludait la question me disant que « ca allait, c’était stable ». Je connaissais parfaitement Kaya pour comprendre que ce refus de plaisanter ou de s’étendre sur ce sujet augurait du mauvais, surtout si comme je l’avais appris elle avait été un dégât collatéral des événements

- Et bien, poursuivit Irwyn, le système de sécurité interne n’a pas reconnu l’une des personnes mais le portail s’est ouvert malgré tout.

J’haussais les sourcils, fortement intriguée par cette brèche dans la sécurité. Nous avions dépensé des fortunes pour rendre cet endroit le plus sur possible.

- Comment a-t-elle pu entrer, elle l’a piraté ? Une cyberpathe ? Questionnais-je tout en me connectant sur la camera en question et ses paramètres de fonctionnement.

- Non, elle a utilisé un code vocal de l’ancienne monture du système appartenant au protocole « Danger », ce code était toujours actif et personnellement j’en ignorais l’existence.

- Comm..

Je ne terminais pas ma phrase, ma navigation interne m’ayant menée  jusqu’à tomber sur la ligne de code qui lui avait permis de pénétrer et voir s’afficher l’autorisation au nom de la x Woman Berserk. Mon sang se glaça à la lecture du simple mot et aussi tôt je basculais sur l’image de la caméra et mon cœur manqua à nouveau un battement. Ce visage sur l’écran, cela ne pouvait pas être elle, c’était tout simplement impossible.

- Johan ?
s’inquiéta l’interphone

Mais mon regard ne pouvait pas se décrocher de l’image et du simple nom de code qui l’accompagnait la photo. Mon cerveau s’emballait, fourmillant de milliers d’hypothèses mais le doute était semé et je savais qu’il finirait par effacer tout argument logique : c’était possible parce qu’en ce monde : tout a toujours été possible. Inutile de rester là, empêtrée dans mon écartèlement entre raison et cœur, autant aller à la source directement.

Je me redressais d’un bond, sentant mon rythme cardiaque s’emballer et l’adrénaline courir dans mes veines. Mon esprit me hurlant que cela ne pouvait pas être elle mais il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. C’était pourtant inscrit en lettre de sang dans les livres d’Histoire que Calie Loretto était morte et enterrée, quelle avait perdu la vie héroïquement lors du Big Day avec ses camarades  à San Francisco à des milliers de Kilomètres de là, un jour où je n’y étais pas moi même. Sa mort m’avait détruite, un souvenir terrible et la souffrance qui s’en échappait parfumait encore ma vie d’adulte comme une vieille amie dont on connait tous les travers et la toxicité mais qu’on ne peut se refuser à lui rendre visite. Le pire disait mon mari, c’était le doute, pour une fois je pourrais lui dire combien il avait raison.
D’un bond, je m’élançais hors du bureau renversant mes dossiers au sol et manquant moi-même de les y rejoindre. Retrouvant l’équilibre, je m’élançais dans le couloir après avoir quasiment défoncé la porte  d’un élan brusque sous le regard stupéfait d’Irwyn qui n’avait pas bougé de sa chaise. Il tenta d’ouvrir la bouche mais d’un geste de la main j’en brisais l’intention. Plus tard, il y a plus urgent.

Je m’engouffrais à travers les escaliers. Je me rendis compte que je courais une fois parvenu au res-de chaussé. Mon esprit se refusait à garder son calme formulant mille hypothèses. Et si Calie était vivante, comment ? Pourquoi maintenant ? Tout était possible, Kaya en était bien revenu et Wolverine le disait si bien lui-même : la mort pour un X Men, c’est juste une mauvaise grippe. Soyons sérieux, il devait y avoir une autre explication, celle qui a donné un sens à ma vie ne peut pas avoir survécu à l’apocalypse.  Et si c’était bien elle ? Que lui dire ? Non…il ne fallait pas se laisser aller à penser à cela. L’impossible a des attraits bien plus enivrants que ce que peut offrir notre vie se noyant sous la platitude quotidienne.  

Qu’est ce que tu m’as ramené Aislinn ou plutôt qui ?
Toy
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Message  Calie Loretto-Oldfield Dim 21 Mar - 14:19



Bureau de l’Intendance de l’institut Xavier, 12 Février 2013 (il y a 17 ans)

Elle devait n’avoir pas plus d’une décennie d’écart avec elle mais on lui donnait tout au plus 16 ans tant elle paraissait fragile et fluette. Mal à l’aise sur cette chaise beaucoup trop grande pour elle, à l’instar de son pouvoir de contrôle moléculaire, Elle semblait n’avoir qu’un dessein : disparaitre de la vue de tous. Johan Kentshaw semblait résignée à recevoir une quelconque sentence et limite s’accablait déjà de honte pour elle. Le regard baissé et l’attitude fautive et pleine de regret : elle n’était résolument pas une habituée des lieux et cela transpiré par son attitude. Daniel Hopes, l’Intendant de L’institut lui parlait déjà depuis plus d’un quart d’heure l’assommant d’un solide et imparable argumentaire dont il avait le secret. Le bon professeur avait à cœur de faire respecter la discipline et Johan s’était pourtant toujours montré sous le jour d’une élève intelligente, calme et attentive, ce qui rendait l’implication de la jeune fille dans cette histoire de règlement de comptes entres élèves assez hors norme. Les rappels à l’ordre du règlement de vie en bonne cohabitation à l’intérieur des locaux  ne me regardaient en rien. C’était pour autre chose que j’étais venu ce jour dans ce bureau. Ce quelque chose n’avait rien à voir avec les assommantes remontrances de Daniel, numéro dans lequel il excellait pour l’avoir rodé un millier de fois entre ses murs avec un public du plus agité au plus repentant.

Mes pensées accompagnaient la jeune fille à travers son épreuve. Johan, ce n’était qu’un mauvais moment et il prendrait  fin bientôt. Il fallait user d’astuce dans ces moments là.  Lorsque cela m’était arrivé, puisqu’être auprès de Caitlyn signifiait forcément connaitre aussi parfois ce genre de séance. Par exemple, penser à autre chose ou se chanter mentalement sa chanson préférée- c’était le truc de Cait, tiens.

Voilà, Le Time Tricker comme on le surnommait alors, s’élançait vers le sprint final, j’en connaissais bien le chemin pour l’avoir éprouvé.

- …Et je compte sur toi pour qu’une telle chose ne se reproduise plus jamais entre nos murs. Tu es assez intelligente pour comprendre combien ce que tu as fait était stupide…

La culpabilisation.

-…et combien cela aurait pu mal se terminer pour tout le monde et les conséquences que cela aurait pu produire.

La peur des répercutions

- Un pouvoir implique le contrôle et même s’il ne s’agit pas de cela dans cette affaire : Imagine comment les protagonistes auraient pu réagir et vers quelle catastrophe cela aurait pu nous amener…


La dramatisation.

- De tels actes auraient pu signifier un renvois définitif et la fin des opportunités qui te sont offertes ici..

La menace

- Mais te connaissant un peu, je ne veux voir là dedans, qu’une erreur d’appréciation. J’attends de toi que cela ne se reproduise pas, est-ce que cela est clair, jeune fille ?

L’indulgence.
La main ferme qui caresse et sait menacer…sacré Hopes, je reste en arrière les bras croisés en une posture ininterprétable.  La jeune Johan acquiesce timidement, trop heureuse de pouvoir s’échapper alors que le professeur se levait, son entreprise de recadrage enfin parvenue à son terme. Il ajouta comme signature.

- Bien. Je saurai m’en souvenir, tu peux y compter. Je te laisse avec ma collègue, réfléchis à tout ce dont nous avons parlé avec tout le sérieux qu’il se doit d’y consacrer. Bonne Journée, Johan.

Un simple sourire de connivence entre nous et je reporte mon attention sur la jeune fille alors qu’il quitte la pièce.  Nos regards se croisent avant qu’elle ne rebaisse à nouveau les yeux comme terrifiée. J’esquisse un demi-sourire, je crois qu’à présent ma réputation me précède ce qui n’est pas forcément à mon avantage avec les personnes aussi timides que Johan.

- Bien, commençais-je. Ce règlement de compte ne me concerne en rien mais sache que Nick et sa petite bande de terroristes en short était déjà sous le collimateur des personnes ayant l’autorité en la matière. Ton petit stratagème pour te débarrasser d’eux  a juste précipité les choses. Je ne dis pas que tu as mal agit mais je ne serais pas aussi extrême que Monsieur Hopes….la meilleure solution consistait à en référer aux personnes en charge plutôt que de faire cavalier seul. Dis-moi, sais-tu qui je suis ?

Elle me jeta un regard en dessous avec une sorte de crainte papable.

- Oui, répondit-elle d’une voix fluette à la limite d’un souffle soupirant, vous êtes une X Woman répondant au nom de Berserk…vous vous appelez Miss Loretto.
- Madame Loretto-Oldfield corrigeais-je en accentuant mon sourire de façade social, nous nous sommes assez battu pour notifier ce changement. Mais tu peux cependant me nommer par mon prénom : Calie. C’est la curiosité qui m’amène ici pour être tout à fait franche. J’ai parcouru ton dossier, tu es une excellente élève Johan mais tu ne brilles pas particulièrement pour tes prédispositions physiques, ne parlons pas non plus de ton don qui n’a rien de vraiment offensif ni martiale. On te décrit comme quelqu’un de timide, effacée et particulièrement sans histoires. Et voilà que cette personne qui s’excuse presque d’exister vient de mettre en échec l’une des terreurs des environs ainsi que ces quatre suivants par un jeu de manipulation et de petits événements les ayant montés les uns contre les autres, le tout lors d’un « grand final » explosif où il ne leur restait pas d’autres solutions que de se taper dessus…C’est assez exceptionnel pour une simple petite adolescente effacée, non ?

Elle ne répondit pas les yeux tombant sur ses chaussures, elle reprit à nouveau cette posture de pénitente contrite. Bougeant d’un geste du bras la chaise du bureau, je m’appuyais sur le dossier pour lui faire face.

- Je sais déjà pour avoir mené mon enquête que tu as agis seule sans l’aide d’aucunes de tes camarades trop terrorisées pour oser intervenir. Je le répète, je ne suis pas là pour te juger mais j’aimerai savoir comment t’es venu l’idée de ce plan, car de toute évidence, tout était préparé à l’avance et rien n’était laissé à l’improvisation.

Elle leva le regard sur moi, une fois de plus hésitante et craintive, sa bouche s’ouvrit mais bien vite se referma.

- Tu sais, Johan, je n’ai pas eu la chance d’avoir de bons parents. Adolescente, j’ai même fréquenté des établissements de « dressages » pour enfants difficiles, je sais combien s’est difficile ce genre d’endroit et combien la loi du plus fort règne. Pour tout dire, j’étais souvent la victime devant plier le genou devant les petits caïds locaux. Bien des fois j’ai passé des nuits entières à tremper mes draps de larmes et suppliant que quelqu’un comme toi mette fin à mon calvaire et donne une bonne leçon à ces brutes.

Elle m’observa avec cette expression de surprise non feinte avant de cligner des yeux. Sa petite voix à peine sortie de l’enfance se fit entendre.

- Mais…vous êtes l’une des personnes les plus fortes de l’Institut. J’étais loin de m’imaginer que vous aviez connu une telle…infortune.

- Mon pouvoir ne m’est apparu qu’à  seize ans passé…et encore, c’était plus pour moi une malédiction qu’autre chose. J’avais vite compris que dans la vie, on arrivait à obtenir des résultats que de deux façons, soit par la force ou par le calcul…Je n’étais pas assez finaude pour élaborer une stratégie, par contre toi…c’est complètement ton cas, pas vrai ?

Elle acquiesça en fuyant mon regard, puis murmura.

- Je suis….assez douée pour ça…j’ai une facilité à « voir » toutes les implications que peut avoir chaque actions…c’est comme construire un puzzle…analyser chaque pièces pour pouvoir la placer sur un plan plus vaste.

Mon sourire naissant s’accentua définitivement alors que je tirais la chaise pour m’installer face à elle.

- Je vois. C’est exactement ce que je pensais.


Une tacticienne et une coordinatrice. Des talents très rares à l’Institut et bien plus précieux que ce que pouvait offrir la déclinaison de pouvoir du gène X. A ma connaissance seule Sage excellait dans le domaine entre les murs de l’Institut. Ce don ne s’apprenait pas mais il s’éduquait, se peaufinait comme on poli une pierre précieuse. Il ne fallait surtout pas laisser passer ce talent inné. Une question cependant me taraudait.

- Et pourquoi alors que ton plan s’est si merveilleusement bien déroulé, as-tu trouvé judicieux de narguer Nick et ses sbires pour leur avouer que tu étais à l’origine de tous les déboires  alors que tu aurais très bien pu ne pas être inquiété et rester dans l’ombre ? Etait-ce simplement par vanité ou triomphalisme ?


- Oh ! bien sur que non m’dam ! S’offusqua l’intéressée. Si je ne m’étais pas dévoilée, ils auraient recommencé. Il fallait qu’ils sachent, qu’ils comprennent que l’on trouvait toujours quelqu’un de plus fort que soi et que cette leçon puisse leur apprendre la modération et peut-être le changement. Si un échec face à un mur peut mener à une remise en question, alors ce n’est que profitable.  Tout le monde peut changer, il suffit de produire cette prise de conscience.

Mon sourire s’estompa sous ses paroles. Un tel discours, une conviction si profonde…Cette fille était définitivement une pierre précieuse. J’en restais stupéfaite qu’elle puisse en être arrivée à une telle maturité de conviction et dire qu’on ne l’avait jamais repérée avant !

- J’ai dis quelque chose qui vous a dérangé, si c’est le cas, j’en suis navrée M’dam Lorreto-Oldfield
, murmura-t-elle d’une petite voix peinée.

- Oh que non, répondis-je avec empressement, c’est juste qu’un tel discours s’entend trop rarement et c’est quelque chose de plaisant à entendre.

Je mesurais mes mots, reprenant mon souffle, cette fois ci et paradoxalement, c’est moi qui ressentais un trac terrible.

- Nous avons à discuter longuement Johan, conclus-je en posant les mains sur le bureau… mais d’abord, dis moi donc ce que tu sais des X men et ce que tu crois savoir de leur rôle ?
___________________________________________________________
Institut, parc, temps présent.

Quel que soit le temps qui s’écoule, on dit souvent que les lieux savent garder leur âme. Dès lors revenir sur ses pas colore inévitablement son ressenti de bulles de nostalgie qui nous explosent au visage et éclabousse alors ces lieux d’une vision qui n’est plus ni tout à fait réaliste et neutre, ni tout à fait fantasmée. Tout est différent dans ce parc mais tout est pourtant identique, d’une façon spectrale. C’est un étrange paradoxe qui me saisit en silence alors que j’arpente ce chemin mémoriel. Pourtant en théorie, je n’ai pas eu le ressentit pesant de ces années qui m’ont échappées alors que je n’étais plus physiquement présente mais la vision de ce que fut l’Institut et de ce qu’il est à présent m’intimide et me bouleverse au-delà des mots comme il nous arrive parfois de repasser devant un endroit où nous avons vécu pour s’enivrer de nostalgie et forcément de regrets mélancoliques. Je sais que ce sentiment fut bien pire chez Caitlyn, je l’ai ressenti du profond de mon faux sommeil.
Aislinn est plus délicate qu’il n’y parait, elle se garde bien de troubler le silence par quelque inutile langage alibi, marchant quelques pas derrière moi comme on couve d’un regard attendri les premiers pas d’un nouveau né. Mon regard se veut aussi solide que possible, les yeux aussi secs que la force de retenir les larmes me le permet mais je crois bien qu’elle devine les pensées qui m’agitent.
Je reviens vers toi, Institut.

C’était chez moi, ou plutôt chez nous. Nous nous sommes battus pour protéger ce lieu, nous avons pleurés ici et beaucoup saignés pour dire la cruauté des faits. Mais c’est aussi ici que nous avons appris la tolérance, l’indulgence, l’entre aide et le réconfort. Mais c’est beaucoup plus personnel que se veulent ces valeurs altruistes et universelles parce que c’est aussi notre histoire. C’est dans ce parc que nous nous sommes embrassés, caressés et même plusieurs fois fait l’amour à l’abri des regards indiscrets. L’air, le sol, tout est saturé de chacune de nos bribes d’émotions, de souffle de nos vie.
C’en est troublant, vraiment.  

C’est bien ici que nous avons appris à aimer la terre qui supportait nos poids, que nous avons compris que c’était l’essentiel, le plus important, bien plus précieux que tout ce que nous pouvions nous offrir ou obtenir : le don d’être au monde et de le chérir.
D’abord silhouette informe, je la vois qui s’avance ma rencontre.  Sa démarche est saccadée à la limite de la course et je vois la difficulté qu’elle souffre à se freiner. Johan. Son empressement me fait prendre une profonde inspiration, bien que je sache déjà à quoi elle ressemble grâce aux souvenirs de Caitlyn, j’ai tellement peur de voir ce que ces quinze années ont pu faire à son visage juvénile. Je ne veux pas la voir vieillir, je ne vois pas voir ces ridules devenir rivières puis fleuves et creuser sa peau jusqu’à la mort. Comme c’était facile de moquer Caitlyn lorsqu’elle me faisait part de ce poids de se savoir condamner à voir les êtres chers se faner autour d’elle ! Comme c’était pratique de lui sortir la sempiternelle excuse de « l’ordre des choses »  que de se voir accuser le temps abrasif sur son être ! Elle est encore loin mais je la vois qui s’immobilise enfin, sans doute transpercée par l’émotion.  

Un moment terrible pour moi, d’autant plus qu’il n’a jamais été désiré et j’ai beaucoup de mal à refouler cette honte difficilement compréhensible qui m’étrangle. Ma mort a causé des ravages chez ceux qui m’aimaient et je le sais cruellement comme je sais que je n’ai rien fait pour l’éviter alors qu’il m’aurait juste fallu accepter l’évidence de l’inéluctabilité de mes choix. Simplement faire marche arrière en écoutant la voix de la sagesse plutôt que celle du sacrifice.
Nous sommes à présent à moins de cinquante mètres et elle me dévisage avec une expression de stupeur. Son doute est perceptible, son cœur semble hurler mais sa raison la crucifie sur place. Quant à moi, je n’ose aucune parole, tout ce que je pourrai bien lui dire me semble si incongrue et futile, en décalage complet avec ce qu’elle peut bien ressentir. D’un geste lent et précis, je dégage mon visage de la capuche afin qu’elle puisse parfaitement me reconnaitre. Mes cheveux ont pris un peu de longueur car je ne les coupe plus depuis mon retour mais j’ose espérer que je me ressemble assez. Il faut rompre cette prison de silence.
Un effort Calie !  Je tourne cent fois une phrase en tête, ne trouvant l’accroche judicieuse alors que je m’immobilise à une vingtaine de mètres d’elle. Il est temps, tant pis.

- Je..ne…sais pas quoi dire.

Une vérité nue et malhabile.

Ca a le mérite d’être franc alors que l’anxiété me dévore et que je scrute la réaction de mon interlocutrice. Ses yeux s’écarquillent me faisant comprendre que ma voix est exactement celle de son souvenir. Les morts parlent donc, c’est une chose peu commune et difficile à intégrer, j’arrive à m’en amuser pour moi-même fugacement. Je vois sa tête basculer et son corps perdre sa tension extrême : seigneur : elle s’évanouie !

Elle s’effondre sur elle-même alors que je sens l’adrénaline exploser littéralement dans mes veines sous le coup de boost de mon pouvoir. Elle n’a pas touché sol et Aislin n’a pas commencer sa phrase que d’un bond surnaturel, je la cueille au passage, la prenant dans mes bras en posant un genou à terre. J’entends Aislinn courir derrière moi et s’arrêter à son tour. Je te regarde enfin Johan et je vois le poids des années, le poids de la charge que tu portes, de cette fatigue accumulée. Ton visage est magnifique et tu as gardé cet aspect femme enfant qui faisait de toi une douce ingénue si dangereuse. Tes yeux se rouvrent et questionne mon visage penché sur toi. Tant de choses dans ton regard, tant de questions, tant de « si tu savais ». Je ne sais pas non, mais j’imagine tout ce chemin de croix. Les choses n’ont pas été faciles pour toi parce qu’elles ont été éprouvantes pour toutes les Amazones, Caitlyn a sombré, d’errances en absences, étouffées par les remords, Kaya s’est perdu dans l’ivresse de l’autodestruction et de la vengeance, et toi ma petite protégée, quelle a été la noirceur de ton chemin ? Et voilà tes yeux qui se noient et mon cœur qui se serre à nouveau. Un frêle murmure.

- Toujours aussi sentimentale, puceron.

Ce surnom affectif que je lui donnais fini par emporter sa défaite alors qu’elle éclate en sanglots lourds, les bras serrés autour de mon cou. Et nous restons là sous le regard mouillé d’une Aislinn ne sachant réellement où se mettre, se sentant à juste titre un peu de trop et moi la tenant agenouillé dans mes bras. Oui je suis revenue Johan, oui j’ai beaucoup de choses à t’expliquer et ton pardon à quémander, mais je vois dans ces sanglots si violents que je l’ai déjà.
Alors que ses spasmes ne semblent pas vouloir se terminer, je lui murmure la voix brisée par une émotion que je n’arrive plus à faire taire.

- Je suis désolée Johan, je suis terriblement désolée.
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Une minute vingt-sept. (Calie, Aislinn, Toy) R3 Empty Re: Une minute vingt-sept. (Calie, Aislinn, Toy) R3

Message  Aislinn Oldfield Jeu 25 Mar - 7:38



C’est comme une résurrection, et à dire vrai c’en est une.

J’ai bien du mal à m’imaginer ce que l’on peut ressentir lorsqu’on en est le témoin ému et pourtant, nous appartenons à  une famille largement éprouvée par les aléas du sort mais je n’ai pas été vraiment ébranlée par le retour de Calie, c’était juste, comment dirais-je, assez inattendu. Si on y réfléchit, J’étais là au moment où Caitlyn s’effondrait littéralement alors que Kaya avait fait sa réapparition face à sa propre tombe dans le Mémorial de new Heaven. L’émotion palpable de ce jour là fut néanmoins un peu différente mais elle me rappelle inévitablement celle-ci même s’il en a fallu beaucoup plus pour convaincre maman alors que ma conviction fut forgée en dix minutes à peine. C’est plus simple d’espérer au bonheur plutôt que de souffrir l’infortune. Jusqu’ici je n’ai connu que le pire rôle, celui d’annoncer des nouvelles terribles comme la disparition de maman à mes deux sœurs. Jade s’était contentée d’analyser froidement les fait et mon témoignage, de calculer quelles étaient les options et les solutions que l’on pouvait apporter à ce qu’elle considérait comme un nouveau « problème » à résoudre. Cette démarche s’accompagnant d’une mise à l’écart totale de son affect en dehors de la situation. Une attitude déstabilisante pour qui ne la connait pas mais un calfeutrage inévitable en son monde comme à chaque fois que les faits la touchent intimement. Elle s’était fermée un long moment  à la recherche d’un point d’encrage dans sa propre logique tout en se coupant de la peine des autres, de notre souffrance. Elle fut incapable d’un seul mot de réconfort. J’ai du gérer Ariella seule. La souffrance abyssale d’Ariella et la colère démesurée de Shadow furent une double épreuve dont je me serais bien passée.  Ce fut la première fois que j’ai du agir « physiquement » contre elle, la ceinturant pour l’immobiliser et lui parlant pendant plus de vingt minutes avant qu’elle daigne enfin cesser d’agir par pulsions de violence. C’est ce jour là que je me suis rendu compte de l’attachement déraisonnable qu’Ari et Shadi  éprouvaient pour Caitlyn et du traumatisme à nouveau répété que sa disparition engendrait chez elle. Paradoxalement, c’est elle la plus « Oldfield » de la fratrie, je le craints.  Jade s’est donc assommée de travail et moi, j’ai du gérer ma jeune sœur seule en plus de  Mati. Je me demande parfois si mes sœurs seraient capables d’un tel dévouement à mon égard, j’ai bien peur de connaitre la réponse. Tout essayant de chasser ces pensées mélancoliques, j’assiste impuissante à ce long moment de silence embarrassant.

Toy caresse le visage de Calie en un geste lent dénué d’affection, il s’agit juste pour elle d’un réflexe pour  s’assurer par le toucher de la réalité de la situation qu’elle est entrain de vivre.  Calie finit par desserrer son étreinte mais son élève est toujours sous le poids d’un choc monumental la laissant un peu hébétée. Je sais ce qui suivra, je vois combien cela va être compliqué. Quelques pas en avant puis je m’agenouille à mon tour face à elles, leurs visages se tournent vers moi et je cherche d’abord l’attention de Johan par quelques mots prononcés avec douceur.

- Je m’excuse de ne pas avoir pu t’en parler avant, il s’agit bien de Calie mais cette information est pour l’instant confidentielle auprès des services d’Etat. Les circonstances de son retour font qu’on ne tient pas à que tout cela s’ébruite.

Son regard me renvoi une totale incompréhension, nous en sommes maintenant au pourquoi et au comment. Procédons étape par étape.

- On va t’expliquer tout ça, mais si tu veux bien, j’aimerai un lieu plus à l’abri des regards et des oreilles indiscrètes. J’ai l’autorisation d’Ororo pour te tenir au parfum mais…

Elle ne lâche pas Calie du regard mais ses lèvres se desserrent enfin pour balbutier.

- Bien..bien entendu
…, sa voix semble toujours brisée par l’émotion et soudain une lueur semble exploser sur son visage.

- Mon Dieu…Caitlyn…ele doit être…elle doit…

Elle se refuse à terminer sa phrase se rendant compte en prononçant ce nom de la problématique que le retour de Calie Loretto pose dans nos existences qui ont évoluées avec le temps. Je sais que Kaya était sa meilleure amie et que leur relation est toujours assez proche .Ce retour inopiné se présente comme un chien dans un jeu de quille en ce qui concerne la vie sentimentale de ma mère, la jetant aux yeux des autres dans un triangle amoureux des plus explosif. Ces autres n’ont pas le fin mot de l’histoire, cette fusion des sentiments est une chose trop personnelle pour l’aborder avec le premier venu. Il n’empêche qu’en réalité la situation est encore plus compliquée qu’il n’y parait.  Je vois au sourire crispé de Calie qu’elle aussi a parfaitement compris la situation impossible dans laquelle Johan se trouve.

- Ca aussi…ça fait parti des choses dont on doit discuter, ajoutais- je à leur attention collective cette fois ci…mais pas ici, s’il te plait.

Elle hoche la tête avant de se relever en prenant une forte inspiration. La voilà de nouveau solide et sa démarche reprend son assurance. Je ne connais pas très bien Johan, elle fait parti d’un autre temps et d’une autre époque. Un visage échappé de cet étrange passé légendaire, celui là même que nous autre la garde de relève appelons parfois avec respect : l’âge d’or des héros. Mais je sais moi, pour les avoir observée au plus près, combien ils en sont sortis cabossés et brisés ces héros, de cette époque de larmes et de sang.
________________________________________________________________
Bureau de feu Charles Xavier, Institut, 30 minutes plus tard.

Difficile de situer cette photographie par rapport à l’âge qu’elle affiche sur l’image. Elle pose, un peu empruntée, affichant une sorte d’expression embarrassée. Un sentiment étrange me parcours à la voir ainsi, dans son uniforme de X Woman avec déjà son long manteau rouge sang, ce qui finalement me donne l’indication qu’il doit s’agir de quelques temps avant la chute de l’Institut. Calie, droite comme un i se tient à ses cotés. Elle pose les bras croisés en une posture pleine d’assurance avec un demi-sourire qui a tout du rictus. Je reconnais quelques illustres légendes sur cette photo de groupe, comme Ororo et Wolverine sur la droite ou Malicia dans le fond qui semble occupée en pleine conversation avec Jean Grey. Le cadre est bucolique : cette verdure, sans doute le parc, du moins celui qui a précédé celui qu’on a traversé. Les jours heureux…avant que tout ne se précipite et que leur monde s’effondre. Mon regard continue de parcourir les photographies à la recherche de ces visages aujourd’hui disparus. Je préfère me concentrer sur cette tache, ce bureau m’impressionne énormément. Johan nous a expliqué qu’elle ne s’était pas résolu à le modifier et l’avait reconstitué comme il l’était au temps du professeur Xavier, le créateur des X men et maitre des lieux. Il émane de ce véritable musée un message qui résonne si fort qu’on ne peut être que bouleversé par sa portée. Du haut de ces morts, de ces héros tombés pour notre liberté et notre souffle, il hurle qu’on se souvienne que ce qu’ils faisaient là importait, qu’ils y ont mis jusqu’à leur âme et que finalement rien ne les aura fait reculer.  Un frisson me parcours alors que Calie s’est rapprochée de moi, perdant à son tour son regard sur des scènes qu’elle aura eu la chance de vivre.

- Charles adorait avoir ses enfants sous les yeux, il disait que ca l’aidait à mettre en perspective du chemin qui avait été parcouru et que ça lui donnait le courage d’endurer celui qui restait à parcourir.

Sa voix était chargée d’une mélancolie bien perceptible et ses gestes lents et mesurés trahissaient toujours une certaine appréhension nostalgique bien perceptible depuis qu’elle avait pénétré le bâtiment. Son doigt doucement vint effleurer le verre du cadre de la photo de groupe que j’observais quelques instants auparavant. Un demi-sourire naquit alors que l’index en caressait l’image de Caitlyn.

- Je me souviens de celle-ci, murmura-t-elle, c’était un jour heureux, nous étions à peine mariées. Ta mère est toujours mal à l’aise sur les photographies. Elle n’aime pas son image. Elle ne se trouve aucune beauté. Combien de fois a-t-elle pu me seriner avec ce complexe, ne comprenant pas ce qu’elle pouvait avoir d’attirante à mes yeux.

- Sans dec ? Demandais-je, un peu bluffée par cette révélation que j’ignorai sur ma mère.

- Oui, ca a toujours été l’un de ses gros complexes, croire qu’elle n’était pas à la hauteur des espérances des autres même dans le domaine sentimentale. Elle a constamment le besoin qu’on la rassure, qu’on lui démontre qu’elle ne correspond pas à l’idée dépréciée qu’elle se fait d’elle. Elle mourrait de trouille sur cette photographie. La peur et une pointe de colère et de déstabilisation.

- Ah ? questionnais-je toujours sous le coup de cette facette d’elle-même qui m’était totalement passé à coté.

- Ce que la photo ne dit pas c’est que quelques secondes avant le clic, je lui ai sournoisement ploté les fesses…pour la décrisper un peu…et aussi parce qu’elle a des fesses adorables et que j’en avais envie.

J’affichais une mine un peu stupéfaite sentant l’embarra me colorer légèrement les joues comme une vulgaire adolescente. Elle pencha gracieusement la tête pour découvrir un sourire chaleureux et indulgent.

- Comme si je ne t’avais pas vu faire exactement la même chose avec Maeve pas plus tard que ce matin dans les couloirs du X Center.

Je me raidis, la rougeur me gagnant les joues et je bredouillais.

- Oui mais non, c’était.. c’était pas la même chose.

- C’était EXACTEMENT la même chose, petite. C’est toujours l’Amour. Et celui là, loin de nous diviser a toujours fait notre force. Je suis contente que tu partages à nouveau ça avec Miss Black. Ah voilà notre hôte.


Johan ouvrit à nouveau la porte, portant un plateau sur lequel reposait un service à thé et un mug de café pour Mati. Nous avions déjà débriefé le plus gros de l’histoire avec elle. A ma grande surprise, elle avait plutôt bien encaissé les faits et s’était montrée des plus attentives. Elle déposa son plateau sur le bureau avant de s’installer dans la chaise.

- J’ai eu beaucoup de mal à retrouver ces photos, commenta-t-elle, et il en manque toujours…Tu lui parlais de l’Age d’Or ?

- Entre autre.

Ayant répondu, elle s’installa sur l’un des sièges, posant son regard sur moi pour m’inviter à faire de même. Pendant que Johan s’occupait du service, elle reprit.

- Merci Johan. C’est très noble à toi d’avoir cherché à conserver ce lieu dans son jus. Comme tout ce que tu as fait ici…nous te sommes infiniment redevables d’avoir gardé en vie l’Esprit de Xavier.

Calie préférait le café alors que moi en pure ressortissante des iles britanniques, je préférais le thé ou les alcools forts comme ma mère d’ailleurs. Johan acquiesça silencieusement, en nous tendant nos tasses, puis répondit

- Tu sais comme moi que ca a toujours été mon unique ambition, même à l’époque des « Amazones », c’était moi l’élément qui cherchait toujours la voie de la conciliation. On ne se refait pas.

- Les Amazones….toute une époque…lâcha Calie d’une voix où perçait une fois de plus une pointe de nostalgie.

Johan la couva d’un regard où luisait toujours une sorte d’émotion contenue. Elle s’adossa au fauteuil plus confortablement et ajouta

- Même si l’équipe n’existe plus… Kaya, Caitlyn, toi et moi : les équipières sont à nouveau réunies, c’est un événement impossible qui se concrétise sous nos yeux

- Et nous allons œuvrer pour qu’elles le restent, ajoutais-je avant que l’ombre dans le regard de Calie puisse naitre.

L’intéressée laissa passer un silence indécis avant de conclure d’une voix plus solennelle.

- Oui…C’est ce que tous nous disons…

La devise des Suivante d’Alia, c’est vrai que Calie fut l’une des nôtres et qu’elle avait été initiée comme protectrice du Premier Sang. D’ailleurs la Doyenne m’avait fait savoir qu’elle devait me parler, je ne lui avais pas encore répondu, le temps m’avait manqué. Je supposais que le propos en était la « disparition » de Caitlyn. Une fois de plus, j’allais devoir encore me justifier. Tout cela m’épuisait.

- C’est ce que tous nous disons. Répondis-je en écho en baissant les yeux.
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Message  Calie Loretto-Oldfield Ven 26 Mar - 11:20


La maxime des Suivantes d’Alia m’avait paru forte à propos. Je vis le regard intrigué de Johan aller d’Aislinn à moi lorsque ma fille m’en donna la réplique mais je choisis délibérément de la laisser dans le flou si elle ne s’aventurait pas à mes questionner à ce sujet. Au fond, c’était un lien que je partageais avec la famille et qui me faisait une raison supplémentaire en plus de sa filiation de protéger Aislinn et Cait par tous les moyens puisqu’elles étaient du sang des Oldfield et même du Premier Sang si on se référait à la mythologie des Suivantes. Je m’étais longuement entretenu bien avant Ultimate avec la doyenne du Clan. J’étais intriguée par l’histoire familiale et les prophéties qui s’y rattachaient. Le Retour d’Adrien avait montré définitivement que mon intérêt pour la famille Oldfield n’était pas inutile. Bien heureusement, Caitlyn avait définitivement soldé le compte de ce père particulièrement infâme.  J’avais toujours le souvenir de sa haine et de sa rage lors du combat qu’elle lui livra pour libérer Aislinn de ses funestes desseins.

Ce souvenir restait toujours prégnant en mon ame puisque ces deux émotions si fortes, m’avaient réveillée pour lui prêter main forte au court de la bataille. Je ne fais jamais dans la demi-mesure et Adrien en avait fait les frais. Tôt ou tard, il aurait causé du tord, je regrettais juste de ne pas avoir été totalement lucide pour avoir le plaisir de ressentir sa vie que nous avons écrasée s’enfuir de chaque pore de son être. On ne touchait pas à ceux que j’aime où on en payait de lourdes conséquences. Ce que je ne dirais pas à ma fille, ce que Caitlyn sait si bien et ce que je n’avouerai jamais, c’est combien je prends plaisir à faire souffrir ceux qui m’ont fait du mal. Je n’ai aucune pitié, jamais. Cette part sombre de ma nature, seules Malicia et Caitlyn l’ont perçu et je ne m’en suis jamais véritablement ouverte à elles à ce sujet. C’est une honte que je porte seule.

Je portais la tasse aux lèvres pour en sentir l’arôme réveiller mes origines latines, un plaisir si simple mais si essentiel. De ceux qui nous passent devant sans qu’on les juge réellement à leur vraie valeur.  Du coin de l’œil je vis Aislinn grimacer légèrement en avalant son breuvage : les américains n’excellaient pas dans l’art du thé, c’est bien connu. Cette mimique me rappela inévitablement sa mère, elle lui ressemblait tant par moment, dans ses expressions comme dans sa gestuelle.

- Bien, puisque personne se semble vouloir se lancer sur le sujet, commença Johan, est ce que vous avez déjà un plan de bataille pour récupérer Caitlyn ?

- En théorie, oui mais c’est la pratique qui pose problème, répondis je calmement en reposant la tasse sur le bureau.

- Nous avons une opportunité si j’arrive à éveiller ses pouvoirs et déclencher un phasing. Le problème c’est que si nous savons que Cait est toujours là, nous ignorons toujours comment l’aider à s’éveiller. Cela peut prendre un certain temps. Il m’a fallu 15 années pour revenir et j’ignore toujours comment s’est produit cette permutation et comme j’ai tué accidentellement la seule scientifique ayant initiée le protocole..

- Tu ne l’as pas fait volontairement ! s’offusqua Aislinn

- Le résultat est le même, elle ne peut plus nous aider.

- Mais Beast dit que..

- Mc Coy est devenue névrosé et paranoïaque, c’est à peine si je l’ai reconnu, c’est une épave à la dérive
. la coupais-je sur un ton bien plus autoritaire.

- Calie n’a pas tord. Caitlyn elle-même ne faisait plus confiance aux autorités de la cité Nation, Kaya me l’a confirmée, ajouta Johan d’une voix qui se voulait rassurante.

Aislinn se leva d’un bond manifestant une fois de plus sa difficulté à garder son sang froid et son incapacité à tenir en place plus de dix minutes.

- Oh là ! Deux secondes ! On en a déjà parlé ! Inverser le phasing est la dernière étape de ce qu’on doit faire et on ne le fera pas avant que…

Elle hésita avant d’exprimer un geste de découragement. Mon expression se fit plus froide et le ton qui s’en suivit plus professoral.

- Aislinn, les choses que l’on n’arrive pas à sortir, n’ont pas vocation à rester en suspend, tu en dis trop ou pas assez. Assume tes pensées ou enterre-les.


Du coin de l’œil je vis Johan secouer la tête en un geste amusé. Combien de fois lui avais-je tenu un discours analogue, plus que de shots d’alcool que Megan pourrait s’envoyer, me dis-je in petto.  Aislinn me foudroya du regard en une attitude d’écorchée vive révoltée. C’est agréable de voir sa vraie nature ressurgir sous ce polissage de parfaite agente à la solde de la Nation X

- On ne fera rien tant qu’on ne se serra pas assurée de ton devenir. Il est hors de question que tu t’évanouisses à nouveau dans les limbes, c’est clair ?  

Oh oui tu as du caractère Petite, je le vois bien mais ce ton autoritaire n’a jamais réellement fonctionné sur moi. Je me contente d’esquisser un léger sourire et détourne le regard pour conclure.

- Je crois que ma fille a parfaitement résumé la situation, même si elle y met un peu trop de passion à mon goût. Nous y travaillons toujours, Johan.


Cette dernière hésita un instant avant de ce décider à verbaliser ce qu’elle avait en tête.

- Et toi Calie ? Qu’est ce que tu voudrais vraiment dans tout ça ?

Je la jaugeais d’un regard froid comme je le faisais jadis, lorsque la conversation prenait un sérieux évident. La dureté qu’elle me renvoya me fit réaliser complètement à quel point la femme devant moi était différente de la jeune pupille que j’avais laissé derrière moi. Je finis par baisser les yeux, elles voulaient toutes deux de la sincérité et je la leur devais. De toute façon mon choix était entériné depuis cette explication avec Aislinn.

- Je l’ai déjà exprimé, je n’ai pas demandé à revenir. En tout cas pas dans ces conditions. Calie Loretto est morte pendant la bataille du Big Day et tout aurait dû s’arrêter là. Il a fallu 12 années pour Caitlyn pour faire mon deuil et commencer à retrouver de la joie de vivre. Kaya a enfin su trouver son cœur, je la remercie pour ça même si…même si ..enfin, tout cela est difficile à accepter pour moi et je préfère ne pas en parler. Je n’ai plus ma place dans ce monde, à cette époque…New Heaven, désolée mais c’est de la connerie, à des années-lumière de la vision que nous avions et pour laquelle nous avons donné notre vie. Vivre dans ce monde ne m’intéresse pas, je le rejette.


Je sens Aislinn bouillir à côté de moi. Me tournant pour trouver son regard, mon cœur se serre littéralement en votant combien ce que je dis l’affecte et la fait souffrir.

- Cependant.


Je n’ai pas pu faire autrement que de lâcher ce mot, sa souffrance m’insupporte.

- Cependant. Si on me donne l’opportunité de poursuivre mon existence, je me dois de m’y accrocher pour toi, Aislinn. Et sans doute pour Caitlyn car je sais qu’elle a tout tenté pour me faire revenir et qu’elle ne supportera pas de me voir retourner à l’oubli après n’avoir fait qu’un simple Caméo. Son amour n’a pas disparu, je le sais bien et je le ressens en moi. La vie qui m’appartenait, j’ai fais la bêtise de la foutre en l’air. Celle qui m’est donnée aujourd’hui ne m’appartient plus vraiment.
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Message  Toy Mar 30 Mar - 14:58



Institut Xavier, Hangar du X Jet, il y a 16 ans.

Il était rare que je m’aventure dans un tel endroit. Contrairement à ce qu’on pouvait penser, les activités des équipes de X men étaient complètement cloisonnées de celles du reste des élèves de l’Institut. Tout avait été pensé comme s’il existait deux facettes bien distinctes de la mise en œuvre de la vision du Professeur Xavier : le monde de l’éducation d’une part avec les élèves et les cours et celui beaucoup plus martial  de l’intervention « armée » au nom de la mutanité avec sa hiérarchie et ses lieux attitrés.  Il va s’en dire que ca ne me plaisait pas du tout. Si la cohabitation avec Kaya dans une des chambres des apprenties était un plus indéniable à ma vie sociale, cette séparation dichotomique de la main qui protège et donne asile et de celle qui frappe et impose de l’autre n’était pas la bonne voie à suivre à mon gout, mais qui pourrait bien faire grand cas des états d’âme d’une adolescente qui n’osait même pas hausser le ton pour demander la salière à la table du réfectoire ? Je n’étais pas en phase avec la formation de X men même mais je n’en faisais pas grand cas, à peine des remarques que je ne partageais qu’avec Calie mon mentor. Elle apportait souvent un éclairage différent sur mes doutes en me forçant à prendre une certaine hauteur sur ma réflexion et même si d’après elle, il n’y avait aucun dogme officiel sur la doctrine de Xavier mais un nombre de déclinaisons aussi élevé que celui de ses défenseurs, elle faisait de son mieux pour aider. Mais les doutes qui me poussaient à agir ces jours si étaient si étouffant qu’il m’était impossible d’échanger avec elle à ce sujet. Tout autant impossible d’en parler à Kaya puisque j’avais peur qu’elle balaye mes doutes d’un revers nonchalant de la main, elle qui prenait la vie avec une philosophie des plus décomplexée et sans se poser de questions existentielles. Il ne me restait plus qu’à essayer d’échanger quelques mots avec l’autre face de la pièce que constituait l’entité Loretto-Oldfield et un rapide coup d’œil au planning de la journée m’avait permis de savoir où elle se trouvait à cette heure précise du matin.

L’engin nous permettant de nous déplacer dans les airs était véritablement impressionnant. D’aspect effilé et d’un noir profond, il se dessinait comme un jet futuriste truffé de gadgets électroniques, fruit du cerveau de Forge, un X men capable de concrétiser en ingénierie pratique les merveilles des avancées les plus high Tech de notre époque. Je n’avais pas encore eu l’honneur de me déplacer à son bord mais il était de notoriété que le meilleur pilote de cet appareil était Caitlyn. Ce talent me surprenait particulièrement puisque je savais que la rousse excentrique mourrait de trouille dans les airs suite à un traumatisme d’enfance. Je m’étais toujours demandée pourquoi ses performances étaient si exceptionnelles alors que paradoxalement sa peur aurait dû la tenir éloignée d’une telle activité mais adresser la parole à un tel personnage m’intimidait réellement. Caitlyn était franche, trop franche, brusque et sans concessions, elle ne faisait pas réellement preuve de patience et certainement pas de sagesse. Du moins c’est ce qu’elle affichait et bien des fois, Calie m’avait signifié que personne ne la connaissait réellement à part quelques intimes. Je savais aussi le lien qui la liait à Kaya, son apprentie qui pouvait se montrer franchement insupportable mais sa sévérité explosive et son coté « flamboyant » si extraverti me terrifiait parfois.

Caitlyn, on l’entendait souvent bien avant de la voir et cette fois-ci encore l’adage se vérifiait puisqu’une musique rock assez forte beuglait dans tout le sous-sol. Heureusement qu’elle ne m’assommait pas avec ça durant des entrainements, au moins Kaya et elle était branché sur le même trip musical même si la mutante à l’amure organique était beaucoup plus extrême en musique et la rousse plus « Old School », moi seule le classique m’apaisait et comme Calie n’y entendait rien en musique. Je m’engageais sur la passerelle hurlant son prénom à plein poumon pour passer au-dessus du vacarme. Du fond de l’appareil, un hurlement me parvint m’indiquant le cockpit.
Je la trouvais là, en short et débardeur, assise improbable ment en tailleur sur l’un des sièges de pilotage, un stylo sur le coin de l’oreille et perdue dans la lecture d’une checklist devant des moniteurs lui renvoyant un tas de donnés. Elle parut surprise, de toute évidence j’étais la dernière personne qu’elle s’attendait à voir débarquer ici.

- Oh c’est toi ? ‘Tend, scuse, je vais baisser le son, ça m’aide à me focus…

Elle allongea le bras pour pianoter sur le clavier jusqu’à ce que le volume baisse en puissance.

- J’sais, normalement, le jet n’est pas fait pour avoir une console de pilotage avec un genre « autoradio » mais bon, c’est un d’mes petits délires et puis c’est plus cool. Si tu cherches Calie, à cette heure-là, elle est à l’entrainement avec Malicia.
Ajouta-t-elle.

Je ne sais pas ce qui me troublait le plus, qu’elle doive s’abrutir de musique pour se concentrer ou qu’elle ait trouvé le moyen de tuner un jet coutant plus d’un million de dollars pour y ajouter un « autoradio ». Cette fille restait un mystère.

- Non, c’est toi que je cherchais, demandais-je un peu timidement, j’aimerai discuter un peu…enfin si je ne te dérange pas trop, sinon rien ne presse, je peux rep..

Elle ne me laissa pas finir, s »emparant du clavier sur ses genoux pour le remettre sur la console en levant l’index comme pour m’intimer l’ordre de ne pas bouger.

- Hep hep hep ! On ne se sauve pas ! J’sais que j’suis pas la plus people-friendly des X, alors si tu veux faire causette, je suppose que c’est certainement pas parce que Kayasse te pique ton dentifrice. Tu peux tout dire à tata-Catty. Calie te fait des misères, c’est ça ? Moi aussi parfois elle m’en fait mais tu sais en fait j’adore ça quand on joue aux vilaines filles.

Exactement le style de conversation que je ne voulais pas avoir et exactement le pire côté de la rouquine que je ne voulais pas voir à l’œuvre. A quoi je m’attendais, sérieusement ? Je soupirais commençant à faire demi-tour.

- Non c’est rien. Désolée de t’avoir dérangé.

- Ca y est, on y est. Tes doutes te bouffent, c’est ça ?
déclara-t-elle d’une voix beaucoup plus adulte que je ne l’aurai cru possible de prendre.

Je m’immobilisais, la surprise devait se lire sur mon visage. Elle laissa échapper un petit rire amusé avant de soupirer.

- J’suis pas aussi insouciante qu’il y parait. Tu crois que quelqu’un comme Calie me supporterait sinon ? Les doutes, ils nous dévorent tous, même elle. Ce n’est pas parce que j’ai gagné cet insigne dans le sang et la sueur que j’y suis immunisée.

- Je n’ai jamais voulu suggérer que tu..

- Bien sûr que si, coupa-t-elle, mais Osef de ce que tu penses de ça. L’important c’est toi et de ce que tu veux faire ou tu vas faire.  Tu lâches ou tu tiens ? Le choix n’est pas plus compliqué que ça et tout le monde y a été confronté à un moment ou un autre.

- Je ne..je ne sais pas balbutiais-je.

- Bien sûr que si, objecta-t-elle à nouveau sur un ton moqueur qui m’agaçait, ce moment devait arriver et Calie et moi savions que c’était à moi que tu t’adresserais. Seul le « quand » manquait à l’équation. Dis-moi ce que tu as sur le cœur et ce que tu crois être ton choix.

- Je crois que je vais lâcher. Tout ça ce n’est pas pour moi. Physiquement j’arrive à peine à me hisser au niveau médiocre et je n’adhère pas à cette idéologie musclée qu’on prône ici. Pour moi, on doit travailler à l’intégration des mutants, à la coexistence pacifique…j’exècre la violence et tordre le bras aux autres pour les faire avancer même si la direction est la bonne.

Elle resta silencieuse un bref instant avant qu’un discret sourire naisse sur ses lèvres.

- Et si d’abord tu arrêtais de te comparer aux autres et d’enfin considérer ce que tu es parvenu à faire plutôt que ce que tu voudrais faire ? De tous les élèves, tu es celle dont la marge de progrès est la plus époustouflante. T’as pas de « gros » pouvoir ?…La belle affaire ! Ce que tu dois te fixer comme objectif est simplement le meilleur de ce que tu es CAPABLE de faire et crois-moi, ça sera bien assez suffisant. Ne vise pas l’impossible, fais pour le mieux AVEC tes forces et tes faiblesses. Tu n’es pas une super héroïne. Tu veux scoop ? ça n’existe pas, il n’y a pas de « héros », seulement des gens qui font de leur mieux pour changer les choses. Le pompier du coin, pour moi, il mérite autant mon insigne  et celui de n’importe quel X men.
Tu y arriveras parce que tu y arrives déjà Johan. Le physique et le pouvoir, c’est de la grosse connerie.


- Oui mais bon, ça aide quand même…Calie, toi, même Kaya..je fais tache.

- Kaya ? Ca fait déjà deux fois qu’elle est venue me voir en couinant qu’elle voulait tout plaquer, elle s’est même tirée et c’est moi qui l’ai ramené ici par la peau du cul ! Elle se croit nulle et pas à niveau, comme toi, elle ne parvient toujours pas à comprendre ce qui importe vraiment ! Tu croyais qu’il n’y avait que toi ? crétine ? lacha t-elle en soupirant.

Je la regardais avec les larmes au bord des yeux. Je n’aurai jamais pensé que Kaya aussi doutait à ce point. Elle poursuivit

- Moi aussi t’sais. Plus d’une fois j’ai failli renoncer mais j’avais la chance d’avoir Calie qui me hissait, des amis qui m’écoutaient et un mentor qui m’encourageait. C’est un travail d’équipe, Johan…et même au-delà de ce que tu peux bien imaginer.

Sa phrase m’intrigua, aussi je m’avançais pour lui faire à nouveau face.

- Qu’est-ce que tu veux dire ?

Caitlyn pris une inspiration avant de perdre son regard par les panneaux vitré du jet.

- Ca concerne aussi tes doutes sur l’idéologie. Là aussi, ta vision manichéenne des choses t’empêche d’avancer…Nous avons un projet Calie et moi, mais ce n’est pas à moi de t’en parler…Le moment venu, elle le fera comme je le ferais avec Kaya…Pour en revenir à l’idéologie, Nous voulons juste que tu sois toi-même AVEC tes convictions pas forcément une combattante tout droite sortie d’un moule

- Justement, Caitlyn, Comment défendre une idéologie lorsqu’on n’est pas complètement d’accord avec son application ? Demandais-je

Caitlyn soupira comme accablée par le poids de la question, elle sembla un instant hésiter. Sans doute cherchait-elle à rassembler ses mots pour en donner l’illustration la plus claire possible.

- En commençant poser la bonne problématique. Il ne s’agit pas de défendre mais de « répandre ». Tu réduits le concept à une de ses facettes. Savais-tu que grâce à mon don d’hyper mémorisation, j’étais en train de terminer une soutenance en droit civil et pénal ?
- Je…j’ignorai.
- Noooon sans blague ? Railla-t-elle. Normal ! Tu ne vois qu’en moi qu’une folâtre qui répond au nom de Fuzzy et qui lance des éclairs avec une combi full cuir sur le cul…Mon objectif est de faire valoir le Droit Mutant en devenant une spécialiste de la question dans le domaine juridique. Je veux utiliser mon don pour protéger et défendre par la loi les opprimés victimes du climat intolérant qui souffle ces dernières années. C’est aussi cela mon engagement de X Woman, protéger et aider sur tous les chemins possibles De même Calie travaille sur la possibilité d’ouvrir un orphelinat pour jeunes enfants mutants abandonnés, nous travaillons toutes deux sur le financement. Tu comprends ce que j’essaye de t’expliquer ? il y a la Loi et l’Esprit de la loi. L’idéal des X Men c’est de prôner la tolérance qu’importe le gène mais parfois, les voies pacifistes ou interventionnistes ne suffisent plus et c’est à ce moment-là que nous nous devons de mettre nos dons au service de ce concept. Mais pour ce faire, nous devons être capables d’agir au mieux afin de nous protéger de nos capacités et de protéger les autres. Une petite partie des mutants en est capable grâce à leur don, et toi, Johan tu en fais partie. C’est une chance pour tous, ça serait égoïste de ne pas l’utiliser pour une plus grande cause.

- Savoir devenir minuscule, tu parles d’une aubaine…
soupirais-je

- Dire que Calie me gonfle avec ton exceptionnelle perspicacité…Mais bougre d’andouille ! Tu possèdes le génie tactique ! C’est un don humain que tu peux mettre au profit d’une équipe pour les protéger et sauver des vies ! c’est CA qui compte…et ton pouvoir en terme tactique EST un atout stratégique comme par exemple dans des actions de camouflage et d’infiltration ! Travaille déjà tout ça et ensuite, tu trouveras ta voie. Tu as tout le temps de choisir comment tu veux orienter ta quête personnelle et quelle couleur tu vas lui donner « dans » le monde.

Je n’avais pas considéré les choses sous cet angle. Les paroles de celle que je prenais alors pour une excentrique quelconque et sans réflexion me touchaient profondément. Kaya m’avait maintes fois rapporté que Caitlyn Oldfield gagnait vraiment à être connu pour le peu à ce qu’on ne s’arrête pas à ce qu’elle affichait ouvertement. Je commençais à comprendre combien je m’étais trompée à son sujet et que tout ce barnum qu’elle s’amusait à créer autour de son image était sans doutes un subtile mécanisme de défense hérité d’une enfance malheureuse. Cette pensée de découvrir quelqu’un d’exceptionnel amena le spectre d’un sourire sur mes lèvres. Elle y répondit d’une façon analogue et je compris qu’il était bien inutile d’ajouter des remerciements. J’inclinais respectueusement la tête et j’ajoutais

- Pourrais-je me permettre de te demander de te revoir de temps à autres, juste histoire de discuter avec toi ?

Elle s’appuya de ses bras sur ses cuisses affichant un sourire carnassier.

- Ben c’est toi qui vois, fréquenter des lesbiennes, parait que ça pourrait être contagieux hein ?


Cette fois ci elle me fit vraiment pouffer de rire, c’était tout de même un sacré numéro cette fille. J’allais partir quand soudain une question me traversa l’esprit.

- Une dernière chose…tu esla meilleure pilote du centre mais pourtant tu as la phobie des avions ? Mes informations sont inexactes de ce fait ?

Elle se cala dans le siège en croisant les bras sur la poitrine, posant une sorte de regard chargé d’affection sur le tableau de commande de l’appareil.

- Non. C’est la vérité, j’en crève de trouille. Et c’est exactement pour cette raison que je me suis évertuée à devenir la meilleure pilote. Parce que la peur, c’est juste la perte de tout contrôle. Je connais cet appareil sous toutes les coutures et dans chacun de ses mouvements. J’ai « domestiqué » cette terreur. Si je suis à sa manœuvre, je sais alors qu’il repose entièrement entre mes mains et qu’il ne tient plus qu’à moi que tout se passe bien. Je n’ai pas peur avec lui, il me répond comme chacun de mes membres. Pour vaincre une peur, je pense qu’il faut s’y confronter pour la surmonter ou l’apprivoiser.

J’allais lui répondre que je trouvais cette démonstration d’abnégation des plus impressionnantes quand une voix stridente que je reconnu aussi tôt hurla depuis une sorte de talkie-walkie posé non loin d’elle.

- Halllloo ?! La Grange du Castor Roux ? C’est pour  une commande. Je pourrai genre avoir une méga Margarita avec un supplément fromage. ; Ah pis tant qu’à faire un bac total de banana split avec supplément noisette ! Vous prenez les chèques resto au fait ?

Son expression changea basculant de la surprise à la colère difficilement maintenue. Elle m’adressa un sourire trop large pour être  sincère et empoigna l’appareil d’un geste vif.

- Tu m’excuseras…

Elle se mit à hurler.

- BORDEL KAYA !!! JE T’AI DEJA DIT QUE CETTE FREQUENCE ETAIT POUR LES URGENCES !!!! Je termine ce que je fais et j’arrive, tu vas voir par où je vais te les enquiller tes foutues de pizzas ! VAS T’ENTRAINER !!!

Je gageais en quittant le Jet que mon amie allait une fois de plus passer un mauvais quart d’heure. Je quittais le hangar qu’elle était toujours à lui hurler dessus.
_______________________________________________________________________________

Temps Présent.

Ainsi Calie s’était exprimée sur son choix.
Elle voulait rester.
Aislinn sembla retrouver son souffle et moi-même j’avouais en ressentir une certaine satisfaction. Je n’avais jamais connu Calie changer une seule fois d’avis lorsque son opinion était forgée face à une situation. Son cap était tout tracé. Je ne pus m’empêcher d’aller jusqu’au bout de ma pensée.

- Alors en ce cas, il faudra se battre pour récupérer Caitlyn et te préserver toi. Vous avez toujours étés les deux faces d’une même pièce et ce n’est pas seulement une question d’amour. Sans Caitlyn, tu risques de finir par sombrer et te perdre dans tes travers parce que c’est elle qui te donnait ton équilibre. Je la connais assez pour savoir combien dans l’ombre, elle faisait un travail admirable de soutien auprès de chacun d’entre nous en prenant bien garde de n’en tirer aucun mérite. On se doit de la tirer de là puisque c’est possible et je ferais tout mon possible pour y aider. Se retrouver seule sans possibilité de communiquer, c'est une peur qu'elle ne pourra jamais ni dépasser, ni apprivoiser, il faut absolument l'aider.
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Une minute vingt-sept. (Calie, Aislinn, Toy) R3 Empty Re: Une minute vingt-sept. (Calie, Aislinn, Toy) R3

Message  Aislinn Oldfield Dim 4 Avr - 16:31


L’aider ? Mais comment ? Nous n’avions aucune idée concrète à ce sujet. Les paroles de Johan me vrillèrent le cœur. Imaginer ma mère incapable de pouvoir communiquer avec l’extérieur me torturait littéralement. Voyait-elle tous ces efforts qu’on déployait pour la ramener ? Ressentait-elle également ce sentiment obsédant d’impuissance ? Peut-être se sentait-elle aussi trahie pour ce que je ressentais pour Mati ? Comment savoir ? Peut-être trouvait-elle cela injuste ? Comment composer avec son absence et la satisfaction qui m’envahissait littéralement aux mots de cette dernière confirmant sa volonté de vouloir rester auprès des siens ? Se sentir fautive et rassurée à la fois, voilà qui jetait le trouble en mon être.  

Johan et Calie s’échangèrent un regard appuyé. Quel riche passé partageaient ces deux-là ! Un passé dont à mon avis j’ignorai beaucoup de chose. Sans doute cet « Age d’Or » dont parlait tout à l’heure Johan lors de son retour. Calie se décida à rompre ce silence persistant.

- Si elle se trouve dans le côté obscur où j’ai stagné alors tu peux me croire, elle sait comme j’ai su que nous ferons l’impossible pour l’en tirer. Elle reviendra parce que c’est Caitlyn et que Cait revient toujours. Elle aura peur mais elle ne sera jamais seule, elle le sait. La Cait que j’ai connue est une battante, il lui a fallu du temps pour s’en souvenir mais c’est bon, elle s’est réveillée depuis cette époque de chaos.

Elle ferma les yeux un bref un instant avant de soupirer puis ajouta

- Nous allons œuvrer à son retour mais pour l’heure, j’en profiterai aussi pour solder quelques comptes.

Je n’étais pas la seule à avoir tiquée à ses paroles. Johan affichant une expression reflétant une extrême sévérité, elle répliqua aussi tôt.

- J’espère que tu n’as pas dans l’idée de commettre quelques folies irréfléchies

L’intéressée esquissa un léger rictus qui en disait long. Je m’apprêtais à mon tour à appuyer la demande légitime de Johan lorsqu’on frappa à la porte. Une fois l’autorisation d’entrer donnée, une jeune femme d’une vingtaine d’année tenant une petite fillette dans les bras fit son apparition. Cette dernière lui sauta des bras traversant l’espace pour s’immobiliser face à moi pour me contempler avec de grands yeux familiers depuis sa petite taille avec une sorte de réserve sans doute héritée de sa mère. Peut-être que la cicatrise me barrant l’œil droit l’impressionnait, je ne l’avais pas revue depuis. Je lui adressais un sourire solaire en lui ébouriffant sa chevelure courte.

- Hello m’amzelle ! minaudais-je.

Johan se leva tout en remerciant la jeune fille à la porte qui se confondait en excuses.

- Ce n’est rien Jenny, c’est vrai qu’il est déjà 17 heures…ma petite princesse n’est pas vraiment patiente. J’avais promis de lui réserver la soirée…


La petite fille, peu convaincue par mon sourire, galopa joyeusement pour se réfugier dans les bras de sa mère sous mon regard amusé. On disait pourtant que j’avais le feeling avec les gosses, en tout cas c’est ce que me disait souvent Maeve. Être l’ainée d’une sororité a surement joué, j’ai essuyé bien des plâtres entre les caprices de Jade adolescente et les excentricités de Ariella/Shadow dont l’âge mental était resté figé sur « fillette irrévérencieuse » la plupart du temps. Cette petite fille-là n’était pas inconnue à mes yeux même si l’on ne pouvait pas dire qu’on était vraiment proche. Je l’avais vu quelques jours après sa naissance, puis de temps à autres lorsque j’accompagnais Kaya à l’Institut. Elle était timorée et sage la plupart du temps, elle tenait ça de sa mère.  Je n’avais pas parlé de son existence à Calie, un bref mouvement de tête me permit de constater combien elle avait l’air stupéfaite puis son expression changea pour se teinter d’attendrissement, sans doutes avait-elle fait usage de de la mémoire de son hôte pour en savoir plus sur la fillette. Johan agenouillée devant sa fille réajusta le col de sa petite robe bleu avant de s’adresser à elle d’une voix caressante.  

- Ma puce, c’est un grand jour pour ta maman, un des plus beaux jours de sa vie parce que je vais réaliser un rêve que je pensais impossible. Tu vois ? Il faudra se souvenir que la vie peut parfois nous réserver des miracles, et c’en est un. Je vais pouvoir te présenter la personne qui a compté…(elle se corrigea avec amusement) qui compte le plus à mes yeux et c’est pourquoi tu portes son prénom.

Elle la guida par les épaules jusqu’à Calie qui n’avait pas bougé d’un cil.

- Petite Calie, voici Grande Calie.


Il se passa tellement de chose entre le regard de ces deux-là. Ma mère se leva et s’agenouilla devant l’enfant pour l’observer avec ravissement. L’enfant quant à elle ne comprenait pas vraiment d’où venait cette émotion du haut de ses quatre ans. Elle se laissa observer longuement, dansant un pied sur l’autre jusqu’à ce que son ainée trouve enfin ses mots.

- Bonjour, petite…(elle hésita) Calie. Comme tu es belle. Tu es un magnifique ..puceron.

Elle la captura dans ses bras pour l’étouffer d’une longue étreinte, se gardant bien qu’on puisse voir ses larmes rouler le long de ses joues. Par pudeur je reculais d’un pas, le regard voilé de l’émotion communicative. Calie fini par déposer un baiser sur le front de la fillette, lui adressant un franc sourire.

- Tu t’appelles comme moi, c’est vrai ? Questionna la jeunette d’une voix intrépide.

- Oui. Ta maman a du te lire le conte d’Alice au Pays des Merveilles, non ?

- Ouiii ! Avec le chapelier fou et le lapin en retard !! S’agita gaiement la fillette.

- Et bien tu sauras que le prénom Calie, c’est le même qu’Alice avec les lettre placés dans le désordre. On appelle ça une anagramme.

- Une nanagrame ? répéta la petite .

- Presque !  Ria Calie.

- Pourquoi tu pleures ? Demanda-t-elle d’un ton innocent.

Elle la prit à nouveau dans les bras en une étreinte chargée d’affection.

- Ohh…parce que je suis si heureuse de pouvoir te rencontrer.


Alors qu’elle recoiffait l’enfant, lui replaçant maternellement sa frange sur le front, elle interrogea Johan du regard.

- C’est ta plus belle réussite, Johan…Cette petite merveille et son jeune frère…James….deux enfants…comme je suis fière de toi ma grande.


- Ils ne me laissent aucun répit ces deux monstres, en plus mon mari est à l’étranger en ce moment, Jenny m’aide comme elle peut mais s’est parfois dur à gérer se lamenta Johan en haussant les épaules alors que Calie se relevait

Elle me frôla avec un léger sourire laissant courir le plat de sa main sur ma joue, ce qui me surprit et me fit frémir de satisfaction un court instant.

- Qu’importe la patience et le temps que ça peut couter. Il n’y a pas de richesse égalable à celle d’avoir un enfant. J’ai découvert cela après ma disparition.

Ses mots se rependirent en moi en une vague de chaleur apaisante me laissant déstabilisée. Elle en profita pour perdre à nouveau son regard vers les photos avec un demi-sourire.

- Si tu le permets ma fille, j’aimerai m’entretenir un peu seule à seule avec Johan.

Johan nous considéra l’une et l’autre avant d’ajouter.

- Aislinn pourrait emmener Petite Calie au parc de l’Institut une petite heure ? Les mamans ont a discuté de choses sérieuses de toute évidence. Qu’en dis-tu Aislinn ?

J’étouffais un rire sarcastique, ravalant l’affront en haussant les épaules.

- J’en dis que j’ai passé trente piges, j’suis plus une gosse…ni un foutu taxi d’ailleurs.

- Allons allons, railla Johan, on dirait « Marraine Kaya », ne l’écoute pas mon ange, c’est une ourse mal léchée, elle tient ça de son autre mère.

- Tu as DEUX mamans ? questionna l’enfant avec surprise, en se tournant vers moi

Je lui posais une main sur l’épaule la guidant vers la sortie du bureau. Tout en soupirant je lui glissais à l’oreille.

- Oulààà, en voilà une question épineuse ! Si tu me montres le réfectoire on va se manger un gros cookie et discuter de tout ça en allant au parc. C’est Maman qui invite de toute façon !
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Message  Calie Loretto-Oldfield Mar 6 Avr - 18:49


Institut, gymnase, il y a 16 ans


Reprendre son souffle.
J’adore cet instant d’accalmie lorsque la tension nerveuse retombe après ce léger pic d’adrénaline. Je sens ma pulsation cardiaque pulser dans ma poitrine et je ressens mon corps tout entier tendu après cette série de frappe dans le sac de sable. La vague de calme envahit jusqu’à l’esprit me plongeant dans cet équilibre précaire où mon souffle décélère ma tension en un sentiment de plénitude. Je ne peux m’empêcher d’en faire une analogie avec l’état qui suit un orgasme. J’ai toujours été physique, le sexe en est une facette indiscutable. J’ai le besoin de sentir mon corps entier trembler sous l’effort, un peu comme pour en éprouver la vie et même si au fond j’utilise vraiment peu souvent mon don tant il peut être dangereux, l’entrainement physique suffit pour maintenir mon équilibre. Je m’y adonne chaque matin au lever du jour pendant trois heures, jusqu’au milieu de matinée. J’en ai bientôt terminé pour aujourd’hui. Bientôt viendra l’heure d’aller assister au lever de sa Majesté  Caitlyn, indécrottable lève tard, enfin tard à mes yeux, je vois déjà son minois désabusé, tout tiraillé de sommeil qui s’attarde, et sa chevelure hérissée aux mèches retords indisciplinées.  Cette image amène un sourire sur mes lèvres. Une voix connue me tire de ma douce vision.

- Hey Rookie ! Prends une pause, c’est dimanche…C’est pourtant bien toi qui nous a bassiné à vouloir avoir une vie privée, non ? Mon chou…

Personne ne m’appelait Rookie c’est-à-dire la novice à part celle qui m’avait formée. Anna Marie qui officiait  sous le nom de code de Rogue (Malicia) rentrait au bercail après une mission qui l’avait éloigné plus de deux mois. Ce retour ne me transporta pas d’une joie incommensurable même si cette X woman fut celle qui m’avait formée. Depuis ma titularisation nos relations s’étaient distendues voire attiédis.  Mes prises de positions assez intransigeantes et mon émancipation avaient du certainement jouer.  

- Hey Cogneuse ! C’était bien l’Australie ? répondis-je en forçant le ton enjoué  en m’approchant des bancs du gymnase afin de m’emparer d’une serviette pour m’éponger de la transpiration et de quoi me réhydrater.

Elle s’adossa au mur et croisa les bras en une posture théâtrale qui lui ressemblait si bien. Rogue cachait une nature de « poseuse » sous une fausse décontraction. Elle concevait son don comme une malédiction lui pourrissant l’existence mais paradoxalement et pourtant elle perdait trop rarement une occasion de faire étalage de ses capacités, c’est une chose que je n’ai jamais compris chez elle.

- Bof, souffla-t-elle, chiant comme la pluie et le physique des australiens, c’est très surfait en fait…

J’esquissais un demi-sourire amusé en m’essuyant le visage, ca n’appelait pas à un commentaire particulier.

- Mais c’est vrai que toi les beaux gosses ça te laisse froid…elle va bien ta mariée au fait ? Poursuivit-elle

Tout en prenant la bouteille d’eau dans mon sac de sport pour en dévisser le bouchon je lui répondis.

- Elle doit en être à la phase de réveil à cette heure sinon, oui, elle râle toujours pour un rien et se gave de chocolat puisque c’est la saison post-fêtes de Noël.…

Rogue escalada les marches une par une pour s’installer sur les gradins.

- C’est à cause de son apprentie qu’elle s’empiffre et chouine ? .Jean m’a dit que la gamine en pinçait pour le castor roux ? Tu veux que j’aille lui faire causette, histoire de lui faire rentrer dans le crane que c’est chasse gardée ?

Je me tournais pour lui jeter un regard mauvais tout en sifflant entre les dents après avoir but presque la moitié de la bouteille

- Jean devrait apprendre à s’occuper de ses fesses et je n’ai pas besoin qu’on aille casser la gueule aux méchants dans la cour à ma place pour sauver mon gouter, Anna Marie.

Elle s’esclaffa d’un rire gras tout en recoiffant son imposante chevelure. Elle savait qu’elle faisait mouche et que titiller ma jalousie était un de mes points faibles dans une conversation sociale. Quelqu’un qui vous forme durant quatre ans ne peut que trop bien vous connaitre.

- Calmos, chou. Tu m’as l’air à cran. Donc c’est la tienne d’apprentie qui te cause soucis ?  Serait-il possible que tu commences enfin à comprendre que tu t’es plantée ? chantonna t-elle sur un ton où perçait la condescendance.

Je posais la main sur la hanche en une attitude narquoise tout en la dévisageant avec provocation.

- Non, je ne me suis pas plantée. Johan deviendra X woman avant trois ans. Vous verrez tous combien j’avais raison depuis le départ. J’ai confiance en elle et en ses capacités.

Elle secoua la tête avec un léger rire indulgent. J’ignorais si cette stratégie était vouée à me calmer. On ne savait jamais avec Anna Marie.

- Calie…je ne te comprends pas, toi et moi on est des cogneuses, tu aurais dû former une cogneuse. Toy est aux antipodes de notre profil….tu n’es pas idiote et tu le sais bien, elle ne sera jamais à niveau, murmura Rogue sur un ce même ton se voulant apaisant.

- Je n’ai pas choisi une élève en fonction de ce que je pouvais lui apporter mais de ce qu’elle pouvait apporter à l’équipe. Est-ce que tu as seulement regardé ses rapports sur les dernières tactiques de nos missions ? Est-ce que tu te rends compte qu’elle corrige Sage sur ses approximations ? Je ne te parle même pas de son application concrète de l’idéologie du professeur, bien loin de ce que nous sommes nous.

J’ignorais pourquoi je cherchais à la convaincre. Je me sentais plutôt seule dans cette démarche vis-à-vis du reste de l’équipe à part bien sur Caitlyn qui partageait cette vision. Je supposais que mon affection pour mon mentor refaisait surface et que je cherchais toujours quelque part son approbation.

- Bon bon, tu t’emballes ma belle,  à t’écouter notre place à nous est dans un musée. Railla-t-elle en faisant un geste de balayage de la main

- Mais c’est EXACTEMENT le cas ! Johan, c’est l’avenir de l’institut, une nouvelle génération qui travaillera non plus à la préservation des mutants mais à leur intégration AVEC le genre humain, nous ne faisons déjà plus partie de l’Histoire, Anna-Marie, nous sommes dépassés…


Il y avait beaucoup de résignation et d’amertume dans mon propos, suffisamment pour la faire réagir plus vivement.

- Ne dis pas ça, pov’conne, sans nous ça serait le bordel dehors et tu le sais très bien ! m’asséna-t-elle d’un ton beaucoup plus sombre.

Je me défendais d’un sourire désarmant tout en remballant mes affaires. Cette conversation ne mènerait nulle part, celle là comme les autres.

- Je sais, crois-moi, je ne suis pas aveugle mais nous ne pouvons pas n’être qu’une force qui protège et défend, nous devons construire un avenir.

- Des paroles d’une rêveuse idéaliste, ça mon chou…lâcha-t-elle

Je la regardais avec perplexité. Quand ce fossé entre les générations avait-il pu se creuser à ce point ? Était-ce seulement avec Rogue ou bien tous les X Men ? Je gageais que cette divergence de point de vue était un symptôme d’un malaise bien plus profond.  Il fallait en référer à Xavier, que nous puissions échanger ensemble sur ce sujet pour avoir un cap moins obscur, une route moins sinueuse. Je secouais la tête, franchement déçue par l’attitude de mon mentor et au-delà par celle d’une institution tout entière puis j’empoignais mon sac pour quitter les lieux sous le regard désappointé de Rogue à qui j’adressais ces derniers mots.

- Idéaliste oui, rêveuse non parce que moi, j’agis. Et toi Anna Marie ? Tu fais quoi au juste ?

Quelques années plus tard, Rogue mourrait à Chicago face à Ultimate. Une victime parmi tant d’autres d’un changement que nous avons tous vu arriver mais que nous ne sommes pas parvenu à endiguer. Je la suivais dans la tombe de quelques mois pour une logique jusqu’au-boutiste que un peu plus tôt je voulais dénoncer. Nous sommes deux spectres du passé.
____________________________________________________

Institut Bureau de C.Xavier, de nos jours.

Les souvenirs ne veulent pas se taire, cette demeure est finalement encombrée de présences spectrales. Je comprends pourquoi Caitlyn ne voulait pas revenir. La voix De Johan me tira de ma rêverie, interrompant le fil de mes souvenirs.

- Est-ce de la fierté que je vois briller au fond de ton regard quand tu l’observe à la dérobade ? Est-ce du à cette fameuse contamination des sentiments de Caitlyn sur les tiens ?

Je reposais mon attention sur Johan peu surprise qu’elle m’eu percée à jour sur ce point pendant que mon regard à travers la fenêtre du bureau, accompagnait Aislinn qui s’en allait vers le Parc. La perspicacité  De celle qui fut mon élève avait toujours fait parti des qualités humaines que j’admirais le plus chez elle. Si sa timidité ne l’avait pas cloué au sol, quelle grande chef elle aurait pu devenir ! Quoiqu’au fond, c’était elle qui se tenait à présent face à moi dans le chef de celui qui avait fondé l’Institut : son parcours forçait l’admiration. Qu’avais-je fait de grand moi, a part mourir ?  

- Oui et non, répondis-je en me détournant de la fenêtre. Si j’avais vécu, nous l’aurions élevée ensemble comme nous l’avions toutes deux décidées en Irlande, elle porte aussi mon nom et c’est ma fille. Ce lien n’a rien à voir avec celui du sang ou une éventuelle contamination causée par Caitlyn. Ce sont mes propres sentiments et c’est une remarquable personne même si parfois, elle se cherche encore. Les autres enfants de Caitlyn refusent de me parler et j’en souffre beaucoup. Impossible de leur en vouloir, c’est parce que je suis là que leur mère ne l’est plus.

Je me resservi une tasse de thé tout en poursuivant sut le ton de la confidence.

- C’est bien plus problématique en ce qui concerne Kaya. Elle couche avec Cait. Même si c’était la meilleure chose à faire puisque Cait souffrait et que la place était vide, elle couche avec ma femme et j’en crève de rage parce que,  en ce qui me concerne, le temps n’a pas émoussé la passion que je ressens. Mais l’amour de Cait pour Kaya s’est mêlé au mien et je ne pense qu’à une chose : aimer Kaya avec la même intensité que Caitlyn.  Cet amour n’est pas le mien mais il me ronge littéralement.

Je me rassois avec une certaine pesanteur, sentant le poids de l’accablement poser sur mes épaules. Puis après une brève inspiration, je poursuis.

- Bien entendu, la réciproque amoureuse n’existe pas. Je ne suis quand même  pas revenu à la vie pour m’engager dans une expérience de triolisme, je sais que les choses changent mais tout de même…

Un gros soupire s’écrase sur le sol de moquette feutré alors que je sens le mal de crâne revenir à l’assaut, je n’aurai pas du m’enivrer, c’était stupide.

- et me voilà te parlant de problèmes sentimentaux…chose que je n’aurai jamais fait auparavant. Il faut m’en excuser, tu es la seule personne de réellement proche de mon passé qui n’est pas un fantôme, Kaya exclue, même si nous n’avons pas à proprement été proche elle et moi, je savais pertinemment où ses yeux se posaient sous sa mèche violette, même si je prenais ça avec une fausse philosophie.

Johan posa les coudes sur son bureau, joignant les mains sous mon menton en m’adressant un sourire consolateur.

- Te confier à moi et pourquoi pas ? Il y a un début à tout. Après tout, nous sommes des « vieilles amies ». Si je peux me permettre, j’imagine très bien dans quel état doit se trouver Kaya. Ce n’est peut-être pas à moi de dire ces choses mais ton spectre pesait une tonne sur sa vision de sa relation avec Cait. Elle était totalement rongé par la culpabilité et cela n’arrangeait pas son coté autodestructeur et son autodépréciation. Elle doit être morte de honte et s’en vouloir à mort.

Mon regard se perdit dans les ombres dansantes de la surface aqueuse du thé dans ma tasse.  

- Je le sais bien. J’ai lu les souvenir de Caitlyn à ce sujet, encore une chose qui ne me ressemble pas. Je ne sais plus vraiment où j’en suis Johan. Moi qui ai toujours été la première à désigner une direction et un objectif. Je n’ai plus confiance en ce que je fais, ni ce que je suis. Je suis vraiment perdue comme une sorte de fantôme qui erre sans savoir où aller.

La directrice visiblement émue murmura sur un ton réconfortant.

- Tu n’es plus seule Calie, nous sommes là pour t’aider.

J’inspirais vivement pour planter à nouveau mon regard dans le sien avec une expression plus dure que je l’aurai voulue

- Tu te trompes, je ne demande pas à être aider, je veux simplement à nouveau croire en ce que je suis et restaurer ma confiance…je pourrais à nouveau être moi-même lorsque j’aurai retrouvé cet équilibre…tout ça doit venir de moi, pas des autres.

Après avoir reposé sur sa soucoupe la tasse de porcelaine ouvragée, je poursuis sur un ton chargé d’amertume  

- Que sont ces autres sinon l’espoir qu’on place en eux.

Le visage de Johan change sous ma sentence, de toute évidence mes mots ont une portée plus forte que je ne le pensais.

- Tu es injuste avec ces autres, Calie. Finit-elle par lâcher, tu es l’une des personnes les plus altruiste que j’ai rencontré, tu dis des bêtises.

- C’était toi l’Altruiste de la bande, murmurais-je, moi j’étais le Soldat. Et tu pourras refaire l’histoire comme tu le voudras, on sait toutes les deux comment elle a fini. J’ai causé ma mort, le malheur de Caitlyn, les souffrances de Kaya et ta solitude. Voilà comment ont fini les Amazones.

Le silence qui s’en suit est abyssale et aussi pesant que la lourdeur définitive qu’avait pris mon résumé de nos existences. Il est temps de prendre mon courage à deux mains et d’aller enfin à l’essentiel.

- Ecoute, j’aimerai que tu saches que tout ce qui est arrivé est définitivement ma faute, Johan. Caitlyn n’a jamais eu le choix, elle n’a fait que me suivre parce que je pensais qu’on prenait le meilleur chemin. C’est moi qui l’ai convaincue de revenir d’Irlande, c’est moi qui l’ai empêchée une fois entrée dans la résistance de chercher à vous délivrer des camps parce que pensais que la précipitation nous mènerait à notre perte. C’est moi qui ai insisté pour te laisser en dehors de l’action, à l’arrière, une fois que nous préparions l’intervention contre Ultimate, c’est toujours moi qui l’ai persuadée de remettre le couvert après le désastre de Chicago et c’est finalement moi qui ai insisté pour faire partie des 22 en première ligne contre Ultimate lors du Big Day. Caitlyn n’a pas à subir ta rancune, il n’y a qu’une seule responsable ici et c’est moi et c’est pour cette raison que je suis venue te dire tout ça en face. J’ai payé de ma vie cette folie mais Caitlyn, la torturer pour ça, c’est une réelle injustice. Tu peux me haïr, je sais bien que tu t’y refuses mais elle n’a rien fait. C’était moi, tu comprends ?
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Une minute vingt-sept. (Calie, Aislinn, Toy) R3 Empty Re: Une minute vingt-sept. (Calie, Aislinn, Toy) R3

Message  Toy Jeu 8 Avr - 18:22

[

Institut, Vestiaire des X Men, Institut  il y a 16 ans

- Je ne suis plus une petite fille ! Pour qui tu m’prends pour me parler comme ça ! Je suis une pro et j’agis comme une pro alors arrête de me prendre la tête avec tes leçons à deux balles ! J’en ai marre de tes reproches !

J’avais entendu hurler Caitlyn alors même que j’étais encore dans le couloir qui menait au vestiaire. Le vif éclat de voix n’appelait aucun commentaire ni question sur ce qui pouvait se passer là-bas. Elles rentraient de missions, ces fameuses missions où nous autres « pupilles » ne pouvions pas participer mais comme bien des fois, le débriefing entre le couple Oldfield-Loretto était houleux. La rousse était forte en gueule et ne mâchait jamais ses mots et il m’arrivait régulièrement d’être témoin de ce genre de passe d’armes où le ton montait rapidement et se terminait toujours par des claquages de portes. L’impétuosité et le caractère volcanique de Caitlyn s’opposait clairement à l’attitude froide et trop bien maitrisée de Calie, leurs disputes en étaient d’autant plus un véritable spectacle en soi. Kaya aimait à dire que c’était une question de couleur de cheveux, la Rousse flamboyante et enflammée contre la brune coiffé au carré lisse et ordonné. Je ne pensais pas pour ma part que leur nature se déployait ainsi en fonction de leur choix esthétique de coiffure et coloris de cheveux mais peut-être que Kaya se fichait de moi, une fois n’est pas coutume. Ce jour précis, je devais rendre un rapport à Calie. Par manque de chance, on m’avait indiqué qu’elles étaient encore au vestiaire mais on s’était bien gardé de me dire que c’était sans doute pour avoir l’occasion de faire une mise au point entre elles. Je ralentissais le pas jusqu’à m’immobiliser dans le corridor. Je n’eu pas longtemps à attendre pour savoir si j’assistais à l’une de leur dispute de couple où si le Feu Follet passait ses nerfs sur une tiers personne. La voix agacée de Calie lui répondit.

- Ce n’est pas une leçon à deux balles, bon sang Cait ! Je n’ai jamais remis en cause ta capacité à agir en pro ou non, je te dis UNE FOIS DE PLUS, que tu n’écoutes les ordres que d’une oreille et que tes satanées « intuitions » sont dangereuses pour toi et tes co-équipiers !


- Psylocke est une grande fille, elle sait s’démerder, y’a pas eu de casse, nan ?  Je savais que je pouvais la laisser solo pour m’occuper d’l’autre con, là !

- Ce n’est pas pour psylocke que je te dis ça. Je t’ai dis…non…je t’ai ORDONNE de rester dans mon champ de vision en mission, je veux pouvoir agir pour sauver tes fesses, tu ne peux pas te mettre ça sous ta foutue tignasse ?


- Ordonner ? Han ! Ca c’est sur que tu adores ça me donner des ordres, non ?  

- Caitlyn…ne recommence pas avec ça.

Une vague de honte m’envahissait alors que je sentais mon rythme cardiaque s’emballer. Cette terrible impression de voler un moment d’intimité qui ne me regardait en rien ma laissait figer de frayeur. Je ne devrais pas rester ici mais ma curiosité est plus forte que cette envie de fuir. Je m’adossais contre le mur priant tous les dieux du panthéon de ne pas me faire prendre. La dispute continuait crescendo en violence et se déplaçait sur un terrain beaucoup plus intime.

- Quoi ? C’est pas vrai peut-être ? Madame et ses désirs de toujours tout contrôler et commander ! Tu peux me traiter comme ta pute dans notre lit, mais je refuse de me faire piétiner la tronche dehors aux yeux de tous !


- Cait, tu racontes n’importe quoi, jamais je ne t’ai jamais traité en..

- J’improvise MOI ! Elle est là ma force, c’est ma folie, mon étincelle, c’est trop te d’mander de l’comprendre ? J’vais t’dire : TOI, t’as tellement le cul serré qu’en y plaçant une olive on pourrait en tirer deux litres d’huile !

- Hé ho Caitlyn, calme-toi maintenant.

- YAWOL, Her Colonel Calie !  Tu m’fais bien marrer, tiens… t’es pitoyable. Tu ne sais faire que ça aboyer tes ordres, tu sais pourquoi ? Parce que CA TE RASSURE de tenir la rampe…la parfaite petite soldat, prête à obéir au moindre mouvement du petit doigt de Cyclope…Pfff, c’est du flan, tu ne me trompe pas moi. J’te connais ma p’tite !

- Cait…

- Tu veux qu’on t’prenne pour une star ? Pour la X Woman du mois ? Tu veux un autographe de Storm ? J’vais te dire, tu pues la trouille à dix mètres comme quand tu te faisais mettre sur la gueule en maison de correction. C’est toi la petite fille ! Pas moi !  ET Je vais te dire où tu peux te la carrer ta…


Un bref cri de rage étouffé accompagné d’un autre de surprise, et un bruit de tôle qu’on écrasait. Une lutte brève et rapide, ma respiration s’était bloquée. Caitlyn ne savait jamais s’arrêter et en rajouter sur le passé traumatique par un coup bas mesquin avait fait sortir Berserk de ses gonds. Calie avait dû perdre patience, chose qui n’arrivait jamais, enfin de ce que j’avais pu observer. Je n’aurai jamais pensé qu’elles puissent en venir aux mains, c’est terrifiant. La voix de Caitlyn revient beaucoup plus grave mais beaucoup plus  effrayante cependant.

- Quoi ? Vas-y, j’attends la suite…quand on chope quelqu’un par le col pour le plaquer sur un putain de casier…on s’arrête pas là. Tu veux me foutre sur la gueule, c’est ça ? On en est là alors ? Je te préviens je ne me laisserai pas f..

- Putain d’irlandaise, tu vas la fermer ta grande gueule ?

Ce cri rauque ! Un frisson me traversa, jamais je n’avais jamais entendu Calie avoir recourt à un tel langage ni hurler comme ça, elle qui fait toujours preuve de distinction et d’une retenue si contrôlée qu’elle en fait peur.

- Ecoute moi bien, petite conne…écoute…j’ai la trouille, ouais t’as raison, mais pas face aux ennemis, ca ne m’est jamais arrivée une seule fois, rien ne me fera reculer et je me fous bien de ce qu’on peut percevoir de moi ou de ce qu’on peut penser mais sur le terrain, je crève de trouille pour toi à chaque putain de secondes. Je VEUX pouvoir te protéger même contre toi-même parce que tu es ma SEULE peur. Je ne PEUX pas vivre sans toi, je deviendrais cinglée s’il t’arrivait quelque chose. Tout ce que je fais, c’est pour toi. Tout ce que je dis, c’est pour te protéger, toujours, c’est CA ma putain de force, ma connerie « d’étincelle » comme tu disais. Je décide toujours le chemin le plus sécurisé pour toi. Tu es l’oxygène à ma flamme…tu ne peux pas…juste comprendre…combien c’est…stressant parfois ?

Le silence qui suivit fut glaçant. Je posais ma main à la bouche pour m’éviter de gémir, sentant l’émotion me gagner. La voix beaucoup plus douce de Caitlyn  vint enfin mettre un terme à ce supplice.

- Shuuut…ça va aller…Je demande juste ta confiance, Calie…

- J’peux pas…Trop dur…peur…peur de te perdre..

Des Sanglots. La voix de Calie se brisa en un sanglot et mes larmes solidaires roulèrent sur mes joues.

- La vie est un risque, mon amour. On ne vit pas sous une cloche. Je te promets de faire plus attention et de t’écouter. Je te suivrais où tu iras, ça a toujours été notre deal, tu t’souviens…arrête de pleurer s’il te plait…

- Je…je n’ai pas la science infuse…j’pourrai me planter…c’est tellement de pression.

- Si tu te plantes, alors je te le dirais et tu devras m’écouter. Est-ce qu’on peut se le promettre ?


- Oui…

Des bruits caractéristiques se firent entendre, des bruits de bouche et de sussions, puis  quelques rires étouffés et des premiers soupirs. Je sentais le rouge me gagner les joues. Je n’avais jamais été à l’aise avec ce genre de chose, ce qui amusait particulièrement mes camarades me donnant une réputation d’indécrottable « oie blanche ». Je ne savais plus où me mettre c’est alors que j’entendis Cait murmurer.

- T’es dingue…pas ici.

- M’en fous…le monde, les autres, m’en fous…y’a que toi qui compte..

Cette fois j’étais vraiment de trop, pas à pas je reculais pour quitter les lieux avec la honte toujours au ventre. Ce jour là j’ai découvert une facette de Calie dont j’ignorais l’existence. Une femme en prise avec une passion dévorante et qui sacrifierait tout pour celle qu’elle aime, même le monde, même moi. Etonnamment, ca l’a rendu encore plus précieuse à mes yeux. Calie Loretto n’était pas l’Héroïne que j’imaginais mais une simple humaine avec un cœur coupable de s’enflammer trop violemment.

---------------------------------------------------------

[i]Institut. Bureau de la Directrice, de nos jours[/i]

Je l’avais écouté avec gravité dire ce qu’elle avait sur le cœur. Emporter tant de regrets et de remords dans la tombe importait peu en soi à moins qu’on subisse l’éternité d’un purgatoire qui avait tout d’un enfer personnalisé, pour en mesurer toutes les implications. Une pensée incongrue me traversa l’esprit : on disait souvent que les condoléances et les obsèques n’avaient pour but que l’apaisement des consciences des vivants. En ce cas, les paroles douloureuses de Calie Loretto me firent espérer qu’il n’exista pas de conscience après la mort. Alors qu’un silence gênant prenait ses aises, mon regard doucement se posa sur celle qui attendait visiblement de mi une sorte d’absolution pour les pêchers dont elle se blâmait avec une telle mélancolie. Même physiquement, elle avait perdu de sa superbe. Une pauvre créature esseulée et prostrée dans un monde qu’elle ne comprenait plus. Pour la première fois de ma vie, je pus visualiser l’enfant qu’elle avait été, cette petite fille d’émigré italien abandonné dans un orphelinat à la merci des mauvais traitements d’un ordre religieux hystérique et de la cruauté de ses compagnons d’infortune. Pour la première fois de ma vie, je ressenti de la pitié pour elle, un sentiment totalement inconnu en ce qui concernait celle qui fut mon mentor.

- Lorsque l’Institut a été vidé de force,
commençais-je, et que nous avons été disséminés dans les camps, je me suis retrouvée seule avec des jeunes mutants terrorisés. Je disais à ceux qui m’entouraient que la situation ne perdurerait pas et que les X Men finiraient par venir nous chercher.  Le Camp du New Jersey n’était pas le pire et je ne vais pas faire pleurer avec cette histoire, j’ai eu la chance pour une fois d’avoir un pouvoir « inoffensif et peu intéressant »,. Ils avaient nommé ça la fameuse catégorie epsilon…Je n’étais pas une Delta comme Kaya qui a fini dans un camp d’étude et de torture, les rares qui en sont sortis en sont marqué à vie. Pour nous s’était un simple lieu de rétention avec des colliers pacificateurs de pouvoirs et nous étions relativement bien traités. Il n’empêche que la liberté est le bien le plus précieux dont on peut être dépouillé.  Je priais des dieux pour qui je ne me suis jamais agenouillée, chaque soir. Je priais pour qu’ils n’exterminent pas les Alpha comme toi ou les Oméga comme Cait. Mais vous n’êtes jamais venu…Personne n’est venu. L’important restait de vous savoir peut-être sauf et en dehors de cette hystérie furieuse.

Elle soupira, mal à l’aise sur son siège, visiblement accablée pour ce qu’elle prenait pour un reproche, elle se trompait, ce n’était qu’un préambule à ma démonstration.

- Nous étions dispersés…protesta-t-elle. Caitlyn n’a pas été capturée comme nous à l’Institut, ils l’ont arrêtée dans son cabinet d’Avocat…Il leur a fallu quelques semaines avant de réaliser que c’était une Oméga Il leur a fallu décrypter le protocole Xavier du Cérébro de l’Institut. Les Suivantes d’Alia l’ont faite évadée lorsqu’ils l’ont transférée à High Grade…là où ils gardaient les plus dangereux. C’est elle  ensuite qui m’a fait sortir de Point X pour fuir en Irlande….tout s’est déroulée dans la totale précipitation et nous n’avions aucune information. La résistance nous a retrouvés des mois plus tard…Johan, nous étions complètement sonnées et coupées du monde. On ne savait pas quoi..

Je levais la main afin de l’interrompre et de lui faire cesser sa longue plaidoirie inutile, j’avais vécue l’histoire et je ne la connaissais que trop bien.

- Je ne vous reproche rien, je t’explique simplement que durant tout ce temps, je me suis accrochée à l’espoir que vous alliez veiller l’une sur l’autre comme j’essayais avec mes pauvres armes de veiller sur ceux qui m’entouraient.

Son silence me conforta dans l’idée qu’elle ne saisissait pas où je voulais en venir.

- Vous aviez le recul, vous étiez sorti de ce merdier alors pourquoi ? Pourquoi revenir d’Irlande ?  Pourquoi ne pas rester à l’abri, Après tout c’est bien ce que vous avez fait pour moi lors du Grand Armistice, en m’envoyant de force « coordonner » des missions de sauvetage dans les zones dévastées par Ultimate, loin derrière ? Je ne suis pas dupe, Calie, vous m’avez évincée de l’action, je le sais parfaitement.

Difficile pour son égo de concilier le fait d’avoir été une X Woman en formation et de n’avoir jamais quitté la cote Est des Etats Unis durant les événements d’Ultimate. Je n’avais été d’aucune bataille me contentant d’essuyer les plâtres et passer la serpillère. Souvent, la vox populi, du moins celle toujours en phase avec les mutants, vénérés les héros du Big Day et oubliait ceux qui paradoxalement avait fait le plus gros du travail de restauration. Les oubliés du conflit sont toujours la veuve et l’orphelin.

- Nous ne pouvions pas rester en arrière…nous devions sauver les nôtres, qu’importe le prix ! s’insurgea t-elle, avec une lueur inédite dans le regard.

Son discours éculé du « fardeau du mutant », le devoir du « sacrifice pur le bien de tous », un fatras de foutaises qui arrangeait les actes les plus insensés et extrémistes des nôtres. Je continuais sur un ton mesuré et sans appel.

- Et donc, vous êtes revenue en héroïnes, et vous avez choisi le « devoir » plutôt que votre « sécurité ». Je peux comprendre ce choix, je le comprendrais pour n’importe qui d’autre mais pas pour toi Calie. Certainement pas après ce que je sais de ta promesse envers Caitlyn, celle de toujours la protéger et de faire passer votre couple avant tout le reste. Comment tu disais, déjà ? … « ton étincelle à toi, c’était de la protéger, de faire en sorte qu’il ne lui arrive rien ».

Je vois la stupéfaction sur ses traits, sans doutes ne se souvient-elle pas de ce moment volé mais certainement des paroles qui furent échangées en cette occasion. Elle balbutie, assez ébranlée.

- C..Comment tu..

- TU ne l’aurais fait qu’une fois encore, l’interrompais-je, j’aurai pu juger ça pour de l’exaltation un peu aveugle mais la suite ne fut qu’une véritable fuite en avant avec des choix de vie tout aussi calamiteux les uns que les autres ! Le rassemblement face à Ultimate, la Bataille de Chicago et le point d’orgue, ce suicide imbécile à San Francisco ! Comment avez-vous pu vous perdre à ce point ?! Comment as-tu pu trahir tout ce qu’en quoi tu as cru !!! A ce bonheur que vous aviez forgé ?!

J’ai haussé le ton indiscutablement et je la regarde à présent dans toute sa défaite. Ses épaules rentrées, ses mains jointes en une attitude honteuse, ses larmes prêtes à jaillir sur son visage ravagé.  J’ai détruit Berserk, l’idée parait surréaliste, j’ai abattu un titan mais je n’en tire qu’un sentiment d’immense gâchis.  Mes entrailles n’y voient pas non plus un acte glorieux et se rappellent violemment à moi en une nausée. Je soupire d’une profonde tristesse pour faire calmer la sensation désagréable.

- Je vous en veux autant à l'une qu'à l'autre. Votre amour était la plus belle chose que j’avais vue et vous l’avez foutu aux chiottes. Tu auras beau tout te foutre sur le dos, vous étiez coupables toutes les deux…J’ai toujours été la plus perspicace tu disais…je sais que les choses n’ont plus été les mêmes après Chicago. Caitlyn a perdu pied lorsqu’on lui a rapporté la « mort » de Kaya mais toi, c’est Chicago qui t’a coulé…je sais ce qui s’est passé. Du moins je l’ai deviné, j’ai eu quinze ans pour ressasser toute l’histoire.


Elle ne dit rien, le regard tombant sur ses chaussures, le corps parcouru de frissons. J’en ai trop dit pour arrêter là, après tout si mon instinct ne me fait pas défaut, c’est exactement pour s’absoudre de ce péché qu’elle m’est revenue.

- Ce n’est pas la mort de Rogue qui t’a brisée là bas, Calie…c’est plus vicieux, plus profond, c’est quelque chose que tu ne connaissais pas.

- Arrête….

Sa voix n’est qu’un demi sanglot qui me vrille les entrailles mais je n’y sens plus aucune volonté, plus aucun combat.

- C’était la peur. Ultimate t’a quasiment démolie. Ce n’était jamais arrivé. Tu n’aurais jamais pu rien faire sur terre en la sachant toujours là, prêt à frapper.


- Arrête…pitié..gémit-elle en se prenant la tête entre les mains

Pardonne-moi, mon amie, on en a presque terminé. Je continue sur le ton de la confidence

- Alors après t’être remis de tes blessures, tu as choisi d’être volontaire pour ce plan idiot en première ligne pour confronter à nouveau ta peur mais la fille intelligente que je connaissais savait très bien que c’était du suicide. Mais tu as emmenée Cait avec toi parce que c’est comme ça que ça devait se finir pour vous. Ce n’était ni un acte de foi en la victoire finale, ni un espoir ténu qui vous poussait. C’était de la résignation se traduisant par un acte désespéré qui ne mènerait à aucune autre issue suicidaire que le gain d’une poignée de minutes.

- Une minute vingt sept….nous avons tenu…une minute vingt-sept.

Et elle s’effondra comme un château de cartes s’écroule sous un coup de vent trop puissant
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Une minute vingt-sept. (Calie, Aislinn, Toy) R3 Empty Re: Une minute vingt-sept. (Calie, Aislinn, Toy) R3

Message  Calie Loretto-Oldfield Dim 11 Avr - 11:17


23 Novembre 2015, j-2 du Big Day, Hotel Crawford, San Francisco

J’aurais aimé vivre cet instant pour l’éternité mais je savais qu’il n’était qu’une bulle éphémère dans les événements qui se précipitaient autour de nous. Nous avions connu un répit depuis octobre mais il était à présent de retour et après avoir dévasté Seattle, il était à nouveau entré en état de stase. Nous savions ce que cette phase préludait, nous nous y étions préparer et nous commencions à connaitre cet adversaire qui semblait fonctionner comme une sorte de virus  par « flambés évolutives ». Il se remettrait en marche dans moins de 48 heures. C’était cependant le seul miracle qui nous ait été donné. Comme si le glas de milliers de morts avait sonné le rappel des troupes pour un monstrueux final apocalyptique. Quelques poignées d’heures… le temps de gagner cette ville et de mettre en application ce plan désespère.
La ville continuait de se vider pour laisser aux belligérants l’entièreté du théâtre où tout se jouerait. Notre moral était plutôt bas, comme le disait si bien Kreele « ca passerait ou casserait » comme le paraphrasait plus funestement Jean Grey « il y aurait un lendemain à ce combat ou il n’y aurait plus rien ». Je sentis un frisson me gagner sous le poids du souvenir de ses paroles ou peut-être n’était-ce que le froid s’infiltrant par la fenêtre restée entrouverte et emplissant cette chambre d’hôtel qui nous abritait depuis notre arrivée dans la cité. Dans la pénombre, le spectacle de son corps nu couché à mes coté offrait un instant de pure magie dont je ne me lassais jamais. Sa peau luisait d’une lumière surnaturelle presque bleuté dans les ténèbres dévorantes comme pour me rappeler qu’elle restait mon unique accroche en ce monde, mon phare adoré. Nos corps gisaient épuisés d’amour et nos souffles enfin plus calmes. Il ne nous restait plus que cela à faire, nous aimer et nous adorions ça, puisque nos corps se connaissaient au-delà des mots.
Je reposais la tête sur ses hanches, caressant du plat de ma main ses courbes avec une tendresse infinie. Le temps s’étirait délicieusement dans notre moiteur et cette quasi somnolence ou la pesanteur nous avait capturé si délicieusement. De toute façon, il n’était plus question de dormir, chaque minute ensemble se découvrait tel un trésor inestimable que nous n’allions pas gâcher inutilement.

- Ce plan…tu crois qu’il a une chance ?

Sa voix déchira la quiétude,  presqu’une injure à notre intimité, relevant que son esprit se refusait au repos et restait bien plus rebelle que le mien, sans doute empêtré dans ses doutes et ses espoirs. Même sa voix avait quelque chose d’étrangement tragique comme si chaque mot sonnait d’une importance essentielle. Je n’avais pas envie d’avoir cette discussion parce que je réalisais trop bien ce qu’elle impliquait mais le temps allait nous y amener implacablement. Une pensée m’échappa, j’en venais à envier le don de feu Daniel Hopes, le Time Tricker. Figer le temps et s’y enfermer…une éternité pour s’aimer. Voilà une vision comme une autre d’un paradis : notre paradis. Ma bouche restait pâteuse sous l’effort des baisers et des caresses de nos derniers ébats.

- Une chance sur cent…sans doute moins. Finissais-je par articuler

Aucune exagération là dedans, juste un réalisme cruel. Le silence me répondit et mes mots s’abimèrent sur le sol. J’en conclus qu’elle en était arrivée à la même interprétation des conjectures.

- Et pour la front line ?

Mes paupières se closent alors que je serrais les dents pour ravaler l’émotion, nous y voilà.

La Front Line. Une équipe de douze cogneurs minimum, la première vague d’assaut afin de « forcer » Ultimate à utiliser ses dons et capter son empreinte cérébrale, elle qui ne s’activerait que lorsqu’il agissait. Il nous fallait la décrypter pour se servir de la machine de Forge pour le piège. Les frappeurs à distance étaient inutiles dans cette phase car Ultimate risquait de déployer des parades aériennes dévastatrices. J’ignorais pourquoi mais il ne le faisait jamais au corps à corps. Enfin jamais jusqu’ici. D’où l’intervention directe de la Front Line au corps à corps pour le « tenir » en activité le temps nécessaire. La seconde ligne, les frappeurs a distance jouaient un autre rôle, l’attirer vers le piège. Puis les mutants psy canaliseraient une méta pensée pour l’immobiliser, et un plan astral serait déployer. Le petit pourcentage de nos chances résidait dans cet effet domino. L’éveiller, le décrypter, l’attirer, le piéger avec l’ensemble des talents Psy…autant dire : faire un miracle. Mais en ce qui concernait la Front Line, la messe semblait dite.

- Aucune chance pour la Front Line. Ca sera un massacre.

Un nouveau silence glaçant. Sa signification se voulait différente mais infiniment plus douloureuse. Par ma mutation, je restais une cogneuse, sans doute la dernière assez forte encore en vie avec Colossus. Bien sur, ceux qui mourraient sur la Front Line seraient des volontaires. On ne pouvait pas exiger ainsi d’aller se faire déchirer, même pour la plus noble des raisons. Mais de ceux qui pourraient être utile  là-bas, seuls trois avaient déjà réellement pu attester de la brutalité et de l’invincibilité d’Ultimate. Colossus, Wolverine et moi. Nous savions. Nous savions qu’il n’y avait AUCUN espoir.

Le silence perdure et nous vole notre temps, autant crever l’abcès.

- Tu n’essayes pas de me raisonner ? Demandais-je

Elle se retourna dans le lit, me faisant face et  prenant mon visage entre ses doigts si fins, ses yeux étincelaient d’une telle beauté surnaturelle que je pouvais m’y perdre ou m’y aveugler.

- Et toi ? Tu n’essaye pas non plus ? Je ne resterais certainement pas derrière en seconde ligne. Où tu vas, j’irai, tu le sais très bien.


- Ma Caty…même avec la fusion que l’on maitrise encore mal, ca ne fera pas grande différence. Peut être qu’on frappera plus fort, qu’on pourra régénérer plus rapidement mais…

- Il y aura un avenir avec mais certainement pas sans toi, conclu-t-elle d’une voix apaisante où sonnait la résignation.

Je me mis à mordre mes lèvres avec une telle force que le sang perla à la commissure des lèvres. D’un geste de la main, elle effleura la goute de sang puis replaça une de mes mèches de cheveux s’étant égarée sur ma joue.

- Calie…commença-t-elle, Est-ce que tu y crois encore ? Sincèrement ? Tu crois que…que ca ira mieux ?

Des mots d’enfants pour idée plus complexe qu’il n’y paraissait. Elle supposait au-delà Ultimate, elle supposait un futur pour nous. Sa demande était sincère et je lui répondais tout aussi sincèrement.

- Non. Je suis navrée mon amour mais non.

Je vois la sévérité dans son regard qui me scrutait à la recherche au mieux de l’espoir, au pire du mensonge.  Puis une émotion traversa son visage troublant fugacement son expression résignée et ses larmes solitaires et froides roulèrent doucement sans aucune tristesse. Un merveilleux sourire vint même fleurir sur ses lèvres.

- Bien…alors ca se terminera dans quelques heures. Ensemble, toi et moi.  San Francisco m’a vu grandir, elle me verra m’éteindre. Cette vie fut formidable parce que j’ai eu la chance de te rencontrer. Finissons ça correctement, ok ? On va tracer la route pour les autres, comme toujours.

Je savais déjà alors que ses mots s'éteignaient que je ne pourrais jamais tenir cette promesse alors pour faire taire ma conscience je déposais mes lèvres contre les siennes en un long baiser. Un gout à la fois salé et cuivré se diffusa dans ma bouche comme la promesse d'un futur inéluctable et me et fit songer au sens de notre terrible existence : les larmes et le sang.

Tout se résumerait donc à cela : ses larmes et mon sang.

----------------------------------------------------------

Institut, bureau de C. Xavier, de nos jours.

Lâcher prise. Un comportement qui m’avait toujours été extrêmement difficile. Ma nature y répugnait. Jusqu’à ce jour Caitlyn restait la seule à m’avoir vu dans un tel état et pour cause j’avais toujours serré les dents. Petite, un personnage de roman m’avait subjugué par son attitude. Conscient de sa plus grande faiblesse, il la dissimulait comme une grande force aux yeux de tous. Cette idée m’avait marqué et dés lors j’avais toujours su en faire en sorte de masquer mes fêlures sous un besoin de contrôle quasi pathologique. Ma faiblesse m’était insupportable alors elle devait être soigneusement dissimulé par un artifice complexe : le personnage de Berserk. Je m’inventais inflexible et autoritaire, sure de moi et expéditive. Tout ça dans le but d’endiguer cette honte qu’il me fallait  gommer par tous les moyens possibles. Au fond, je ne m’étais jamais vraiment sentie légitime à agir comme j’agissais. La force et le pouvoir aidaient à maintenir l’illusion, c’était pratique. Entendons nous bien, je ne parle pas de sensibilité ou pire de sensiblerie.  Je possédais comme qualité innée le sang froid d’un reptile au point que certaines mauvaises langues me jugeaient parfois doté d’un cœur de fer. Je n’étais pas en proie à la sensibilité mais aux doutes sur ce que je devais faire. Je disposais bien d’un cœur mais il ne battait que pour quelques personnes et ces dernières restaient ma faiblesse.

Cait possédait une abnégation remarquable que j’enviais vraiment même si cette abnégation flirtait souvent avec l’obstination. En ce qui me concernait, j’avais besoin d’être rassurée sur mes choix, mon image et sur le chemin à emprunter. Ma foi en cet artifice du Berserk Invulnérable me tenait debout. Lorsque cette fois s’est évanouit, tout mon être s’est écroulé, ce n’était pas plus compliqué que ça. Ultimate fut ce gel qui a fait exploser les fêlures de mon armure. Cette minute vingt sept n’avait rien changé, le mal était plantée en moi des mois auparavant, lors de Chicago. J’étais terrifiée et je n’avais plus aucune option : ni le combat, ni la fuite. La mort s’imposa comme une évidence d’une lâcheté plus supportable si elle était partagée.

Mais là aussi, j’avais échouée et n’avait pas su faire se qui s’imposer : étouffer mon amour et l’enterrer avec moi. Je l’ai voué à l’enfer par ma lâcheté. Tout mon amour, toutes mes caresses, toutes mes excuses ne pourront jamais rien n’y changer. Je méritais l’opprobre de tous et la haine de Caitlyn. Ces vérité me hantaient même si je m’évertuais à refouler mais Johan en parfaite inquisitrice avait su m’obliger à les affronter.

La chaleur de ses mains dans les miennes venant les enserrer alors que la tête baissé, tassée sur cette chaise de souffrance je me rependais en sanglots lourds, retrouvant ma nature si fragile. Elle s’agenouillait devant moi. Je refusais de relever le visage me sentant défigurée et nue. Elle conserva le silence, supportant ma peine et mes spasmes larmoyant. J’ignorais combien de temps nous sommes restées ainsi, moi prostrée dans ma douleur et elle m’apportant un embryon de chaleur. Elle m’épargna la honte par pudeur mais plus jamais les choses ne seraient les mêmes à présent, elle avait vu. Elle M’avait vu. Elle murmura avec la douceur d’une mère.

- C’est bien pour ça que Caitlyn ne t’a pas arrêtée..


Ce n’était pas une interrogation, plutôt une conclusion. Elle plaçait la dernière pièce d’un puzzle qui l’avait hanté durant des années.

- Nous avions décidés…, dis-je avec une faible voix encore brisée par les larmes.

J’avalais difficilement ma salive pour trouver la force d’aller jusqu’au bout.

- Nous voulions que ca prenne fin…toutes les deux. Il n’y a jamais eu d’espoir…l’espoir était mort.

Je n’étais pas la formidable combattante que tu imaginais, Johan, je n’étais qu’une putain d’imposture qui avait choisit le déshonneur d’un suicide. Je n’étais pas cette légende qu’on a fait de moi. Ce n’était pas seulement ma vie que j’avais sacrifié, j’y avais laissé tout mon être, toute mon âme.

- Et dire que j’ai tant accablée Cait pour ne pas avoir su te retenir. je voulais la faire réagir, qu’elle se révolte et redevienne celle qu’elle a été jadis et je ne faisais que la torturer avec aveuglement. Comment j’ai pu passer à coté de ça. C’était votre choix à toutes les deux.

- Je l’ai abandonné…soufflais-je

Un long gémissement s’en suivit. Les mots ont déchirés tout mon être pour sortir. La douleur s’en faisait sentir cruellement

- Je…je n’ai pas pu…l’emmener avec moi…c’était au dessus…au dessus de ma volonté…je ne pouvais pas. Je n’ai pas…remplit…ma promesse.


Elle se redressa avec lenteur puis me considéra avec une infinie tristesse alors que mes larmes coulaient à nouveau, sans violence cette fois ci. Se détournant, un instant de moi, elle s’empara d’une boite de mouchoirs sur le bureau avant de me la tendre et de s’agenouiller à nouveau face à moi. Elle utilisa à nouveau ce ton si réconfortant

- Tu n’as pas pu et ce fut enfin un bon choix car s’en était un…Tu as de nouveau une chance d’être avec elle. Aller se suicider face à un adversaire invincible, ce n’est pas un acte héroïque, c’est un acte désespéré. Se sacrifier pour permettre à l’être aimer d’avoir une chance de poursuivre et recommencer à aimer : c’est ça l’héroïsme. Calie, ce que tu as fait te rends encore plus précieuse : tu n’es pas qu’une formidable machine de combat, tu es aussi cette simple humaine désarmée et terrorisée. Ce paradoxe te définie totalement et toujours tu t’améliores et là encore, tu t’es surpassée. Tant de choses ne seraient pas arrivé si Caitlyn était morte…Aislinn, Jade, Ariella…tout ça n’aurait pas existé, même New Heaven aurait un visage différent. De cette promesse scellée au fin fond des ténèbres sans retour, tu as réveillée une chose en toi…Ne le vois donc tu pas ?

Je l’interrogeai du regard, perdue dans ses paroles. Je voulais l’entendre dire ce que je supposais déjà.

- Tu as réveillé l’espoir.

J’explosais en larmes en gémissant de plus belle, l’enserrant de mes bras en enfouissant ma tête contre son torse. C’était une réaction de petite fille, j’en avais conscience mais toutes mes défenses étaient abattues. La lumière au bout d’un long tunnel de malheur, comme un gout d’absolution, comme l’apparition d’une aube timide après une nuit d’épouvante : j’avais trouvé ce que j’étais venu chercher ici. Cette chaleur réconfortante, je n’aurais jamais cru la trouver chez celle que je considérais jadis comme un diamant brut qu’il me faudrait tailler. Quelle formidable personne tu étais devenue, Johan.

Pardon est le mot le plus difficile à prononcer et tu m'offres la rédemption sans m'avoir obligé une seule fois à le dire, je te suis si reconnaissante, si tu savais...C'était toi, l'espoir Johan, ca l'avait toujours été et je m'en rend compte à présent.

- C’est toi qui me l’as un jour Calie, l’espoir c’est cette chose imbécile, ténue et obstinée qui refuse de mourir même quand on baisse les bras. Ce n’est pas parce qu’on ne le voit pas, qu’il n’est pas là.
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Une minute vingt-sept. (Calie, Aislinn, Toy) R3 Empty Re: Une minute vingt-sept. (Calie, Aislinn, Toy) R3

Message  Toy Jeu 15 Avr - 19:03


Institut, Salle de Debriefing, il y a 15 ans


- En ce qui te concerne Toy, une fois de plus tu ne t’exprime pas assez fort dans les communicateurs même si ton sens de la réactivité a été particulièrement efficace sur cette session.

J’esquissais une grimace, je détestais les debriefing de missions d’entrainement et spécifiquement le moment où Calie distribuait les « bons points ». Assise à la table, je jouais nerveusement avec mon verre de soda comme pour masquer mon impatience tout en écoutant respectueusement Berserk. En tant que Leader Team, c’était sa responsabilité de souligner ce qui avait plutôt bien fonctionné ou ce qui était à améliorer et je finissais par avoir l’impression d’être toujours celle à qui on reprochait le plus même si en aparté, elle s’échiner à me démontrer que je me trompais.

- ‘Core faut-il qu’elle puisse en placer une, c’est chaud quand t’as la furie rousse qui raconte sa life sur l’canal, j’dis ça, j’dis rien. Murmura une voix à l’intonation un tantinet moqueuse

J’étouffais un bref petit rire que je tus immédiatement, Kaya n’en ratait jamais une. Je n’arrivais plus à savoir si le fait de chercher le conflit avec son mentor devenait un jeu sadique ou juste une preuve de plus de son caractère retord. Au fond, peut-être les deux me dis-je in peto. La riposte de la rouquine échaudée ne se fit pas attendre

- Hé ho ! En veilleuse ! Je ne serais peut-être pas obligé de beugler si tu suivais correctement les indications de mouvements. On dirait un chien fou à qui on a lâché la laisse !

- Z’êtes trop lentes, faut bien que j’m’occupe…répondit l’intéressée avec un sourire mutin.

Tout en soupirant, Caitlyn se défit de sa longue veste couleur sang, vêtement faisant partie intégrante de son uniforme, pour la déposer sur le dossier d’une chaise. Puis elle lui infligea une légère tape derrière la tête avant de lui tendre l’une des deux cannettes de bière qu’elle tenait en main. La brunette lui jeta un regard incendiaire arborant une expression faussement outrée. Le jeu de défiance du regard dura un bref instant. Puis Kaya renonça, s’empara vivement de la boisson et fit sauter l’opercule de sa bière alors que Caitlyn retournait nonchalamment aux cotés de Calie, s’adossant au mur derrière elle. Kaya remua et se cabra sur sa chaise, adoptant une position des plus improbables, en soufflant bruyamment pour manifester son mécontentant alors que Calie se tournait légèrement vers son aimée.

- Elle n’a pas tort, je te le redis : tu parles trop.


Caitlyn roula des yeux avec une expression de petite fille grondée par ses parents et à son tour perça l’opercule sans trouver à y répondre. Calie ne s’attarda pas sur son cas. Faire taire Fuzzy c’était peine perdue, tout le monde le savait bien.

- Kaya, tu marques ton high score en terme de cibles sur cette mission. Toutes mes félicitations.

Ayant vidé d’un trait la canette, elle se contenta de faire un signe de cornes avec les doits en levant faiblement la main sans ajouter quoi que soit. Je savais combien ce genre de compliment, surtout venant de Berserk pouvait la toucher et combien elle ferait en sorte de ne rien laisser paraitre.

- Vingt et unième  mission à quatre, poursuivit Calie, Danger nous attribut un 93 %...c’est la quatrième mission au-dessus de 90 %. Ce qui signifie deux choses. Tout d’abord que vous avez progressez d’une façon extraordinaire ces dernières semaines. Et qu’en ce qui nous concerne, Cait et moi, nous pensons que vous êtes prêtes pour la suite.

Je levais le visage, croisant le regard de Kaya qui elle haussait un sourcil marquant sa perspicacité.

- Il est temps d’aller sur le terrain continua Calie, affichant toujours une mine impassible.

- Heu…commençais-je avant que d’un geste de la main elle ne me stoppe dans un discours qu’elle avait sans doutes déjà anticipé.

- Nous n’avons jamais enregistré d’aussi bon résultat que depuis qu’on s’y est mis toutes ensembles. Ca signifie que notre synergie d’équipe fonctionne très bien. Vous être proche d’être titularisées mais il vous manque l’expérience. Elle ne peut s’obtenir qu’en dehors de ces murs. Nous en avons longuement discuté avec Cait et nous pensons qu’il est temps de former notre propre équipe. Si vous êtes d’accord, nous terminerons cette formation au cœur de cette équipe, nous avons déjà l’aval de Xavier pour le faire.

Le silence qui suivit fut paradoxalement éloquent. Kaya affichait sa mine des mauvais jours et quand à moi, je sentais petit à petit la panique me grignoter comme un jeune enfant dévore un cookie au chocolat.

- Sans vouloir vous manquez de respect à toutes les deux, commençais-je, vous savez déjà ce que j’en pense de faire parti d’une équipe d’intervention de plus. Ce n’est pas ma tasse de thé de « casser du méchant ». je ne suis pas en phase avec le projet.

Caitlyn se contenta de croiser les bras et Calie esquissa un frêle sourire. Elles s’échangèrent un regard complice avant que Calie ne reprenne la parole.

- Qui a dit qu’on allait casser du méchant ? Nous allons tenter une autre approche. Nous nous proposons de porter assistance aux jeunes mutants là au dehors, ceux qui se sentent perdus ou apeurés, ceux qu’on persécute ou qu’on brime, ceux qui voient leur pouvoir s’emballer et devenir dangereux. Qui d’autres pour les guider, les rassurer et leur tendre la main que ceux qui savent exactement par quoi ils sont en train de passer. Notre objectif sera de les localiser et d’intervenir pour leur porter secours ou tout simplement faire de la prévention. Parler de l’institut et de l’aide que l’Institut peut fournir pour qu’ils puissent avoir une vie la plus « normale «  possible.

- Attends voir là…Tu veux qu’on s’transforme en putain de témoins de Jehova ou un truc moisi dans c’genre ? murmura Kaya sur un ton des plus sérieux.

- Nan…il ne s’agit pas de prosélytisme, lui répondit Caitlyn. Il s’agit  d’offrir à d’autres l’opportunité d’avoir un sanctuaire et un asile, de les nourrir, les secourir et les éduquer comme on l’a fait pour nous, comme on l’a fait pour toi. Où tu en serais si on ne t’avait pas ramassée dans la merde où tu te noyais Kaya ?  On t’a trouvé par accident, il n’y avait personne chargé de te secourir. C’est pourquoi on voudrait que cette équipe d’intervention s’occupe exclusivement de ça. Protéger ces jeunes du monde, des autres et parfois d’eux même car il y a des risques de perte de contrôle. On leur offrira toute l’aide possible et s’ils n’en veulent pas…et bien, on aura toujours essayé de faire quelque chose dans un monde où tout le monde se fout de tout le monde.

- Et leur apporter l’espoir…murmurais-je, devenant aussi tôt le centre des regards.

- C’est exactement ça, Johan, conclut Calie en soupirant.

Personne ne semblait vouloir prendre la parole. Kaya semblait s’abimer dans un océan de réflexions. C’est Calie qui une fois de plus mit fin à notre supplice en reprenant la main.

- On ne vous oblige à rien les filles. Cette équipe c’est un rêve qu’on a depuis longtemps avec Caitlyn pour pouvoir marquer notre différence et agir selon nos convictions profondes. Nous pensons que le monde n’est pas en noir et blanc, peuplé de gentils ou de méchants. Il n’y a pas de mauvaises personnes, il n’y a que des mauvais choix et nous pourrions aider à notre échelle à éviter à beaucoup ces choix malheureux qui conduisent à des destins funestes.

- Agir en ce monde, avec lui …et pas contre,
poursuivis-je en écho, ce qui amena un sourire plus franc sur les lèvres de mon mentor.

- J’en suis.  déclarais-je d’une voix plus franche et posant mon regard sur Kaya. Cette dernière sembla hésiter avant de soupirer

- Euhhh... wais 'fin moi j'veux bien mais j'suis déjà pas un exemple pour des mutants intégrés à l'Institut, chais pas si ça va être le top avec des mutants paumés. En plus j'suis en plastoc moi, si y'en a un qui gueule un peu trop fort j'vais m'faire défoncer nan ? Après j'te dis, moi j'veux bien filer un coup d'main mais euh…

- On sera là pour couvrir tes fesses plates, déstresse. En plus tu as largement les capacités sinon, je te le proposerai pas, lui répondit Caitlyn sur un ton bien plus conciliant qu’à l’accoutumé. Son élève sembla grommeler avant de murmurer.

- J’ai pas les fesses plates…planche à pain…

Elle inclina la tête en signe d’acquiescement perdant son regard vers le tableau. Calie soupira, visiblement elle avait eu très peur d’un refus. Je n’imaginais même pas combien cette proposition avait dû lui couter.

- Par contre, soulignais-je, « équipe de récupération » ca sonne moyen comme nom..

- Pas faux, répondit Caitlyn, en portant sa canette aux lèvres

- Franchement, choisissez ce que vous voulez…pas toi Cait, tu vas dire une ânerie avec « castors »
annonça Calie en levant l’index à l’intention de sa compagne. S’en suivit une protestation de Caitlyn et un rire sarcastique de Kaya.

- Pourquoi pas…les Amazones ?
tentais-je timidement. Elles étaient soudées et se battaient pour se protéger les une les autres…et en plus, on est quatre filles.

Caitlyn haussa les épaules signifiant qu’elle s’en fichait, je crois qu’elle digérait mal que sa moitié lui ai coupé l’herbe sous le pied concernant sa proposition hasardeuse. Calie afficha une sorte de moue indéchiffrable avant d’acquiescer à son tour. Seule Kaya s’agita.

- Wooooéh ? z’êtes sérieuse ?! Genre…vous n’voyez pas la connotation VRAIMENT marqué que ça a les Amazones ? Notez, moi j’m’en tape, j’suis dans le mouv…mais Jo, faudra vraiment assumer hein !

J’interrogeais Kaya du regard, ne comprenant pas de quoi elle me parlait. C’était une référence mythologique forte à propos, je ne voyais pas quelle connotation cela pouvait bien avoir. Kaya m’afficha une mine déconfite avant de grimacer « sérieux ? Jo ? »

Caitlyn laissa échapper un bref rire avant d’en profiter pour pincer de la main libre les fesses de Calie qui afficha une mine outrée,lui murmurant "ça c'est pour le castor". Cait poursuivit.

- Je te charge de lui expliquer, Kaya,
conclut-elle, mais rien que pour ça on gardera le nom…c’est voté !

______________________________________________

Institut, Bureau de la directrice, temps présent.

Kaya m’a dit la première fois qu’on s’est revu à New Heaven après son retour que l’équipe des Amazones n’avait aucune signification concrète pour elle  et que ce qui comptait, c’était les personnes qui la composaient. Comment lui donner tort ? Nous étions plutôt bonnes et pas seulement parce que nous avions été particulièrement bien formées. Cette cohésion entre nous avait une autre signification, un équilibre assez complexe à exprimer et surtout incroyablement improbable à mettre en place. Cait surveillait les arrières de Calie et de Kaya, Kaya les miens et ceux de Cait, Calie ceux de Cait et les miens et moi, je surveillais Kaya et Calie. Nous étions toutes interdépendantes, nous avions toutes tissé des liens si étroits qu’ils pouvaient se révéler de nature à double tranchant, cette belle réussite devenant une grave faiblesse. C’était une alchimie unique portée par l’espoir qu’ensemble, nous pouvions faire la différence et préserver un avenir différent. Kaya ne s’était arrêtée qu’à une lecture concrète des événements, ma nature optimiste voyait plus loin. Les Amazones, malgré un stupide nom à connotation fortement homosexuelle - et il m’a fallu le visionnage forcé par Kaya de films classé X sur le thème pour m’en convaincre totalement- reste la période la plus résolument positive et gorgée d’espoir de ma vie, jusqu’ici.

Il fallut un certain temps à Calie pour retrouver une constance affichée. Je n’aurai jamais cru la voir dans une telle défaite un jour dans mon existence. Cette journée marquerait mon esprit pour toujours et pas seulement à cause de cette résurrection mais aussi pour cette facette d’elle-même résolument humaine qu’elle exprimait enfin. J’avais l’impression de la cerner pour la première fois et d’entrevoir sous cette construction solide du Berserk, la jeune Calie Loretto qui avait toujours été là, si tristement étouffée. Longtemps, je l’ai enviée pour sa puissance et son assurance, à présent pour rien au monde je n’aurai voulu traverser ce qu’elle avait pu endurer sous cette pression et ce contrôle d’elle-même. Elle émit un large soupire si profond qu’il ne pouvait être que souhaité, sans doute une technique pour tenter de retrouver une certaine sérénité. Sa voix bien plus calme résonna à nouveau.

- Merci.

Je n’y répondais pas, jugeant que ce mot lui était bien plus destiné à elle qu’à moi, même si je gageais que l’intention en fut sincère.

- Par contre, j’aimerai que tu me promettes de ne pas parler de « notre choix » à Aislinn. Elle ne comprendrait pas et je refuse de la blesser inutilement. Ce secret si lourd soit-il doit rester entre nous, Johan.

Je m’étais relevée, allant jusqu’à la fenêtre du bureau pour l’ouvrir afin de respirer une bouffée d’air frais. Tout en tournant la poignée de la fenêtre je lui répondis.

- Tu as ma promesse et j’aimerai que tu m’en fasses une à ton tour. Je voudrais que tu restes quelques temps. C’est ici que tu as grandis et que tu es devenue ce que tu étais destinée à être. Je suis certaine que c’est aussi ici que tu apprendras à te retrouver enfin totalement.

Elle m’observa impassible un instant avant relever le visage vers moi.

- Mon temps est précieux Johan, il faut trouver un moyen de faire revenir Caitlyn. Je te remercie mais je pense que ca serait..

- Fort utile, l’interrompais-je en lui faisant à nouveau face. Trouver Cait, cela veut surtout dire trouver un moyen de te reconnecter à elle. A New Heaven tu surnages en plein stress sentimental et tu te débats dans un chaos permanent au cœur d’une vie qui n’est pas la tienne et que tu cernes trop mal. Il te faut de la méthode, du repos et le calme de l’esprit. Tu t’es plus libérée ici au cours de ces dernières heures que pendant ces mois passés à New Heaven. Ais-je tort ?

Calie perdit son regard sur le sol, exprimant qu’elle n’avait pas de contre argument. Puis releva à nouveau les yeux sur moi pour exprimer son inquiétude

- Les enfants…je ne peux pas les laisser…et Kaya ?

Evidemment, les attaches nouées par les sentiments de Caitlyn s’agrippaient dans la volonté de Calie et l’empêchait visiblement d’agir selon sa propre volonté, du moins totalement.

- Les trois filles ont leur propre vie et Kaya n’est en rien celle qui partage tes sentiments. Elle reste l’amante de Caitlyn et ne sera pas la tienne. Cette souffrance t’est épuisante. Ce masochisme ne te mènera nulle part et tu le sais très bien. Je suis désolée de t’asséner les choses si crument mais il te faut voir la vérité en face Calie. Ce n’est PAS ta famille. Tes émotions te trompent.

La charge était dure mais la laisser vivre dans ses illusions n’était pas la meilleure chose à faire. Je crains un bref moment de devoir endurer un coup de colère mais elle était bien plus à l’écoute des autres que par le passé. Son visage sembla se décomposer devant moi et elle finit par murmurer sur un ton des plus amères.

- Je le sais…l’amour est parfois le plus douloureux des poisons. Ariella et Jade ne me connaissent pas, seule Aislinn…Je veux dire, j’avais déjà de forts sentiments pour elle et ils étaient miens.

Je n’étais pas surprise devant ce qui me paraissait comme une évidence. Elle tenait réellement à Aislinn et me l’avait démontré. Aussi la rassurais-je sur le sujet.

- Aislinn pourra venir ici te voir, j’ai quelques passes droits pour une correspondance ouverte permanente, ajoutais-je

Elle hésita une fois de plus puis s’avança sur son siège prenant appuis sur les cuisses, elle avait pris sa décision.

- C’est d’accord, mais il me reste à faire une dernière chose à New Heaven, Cette affaire clôturée, je reviendrais ici quelques temps.

- Bien, au moins, laissez-moi au moins-vous garder pour cette nuit en ce cas.

Je n’avais pas envie de la voir s’enfuir alors qu’elle venait à peine de réapparaitre. Kaya m’avait fait exactement le même coup. J’hésitais un instant avant de poser la question qui me trottait dans la tête.

- Cette affaire à New Heaven, Je suppose que tu ne me diras pas de quoi il en retourne

Elle esquissa une sorte de demi-sourire dont j’avais parfaitement le souvenir. C’était celui de la Calie qui vous attendait au coin de la rue pour un match retour. Avec elle, rien ne se perdait jamais vraiment, surtout pas les actions qui avaient pu la froisser.

- J’aimerai juste quelques explications sur la dernière minute vingt sept de ma vie et de de l’usage que l’on a fait de ce sacrifice ensuite. Rien qui doit t’inquiéter.

Je m’en doutais et j’esquissais une grimace traduisant mon mécontentement. Elle n’allait pas se contenter d’une franche discussion au coin du feu, c’était bien mal connaitre le Berserk.

- Ne va pas commettre une folie, Calie, sermonnais-je…Te frotter à ceux qui dirigent New Hevan est plus que risqué. Je crois savoir que la tension est montée crescendo avec Cait et Kaya il y a quelques années, cela aurait même pu dégénérer en guerre civile.

- Je ne compte pas causer de trouble, rétorqua-t-elle, j’ai juste besoin d’entendre certaines choses de mes propres oreilles. Dois-je préciser que je reste ton ainée et une grande fille, je sais ce que je dois faire ou ne pas faire.

Voilà, réponse des plus classiques du berger à la bergère, le retour de la tête de mule. C’est fou comme les mauvaises habitudes lui reviennent vite. Je secouais la tête d’un air navré en haussant les épaules.

- Je dis seulement que…


Je ne terminais pas ma phrase, la porte du bureau s’ouvrant sur Aislinn revenue de son exil et qui tentait de maitriser son exubérante coiffure toute emmêlée. Elle lança d’un ton joyeux se foutant éperdument d’interrompre quelque chose.

- Fait un de ces vents dehors ! On dirait Ororo furax ! Le petit monstre a eu son gouter, je l’ai raccompagné à votre appartement de fonction…La fille, là..heuu..Jenny, l’a récupérée. C’est bon ?  Vous papotiez de quoi ?  
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Une minute vingt-sept. (Calie, Aislinn, Toy) R3 Empty Re: Une minute vingt-sept. (Calie, Aislinn, Toy) R3

Message  Aislinn Oldfield Ven 23 Avr - 18:16


Calie affichait une expression renfrognée d’où seul un regard braqué sur Johan trahissait une fermeté d’une autorité certaine, quant à sa vis-à-vis, elle soutenait l’assaut avec détermination signifiant une fois de plus que le rapport de hiérarchie qui fut jadis, n’était plus de mise dans ce bureau. Ce fut cependant Calie qui répondit à mon interrogation confirmant par un ton trop factice qu’effectivement j’étais tombée au milieu d’une conversation où la tension était visiblement palpable

- Nous en avions fini. Johan me demandait des éclaircissements sur les événements du Big Day et je les lui ai fournis. Nous avons fait le tour de la question. N’est-ce pas Johan ?

Cette dernière laissa échapper un soupire des plus équivoques et haussa les épaules en un geste d’impuissance.

- Si tu le dis…lâcha-t-elle comme un renoncement à épiloguer.

Inutile d’être extralucide pour comprendre que je n’en saurais pas plus. Je commençais peu à peu à comprendre le fonctionnement de Calie et j’avais appris à mes dépends qu’il était impossible de la « forcer » à exprimer ses pensés lorsqu’elle en avait décidé autrement. Je suppose que maman y arrivait et j’aurai bien aimé savoir quelle était sa technique. Je haussais un sourcil tout en demandant

- C’est dommage de ne pas m’avoir attendu, j’aurais moi aussi en savoir plus sur le Big Day, mis à part les comptes rendus historiques que l’on trouve dans tous les manuels, nous n’avons pas vraiment eu une approche « sur le terrain » de ceux qui l’ont vécu…surtout vous autres ceux de la première ligne.

- Et qu’est ce que tu veux savoir ? répondit Calie extrêmement sèchement. En front Line, on s’est fait exterminer, y’a pas de quoi en écrire un bouquin ou en faire des statues. Ce fut une tuerie et c’est tout ce qu’il y a à en dire. Un putain de massacre comme il y en a eu tant d’autres.

- Calie….objecta Johan sur un ton plus apaisant qui lui attira les foudres d’un regard de l’intéressée où perçait la colère.

Je soupirais. C’était à l’évidence un trauma que d’évoquer cette période mais la charge de Calie était un peu rude tout de même. Je murmurais un peu désabusée.

- Je vois…tu es comme maman, tu ne veux pas en parler, c’est dommage…parfois parler, ça..

- Ca n’est utile que quand ton interlocuteur est disposé à le faire et ce n’est pas mon cas, me cingla-t-elle en brisant ma phrase, Ta mère a à peine survécu, j’y suis morte : fin de l’histoire.

- Bien. Crachais-je en serrant les dents

J’allais m’affaler dans un des fauteuils afin de bien manifester mon mécontentement sur la façon dont elle s’adressait à moi. Cela ne sembla pas l’affecter outre mesure alors qu’un silence embarrassé et glacial s’installait. Seule Johan avait l’air profondément peinée pour moi au point qu’elle s’efforça de briser la froideur ambiante.

- Au fait, Aislinn, peux-tu rester pour la nuit avec nous ? Calie aimerait prolonger d’une soirée son séjour ici afin qu’elle puisse retrouver ses marques.

J’haussais les épaules en une posture nonchalante avant de répondre.

- Le sauf conduit dure 24 h, donc si on repart demain après midi ca ne posera aucun problème. Si ma présence ne vous dérange pas, pourquoi pas…, je n’ai rien de vraiment précis non plus à faire d’ici là.

- Bien sur que si, tu as des choses à faire
commença Calie, comme être auprès de celle pour qui bat ton cœur.

- Si je suis de trop, faut pas d’géner pour l’dire, hein ?
sifflais-je démarrant au quart de tour.

- Non, interrompit rapidement Calie en esquissant un sourire fragile. Je me suis mal exprimée, c’est sincère…il n’y a rien de plus important que l’Amour, ma fille.

J’eu un instant d’hésitation afin de savoir comment réagir. Se moquait-elle de moi ou était-elle sincère ? Difficile de comprendre comment il fallait naviguer sur cet océan quand la météo passait d’un extrême à l’autre en aussi peu de temps. J’optais pour la confiance en notre relation encore à l’âge de l’enfance en murmurant.

- Maeve est en mission pour quelques temps. C’est pour cette raison qu’on s’est un peu parlé ce matin, elle sera absente quelques jours…Quant à Kaya, elle sait gérer l’appart et Ariella. Si vous voulez de moi, je reste, ok.


______________________________________________________


Le repas du soir fut des plus cordiales même si je suis loin d’être ce qu’on appelle un animal social. Toujours assez mal à l’aise en société de par mon caractère assez solitaire et exclusivement familial, j’avais chevillé au corps cette désagréable impression de n’être pas à ma place dans ce genre de manifestation. Pourtant Johan faisait plus que de nécessaire pour mettre ses hôtes à l’aise par ses talents culinaires, ses anecdotes amusantes et par la chaleur que dégageait son foyer. Deux choses m’étonnèrent particulièrement. Tout d’abord l’attitude de Calie, infiniment plus douce et définitivement gâteuse avec les enfants en bas âge. Son instinct maternel débordait littéralement que se soit avec la gamine éponyme ou le petit dernier qu’elle insista pour garder avec elle toute la soirée. Je ne l’avais jamais vu aussi souriante et comblée ce qui me conforta dans mon opinion que Calie Loretto aurait fait une mère admirable et aimante. Un pincement au cœur me vrilla à l’idée de ce qu’aurait pu être mon enfance à ses cotés.

Le second fait qui m’étonna fut l’intérêt sincère que me porta Johan sur mon enfance en Irlande et mon éducation chez les Suivantes d’Alia. Je n’avais jamais pu imaginer que mon histoire personnelle put avoir un quelconque intérêt pour quelqu’un. Johan fut surprise d’apprendre que Maeve, Ariella et Calie fussent elles mêmes des suivantes de l’ordre et que j’étais à présent en l’absence de Cait, la dernière du Premier Sang. Elle s’amusa malicieusement d’en conclure que j’avais pour gardes du corps tout le groupe des Suivantes et l’une des plus puissantes X Woman qui fut. Cette idée au contraire de me réconforter me ficha plutôt le bourdon. Savoir que tant de monde veillait sur vous, vous étouffait plutôt qu’autre chose ! Le sujet de discussion me rappela une fois de plus qu’il nous fallait passer par Casablanca afin de nous entretenir avec l’Ancienne de l’ordre qui avait requis notre présence à toutes les deux. Surement voulait-elle nous avertir que je n’étais plus véritablement la seule puisque Caitlyn était toujours là quelque part, sans doute que l’ancienne l’avait perçu avec son don. Il nous faudrait tirer cela au clair.

Après le repas elle nous fit une autre surprise en nous faisant découvrir une sorte de petite pièce improvisé en un musée où elle s’évertuait à réunir des effets ayant appartenus aux grandes gloires de l’Institut, notamment les fameuses tenues de combat. Calie sembla particulièrement émue en tenant dans ses bras ce qui fut son uniforme de X Woman, elle demanda la permission à notre hôte de pouvoir le garder, ce qui une fois de plus m’attrista : le passé de Berserk était loin d’être enterré.

La nuit tombante, elle nous accompagna dans nos quartiers. Faute de place, je partagerais avec ma mère une simple chambre avec deux lits à l’installation somme toute assez sommaire. Calie commenta en souriant que c’était totalement conforme à la chambre qu’elle occupa jadis avec Caitlyn lorsqu’elles étaient toutes deux novices. Cela importait peu à mes yeux, je pouvais me passer de sommeil durant plusieurs jours et lorsque je m’y abandonnais, ce n’était que par phases de moins d’une heure, ma mutation ayant totalement déréglée certaines de mes fonctions vitales comme l’alimentation ou le sommeil.

Ayant été prendre une douche pour me rafraichir dans la salle de bain commune, je regagnais la chambre et j’y trouvais Calie assise sur le petit sofa en train de rêvasser devant un programme de télévision. Je me senti un peu idiote de l’interrompre dans une activité aussi trivial tant il me sembla qu’elle n’avait aucun loisir. Un peu gauche j’essayais de me faire discrète lorsqu’elle me remarqua. Son regard tomba sur moi, puis glissa afin de me détailler. Elle finit par m’adresser un sourire attendri

- Tu as vraiment pris beaucoup de la beauté de Caitlyn, murmura-t-elle

Je restais perplexe un court instant avant que le rouge me monte au visage. A quoi pensais-je !! Je ne portais qu’une simple sur chemise et une culotte !! Calie éclata d’un rire franc et vraiment rare.

- Et tu as aussi son coté impudique, je vois. Du calme, ma puce. Je ne voulais pas t’embarrasser, je te trouve très jolie, c’est tout. Une mère peut dire ça à sa fille, tu sais…

Je n’étais pas aussi ingénue que Cait, je connaissais mes atouts et je me savais effectivement attirante, j’en avais souvent joué pour arriver à mes fins ou me faire sous-estimer. Bien sûr j’avais des complexes, notamment sur ce que je jugeais être de la maigreur là où ma mère possédait des formes assez voluptueuses, j’avais une silhouette élancée et une musculature assez finement dessinée. Mais se l’entendre dire par Mati était assez troublant. Cette relation de filiation était nouvelle pour moi-même si je savais pertinemment qu’elle en pensait chaque mot. Elle tapota la place à coté d’elle pour m’inviter à la rejoindre sur le sofa, ce que je fis. Une fois installée à ses cotés, mon regard se perdit sur l’écran. Calie regardait ce qui semblait être une sorte de concert d’un groupe rock du passé que je ne connaissais pas du tout. Calie fan de musique ? J’allais de surprise en surprise.

- C’est un groupe que Caitlyn écoutait, m’expliqua-t-elle, mais je ne connais plus son nom… Je n’ai jamais eu l’oreille musicale. Ta mère… Tous ses emballements, ses coups de cœurs, ses folies…ça me paraissait si futile à l’époque alors que c’est elle qui avait raison depuis le départ. Toutes ces petites choses qui forgent nos étonnements…c’est ça le vrai sel de notre existence. On passe souvent à coté des choses essentielles, juste parce qu’on croit qu’on aura le temps. On écarte, on remet, on diffère, on juge que c’est sans importance…et on perd tout.

Elle passa doucement son bras derrière le canapé autour de mon cou pour attirer ma tête sur son épaule en un moment de tendresse qui me surprit. Nos regards toutes deux rivés sur cet écran où un chanteur hurlait à sa flamme qu’il voulait devenir son jouet. Le décalage de cette situation m’apparaissait déjà alors que je vivais toujours l’instant.

- Je t’aime ma petite fille. Ca c’est le plus important, c’est une chose que je n’écarterais pas, murmura-t-elle tout en me caressant les cheveux.

L’émotion fut intense au point que j’eu un mal fou à retenir mes larmes. Je pris une profonde inspiration étant incapable d’exprimer autre chose par des mots. Elle sembla s’en rendre compte et me serra un peu plus fort.

- Et si on parlait ? Toi et moi, de mère à fille…

C’était une simple question rhétorique, Calie voulait enfin parler.
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Une minute vingt-sept. (Calie, Aislinn, Toy) R3 Empty Re: Une minute vingt-sept. (Calie, Aislinn, Toy) R3

Message  Calie Loretto-Oldfield Mer 28 Avr - 18:34


L’ambivalence des sentiments.

Je n’avais jamais été de celles aimant se bercer de nostalgie mais être entre ses murs remuait tant de choses que c’était bien impossible d’y faire abstraction. Comme une fenêtre ouverte sur un passé où j’avais du mal à me reconnaitre, je nous voyais au détour de chaque couloir, et travers chaque bruissement de feuilles, il me semblait entendre des échos de nos conversations. C’était comme une évidence que nous avions existés, ici à une autre époque, comme une évidence qu’une vie s’était achevée. Je savais à présent ce que pouvait ressentir un fantôme, lui qui vivait  alors dans un monde qui n’existait plus. J’aimais être ici, je détestais que l’on n’y soit plus. Une nostalgie douloureuse, sans doute la meilleure définition de ce mal-être.

Je savais surtout combien les erreurs de ma première existence pouvaient à présent me sauter aux yeux. On ne prenait véritablement conscience de la valeur de sa vie que lorsqu’on avait la chance insolente d’en débuter une autre. Si tu savais combien je brulais d’envie de te dire tout cela Caitlyn, parce qu’avant d’être mon amante tu as toujours été ma confidente et ma meilleure amie. Si je pouvais t’expliquer toutes ces ténèbres où j’ai eu le loisir d’être tourmenter par mes erreurs, partager ce sentiment violent et désespéré d’impuissance. Je pouvais l’attester, il l n’existait pas de plus cruel enfer que d’être torturé par les regrets et les remords emprisonnés dans la face sombre, dans les ténèbres d’une semi-conscience. Comme j’aurai aimé que tu en reviennes à ton tour pour que nous puissions en parler. Personne d’autre que toi ne pourrait comprendre ce ressenti, même notre enfant.

Chaque minute passée à ses cotés renforçait mon attachement à elle et pas seulement dans vos similitudes, ma Caty. Elle portait sa foi en l’avenir comme une force, son caractère, cette vivacité intrépide et palpable. Tu as fait des merveilles en l’éduquant à ta façon, tu lui a transmit des valeurs et une forte envie optimiste de dévorer la vie. J’aurai pu tempérer sa tendance à se dévaloriser et lui apprendre à afficher une confiance factice mais finalement, c’est ainsi qu’elle est la plus touchante notre fille : un mélange évident de force et de fragilité. Si tu la voyais, blotti dans mes bras, tellement touchée pas l’émotion qu’elle n’arrive plus à aligner trois mots, elle qui se veut si forte en gueule. Si elle savait combien c’était essentiel de conserver cette candeur et cette fraicheur, d’être parfois sans armes face aux sentiments ! Lui raconter qui je suis, c’est ce que j’avais envie de faire.

- Je ne suis pas que Berserk, tu sais…commençais-je. Quand je suis arrivée ici, j’étais terrorisée et misérable. Il n’y a rien à dire sur mon enfance…rejeton d’une famille noble et riche…élevé sans affection dans le silence et les règles strictes, mon enfance se passa dans une indifférence partagée. J’ignorais qui était mon vrai père, même si le fait que je sois une enfant adultère était un secret de polichinelle dont j’ai très vite et tres jeune,  eu connaissance… Ma mère…très riche et égoïste, s’en fichait de moi.  Dès que mes pouvoirs ont commencé à se manifester, elle a pris peur et s’est débarrassée de moi en me confiant à une sorte d’institution qui avait tout d’une secte.Celui qui faisait office de père de façade fut trop heureux de l’occasion de se débarrasser de moi. A Partir de 14 ans, c’est dans l’austérité et la peur de représailles que j’ai été élevée dans un endroit sinistre et sans vie. J’ai connu la solitude et les brimades par mes… « camarades » de misère.. Cette secte a voulu me monnayer comme une arme sous couvert d’humanisme et m’a venduà une organisation para militaire. J’ai quitté l’Italie après une fugue et je suis arrivée aux Etats Unis, j’avais à peine 17 ans quand les X men m’ont récupéré après une minable tentative de cambriolage…je cherchais juste à survivre..Je pensais que tout le monde était mon ennemi. Xavier s’est opposé à ce que je retourne en Italie, et les X men ont décidé de m’offrir une vie meilleure. J’ai toujours été si reconnaissante pour ce qu’ils ont fait pour moi, je voulais être parfaite et devenir l’une des leurs et j’étais douée tu sais…Mais au départ, j’étais Calie, une pauvre adolescente paumée, esseulée avec un pouvoir qu’elle ne comprenait pas que personne n’avait voulu aimer.

Je fis une pause dans ma narration, hantée par le souvenir de cette période. Cette période chargée d’amertume de ma vie m’était toujours restée en travers de la gorge. Rien ne pourrait effacer la cicatrice de l’enfance, malheureusement.

- Et tes parents ? Tu…tu les as revu ensuite ? questionna timidement Aislinn.

Je lâchais d’abord un profond soupire de lassitude, non pas que la question pouvait m’embarrasser mais c’était surtout le sentiment d’une immense tristesse que surgissait à nouveau.

- Ma mère est une riche héritière issue d’une famille noble, nous n’avons jamais rien eu à nous dire…j’ignore ce qu’elle est devenue, possible qu’elle ait survécu à Ultimate mais à dire vrai, son sort m’indiffère totalement.


Je marquais une pause assez appuyé comme pour me signifier à moi-même que le sujet maternelle était définitivement clos.

- Par contre, poursuivais-je,  je sais que mon vrai père n’a pas survécu à l’attaque de New York. C’était un riche homme d’affaire américain, je sais aussi que mon demi-frèreNath a repris ses affaires et vit à New Heaven depuis. J’avais renoué un peu avec mon père…Cait m’avait poussé à le faire..Il ignorait a l’époque tout de moi, ma mère avait tenu secrète sa grossesse car un adultère aurait fait scandale dans les sphères où elle évoluait.
Dommage, il n’avait pas l’air d’un mauvais homme…je l’ai connu trop tard.


- Le mien est mort. Je le sais…murmura Aislinn comme pour conclure ce passé des plus pénibles

Byron, la seule chose concrète que je connaissais de ce père était son prénom. Un jeune mutant délinquant qui avait engrossé Caitlyn lorsqu’ils avaient basculé dans le banditisme à New York. De cette période d’errance, je ne connaissais pas grand-chose à part le drame qui l’avait clôturé : sa capture suite à une passe d’arme face au X Men, son accouchement fait dans l’urgence alors qu’elle était plus morte que vive, son incarcération quelques temps avant qu’on ne l’envoi à l’Institut par un programme de réinsertion. Une période que l’Irlandaise se refusait toujours à évoquer parce qu’elle la jugeait honteuse et hors de contrôle. Je supposais que c’était bien plus compliqué qu’un sentiment aussi anodin que la honte. Quant à Aislinn, elle avait dû probablement chercher à retrouver ce père mystérieux père quand l’idée de découvrir ses origines l’avait poussée à le faire.

- Tu sais, poursuivit-elle, mon pouvoir me permet de créer des encrages avec certaines personnes, afin que je puisse toujours les retrouver…

A dire vrai, j’en savais encore peu sur sa mutation, J’aurai pu chercher à travers les souvenirs de Cait mais je préférais qu’elle m’en parle d’elle-même. Son don se manifestait aussi sous forme de repérage psychique pargéo-localisation à ce que j’en comprenais. C’était à la fois rassurant et terrifiant de comprendre qu’il serait impossible d’échapper à son « regard », elle parviendrait toujours à nous retrouver sauf si la technologie l’empêchait de le faire ce qui semblait être le cas puisqu’elle m’avait avoué qu’elle n’arrivait plus à localiser ni la fameuse Dusk qui fut sa protégée, ni Kyle Kenneth, mon encombrant beau-frère.

- Mais pour certains, ce lien que je sens, il était déjà en moi…Comme pour maman. Je sentais aussi Tante Ruth et…et Adrien…Il y en avait un autre…et il a disparu après votre départ d’Irlande…J’ignorai ce que ça signifiait à l’époque, maintenant je le sais.

Victime collatérale probablement. Byron n’avait déjà jamais essayé de retrouver la trace de Caitlyn, je l’imaginais mal se sacrifier contre Ultimate.

- Contrairement à Jade, poursuivit-elle, cela ne m’a jamais perturbé de ne pas avoir eu cette image de père. Ainsi je ne me suis jamais fait de grands espoirs sur lui…Je suis certaine que Jade jubile secrètement d’avoir un géniteur aussi sulfureux. Cane m’étonnerait pas d’elle-même si elle ne l’avouerait jamais.

Le père de Jade est une mauvaise personne ? Il faudrait que je m’en inquiète en consultant ce que Caitlyn savait. Je ne pouvais pas laisser ma cadette se mettre en danger mais je supposais que si danger il y avait eut, Cait avait dû prendre les devants depuis longtemps. Jade…quel mystère que cette jeune femme. Elle demeurait brillante, extrêmement brillante mais je n’arrivais pas à la toucher, à rentrer dans son monde. Ariella s’était révélée hostile d’emblée mais Jade c’était différent. Elle se montrait courtoise mais superficielle, éludait, dissimulait, se voulait lointaine comme pour bien signifier que nous n’avions rien en commun et cela malgré mes explications. Son haut potentiel intellectuel la rendait si distante et calculatrice que c’était cauchemardesque pour moi de comment agir ou ne pas agir face à elle. J’aurais préféré l’impulsivité d’une Ariella m’ayant une fois assénée qu’ « une Loretto n’avait rien à foutre dans un monde d’Oldfield » plutôt que la froide conversation alibi de Jade me traitant en « amie de la famille ». Il faudrait que je me surpasse pour pénétrer son univers et j’allais le faire.

- Il faut savoir d’où l’on vient pour savoir où l’on veut aller, remarquais-je. Le passé est un repère qui nous aide à grandir, un des pilonnes sur lequel on se construit où on se détruit. Ta Tante Ruth avait fait office de mère avant que Cait ne reprenne le relais, je sais aussi combien Megan t’estime et t’adore. Elle m’a beaucoup parlé de toi, de ce que tu représentes pour elle, de combien elle est fière de ce que tu es devenue.

Aislinn se laissa aller à un petit rire sarcastique mais j’y devinais une satisfaction certaine. Elle railla sur un ton enjoué

- Conversation d’ivrognes ça…elle va se déclencher une seconde mutation en débitant tant d’âneries. Remarque, il n’en faut pas beaucoup pour enivrer la Fée Clochette et pour qu’elle se mette à raconter sa life…J’espère qu’elle n’a pas trop sorti de dossiers…

Megan Gwin, Pixie. Je n’aurai jamais misé sur elle mais ce qu’elle est devenue m’avait bluffé et peinée à la fois. Elle était si gentille et craintive en arrivant à l’institut et bien des fois j’avais du sécher ses larmes qui coulaient en abondance, par ce que Rogue son mentor l’avait un peu rudoyée. En tant que Conseillère Sociale, c’était le rôle qui m’était dévolue d’entendre les gémissements des jeunes gens dans mon bureau, j’avais reçu une formation de psychologie et l’emploi était tout à propos. Mais de mémoire, je pensais que Megan était celle que j’avais vu le plus de fois prendre d’assaut mes quartiers pour s’étendre en gémissements. Après tout, on ne pouvait pas lui en vouloir Rogue était une peau de vache et j’étais bien placée pour le savoir vu que Megan avait pris ma place en tant que pupille de la cogneuse. A présent Pixie avait fait peau neuve, tout aussi revêche que Rogue, elle ne mâchait ni ses mots, ni ses avis, ni ses gestes. Mais ses yeux s’embrumaient toujours lorsqu’elle m’avait raconté le choc que se fut d’être la première sur le terrain pour voir ce qui restait de la Front line après le passage d’Ultimate. Je supposais qu’il lui fallut bien du courage et de l’alcool pour m’expliquer cette vision lorsqu’on savait que c’était elle qui avait découvert entre autre mon corps démembré et coupé en deux par ce monstre. Pixie incarnait si cruellement cette jeunesse de l’Institut fauchée en plein vol par les événements, probablement qu’elle ne s’en remettrait jamais réellement.

- Non…pas trop,
répondis-je, elle m’a parlé d’un baiser « non consentit » cependant.

Aislinn éclata de rire, un rire que j’aimais particulièrement et qui réchauffait mon cœur.

- Ah…sale vache ! C’est parce qu’après mon épreuve finale, je lui ai roulé une pelle alors qu’elle tentait de me réanimer. Elle l’a jamais digéré ça. Hétéro jusqu’au bout des ongles la mère fée…Dommage, à une époque j’en aurais bien fait mon quatre heure.

- Oui je vois, le syndrome d’attachement élève et maitre…c’est une chose fréquente, remarquais-je. Par contre, jamais je n’ai eu d’attirance pour Rogue, je l’ai toujours trouvé trop…primaire, sans vouloir insulter sa mémoire..

- J’avais le béguin pour elle, m’avoua-t-elle, je sortais d’une relation venimeuse avec un type de la division Hope…On se faisait plus de mal qu’autre chose…

Cette confidence sur son orientation me surprit légèrement, Je la pensais homosexuelle, comme moi

- Ah ? Tu as connu des hommes ? m’étonnais-je

Elle esquissa un sourire entendu avant de me répondre.

- Mati, je suis bi, je ne crache ni sur un bel homme, ni sur une belle nana. Mais à présent Maeve m’apporte tout ce qu’il me faut.

Je serai bien tenter de répliquer que c’était encore une similitude avec sa mère mais ce n’étais pas tout à fait exacte. Caitlyn se cherchait lorsqu’on s’est trouvé, et notre relation l’a complètement révélée à sa nature. Quant à moi, j’ai toujours su où allait mon attirance même si je n’ai réellement connu amoureusement qu’une personne.

- Ta mère fut mon seul amour, me confiais-je à mon tour.   J’ai toujours aimé les femmes, depuis que j’ai eu l’âge d’apprécier leurs formes, je n’ai jamais eu d’attirance pour un homme, j’en éprouve même un certain dégout. C’était impossible d’expliquer ce que beaucoup jugeaient comme « contre nature » mais pour moi, c’était juste ainsi que j’avais été faite : pour aimer les femmes et une en particulier. Jamais je n’avais avoué à une personne pour qui j’éprouvais de tels sentiments concernant ma vraie nature avant…avant Cait.

Mon esprit voyageait dans des moments intimes du passé. Impossible d’oublier cet instant où elle m’avait brutalement envoyé balader alors que j’essayais juste de lui indiquer où se trouvait le bureau du Professeur alors qu’elle était à peine arrivée dans l’institut et ses premières paroles à mon intention : « tu devrais de décrisper, p’tite brune, ou tenter d’enlever le balais que t’as dans l’cul, et pis, accroche à p’tit sourire à ta trombine, c’est gratos et ca fait plaiz ! »j’en étais restée scotchée de cette désinvolture et cette franchise impertinente qui constituait son caractère d’alors. Je l’avais observée comme un alien qui venait de se perdre dans notre monde et d’emblée je l’avais trouvé « a part ». Comment oublier ce jour, des semaines plus tard, où elle s’était interposée entre moi et des imbéciles peu au courant de qui j’étais et qui me cherchaient des noises en disant bien fort qu’elle allait leur « péter la tronche si on touchait, à la Première de la Classe ». Elle ne connaissait rien de mon potentiel et ne se doutait pas du danger qu’il y avait à me provoquer et pourtant, elle m’avait ensuite tendu la main en demandant « amies ? ». Je ressentais toujours des années plus tard la chaleur de cette main dans la mienne. Je nous revoyais des années plus tard, dans les bras l’une de l’autre alors que pour la première fois, elle s’effondrait devant mes yeux lors d’une mission qui avait mal tournée. Elle pleurait comme une petite fille si fragile et si désemparée de ne pas parvenir à être plus forte, meilleure. Jamais personne ne m’avait touchée à ce point, ne m’avait accordé sa confiance avec une telle ferveur pour se découvrir ainsi dans toutes ses fêlures. J’entendais encore ses mots alors que le monde semblait prendre fin dans cette centrale atomique au bord de l’explosion et qu’après de longues journées de ténèbres qui avaient suivi mon douloureux coming out, elle posait enfin ses lèvres sur les miennes. Son corps nu dans la pénombre de notre chambre, sa main innocente sur ma bouche pour m’empêcher de hurler mon plaisir et son visage moite à la chevelure ébouriffée et ce petit sourire si unique sur ses lèvres après notre premier orgasme…je revoyais tout cela et j’en arrivais à cette conclusion inévitable qu’une vie entière s’était écoulée que je le veuille ou non.

- J’aimerai toujours ta mère, soupirais-je, même si notre histoire a trouvé fin lors du Big Day entre ses larmes et mon sang. J’ai eu une chance incroyable de rencontrer quelqu’un comme elle, mais comme elle l’a fait après d’années, c’est à mon tour d’apprendre à la laisser partir…même si cela va me broyer le cœur. Elle m’a montré que c’était possible…qu’on pouvait survivre à l’Amour…Alors, je survivrai aussi.
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Message  Aislinn Oldfield Dim 2 Mai - 14:33


Elle m’asséna cette phrase avec une telle conviction où perçait une sincérité indiscutable que mon sang se glaça immédiatement dans mes veines. Leur amour avait transfiguré toute mon adolescence, il apparaissait comme une chose sacrée et indestructible qu’on ne pourrait jamais ni abimer, ni renier. Alors comment comprendre que l’une d’elle puisse y renoncer si facilement ? Caitlyn m’avait toujours répété maintes fois que seul l’amour, le véritable, nécessitait sacrifices et combats comme si c’était là l’unique vérité qui devait guider chacun de nos pas sur terre. J’avais fini par y croire aussi véritablement que mes poumons avaient besoin d’air pour me garder en vie. Les propos dans sa bouche sonnaient comme une aberration. Calie devait se battre, elle le devait à cet amour. Elle ne pouvait pas raisonnablement baisser les bras et le laisser s’éteindre puisqu’on lui donnait l’occasion de souffler sur les braises à nouveau. C’est ce que j’aurai fait, certainement. Mais voilà, Calie était incernable sur bien des aspects et celui là en était un. Je ne pus m’empêcher d’exprimer ma surprise cependant.

- Mais enfin, Mati ! Tu l’aimes, c’est une évidence…D’accord la situation est compliquée mais elle ne restera pas toujours figée. Nous allons trouver un moyen de la ramener. Je ne peux pas te laisser être aussi…défaitiste !

Elle attira mon front à elle pour y poser un léger baiser dans une attitude emplie d’affection maternelle et d’indulgence devant mon emportement avant de murmurer avec douceur.

- Tu emplois le champ lexical militaire, ma chérie, c’est hors de propos. C’est justement parce que je ne désire aucun conflit qu’il n’y aura ni victoire, ni défaite. Je n’ai aucun doute sur le fait qu’on parviendra à la ramener comme je n’en avais aucun non plus sur le fait qu’elle n’avait pas disparue…

Elle se redressa pour me regarder dans les yeux avec une certaine gravité comme pour m’alerter sur le sérieux de ses paroles.

- Il m’est pourtant arrivé de me planter. Par exemple, j’étais convaincu que ni elle, ni moi ne parviendrions à passer au dessus de la perte de l’autre. Je voulais ce lien entre nous indestructible et exclusif parce qu’au fond…je pensais que cette situation ne se présenterait jamais…du moins, je refusais qu’elle puisse se présenter. Je nous voulais ensemble sinon rien. Je concevais l’Amour comme le carburant de nos vies, pas comme le véhicule et c’est là qu’était l’erreur.

Je secouais la tête n’arrivant pas à comprendre son allégorie. Elle esquissa un faible sourire avant de poursuivre.

- Sans amour, tu peux perdre la force de faire avancer ta vie, mais ca ne veux pas dire que tu ne peux plus avancer. Perdre cet amour ne te dénatures pas. Tu PEUX toujours aimer, tu en as toujours la capacité et Caitlyn me l’a démontré avec Kaya. Je ressens exactement ce qu’elle ressent pour elle, c’est pourquoi ça me permet de comprendre que c’est un sentiment aussi fort que celui qui nous habitait toutes les deux, elle l’aime sincèrement. Elle a fini par solder le deuil pour passer à une autre phase de sa vie et elle avance à nouveau sur son chemin. Ca capacité à aimer était restée intacte. C’est un véritable miracle qu’elle a réalisé et c’est là, une véritable leçon qu’elle m’a inculquée et un autre chemin qu’elle m’a dévoilé. Jusqu’à mon dernier souffle j’aimerai ta mère et c’est grace à cet amour que je trouverai la force de la libérer de notre passé. C’est ce sacrifice là que je me dois de faire pour elle, l’autre n’était que pur égoïsme.

Cette abnégation me dérangeait cruellement au point que j’en sentais les larmes me monter aux yeux. Bien sûr que cette colère froide n’avait rien d’altruiste, bien sûr que c’est à moi avant tout que je pensais, a toutes ces années de solitude et de regrets sur ce qui avait pu être. La question était là et m’étranglait ! Et moi dans tout cela ? Quel était ma place et avais-je mon mot à dire. Je voulais que Cait et Calie soient de nouveau ensembles. J’appréciais Kaya mais elle n’était pas ma mère de cœur. Le retour de Calie posait inévitablement un problème mais qu’en était-il de mon rêve de voir ma famille se reconstituer ? Est-ce que seulement un instant quelqu’un pouvait penser à ce que j’aurai aimé moi ? Ce n’était pas juste, non pas juste !

- Tu n’as pas l’droit ! Criais-je presque ; J’ai vécu dans ce rêve d’avoir la famille que j’aurai du avoir et maintenant que tu es de retour, tu veux tout foutre en l’air ? Je n’ai pas eu d’enfance, j’ai été privé de toi et maintenant…tu me sors froidement que tu veux t’enfuir loin de ma vie…c’est..c’est

Je poussais une sorte de râle guttural alors que mes larmes ruisselaient le long de mes joues. Elle me regardait stoïque mais profondément peinée, et avec des gestes lents et calculés, elle s’empara de mes bras afin de m’attirer à elle et poser ma tête contre sa poitrine. Elle me murmura comme on berce un enfant.

- Aislinn, ma petite…Je ne peux pas réécrire l’histoire et dieu m’est témoin que si je le pouvais, je le ferais pour t’offrir la vie que tu aurais du avoir…mais le passé reste le passé. Tu ne pourras jamais revivre cette enfance, on ne pourra jamais ressouder cette famille parce que l’histoire s’est terminée il y a plus de quinze ans. Je ne veux pas m’enfuir loin de toi et si le fait que je te dise que notre histoire d’amour avec ta mère doit changer, ca ne signifiera jamais que tu ne seras plus ma fille. Je t’aime. TU es mon enfant et cela ne changera jamais même si nous n’avons pas eu de passé commun.


Elle passa sa main sur ma nuque, me caressant lentement les cheveux. Un geste que Cait n’aurait jamais osé faire tant je détestais à l’adolescence qu’on cherche le contact avec moi. Mon cœur était lourd de regrets. J’aurai pu être tellement différente si elle s’était tenue à mes cotés. Sans doute aurait-elle corrigé mes erreurs, guidée d’une autre façon. Tout cela était irrémédiablement et à jamais perdu dans le passé des futurs avortés. Les larmes roulaient paisiblement à présent alors que le rythme de ses battements de cœur me rassurait. Je murmurais d’une voix morne.

- Alors, c’est donc comme ça que ca va se terminer…il ne restera plus rien de votre amour à maman et toi…

Elle soupira puis déposa un léger baiser sur ma joue, sa main chaude toujours sur mon crâne. D’un geste du doigt, elle essuya les larmes sur mon visage avant de me répondre.

- Si. Il restera toi et tu seras notre plus belle réussite. Caitlyn et moi avons vécu un merveilleux amour, il nous a fallu des années pour le forger et il s’est écroulé une minute et vingt-sept secondes. C’est extrêmement triste mais c’est comme ça, comme tu dis, que ça s’est terminé.

Je me redressais lui serrant les mains à mon tour tout en accrochant son regard avec fermeté.

- Alors puisque c’est comme ça, je veux en être témoin. Maman m’a raconté comment vous vous êtes rencontrées, je sais comment vous avez vécu…A toi de me raconter cette fin, s’il te plait, Mati. Je veux savoir toute l’histoire pour qu’elle puisse vous survivre à vous. Il FAUT qu’elle survive dans d’autres mémoires.

Elle me jaugea longuement comme si elle soupesait chacune de mes paroles avec tout le sérieux que j’avais voulu leur donner. Elle finit par incliner le visage et murmura.

- Soit. A toi seulement et pour cet unique instant, voici ce qui s’est passé ce jour-là.

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Une minute vingt-sept. (Calie, Aislinn, Toy) R3 Empty Re: Une minute vingt-sept. (Calie, Aislinn, Toy) R3

Message  Calie Loretto-Oldfield Sam 15 Mai - 17:24

NRA: La musique fait intégralement parti du Rp.


On peut passer sa vie entière à construire un véritable empire fait d’argent ou de pouvoir. De Même, on peut souffrir sa vie entière à courir la fortune et espérer la gloire. Tout se résume à une course endiablée vers la ligne d’arrivée dont souvent on ignore tout de la nature.  Les heures et les mois, les années s’étiolent et deviennent de plus en plus insupportables. On fait des plans, on met en place des stratégies dans l’unique but de réaliser ses desseins, on y apprend la sagesse et l’amertume qui remplace l’impatience et l’appétit. Tout cela prend du temps, énormément de temps. Mais tout le monde vous le dira : si conquérir est une chose aussi compliquée et hasardeuse que la réussite, conserver l’objet de nos convoitises l’est infiniment plus. Il m’a fallu toute une vie pour devenir celle que j’étais destinée à être. Mais il m’a fallu une minute vingt-sept secondes pour tout perdre et me retrouver dans le néant. Une minute vingt-sept d’espoir insensé, de souffrance absolue, d’un pari idiot que j’ai perdu.


Nous avions passé la nuit entre confidences, tendresse et passion. Le sommeil ne nous aura pas volé cette dernière fois, nous supposions que le jour à poindre serait bien le dernier et nous avions beaucoup encore à partager et à se donner. La lueur orangée  de la pièce souligna l’aube fatale et nous chassa de notre dernier nid. Les corps pourtant éprouvés de nos longues conversations, nous n’éprouvions pas le besoin de nous nourrir, c’était inutile. Je la trouvais nue devant la fenêtre à la vue panoramique offrant la vision terrifiante de cette aube que nous ne voulions pas dévorant littéralement San Francisco. Cette image onirique de ses formes nues se découpant devant ce spectacle de fin du monde ne me quittera plus jamais. Elle frissonna à mon approche, comprenant que l’heure de quitter sa rêverie sonnait mais son regard ne quittait pas la baie et ses reflets océanique agités. Elle murmura comme un adieu ses dernières paroles «  Nous vivons dans un monde magnifique ». Pour la première fois de ma vie, je n’en cherchai plus le sens, me contentant de l’enlacer pour poser ma tête dans le creux de son épaule et m’absorber dans ce que ses yeux surnaturels pouvaient contempler.  «  Oui, c’est vrai » répondis-je et tout  était dit.


Un dernier baiser au gout de regret puisque je supposais qu’il n’y en aurait plus jamais d’autre, puis ses mains se joignirent aux miennes et nos respirations se synchronisèrent.  Son corps se nimba d’une lueur spectrale alors que son humanité s’effaçait sous sa forme d’énergie pure. Quand elle ne fut plus que ce spectre luminescent, elle glissa en moi.  La douleur d’une brulure surnaturelle fut insupportable et m’arracha un hurlement mais sa voix dans ma tête me calma et m’apaisa, puis la douleur disparu.
La fusion, mes iris prenant cette teinte surnaturelle appartenant à Caitlyn et mes cheveux poussant en quelques secondes, tombant rapidement pour repousser en quelques minutes avec une teinte rousse orangée caractéristique des Oldfield. Je sentais l’énergie électrique parcourir mes veines et la présence de mon aimée jusqu’au plus profond de moi. Nous étions parés pour notre assaut final, il ne restait plus qu’à revêtir notre costume de guerre. Je me souviens avoir longuement contemplé l’insigne d’argent frappé d’un X  de la boucle de mon ceinturon lors de l’habillage, les paroles de Caitlyn continuaient de me hanter, oui : c’était un monde magnifique, ma chérie, et nous  allions tout faire pour le préserver.


Dans notre QG de fortune l’ambiance était lourde et pour une fois, notre particularité physique due à la fusion n’appelait aucun commentaire. Les regards qui glissaient sur nous étaient empli de compassion, nous étions de la Front Line. Tout le monde ici savait de quoi il en retournait et même Wolverine qui dirigeait la vague lors du briefing avait été on ne peut plus explicite « Faites ce que vous pouvez, donnez tout, c’est un aller simple ».


L’artillerie des humains tonnait l’enfer donnant le tempo, une frappe lourde et sans finesse d’une centaine de missiles non nucléaire puisque ca n’avait aucune prise sur lui. Un déluge d’explosions qui n’avait qu’une seule raison d’être : juste de quoi éveiller la cible. Cariandre, une téléporteuse ouvrit un portail à moins de cent mètres de la cible et nous en sommes émergés, les vingt-deux braves en route vers leur destin. Etrangement le silence était de mise. La section se dispersa rapidement, chacun suivant son rôle et la cible était enfin en vue. Il n’avait rien de surnaturel, d’aspect humain d’une grande taille mais sans cheveux, ni pilosité, il était là, nu et dissipant les brumes des explosions ne l’ayant pas entamé le moins du monde. Il gisait inerte, en attente de la suite.


Puis vint la minute vingt-sept seconde la plus terrifiante de mon existence.


Nous avions décidé d’agir en quatre vagues de six combattants, ceux qui pourraient survivre à leur assaut initial renforceraient la dernière vague. Puisque la fusion me permettait d’agir à mi-distance grâce aux foudres de Cait, je fis l’opening. Impossible de narrer correctement les derniers instants de la première vague, celle qui fit l’entame et fut menée par Wolverine. Ce dernier lutta au corps à corps quelques instants avant d’être brutalement balayé par un revers de bras et expédié plus loin. J’ai vu Le Fléau prendre littéralement Ultimate à bout de bras, puis se faire écrasé par une série de coups monstrueusement lourds. J’ai vraiment essayé de l’aider, arrosant la cible sous un déluge de foudres. Je réduisais toujours plus la distance convaincu en vain que plus j’étais proche plus les impacts le feraient fléchir, c’était idiot. Aucun plan ne survit au contact de l’ennemi, encore plus un comme celui-là. Il a fini par décapiter le Fléau, je les vu lui arracher la colonne vertébrale. D’un retour du corps et avec une souplesse qu’on ne pouvait soupçonner, il transperça Warpath au niveau du torse. Il se déplaçait sur moi à une vitesse fulgurante. Mon sang bouillonnait, la peur naquit du fond de mes entrailles mais Cait me hurlait de ne pas paniquer. C’était ma mort que je voyais arriver mais je n’allais pas offrir ma vie d’une façon si docile, pas questions. Je me préparais au choc armant le bras pour pouvoir frapper mais lorsqu’il fut sur moi, une décharge d’énergie le heurta l’immobilisant un bref instant. Le coup venait de Surge, ayant profitée de l’inattention pour tenter sa chance. Ultimate sembla un instant hésiter, puis il leva les bras et une décharge phénoménale embrasa la terre et consuma le ciel. Le souffle me balaya mais j’eu le temps de voir le visage grimaçant de Surge se disloquer devant moi comme un fruit trop mur qu’on venait d’exploser. La douleur fur insupportable, impossible de reprendre un souffle alors que mon corps se retrouvait balloté par le souffle à une trentaine de mètres. Une fois un calme relatif écoulé, je me relevais sans avoir perdu conscience. Caitlyn dans ma tête m’informa qu’elle venait de bloquer l’information de douleur et que je ne pouvais plus compter sur mon bras gauche. Elle n’eut pas le temps d’ajouter d’éviter de m’enquérir du pourquoi, un bref coup d’œil me permit de comprendre que mon bras avait été arraché au niveau de l’épaule.


C’est un monde magnifique mon amour, regarde, on va le protéger.


Je réduis la distance qui me séparait de lui, enjambant les cadavres d’amis que je ne reconnaissais même pas. Wolverine était à nouveau là, le ceinturant. C’était la fin, j’en avais conscience. Tout ce que j’avais, je l’ai mis dans ce crochet du droit. Tout le poids d’une vie, tout le poids de l’espoir, tout le poids de notre Amour. Un mutant dont j’ignorais le nom s’écroula à ses pieds me laissant l’ouverture et l’opportunité de lui porter ce coup et mon poing se disloqua sur son visage en un coup plus fracassant que le tonnerre d’une foudre.


La dernière seconde. Un instant suspendu dans le temps.


Puis il me déchira en deux de son regard laser, je senti le haut de mon corps être catapulté dans les airs alors que mentalement Caitlyn hurlait.
Mon combat venait de se finir.


Elle s’évertua à m’empêcher de ressentir la souffrance jusqu’à ma dernière seconde de conscience, jusqu’à ce que je décide de l’arracher à moi.
La peur me quitta peu à peu, ainsi que mes doutes.
Et la vérité m’apparue enfin dans l’agonie.
Maintenant je savais.
C’est la seule chose que je savais.
C'est qu'il n'y a rien à fuir.
Parce que tout le monde ici à quelqu'un sur qui se reposer
C’est pour ça, que je ne l’ai pas emmené.


Elle trouvera.
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