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Ombres et Lumieres ( Cale- Jade) 2022

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Ombres et Lumieres ( Cale- Jade)  2022 Empty Ombres et Lumieres ( Cale- Jade) 2022

Message  Calie Loretto-Oldfield Sam 19 Fév - 11:16

Ce rp se déroule quatre mois aprs le retour de Calie a l'Institut, Jade entame son huitième mois de grossesse.  


Ombres et Lumieres ( Cale- Jade)  2022 Deposi10

Chambre de Cait et Calie à l'Institut, il y a longtemps...

Le bruit d’un bris de verre vint mettre un point final à ma lecture. Surprise, je levais  le regard pour m’enquérir de son origine et je la vis la mine renfrognée cherchant quelque chose d’un balancement de la tête et que je devine aisément.

- Balayette et pelle ?…Prés de la corbeille à papier ma puce….lâchais-je avec douceur tout en refermant les pages de mon dossier puis m’adossant plus confortablement dans le petit canapé

- Grrr…j’suis pourtant pas si mauvaise que ca question dextérité mais chaque fois que je me mets derrière les fourneaux, tu peux être sure qu’il y aura des pertes ! Bougonna-t-elle sur un ton exaspéré qui amena un sourire discret sur mes lèvres.

Non elle n’était pas si mauvaise que ça. Mais elle se transformait bien souvent inévitablement en catastrophe ambulante pour les petits actes du quotidien. Caitlyn restait une fée rousse survoltée et outre les problèmes inévitables qu’elle pouvait rencontrer avec les appareils électriques, sa nature mutante électrifiée la rendant sensible à cela, je ne comptais plus le nombre de choses qu’elle avait pu endommager par maladresse. Un paradoxe lorsqu’on savait sa dextérité en mission comme dans le pilotage du X Jet. De surcroit, l’exigüité de notre « chambre de fonction » n’arrangeait pas la situation et le fait d’avoir pu accéder au rang de X men n’y faisait rien. Nous avions juste déménagé dans une autre aile de l’Institut mais sans réel gain de place, seule l’option salle de bain particulière s’était ajouté ce qui n’était pas rien. Caitlyn avait insisté pour qu’on installe une très modeste plaque de cuisson pour lui permettre de s’essayer à la cuisine. L’espace n’étant pas optimisé pour cela, cette « cuisine » improvisée ressemblait la plupart du temps à un théâtre d’opération militaire où les ustensiles s’entrechoquaient à leurs risques et périls. Je lui avais dit plus de cent fois qu’elle pouvait très bien « bricoler » ses expériences culinaires à la cuisine du  réfectoire mais l’irlandaise se voulait têtue et opiniâtre. Je supposais surtout devant ce refus drapé d’indignité, une réelle peur d’être découverte par l’une ou l’autre de nos connaissances et par la suite faire l’objet de moqueries. Caitlyn n’était pas non plus un cordon bleu, il fallait bien se rendre à l’évidence, d’autant plus frappante quand la constatation provenait d’une personne comme moi qui mettait sur un même pied d’égalité, l’exploration spatiale et la cuisine : à savoir, un domaine précaire où tout restait à découvrir. Le dégât collatéral du jour était un large plat qui avait terminé son existence dispersé en multiples morceaux sur le parquet. Cela aurait pu être plus embarrassant, le plat était heureusement vide. Je décidais de me lever de mon perchoir afin d’aller porter un soutient moral et quelques paroles réconfortantes envers l’exploratrice culinaire. Enserrant mes bras autour de sa taille alors qu’elle s’affairait je lui murmurais au creux de l’oreille.

- Il ne tombera pas plus bas…Qu’est ce que tu mijotes, mon amour ?

Tout en inclinant la tête avec une fausse gravité mais un réel trouble à se sentir ainsi piégée entre mes bras , ce que je remarquais facilement chez elle et qui m’excitait infiniment, elle balbutia comme une petite fille prise en faute.

- Des lasagnes…c’est chiant à faire mais c’est pour toi…je me suis dit…que tu apprécieras surement comme tu es italienne.

Mon regard se perdit sur la pate qu’elle malaxait sur le plan de travail.  Jamais la nourriture n’avait pu m’évoquer la moindre attirance durant cette singulière période qui fut mon  enfance car se nourri r pour moi avait toujours était une nécessité biologique et surement pas un plaisir. J’étais placé devant un véritable dilemme. Je voyais bien le mal qu’elle se donnait pour tenter de se surpasser dans un domaine où elle ne brillait pas particulièrement et étrangement cela me fit penser au sexe. Je n’avais jamais eu de réelles expériences dans le domaine intime avant elle et j’étais totalement vierge lorsque nous avions fait l’amour pour la première fois. J’avais des désirs, des envies, des emballements et c’est elle qui m’a calmée, guidée, montrée  toutes les subtilités du plaisir. Je n’oserai pas dire qu’elle savait y faire mais par rapport au néant qui me servait de comparaison, elle m’avait paru d’une expertise délicieuse. Elle m’a répété bien des fois qu’elle avait connu peu de partenaires et avait gloussé et rougi presqu’autant que moi un soir qu’ elle m’avait perfidement montrer des vidéos pornographiques sur le sujet pour nous « inspirer un peu » comme elle le murmurait entre désir et honte.  Tout ca pour expliquer que l’analogie entre les lasagnes et le sexe était douloureuse pour moi. Cait nous avait appris à nous aimer physiquement mais je ne pourrai jamais lui apprendre à réaliser un plat italien même si c’était le foutu pays où j’avais grandi. Je pris une profonde inspiration, troublée par cette pensée. Nous nous étions promis de toujours partager nos états d’âme. Pas de non dit entre nous, ils lézardent les fondations même de ce que nous pourrions tenter de construire toutes les deux.  Il me fallut une tonne de courage pour oser exprimer tout haut le trouble qui s’enflammait silencieusement en mon esprit.

- C’est adorable mais je ne pense pas être à la hauteur de cette attention. Je ne voudrais pas que tu perdes ton temps pour ça.


Elle tourna son visage vers moi avec une gravité qui me vrilla le cœur. J’oubliai trop souvent combien elle pouvait se montrer femme par moment. J’avais toujours à l’esprit l’image de trublion à peine émergé de l’adolescence  qu’elle aimait renvoyer en public. Mais devant ses grands yeux vert interrogateurs et ces micro rides trahissant réellement son âge et que l’on découvrait lorsqu’elle mettait tout son sérieux à écouter, elle faisait alors véritablement adulte. Cette expression si sérieuse à la limite de la sévérité, je me targuais d’être sans doute la seule à la percevoir lorsqu’elle baissait enfin la garde et qu’elle se dévoilait enfin avec toutes ses fêlures et ses cicatrices héritées du tumulte de la vie. C’est ce visage si particulier que j’aimais à caresser du bout des doigts lorsque son regard miroir me renvoyait l’intégralité de son âme alors que  juchée sur moi dans la pénombre de nos ébats, le plaisir de l’orgasme la consumait délicieusement et que j’en étais l’exclusive spectatrice. Ma femme enfant, ce trésor que j’avais convoité toute une existence. Elle se tourna pour me faire face, me faisant perdre notre étreinte, son regard toujours amarré au mien.

- Et comment peux-tu t’imaginer une seule seconde que je puisse perdre mon temps quand je fais quelque chose pour toi ?
Murmura t-elle avec une délicatesse surprenante.

- Mais…bégayais-je, c’est un peu…bête de faire des plats italiens, tout ça parce que je suis italienne…j’veux dire…je m’en fiche que tu saches faire ça, ce n’est en rien important pour moi. C’est toi, Cait qui compte…Seulement toi.

J’essayais gauchement de défendre mon point de vue tout en savant depuis déjà que je n’y parvenais pas. Les mots ne trouvaient jamais leur justesse quand ils tenter une sortie depuis le cœur.

- Et puis…je baissais timidement les yeux comme si le salut se trouvait chez mes pantoufles avant de marmonner,Et puis…je ne pourrai jamais t’aider dans ce domaine, je n’aime pas la cuisine et encore moins l’Italie.

D’un geste délicat, elle me redressa le menton avec un index enfariné avant de pendre ses bras en guirlande autour de mon cou. A nouveau elle m’agrippa de son regard si particulier ou déjà dansait des microparticules électrique préludant ce regard unique et surnaturel qui sera sien lors de sa prochaine évolution qui s’opérera dans à peine une petite année et qui mettra fin à son vieillissement naturel et une partie de son humanité.

- Je ne fais pas ça pour te plaire, petite idiote…mais parce que moi ça me plait. Nous sommes un couple, pas vrai ?  alors j’ai envie de construire avec toi.  Que tu le veuilles ou non, tu es italienne et ton naturel affleure sous ta carapace de grosse dure…
- Ey !, protestai-je sans énergie, Je ne suis pas une grosse dure.
- Mais tu aimerais tellement que tout le monde le pense !  ria t-elle avant de poursuivre
- Tu es ma petite italienne et je gaverai comme une oie avec les plats de ton pays natale et tu te souviendras toute ta vie qu’une personne qui t’aimait infiniment t’a redonné gout à ce type de cuisine qui je le sais très bien, ne signifiait rien pour toi. Je ne peux pas guérir les blessures du passé mais en colorant l’avenir, je peux peut-être faire un futur meilleur pour toutes les deux ? C’est en ça que je crois et c’est pour ça que je ne perdrai jamais mon temps en le façonnant de mes mains.

Il était rare que je cède à une bouffé d’émotion mais cette fois ci, je ne pu m’empêcher de sentir les larmes me piquer les yeux. Il y avait tant d’elle-même dans ces simples mots et cette idée bien trop optimiste, bien trop de ce qu’elle était dans sa nature profonde. Altruiste, désintéressée, profondément bonne et aimante.

- Je t’aime…si fort.


Ce furent les seules paroles tremblantes que ma gorge parvint à laisser filer avant que je ne l’agrippe avec un peu trop de violence pour enfouir mon visage dans son épaule. Elle ne répondit rien préférant partager religieusement cet instant et nous restâmes ainsi pour ce qui me sembla être des secondes d’éternité. Elle passa une heure cinquante deux minutes derrières ses fourneaux, j’ai compté chaque secondes comme pour pénitence la couvant d’un regard amoureux. Ses lasagnes furent exécrables mais ce furent pourtant les meilleures que j’ai pu manger de ma vie. Elle s’améliora chaque jour et chaque jour je lui faisais honneur, c’est ainsi que nous avons vécu, de ces petits gestes qui ne sont rien, posant l’une après l’autre les pierres de la forteresse de ce qui nous reliait. A partir de ce jour, jamais plus je ne me permis de penser pour elle et de supposer qu’elle perdait son temps à essayer de me plaire. On ne perd jamais notre temps quand on le passe ensemble, c’est une des choses qu’elle m’a enseigné à défaut de la cuisine. Mais pour ce domaine, elle avait trouvé un ingrédient secret. L’Amour.
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Residence des Aoe-Oldfield, de nos jours


 Mon regard se posa sur le plat que venait d’amener cet étrange Majordome qui officiait en cuisine. Des lasagnes. Je reconnaitrais ce met entre mille et il m’évoqua immédiatement le souvenir de temps heureux mais à présent envolé. L’odeur en était la même en tout cas, j’attendais avec une certaine appréhension de les gouter pour savoir si l’effet de cette madeleine de Proust allait persévérer.

J’interrogeais du regard mon interlocutrice en attente de quelques mots de discussion.  Jade se tenait toujours aussi droite sur sa chaise, me faisant face dans ce tête à tête si particulier. Il me fallait à nouveau affronter cet océan glacial entre nous et l’ambiance n’avait rien de décontractée. Bien sûr tout était dans le non dit  car elle se montrait d’une politesse presqu’obséquieuse. Après tout c’est elle qui m’avait convié dans son propre domicile pour ce déjeuner. Il était facile de deviner derrière cette invitation l’action de ma fille Aislinn. Elle avait l’oreille de sa cadette. Avait-elle du batailler ferme pour y parvenir ? J’aurai bien voulu être une petite souris pour assister en toute discrétion à leurs échanges. J’avais voulu cette rencontre pour tenter de pénétrer son univers, elle qui me fascinait par cet amour inconditionnel qu’éprouvait Caitlyn pour elle et qui parasitait mes propres émotions. Le silence régnait toujours alors que nous nous observions comme deux prédateurs. Ces iris d’un noir profond rendait complexe la lecture de ses émotions. Elle était belle et même particulièrement belle en cette fin de grossesse. Une superbe jeune femme qui faisait montre d’une retenue quasiment millimétrée. Face à un tel calme,  pouvait-on supposer ses problèmes de colère incontrôlable de son enfance ? Difficile à croire et pourtant il me suffirait de « lire » les souvenir de Caitlyn pour m’en convaincre, chose que je me refusais toujours à faire. Je préférais interroger Aislinn à ce sujet et elle m’avait ouvertement briefée comme si j’allais rencontrer un adversaire de premier ordre. Ce qui en était ressorti était que des deux filles Oldfield d’origine avant l’arrivée d’Ariella qui scella leur sororité, Jade avait toujours été la moins transigeante et la plus jusqu’au boutiste  même si cette particularité avait été fortement bien desservi par son intelligence hors norme et son esprit calculateur. Aislinn était elle une source totalement impartiale ? Sans doutes sur les grosses lignes puisqu’il était évident qu’elle adorait véritablement sa sœur même si la vie entre elles  n’avait jamais ressemblé à une mer d’huile mais plutôt à un océan changeant entre forts grains et houle brulante. Ariella avait permis de poser un tampon entre ces deux caractères et les tempêtes s’étaient calmées depuis.
Elle attendit figé dans sa posture de cariatide que le serveur s’éloigne avant qu’un bref souffle ne soulève imperceptiblement sa cage thoracique et que d’une toute petite voix, elle n’égraine quelques paroles.


- Je sais que ce plat t’est familier, particulièrement en cette date. Je ne fais jamais rien au hasard. Ma mère m’a transmis cette coutume. Tu m’excuseras de ne pas avoir préparé de mes mains mais je connais la recette par cœur. J’ai donné la marche à suivre au cuisinier. tout repose sur son talent à présent.

Je ne saurai dire ce qui m’étonnait le plus, le contexte ou le contenu de sa phrase. Le timbre de sa voix restait la chose la plus déstabilisante chez elle. Je n’étais pas sans ignorer son caractère fort et la poigne dont elle savait faire preuve parfois. Mais à l’entendre s’exprimer, on l’aurait cru fluette et sans doute sans réelle force aussi bien mentale que physique : quelle erreur lourde de conséquences devant ce qui paraissait un petit être presqu’en excuse d’exister ! Le fond me laissait un peu moins perplexe mais m’étonna tout de même un peu. Caitlyn avait ainsi continué sa tradition bien après ma disparition en l’initiant à préparer ce plat si significatif pour nous pour le dater de l’anniversaire de nos épousailles. Sans doute jugeait-elle que c’était le jour le plus heureux qu’elle avait vécu avec moi. Je n’y avais pas réfléchis pour ma part…oui sans doute que cela en était l’un d’eux. Les nuages noirs ne s’amoncelaient pas encore à l’horizon et il nous semblait avoir bien des projets communs à formaliser et toute une vie à construire. Parlions-nous déjà d’avoir des enfants ? Je ne m’en souviens pas vraiment, il me semble que la perceptive de pouvoir former nos propres apprentis comblait déjà ce vide en devenir. Toys venait d’arriver, nous n’avions pas encore récupéré Kaya, nos insignes d’ X Women étaient encore rutilent. Oui, sans doutes l’un des plus beaux jours, ma Caty. J’inclinais la tête en esquissant un sourire de circonstance.


- J’espère qu’elle ne te les a pas vendues comme le summum de la gastronomie. L’Intérêt de ce plat tient plus dans la signification que dans son goût. En tout cas, c’est une délicate intention, je t’en remercie.

Elle se contenta de poser ses mains croisées sur la rondeur proéminente de son ventre.  Peut être que l’enfant s’agitait, les affres de la maternité étaient tout un mystère pour moi.

- Comment se porte Maman ? Aislinn m’a dit que sa présence est de plus en plus prégnante.  As-tu bon espoir de pouvoir à un moment entamer une communication avec elle ?

Il y avait une forte probabilité que cela ne soit que le but de cette rencontre, s’assurer de savoir quand j’allais faire place nette. Cela faisait quatre mois que j’avais quitté New Heaven pour l’Institut où j’avais fini par me forger une sorte de routine et reprendre des habitudes de vie. Johan m’avait aidé du mieux qu’elle l’avait pu, me confiant de plus en plus de responsabilités et ce n’était pas pour me déplaire finalement. Mes séances de méditation profonde me permettait souvent de « toucher » la conscience de Cait mais elle me semblait s’étre mise en sommeil ou en attente de quelque événement qui pourrait l’aider à surgir. Sans me formaliser pour la franchise de sa question, j’empoignais mes couverts et commençais à m’attaquer au plat en répondant.

- Elle est parfois quasi éveillée, notamment quand je médite ou lorsque je m’entraine au combat. Le calme et la fureur…ces états ont une influence sur elle. Je ne parviens toujours pas à communiquer clairement avec elle…Je pense qu’elle refuse de s’éveiller totalement avant qu’on ai trouvé une solution pour…

Je ne terminais pas ma phrase, trouvant sa teneur infiniment égoïste et déplacée surtout face à celle qu’elle avait élevé comme sa propre fille et dont ma présence l’avait privé si cruellement.

- Pour faire en sorte de vous préserver toutes les deux ? Compléta t-elle. Evidemment, elle ne reviendra pas si ce n’est pas le cas. Elle ne supporterait pas de te perdre à nouveau et d’un point de vue empirique, tu as le droit à cette vie. Je ne suis pas aussi bornée qu’Ari. Cela va sans doute te surprendre mais des trois sœurs Oldfield, c’est moi qui te connais le mieux.

Je fronçais les sourcils. Je pensais que Aislinn était la mieux placé pour revendiquer ce titre, non seulement nous nous étions rencontré de « mon vivant » mais je savais aussi qu’elle avait buché sur mon dossier à de maintes reprises. Elle porta son verre de jus de fruit aux lèvres avant de reprendre puisque je ne commentais pas.


- Ariella ne te connait pas et est trop accaparée par l’absence de maman pour prendre du recul, elle idéalisait totalement Caitlyn. Mais c’est Aislinn qui t’idéalisait toi, te sublimait et te prenait comme modèle. Elle a le sang de maman dans les veines mais elle s’est construite en opposition par rapport à elle. Moi je n’étais que la fille adoptée et recueillit par une femme dévastée et en morceaux.

Elle reposa son verre qui fit un bruit sec sur la table et planta un regard sombre dans le mien. Un regard froid et énigmatique, une fois de plus bien impossible à interpréter.

- Moi, je ne te connaissais pas mais j’ai du affronter depuis toujours les effets collatérales de ta perte. J’ai du vivre avec une femme qui ne savait même plus ébaucher un sourire et qui s’épuisait à sangloter chaque nuit croyant que je n’étais pas assez maline pour comprendre cette douleur.. Elle m’a bercé de chaque souvenir, chaque anecdote et il y avait toujours entre nous cette douleur masochiste de ressusciter le fantôme des jours heureux pour qu’il puisse mieux la lacérer et la voir sombrer un peu plus. Et il y a toujours eu cette souffrance coupable face à cette impuissance de la voir inconsolable et de ne pouvoir rien faire d’autre que de participer à ce jeu cruel.  

Un long silence

- Alors oui, c’est bien moi qui te connais le plus.
Moi, j’ai du vivre avec ton fantôme encombrant toute mon enfance et il y avait peu de place entre vous deux pour ne pas suffoquer.


J’accusais difficilement le coup sous ce flot de paroles acides mais pourtant prononcées sans aucune animosité ni même de méchanceté. Quelque chose en moi remua douloureusement, sans doute Caitlyn. Aislinn m’avait prévenue du talent de sa sœur pour blesser avec les mots mais je n’aurai jamais imaginé qu’elle fut douée à ce point.
Tout en serrant les dents je murmurais.

- Jade, je ne vais pas m’excuser d’être morte.

La jeune femme parue amusé un instant et ses lèvres se fendirent en un sourire enjôleur qui contrastait grotesquement avec la gravité des paroles échangées.  

- Mais j’espère bien ! Après tout c’est à toi que je dois l’être pragmatique et fascinant que je suis. Je n’ai jamais dit que sur le long terme, cela avait pu me porter préjudice. Bien au contraire. J’expose juste…des faits.
Calie Loretto-Oldfield
Calie Loretto-Oldfield
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Ombres et Lumieres ( Cale- Jade)  2022 Empty Re: Ombres et Lumieres ( Cale- Jade) 2022

Message  Jade Oldfield Sam 5 Mar - 11:12

Je me souviens de mon accouchement.

Je n’aurais pas la prétention d’affirmer haut et fort que j’ai le souvenir de mes premiers instants en ce monde, bien sûr. J’ai bien des qualités qui me rendent exceptionnelle et vous savez pertinemment combien j’en ai conscience. Mais être exceptionnelle n’a pourtant vraiment rien de compliqué vu parfois le niveau intellectuel moins que moyen où ce monde en fin de course végète, même si à mon grand regret je n’ai jamais pu cocher la case de l’omniscience.

Cependant je me souviens bien de ce jour où ma mère m’a extirpée des entrailles du néant. Ma seconde venue au monde, ma rencontre avec Caitlyn Emilie Oldfield. Elle détesterait que j’étale ainsi la complexité de son patronyme, personnellement ce « Emilie » m’a toujours fait rire perfidement. « Jade » c’est d’un commun qui au moins à le mérite d’éviter le ridicule, c’est déjà ça. Laissons là ces tribulations un peu triviales et revenons-en à cet accouchement à proprement parler.
Je me souviens de la douleur et d’une vague de terreur qu’on ne pourrait ni quantifier par l’analogie ou la comparaison, ni décrire par un vocabulaire précis. Ces éléments peuvent déjà vous planter le décor : c’ était le jour qui entra dans l’histoire comme celui où Ultimate fut vaincu dans les rues mêmes qui ont vu ce dernier affrontement à San Francisco.
L’instant d’avant, le monde tournait toujours plus ou moins rond. Bien sûr nous avions été alertés, nous avions été sommés d’évacuer. Il y avait une « menace ». La clameur disait que c’était une sorte de méga mutant, de dévoreur de monde. Il y en avait même qui hurlaient à l’apocalypse mais la plupart du temps selon la vox populi, c’était de notre faute à nous, les sales mutos. Les gens sont toujours très doués pour débiter des conneries, une chose de l’ancien monde qui aura survécu, la bêtise et la méchanceté.  Elles sont au mieux mariées au pire,  colocataires.

Mais tout ce tumulte n’avait aucune prise sur moi, ni mon univers. J’y étais totalement hermétique.  J’avais d’autres préoccupations dont la principale était de survivre et de me cacher de ceux qui me poursuivaient mais sans doute ne me poursuivaient-ils pas. Un enfant à cette époque ca valait tout juste entre le prix de ses organes et celui de ceux qu’ils pouvaient fournir comme services payant mais certainement pas le prix des emmerdes quand c’était une « bête mal dressée ».

Je me souviens des sirènes de la ville et de tous ces engins dans le ciel. Je me souviens du bruit des canonnades quand tout l’enfer des hommes s’est déchainé. Tout cela était assourdissant, terrifiant comme une sorte de symphonie sinistre préludant l’apocalypse. Puis il y eut  ce calme si brusque qu’il me parut surnaturel mais la curiosité me dévorait. Je voulais comprendre. Savoir de quoi il en retournait. J’ai toujours été dévorée par cette curiosité, elle ne m’a jamais lâché même si parfois elle aurait pu me mener à ma perte.
Je suis sorti de mon abri, des caves où j’avais trouvé refuge. J’ai à peine discerné quelques lueurs dans le ciel que l’enfer recouvrait mon univers.  Une explosion m’a assourdi, la terre tremblait à nouveau et l’immeuble qui me surplombait m’a dégringolé sur la cafetière. Bien plus tard, j’ai su par Aislinn, ma sœur ainée, qui avait consulté les archives militaires qu’il s’agissait sans doute d’un des rayons d’attaque de Ultimate, ils possédaient une porté de plus de cinq kilomètres. Cet immeuble n’était pas sa cible mais sans doute l’un des malheureux membres de l’équipe de X men de la Front Line qui venait d’ouvrir le bal de l’opération visant à entraver définitivement la marche d’Ultimate. Ils l’avaient stoppé à plus de quatre kilomètres de là et tentaient l’impossible dans un assaut suicide. Je n’ai été qu’un dégât collatéral. Je ne fus pas la seule ce jour là car d’après mes statistiques, combattants exclus, il y a tout de même eu plus de 4500 victimes. J’aurai du être l’une d’elles.  

Je me souviens des ténèbres et de la terreur de mourir, d’avoir fait tout cela, souffert tant de choses pour que cela prenne fin d’une façon aussi stupide et anonyme. Bien sur je ne rêvais pas encore de gloire, mais des rêves de revanches, ça j’en avais les coffres remplis. J’ai sentis tout ce qui me restait d’énergie me galvaniser et cette obstination à rester en vie m’a poussé en avant, rampant comme une sorte de bête nocturne grattant l‘humus de son terrier vers la surface. Je m’arrachais ce qu’il me restait d’ongles sur les débris pour tenter de regagner la surface. Il était inutile de geindre ou de crier à l’aide, personne ne viendrait parce que je supposais que personne ne pouvait avoir survécu. Toute ma concentration était fixée sur cet unique objectif : la vie à n’importe quel prix.

Et alors la lumière grisée et voilée d’un ciel enfumé m’est revenue au bout de ce qui me parut une éternité d’effort pour me frayer un chemin et m’éviter de perdre conscience. L’air quasiment chaud de la surface me fouetta brutalement le visage en une bouffée chargée d’une odeur que je n’ai plus jamais senti de mon existence, mélange de plastique fondu et de matière organique vaporisée. Rien ne semblait plus compter que de m’extirper de cet enfer et même pas la vision de mes bras nus ensanglanté alors que je tentais de me hisser hors des décombres. C’est lorsque J’étais enfin parvenue à extraire le haut de mon corps des gravats fumants que je la vis.

Ce n’était qu’une ombre floue à moins de cinquante mètres de moi. Une sorte de Dame Blanche à la courbure brisée, recroquevillée sur elle-même en une posture douloureuse. Elle ne portait qu’une sorte de lycra grisé pour cacher sa nudité. J’ai su bien plus tard que c’était une combinaison en isomère de molécule instable permettant de fusionner avec elle lorsqu’elle passait en état chimérique. J’ai étudié longuement son fonctionnement par la suite avec une curiosité quasi mystique. Je  comprenais qu’elle puisse se dissoudre sous sa transformation mais comment diable pouvait-elle se reconstituer si parfaitement lorsqu’elle se recomposait et où disparaissait-elle durant le laps de temps où Caitlyn n’était composée que d’énergie pure ou pire encore lorsqu’elle fusionnait avec un tiers ? Bien plus que de la science, de la pure magie née d’un cerveau lutant…mais c’est une autre histoire et ce n’est pas le propos.
 Bien sur que non je ne savais pas qui elle était, je m’en tapais des X Men. Pour moi c’était juste une bande d’illuminés jouant aux héros avec leurs capacités. J’ignorais combien ils avaient œuvré pour la cause mutante, comment il avait travaillé main dans la main avec le gouvernement américain et comment ces derniers les avaient poignardés dans le dos ensuite en mettant en place la politique répressive contre ceux de notre espèce. A cette époque, j’ignorais qu’on les avait traqués, emprisonnés, humiliés puis qu’on était venu retirer leur chaine dès qu’on s’était aperçu qu’il y avait bien plus dangereux et intraitable en face. Je n’ai jamais pu comprendre comment ils avaient pu mettre toute leur rancœur au placard pour pardonner à ceux qui les avaient persécutés. Moi je n’aurais jamais pu. C’est pour cette raison entre autres que je n’aurai jamais pu faire une parfaite héroïne comme Caitlyn ou ma sœur, Aislinn ou encore moins un disciple de Jésus Christ. Mon crédo en ce qui concernait l’offense était  limpide : si on te frappe, frappe plus fort encore et si tu tends la joue, c’est pour mieux cacher que tu te prépares à frapper les couilles. J’ai appris à ne jamais pardonner et je ne m’en porte pas plus mal depuis.

La silhouette meurtrie ne sembla pas me remarquer. Ses longs cheveux roux flottaient tragiquement alors qu’elle semblait totalement absente, recroquevillée sur un tas de gravats. Je ne vis pas clairement son visage, elle se trouvait bien trop loin de moi. En revanche une pensée fuguasse me traversa  sur la singularité de cette vision. Elle avait tout d’un spectre désolée et ne cadrait vraiment pas avec le paysage apocalyptique autour de nous. J’esquissais un sorte de cri rauque et gutturale que je lui destinais mais à peine terminé un épouvantable fracas se fit entendre et à nouveau je fus projeté sur le sol, écrasée par une chute de décombres. Cette fois ci quelque chose se brisa en moi, et cette chose s’appelait l’espoir. Je n’en reviendrais pas et j’en convenais. Je n’avais plus la force de me battre, j’allais m’abandonner à la douleur puis au néant. Les paupières clauses, immobile dans les ténèbres, je sentais mes pensées m’échapper et la vie s’évaporer par chaque pore de la peau.
Ce fut les sensations qui me rattachèrent au monde. Quelque chose m’agrippait et tentait de m’exhumer de la tombe où j’avais renoncé. J’ouvris des yeux fatigués et douloureux sur elle et la vis enfin. Ce fut la première fois que son regard surnaturel, d’un bleu électrique si pur et envoutant s’attacha au mien. Son visage était transfiguré par la souffrance. Je ne sais pas si j’eu alors la pensée logique de me dire que c’était du à l’effort surhumain qu’elle accomplissait pour me sortir de là. Mes pensées n’étaient plus cohérentes et fonctionnaient surtout à l’émotion.  Je sus plus tard que c’était la douleur de la perte, la perte d’une partie d’elle-même. Elle m’a dit un jour d’imaginer devoir respirer tout en sachant que mes poumons n’étaient plus la. Une drôle d’analogie comme il lui arrivait souvent d’en faire C’était une sensation un peu analogue mais loin de rendre la vérité de cette souffrance d’après elle.

Je me souviens de l’effet de ses larmes qui ruisselaient sur mon visage alors qu’elle s’acharnait. J’aurai voulu l’agripper pour l’aider mais je n’avais plus aucune force, ni volonté. J’aurai tellement voulu qu’elle arrête de pleurer, je l’ai toujours souhaité ensuite. Mais je ne fus d’aucun secours dans cet accouchement.
Elle l’a fait seule, à grand renfort de cris de bête blessé, elle m’a arraché à ma mort. J’ai longtemps supposé que ce n’était pas moi qu’elle refusait de laisser sombrer ainsi avec une obstination démente mais je n’ai jamais osé lui demandé cela même des décennies ensuite.
Elle m’a extirpé des ténèbres et nous sommes restés un long moment suspendu ainsi. Nos regards n’exprimant rien d’autre qu’un soulagement et déjà un immense amour, oui je n’ai aucun doute la dessus. Pas de la gratitude : de l’amour.
Puis elle m’a enserré en une étreinte profonde tout en sanglotant. Et là j’ai su pour la première fois le gout qu’avait cet amour et la tendresse que pouvait prodiguer une mère. Là j’ai su que je venais au monde pour une seconde fois.


Extrait des Mémoires de Jade Oldfield-Aoe


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Je ressentais une certaine empathie pour elle. Calie Loreto était une sorte d’anachronisme dans ce monde. Je la percevais comme un héritage qui se refusait à rester à sa place ou  un curieux artefact du passé échappé d’un musée où il aurait du végéter derrière une vitrine. Elle avait eu l’intelligence de ne revendiquer aucune place, aucune fonction, aucune affection particulière et dieu sait combien elle aurait pu y prétendre. C’était une X woman émérite et une héroïne de la nation et coté jardin, sa place dans la maison Oldfield avait toujours été sauvegardée même si Kaya l’avait quelque peu remplacé.  Cependant, elle avait préféré s’exiler à l’autre bout des états unis pour se réconforter dans un Institut fantoche et vivre au milieu de souvenirs poussiéreux. Je gageais que ce n’était pas de l’humilité ou un sens aigus du sacrifice mais peut-être bien une frayeur légitime d’appréhender ce monde qui s’était relevé sans elle. J’aurai agis bien différemment mais c’était moi et mes réactions sonnaient toujours de façon singulière, m’a-t-on dit.
Tout cela m’aurait bien entendu indifférée avec une puissance incalculable si elle n’avait pas de facto emporté ma mère de force  dans son exil mémoriel et ma mère même si je refusais de l’avouer trop fort, restait le centre de mon univers. Maman était la seule personne qui me connaissait assez pour infléchir certains de mes choix et Sanzo m’est témoin que c’était une chose extrêmement complexe à réaliser. Inévitablement elle me manquait, je la savais plus ou moins immortelle par sa mutation particulière mais son absence, cela non, je n’y étais résolument pas préparé et encore moins avec cette chose qui croissait sans cesse dans mon ventre et me flanquait un mal de dos insupportable  et des dérèglements hormonaux épouvantables.

J’étais néanmoins curieuse de savoir quelle image cette légende ressuscitée avait bien pu se fabriquer de moi et je préférais jouer la carte de la franchise pour tester où se trouvaient ses limites. Sanzo m’avait conseillé de la ménager mais je la respectais déjà bien trop pour y sacrifier et nous avions déjà un sacré et étrange passif en commun. Elle ne méritait pas ma déférence obséquieuse mais plutôt ma rugosité sans artifices ni ménagement. Après tout, c’est elle qui avait voulu s’y frotter, il ne fallait s’étonner de s’y piquer. Elle se contentait pour l’heure de m’observer avec un calme inquiétant. Mes mots avaient ils portés plus loin que je ne l’escomptais ? Ce n’était pas improbable, le Berserk était il à la hauteur de sa légende, impitoyable lorsque mis en colère ? Je n’allais pas tarder à le savoir.


- Attention à ne pas tomber dans l’aigreur, Jade, tu n’en es plus très loin. Tes réponses transpirent le cynisme et un gout désabusé. Tu m’exposes des faits mais sur le fond, tu sous entend bien plus… Cette nature « particulière » héritée des événements qui est la tienne ne te définis pas en tant que personne, finit-elle par lâcher avec un ton d’une parfaite neutralité.

Intéressant, elle attaquait par un angle que je n’avais pas anticipé. Je m’avançais sur la table posant mon verre pour mieux appuyer le temps de ma réflexion.

- Allons, Calie, je me contente juste d’être la plus franche possible avec toi.  Je n’ai pas l’inclination que te porte Aislinn, tout comme je n’ai pas non plus l’hostilité d’Ariella. c’est aussi un fait. Mais je pensais qu’on pouvait s’ouvrir l’une à l’autre en toute honnêteté. Puisque tu sais comment je suis, il n’y a pas a être surprise. On m’a dit que tu te refusais à lire les souvenir de Caitlyn mais on a du te dresser un portrait assez fidèle de la façon dont je m’exprime et de la rudesse de mes propos. Il ne faut pas s’en offusquer. C’est ça ma nature et je m’efforce toujours d’être le plus honnête possible avec mes interlocuteurs une fois un silence…religieux observé. Nous n’en sommes plus là puisque tu es ici aujourd’hui..

Calie se redressa sur sa chaise, portant à son tour son verre aux lèvres et le vidant d’un trait sec somme toute assez grossier avant de le reposer sur la table. J’ignorais vraiment comment réagir face à ce comportement indéfinissable. Est-ce de l’hostilité, de la désinvolture ou de l’intimidation : c’est difficile à juger et je détestais avoir le sentiment d’être déstabilisé. Elle poursuivit à son tour.

- D’accord je vais préciser ma pensée puisque tu fais semblant de ne pas la saisir. Je commence à comprendre pourquoi je devais te voir et venir ici. Mais ce que tu me donnes à voir n’est pas du tout ce que tu es. C’est ça que je crois. Et tes provocations et tes piques ne servent qu’à jeter de la confusion entre nous.

- Parce que tu y vois une pique ? Peut-être un reproche ? souriais-je avec une fausse indulgence. Non en toute sincérité, ton absence m’a blindé parce que j’ai du être encore plus forte que je ne l’étais pour Maman. C’est à toi que je dois ma résilience. C’est juste une façon « alambiqué » de te dire merci. Je ne peux pas poser plus clairement mon propos. Ne m’oblige pas à te faire un schéma sur un coin de table, ca serait bien…décevant.

Oh oui qu’il y avait de la perfidie et de la condescendance là dedans mais elle commençait sincèrement à me courir, l’italienne. C’était moi qui menais la discussion et c’était MON repas que JE lui avais offert. Je détestais qu’on se permette de m’analyser comme elle le faisait et de supposer ce que je feins ou ce que je laisse passer comme vérités dans mes paroles.
Elle secoua la tête d’un air navré avant de poser ses coudes sur la table et de joindre les mains sous son menton en une attitude d’observatrice horripilante.


- Tu as donc décidée me dévoiler cette facette abrupte de ta personnalité. Cassante, hautaine et supérieure ? Je me fiche de savoir combien tu es brillante ou forte ou même de ce que tu crois savoir de la vie, de la tienne et surtout de la mienne. Tu sais pourquoi ? Parce que l’amour ne me trompe pas et que tu le veuilles ou non, il m’aide à mieux te voir maintenant que je t’écoute, c’est ce que je ressens pour toi…Moi aussi je te connais bien et même très bien parce que je t’ai élevé.

- Caitlyn m’a élevé, toi tu étais dans le cimetière du Mémorial Day Parc, corrigeais-je avec une totale cruauté.

- Non ,peu importe tes sarcasmes, moi aussi j’expose des faits.  Je suis ici parce que je ressens de l’amour pour toi et je sais que ce que tu traverses, tu le traverses seule sans en parler. Ce n’est pas seulement la question de ta grossesse. Tu te fermes à nouveau au monde parce que toute cette vie, ces responsabilités, cette notoriété t’étouffe. Tu auras beau porter un masque et compter sur ta force, la pression finira par t’écraser si tu ne sais pas tomber l’armure par moment. C’est difficile de supporter la lumière vive quand on a vécu dans l’ombre et même si on désire ardemment cette lumière, il faut savoir la gérer où tu risques de t’y consumer.

Je du faire un effort titanesque de contrôle pour ne pas lui montrer combien ce qu’elle venait de dire m’avait ébranlée sur mes bases mêmes. Comment diable avait elle pu mettre le doigt en quelques minutes sur les tracas qui m’empêchait de dormir. Je ne m’en étais ouverte à personne, ni mes sœurs et encore moins Sanzo. Cloitrée à Paradise à cause de ce fichu Nobel, sollicités par des nations innombrables qui voulaient mes travaux. Harcelée par les médias qui voulaient ma parole sur des sujets dont je me foutais avec la dernière énergie.  Et ce n’était pas mieux au travail, en phase de doute dans l’ingénierie du portail, je devenais tyrannique et exécrable et j’étais bien assez lucide pour m’en rendre compte. L’absence de maman, la solitude qui était la mienne trop souvent quand Sanzo courait le monde, ce cruel sentiment que personne ne comprenait réellement ce que je faisais et combien c’était important et pour couronner le tout, ses doutes terrifiant sur ma capacité à devenir mère. Je n’avais pas le temps d’aimer, je n’avais le temps pour rien. Je savais le chemin à parcourir mais je n’aurai jamais pensé qu’il puisse être si difficile.  

- Tu te prends pour ma mère pour me sortir cette litanie ? Sifflais-je avec cette fois une voix cassante.

- Non je ne le suis pas et ne le serai jamais mais je peux être une amie.

- Dommage, cette envolé était totalement dans son style.


- C’est tout à fait logique parce que ce sont ses propres mots que je viens de te répéter.

Je laissais passer un bref silence avant de soupirer légèrement sentant mon énervement refluer, son ton de voix était resté mesuré et calme contrairement à moi qui avait démarré au quart de tour. Je baissais les yeux sur mon assiette vide avant de murmurer.


- Tsss…C’est elle tout craché…toujours en train de vouloir « réparer » les autres…Est-ce qu’au moins ces conseils ont été d’une quelconque aide à la personne à qui elle les a prodigué ?

Elle laissa échapper un bref petit rire qui me fit relever le visage.

- Oh que oui. Cette personne c’était moi.
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Ombres et Lumieres ( Cale- Jade)  2022 Empty Re: Ombres et Lumieres ( Cale- Jade) 2022

Message  Calie Loretto-Oldfield Jeu 24 Mar - 9:55

Institut F Charles Xavier, Deux ans avant Ultimate.

Je jouais nerveusement avec la pierre précieuse qui ornait le ras du coup de mon uniforme. Le contact de mes doigts sur la froideur du saphir avait ce don exceptionnel de calmer mes angoisses et de me reconnecter à l’amour de la personne qui m’en avait fait cadeau.  A demi agenouillée sur les contreforts du toit du bâtiment, mon regard se perdait sur le soleil couchant qui embrasait les arbres du parc de l’institut. Fallait-il y avoir un augure quelconque ? Un futur incendiaire et consumant ou peut être tout simplement la fin d’une époque bercée d’insouciance et d’une certaine innocence ? L’incertitude de l’avenir me flanquait parfois des hauts de cœur comme à ce moment précis. Je n’aimais pas comment les choses tournaient depuis quelques mois et l’apprêtée du chemin qu’il nous faudrait parcourir. Je n’étais pas faire pour ça, pas faite pour décider ou pour montrer la voie, pour être exposée comme un model à suivre, un produit façonnée par une volonté et cela en dépit des paroles de Charles. Je craignais la partition qu’il demandait de jouer pour l’équipe de récupération de la Young Force et du rôle qu’il entendait à ce qu’elle puisse jouer dans son jeu d’échec avec le reste du monde. Pas que je le croyais vain, mais surtout que je me pensais pitoyable actrice. J’avais fuit le tumulte après le discours de réception de nos « invités » et comme toujours je ruminais ma solitude loin des mondanités et des ronds de jambes.

Quelqu’un venait de briser cette retraite. Je le savais déjà.  Mes sens ne sont jamais réellement au repos, c’est la nature même du Berserk que d’être sur cette crête et ce fil tendu. Ce n’était pas compliqué de reconnaitre ce pas assuré et calme. C’est toujours ainsi qu’elle m’abordait, avec un calme manifestant tous les liens qui nous unissaient.

- Tu as déjà dévoré l’intégralité des pâtisseries et épongé le plus gros des alcools forts ? Demandais-je

Elle vint s’assoir à mes cotés sur la corniche,  les jambes pendues dans le vide à la manière de la femme enfant qu’elle savait être. Il ne lui fallut pas moins de cinq secondes avant de commencer à les balancer à la manière enfantine ce qui amena le spectre d’un sourire sur mes lèvres. Je la connaissais si bien ma Caitlyn. Elle étouffa une sorte de soupir de lassitude avant de me répondre.

- Nan, je laisse ça à cette gloutonne de Kaya….faudra juste être de retour avant que l’alcool ne lui monte à la tête et qu’elle finisse par chercher querelle à un tiers. Ce n’est pas le bon moment pour ce genre de connerie…

-       Tu devrais te joindre à la fête, ce n’est pas tous les jours que les média sont conviés à pénétrer dans l’Institut….Et puis…je suis certaine que beaucoup rêverait d’un entretien avec « Wonder Beaver » en chair et en os.

Cette fois si j’eu comme réponse un profond soupire d’exaspération. C’tait un tantinet cruel. Je savais bien qu’à la longue ce sobriquet avait fini par l’agacer mais il avait fait d’elle l’une des coqueluches médiatiques de notre caste et Charles escomptait bien se servir aussi de ce biais pour charmer l’opinion.

- J’aurai du fermer ma gueule quand j’ai sorti cette bêtise devant ce téléphone portable y’a deux ans…pfff…les réseaux sociaux, j’te jure. Ricana t-elle.

Elle laissa passer un leger silence avant de poursuivre

- Oh ils ont bien essayé d’avoir leur chance mais avec mon élégance naturelle j’ai prétexté un besoin naturel pressant pour m’éclipser.

- je visualise très bien la scène, soupirais-je.

- Et moi je visualise très bien que les paroles de Charles au Briefing te tournent toujours dans le crane, mon ange.

Je laissais passer un silence à mon tour, mon regard tombant à mon coté  sur le pan gauche, couleur sang, de son long manteau qu’elle portait au dessus de son uniforme.

- Cette comédie m’exaspère, commençais-je, pourquoi porter nos uniformes pour des civils. ? C’est une mascarade.  Ils ne nous voient pas tel que nous sommes….ils déambulent dans l’Institut comme dans un…zoo.

- Oui…mais cette petite prestation a totalement son utilité parce que c’est ce qu’ils ont besoin de voir et besoin d’entendre. Parce que c’est ainsi qu’ils nous connaissent et veulent nous connaitre. La situation se tend, Calie, nous devons jouer un jeu politique bien au delà de celui de notre humanité.

Je baissais le regard dans le vide tout en serrant les dents

- Tu débites les mots du Professeur….Je vois que tu adhères à la doctrine.

- L’avocate en moi les approuve parce qu’ils sont notre meilleure défense. Parce que pour une fois c’est la différence qui fait notre atout et notre utilité. Même si l’idéaliste que je suis en désespère…comme toi, murmura t-elle avec une réelle tendresse que je pu percevoir facilement.

- Je n’ai jamais été douée pour mentir, encore moins pour jouer la comédie. Je sais gérer une équipe, me battre dans le feu de l’action mais on ne se bat pas contre les flashs des appareils photos…J’aime la calme et la pénombre, je suis mal à l’aise dans la lumière et le tumulte. Ce n’est pas ma nature, ce que je suis intérieurement…Je pensais que…

Alors que je gardais le silence, je senti sa tête se poser sur mon épaule et sa main doucement caresser ma cuisse en un geste de réconfort qui me donna l’énergie de poursuivre.

- Je pensais que cette école allait me révéler à moi-même dans ma totale humanité…que je pouvais enfin être Calie Loretto et pas le Berserk. On me demande de me travestir, d’endosser un rôle et toute ma vie, j’ai du lutter contre ce sentiment d’oppression, de pression sur ce que je devais être. J’ai cette impression écœurante que rien ne change.


- Et tu as tort. C’est parce que tu renfermes sur toi-même que tu finis par ne plus voir le monde que par un point de vue biaisé, mon amour. murmura t-elle.

Je tournais mon visage vers elle, la scrutant avec gravité et sérieux. Les lueurs du crépuscule baignaient sa face de couleurs chatoyantes magnifiques, son regard lui-même semblait d’un orangé embrasé. Elle poursuivit.

- Cette pression tu te l’imposes en la renfermant sur toi-même et la laissant te consumer. Nous ne pouvons être totalement libres d’être nous même. Nous devons souvent jouer un rôle social. Mais tu oublies une chose fondamentale dans ton équation. Tu m’oublie moi et ceux qui t’aime, toi, Calie Loretto. Je me fiche que tu sois l’une des femmes les plus forte de l’univers. Tu es une amie, une amante, une professeure admirable et tant qu’il restera quelqu’un comme moi qui saura combien tu aime ce calme et cette pénombre comme tu me disais tu ne te perdras pas totalement. Je veux ben garder pour toi cette part d’ombre pour t’aider à affronter la lumière mais n’oublie jamais que malgré ce qu’on dira de toi…de nous…de ce que nous pouvons faire….tu n’auras qu’à me regarder pour te rappeler de qui est vraiment Calie Loretto. Qu’importe ce que tu traverseras, où la pression que tu auras à subir, je serai là pour t’aider à partager cette lumière vive et l’empêcher de te consumer, parce que je te connais…dans ta plus simple nudité comme dans ta plus bouleversante fragilité….je te connais.

Plissant les yeux et encore un peu étourdit, j’avançais le visage pour accoler mes lèvres contre les sienne et partager un intense et délicieux baiser. J’y mis toute ma passion et mon amour afin d’encrer le souvenir de ce moment et de me forger de ses mots à même l’âme. Je su alors que pour me retrouver, il me suffirait de retrouver son regard posé sur moi. Caitlyn Oldfield était réellement mon humanité que j’avais cherché si longuement et sa lumière éclipsait toutes les autres parce que c’était notre lumière, notre nova solidaire et indestructible dans notre univers. Une autre leçon que je n’oublierais jamais.

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Residence des Aoe-Oldfield, de nos jours

Mes paroles semblaient enfin avoir trouvées leur cible. Un voile passa sur le regard aux iris d’un noir indéchiffrable de jade et sa posture s’affaissa légèrement comme si elle s’était décidée à rendre les armes dans cette joute verbale qu’elle avait installée entre nous. Pour la première fois depuis notre rencontre, elle semblait moins dans le contrôle et même sa voix prit ce ton moins inquisiteur mais plus sincère. Après une légère absence pendant laquelle, elle posa ses deux mains gantées sur les genoux en une attitude de petite fille sage, elle poursuivit.

- Les X Men ont toujours du gérer la notoriété, maman disait souvent que c’était là l’un des revers de la médaille. Vous agissiez pour le bien de tous au grand jour…un sacrifice altruiste mais bien souvent ingrat. J’imagine à peine ce que vous avez du ressentir lorsque les lois anti-mutantes ont été promulguées et combien vous avez du vous sentir blessés et trahis.

Je soupirais me remémorant ces heures noires loin de presque deux décades pour tous et pourtant si proche dans ma mémoire : l’irascibilité de Kaya, la stupeur de Toy et l’incrédulité de Cait. Il n’y avait guère que moi qui n’avait pas réagit dans l’excès. Cette absence de réaction affichée n’avait pourtant pas bouleversé grand monde car beaucoup pensait que c’était une fois de plus l’une de mes « marques de fabrique ». Ce trait de caractère si trompeur que l’on nommait l’impassibilité légendaire de Berserk. La vérité résidait plutôt dans une sorte d’aphasie due à une incapacité d’entre voir un avenir même à court terme. Il m’avait fallu une longue discussion en tête à tête  avec Jean Grey pour savoir comment réagir et donc comment agir mais seule Caitlyn avait eu connaissance de ce debriefing.

- Personne n’aurait pu savoir a quel point  ce vent mauvais allait souffler, expliquais-je. Ce fut une période courte quasi étouffée dans l’œuf par l’arrivée d’Ultimate, mais même si les mutants avaient eu un genou à terre, nous n’étions pas abattus pour autant. Nous allions combattre contre l’oppression, nous avions juste besoin d’un peu de temps pour retrouver du souffle…Il y a toujours une issue, même à la situation la plus dramatique…

Un léger sourire naquit sur ses lèvres à mes paroles ce qui piqua légèrement ma curiosité. Je réécoutais mes paroles mais ne trouvais pas ce qui avait pu la toucher là dedans.

- Nous ne sommes pas si différentes, déclara t-elle, nous gérons une pression que personne ne soupçonne pour le « bien de tous ». La gloire et la renommée sont des fardeaux qui handicapent bien souvent notre but.

Je perdais mon regard vers le décor résolument fonctionnel de la demeure si immaculée de propreté avant de murmurer comme pour moi-même.

- Et bien je sais que souvent la guerre et la science font bon ménage mais de là à comparer le poids de la pression que subit une personne en première ligne aux poings ensanglantés  et une scientifique multi-récompensée derrière son bureau…je pense que le poids de l’enjeu est véritablement et fondamentalement différent. Sans vouloir t’en faire offense, Jade.

- Et si je te disais que moi aussi j’œuvre pour un projet qui sur le concept est aussi important que celui que vous poursuiviez avant la guerre ?


Je plongeais mon regard dans le sien la jaugeant et préférais conserver une sorte de silence embarrassé. Je ne voulais pas non plus froisser sa susceptibilité puisque comme m’en avait averti Aislinn, la fille de Caitlyn semblait avoir une infiniment haute estime d’elle-même et sans doute du travail scientifique qu’elle pouvait effectuer. Je m’étais quelque peu renseignée sur ces travaux même si je ne possédais pas le bagage théorique de Kaya et que j’appréciais les sciences à dose thérapeutique. Je devinais qu’à terme ses recherches pouvaient déboucher d’ici quelques décades sur un possible transport par téléportation de la matière. Ce concept me laissait de marbre pour avoir côtoyé de nombreux téléporteur comme Kurt Wagner ou même ma propre fille avec ses trous de ver. Mais j’imagine que pour de simples humains, cela constituait un véritable bon en avant qui méritait tous les éloges et les prix accordés au « professeur Oldfield-Aoe ». Elle comprit à coup sur le doute dans lequel j’étais plongée et ajouta.

- Et je ne dis pas cela avec une emphase due à l’excitation de la chercheuse. Ce n’est pas une tournure de style. Mes travaux ne sont qu’un outil à un but qui me dépasse totalement, moi, toi et toute la cité.

Je posais mon coude sur la table, posant le menton sous la main en une posture d’écoute attentive. Elle piquait ma curiosité cette fois ci et un peu mon admiration par la vivacité de son jeune esprit. Mais après tout, il s’agissait bien d’un des esprits les plus prometteur de cette époque, quelle ironie qu’elle porta le nom de mon aimée, elle qui parfois se noyait à la simple résolution d’une multiplication. Jade esquissa alors  un sourire entendu avant de murmurer.

- J’en déduis que Aislinn avait raison, tu n’as pas pillé les souvenirs de maman. C’est une chose que j’aurai été bien incapable de faire, personnellement. Avoir accès à un tel trésor et se refuser à l’explorer.

Cette fois ci, ce fut mon tour d’élargir un grand sourire un tantinet ironique.

- Ca s’appelle le respect de l’autre. En plus je crois savoir que tu tiens particulièrement à ton statut d’hétéro. Tu aurais pu y lire des expériences qui t’auraient fortement troublées je pense…

Elle sembla un instant désarçonnée par la remarque, affichant une petite mine contrite avant de se ressaisir l’instant qui suivi.

- Sans vouloir te peiner, Maman et Kaya n’ont jamais été des plus …discrètes.

Mon sourire s’estompa immédiatement. Evidemment, cette sorte de souvenirs je les savais là en moi mais pour rien au monde je n’aimerai me torturer en y ayant accès. La corruption des sentiments par la psyché de Cait rendait les choses terriblement complexes et confuses en un mélange d’excitation et de répulsion, de désir et de dégout, de haine et d’amour…un chaos parfois insurmontable et des plus douloureux. J’optais pour le brusque changement de sujet, elle ne sembla pas fâchée de cette tactique.

- Et si tu me disais enfin ce que tu as en tête, si c’est ma confidentialité que tu demandes en échange, tu peux être rassurée : jamais je ne trahirai les miens.

Elle sembla sacrifier à une courte  pause silencieuse comme pour rassembler ses idées afin de construire un cheminement qui augurait complexité et exhaustivité.

- Bien, ce que je vais te dire, très peu de personne en sont au courant. Dans mon entourage, il n’y a que maman, mon mari Sanzo et Kaya. Mes sœurs ignorent l’étendu de mon travail et son but ultime. Si je te raconte tout cela, c’est parce que durant toutes ces années, je me demandais comment toi, tu aurais réagit avec ses informations entre les mains et quels auraient été tes choix. Je pensais que ce moment ne viendrait jamais mais puisque tu défies la mort, l’occasion est trop belle.

Elle égraina ses mots l’un après l’autre avec une précision froide et surprenante. Elle parla de son concept, de sa genèse, de son désir de reconnaissance, de pouvoir être une « autre Oldfield » avec un chemin différent. Puis de sa rencontre avec le Docteur Payne, personnage  dont je n’avais aucun souvenir, de combien cette rencontre avait bouleversé sa propre vision des choses, de sa destinée. A ma grande surprise, j’appris les idéaux de Centauris, leur objectif qui était devenu aussi celui de Jade, de cet « autre chemin » qu’elle voulait que l’humanité emprunte. Je commençais à deviner l’ampleur de la glace de l’Iceberg caché dans les flots. J’allais de surprise en surprise. Jamais je n’aurai pu supposer une idéaliste sous ce regard noir. Ce qui me fit le plus froid dans le dos resta combien ce projet était avancé, nous parlions de quelques années où j’y voyais plusieurs vies d’homme. C’était un futur bien proche et caché qui se dévoilait sous ses mots, un futur implacable et absolu où les choix avaient déjà été faits et les options tranchées depuis déjà longtemps. Il n’y avait pas de négociation là dedans, ni de remise en cause : c’était une logique qui avançait seule et se justifiait par elle-même à chaque point de détail. Plus qu’une proposition : un avenir qui allait s’écrire avec ou sans nous. Sur le coup j’avouais que cela me terrifia, que cette inéluctabilité m’arracha un frisson le long de l’échine. J’imaginais vu l’attachement qui me liais à Jade que Caitlyn avait du agir avec emportement devant un tel projet, je permettrai un peu plus tard de revoir ce souvenir. Mais j’étais loin d’avoir l’impulsivité de la rouquine flamboyante, du moins dans mes relations sociales. Le silence qui suivit ses explications fut long et pesant. Elle attendait, impassible, j’étais encore perdu dans les méandres de ma pensée. Elle ne demanda rien alors je mis fin au supplice.

- Je suppose  qu’une personne comme toi à passer du temps à analyser chaque possible et probable grain de sable dans la mécanique et à envisager toutes les hypothèses que le projet puisse s’avérer bien différent que ce que tu voulais espérer ?

- C’est un travail d’équipe, Calie et je n’oublie jamais l’imparable Loi de Murphy. Nous y avons passé plus d’une nuit blanche durant toutes ces dernières années.

Si les événements peuvent mal se dérouler, il y a de grande chance qu’ils en suivent la direction. Une loi maintes fois vérifiée et attestée en théorie et surtout en pratique. Cait nommait ça poétiquement « la loi des emmerdes maximum ».

- Comment se déroule l’ingénierie ? Questionnais-je

- A peu de chose près, comme nous l’attendions. Bien sur, il y a de nombreux ajustements et des occurrences inattendues, mais nous les avons toujours surmontées. Ca m’étonne que tu m’interroge sur l’aspect technique de ce projet là où d’autres m'ont étrillée sur l’aspect philosophique et morale.

Je soupirais longuement et me levait de table à la grande surprise de mon hôte. De toute façon, je n’avais plus aucun appétit. Ce genre de sujet méritait plus qu’un simple échange lors d’une discussion de tablée. Je fis quelques pas vers la fenêtre du living pour perdre ma vue sur les bâtiments de Paradise assez proche du lieu ou demeurait la famille Aoe.

- Et qu’est ce que tu voudrais que je te dise ? Tu n’as pas besoin de mon assentiment et ta décision a été prise depuis longtemps, commençais-je. Personnellement, je pense que ce choix que tu as fait est une option. Et que comme toutes les options, tu es seule juge de sa conformité à ta propre vision de la morale. Nous aurions pu avoir une discussion radicalement différente avant…avant Ultimate, la folie humaine…et tout ça.

Je désignais d’un geste l’étendue de la cité de New Heaven pour appuyer mon propos.

- J’aurai pu te dire que tout pouvait être sauvé, que tu as tort et qu’il y a du bon dans l’être humain et que surtout  juste une question d’apprentissage et de patience…Une chose a brisé toutes mes croyances depuis..

Je baissais la tête vers le sol sentant une brusque vague de détresse m’envahir.

- L’inutilité de ma mort.  Je pense que tu as tout à fait raison, Jade et je te souhaite de tout cœur que tu réussisses là où nous avons échoué par deux fois : sauver ce monde et nous sauver de nous même.
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Ombres et Lumieres ( Cale- Jade)  2022 Empty Re: Ombres et Lumieres ( Cale- Jade) 2022

Message  Jade Oldfield Mar 12 Avr - 18:33

Mon esprit scientifique m’avait habitué à ne jamais éprouver de surprises mais Je n’aurai jamais cru entendre de telles paroles provenant de sa part. Maman me rabâchait sans cesse que d’elles deux, Calie avait toujours été la plus idéaliste, la plus loyale et la plus optimiste en définitif « la plus » point final concernant le futur et l’avenir de notre espèce. Peut-être que Caitlyn s’était forgée une image hagiographique de Calie, ce n’était pas impossible et si c’était le cas, je m’en fichais bien évidemment totalement du moment que sa dévotion ne vienne pas entacher mes propres routines et centres d’intérêt. D’ailleurs, il me semblait dans mes souvenirs que Aislinn s’en était souvent vu faire remontrance de sa fan attitude, surtout de la part de Kaya mais là aussi dans cette situation, le passif qu’il existait entre ces deux rivales amoureuses faussait toute objectivité, elles ne partiraient surement pas ensembles passer les périodes estivales dans un hôtel luxueux et passer leurs journées en sirotant des cocktails et en pouffant sur des anecdotes de leurs gloires passées respectives.  Je l’observais comme une sorte de bête curieuse qui se refusait à suivre les réactions que j’avais pourtant anticipées, démontant ainsi tout un argumentaire qui ne pourra naitre.
Frustrant en résumé.

- Tes paroles sont…déstabilisantes, finis-je par murmurer comme pour jouer la montre.

Je détestais ne pas savoir comment agir en termes de relations interpersonnelles. Je faisais peu de cas du bien être de mes interlocuteurs parce que cet exercice d’équilibriste entre ce qu’il faudrait dire, ne pas dire, éprouver, feindre ou démontrer n’était qu’une immense perte de temps. Même avec mes proches c’était une gageure et Calie était sur le seuil de cette catégorie à mes yeux. Cette dernière esquissa un léger sourire tout en laissant glisser le plat de la main le long du dossier de sa chaise. Mon regard se posa de façon hypnotique sur la banalité du geste alors qu’elle faisait quelques pas. Elle finit sur s’appuyer sur le dossier, le corps légèrement penché vers mois, me dominant de sa stature. Tactique d’intimidation ou de familiarité ? Dans un cas comme l’autre, un vague malaise en était le résultat.

- Tout le monde change, Jade. Que crois tu que j’ai bien pu faire durant ces longs mois de retraite à l’Institut ?
- J’étais trop occupée pour m’en soucier, répondis-je du tac au tac avec une réelle sincérité, elle ne sembla pas en prendre ombrage pour autant puisqu’elle enchaina.
- Il m’a fallu reprendre pied, oui. Retrouver certaines habitudes et certains automatismes pour m’aider à me libérer l’esprit pour mieux réfléchir. Je suis de celles qui ont besoins de repères et d’automatismes pour mieux fonctionner…mais je crois que c’est un des rares points communs entre nous, non ?
- Oui. Répondis-je sans développer. C’était bien inutile à dire vrai.

Je comprenais parfaitement ce qu’elle voulait souligner. Ma vie toute entière n’était faite que de routines et de points d’ancrage afin de m’apporter la sérénité pour me permettre de ne pas être dévorée par le doute et l’incertitude. Cette fausse indifférence que beaucoup qualifiaient de froideur n’était pas la résultante d’un dédain violent envers mes congénères, pas que devrais-je plutôt dire, ce n’était que l’arbre cachant une forêt beaucoup plus intime et secrète : mon manque de confiance en moi.  Cela signifiait aussi que  ces doutes assaillaient aussi l’être qu’on m’avait vendu comme le plus inflexible et inébranlable du monde. Maman savait-elle cette faiblesse ? Calie était-elle parvenu à leurrer tout son entourage à ce point ? Elles ne faisaient pas que partager leurs fluides, à toute évidence mais son secret avait été farouchement protégé toutes ces années par un mutisme certain de la part de ma mère. C’était un constat réellement surprenant et peu décevant mais on fini par s’habituer à la complexité de nos proches, indiscutablement.

- Lorsque la tempête fut apaisée, continua t-elle, je me suis mise à considérer les événements avec un réel recul et voir les répercutions qu’ils avaient pu avoir. J’ai lu tout ce qui avait rapport à l’après Ultimate, la paix retrouvée avec les humains, l’élaboration du rêve de la cité nation « New Heaven ». Autrement dit, j’ai rattrapé toute l’histoire telle qu’elle est rédigée  depuis ma tragique « disparition ». Cependant,  je ne suis pas non plus assez naïve pour me fier à l’Histoire Officielle avec un grand « H », alors j’ai creusé…j’ai sonné à quelques portes et j’ai écouté certains….murmures.

Mon regard quitta le sien pour plonger vers les restes de mon repas, j’en eu une certaine nausée. Je n’étais pas certaine de son origine, la grossesse ou des pensées définitivement écœurantes. J’avais une vague idée de ce qui se disait de la cité hors de nos murs contrairement à beaucoup de personnes que je connaissais et côtoyais et qui comme moi avait connus une vie confortable et protégée des affres qui touchaient une trop grosse majorité des citoyens. Beaucoup de « lore », de légende identitaire avaient été martelés par l’Etat lui-même qui tentait d’écrire de force sa propre vision de son Histoire.  Nous vivions trop dans un sentiment de forte appartenance à un Etat, à une sorte de « vision mystique » à une espèce « survivante », le nationalisme patriotique m’avait toujours écœuré parce que trop souvent, il menait à occulter la réalité des faits Tout ceci n’était qu’une construction politique faite à garder une emprise sur ses composantes. J’en avais pris conscience assez tôt par la distance entre les faits relatés voire célébrés et la véracité de ce que j’avais glané et observé grâce à ma position si proche « du soleil ». .  
La politique… Cela ne m’avait jamais vraiment intéressé car à dire vrai j’avais fait parti de cette jeunesse dorée mais cette part de noirceur me venant de mon père m’avais fait considéré des voix racontant une autre histoire de New Heaven, une histoire sensiblement différente faites de corruption, d’abus de pouvoir, de manœuvres honteuses de rêves brisés ou éclaboussés de sang. L’analogie avec ma propre mère était trop simple à faire. D’un coté, nous avions l’héroïne vétérante de guerre, survivante idéaliste et pionnière de la constitution de New Heaven  , de l’autre nous avions une femme brisée qui s’était perdue dans les bras de putes de luxe, qui avait bradé son intégrité pour des arrangements bien placés, qui avait su fermer les yeux sur bien des horreurs décidées avec son accord, comme la mise en place des Muses ou l’éradication des mutants capable de voyager sur des plans dimensionnels par ce que la Raison d’Etat l’exigeait. Je savais tout cela, je l’avais découvert parce que j’avais su chercher au-delà du comte de fée. J’hésitais à porter un réel constat, un réel jugement sur tout cela parce que mon regard se dirigeait bien au-delà mais je n’ignorais pas cette facette sombre pour autant, j’avais juste appris à la laisser pour ce qu’elle était : des détails disgracieux sur une fresque qui ne me ressemblait en rien.
Aislinn et Ari m’auraient arraché les yeux pour de telles pensées et pourtant, ce n’était que l’énonciation de faits. Rien que du concret aussi dur et froid que le bitume où crevaient parfois dans l’indifférence, les exilés du Outter. Sanzo ne voulait pas le voir alors nous n’en parlions pas, ou plutôt je n’en parlais pas. Ce monde était bien plus noir que gris et c’est pour cette raison que je croyais si fort en mon projet que je me devais d’y croire pour nous, pour notre famille, pour mon enfant. Un bref silence me sortit de mes pensées et me fit lever le visage vers elle. Elle observait une fois de plus à travers la vitre les buildings qui saturaient le paysage avec une expression douloureuse. Je n’imaginais même pas la violence de la tempête dans son esprit mais je pouvais clairement en percevoir les fracas par la gravité de ses traits.
Elle continua alors sa démonstration qui se voulait absolue et implacable..


- New Heaven n’a rien d’un paradis, c’est un cloaque de misères où les plus chanceux et les moins honnêtes surnagent. Le rêve de Xavier a été clairement piétiné et s’est terminé par…ce compromis infâme où les mutants ont droit de « subsister » sur un lopin de terre qu’ils ont payé le prix fort.

Je tiquais sous l’argument car il faisait terriblement écho à certaines paroles qui hantaient les bas fonds du Outer. Le mal était-il si profond et entendu ou avait-elle entendu ses paroles prononcées de vive voix.

- J’ai déjà entendu cet argument…il ne mènera à rien d’autre qu’à une révolte où une fois de plus des innocents y laisseront leur peau…Mais de toi à moi, je ne crois pas à l’utilité sur le moyen et long terme du procédé de « purge » que tu évoques à mis mot. Une révolution, c’est par définition faire un tour sur soi même pour revenir exactement au point de départ, lui rétorquais-je.

- Faut-il pour autant se satisfaire d’une oligarchie injuste et méprisante ?


Je soupirai longuement baissant la tête. Nous nous heurtions à un mur d’impuissance que bien d’autre personne avait pu rencontrer.  Elle pouvait retourner le problème dans tous les sens, l’observer sous toutes ses coutures : elle finirait inexorablement à la même conclusion.

- Il n’y a pas de bonne réponse à tes constats Calie et tu es bien assez intelligente pour le savoir. New Heaven n’est pas un modèle, certes oui mais c’est la seule réponse qui nous a été donné. Il faut faire avec.
- C’est si facile de philosopher lorsqu’on doit faire avec du bon coté de la barrièrerépondit-elle non sans une certaine ironie dans le ton de la voix.

Je n’aurai pas du le prendre personnellement mais je suis de nature à ne laisser aucune opportunité d’attaque même si cette attaque est largement présupposée.

- Je n’ai pas choisi de « coté », précisais-je aussi tôt,  tu dois savoir qui est mon père et d’où je viens…ce n’est pas de ma faute si j’ai été élevé par l’une des fondatrices de cette cité. Même si je réfute le terme de « faute » sémantiquement parlant.

Calie esquissa un sourire contrit et agita faiblement la main pour signifier qu’elle regrettait une attaque que je jugeais bien trop tôt réelle, gratuite et sans fondement et tira à elle la chaise pour se réinstaller face à moi.

- Désolée, je m’égare. Tu as parfaitement raison tu n’as aucune responsabilité là dedans….Ni ta mère d’ailleurs. Elle a fait ce qu’elle croyait être le mieux pour tous et était clairement sous influence. Je connais les responsables, c’est étrangement ceux qui portent le moins de cicatrices héritées de cette bataille…Je tiens à leur demander des comptes, c’est certain.

Je haussais les sourcils. Voilà qui était clairement inquiétant. Que Calie débite un discours pseudo révolutionnaire et fasse montre d’une amertume désabusée, ca n’avait rien de vraiment alarmant et ses déclarations prouvaient qu’elle était bien plus lucide sur l’évolution de la situation que je ne l’aurais pu imaginer, mais qu’elle souhaite directement trouver la tête de l’Etat pour une « explication » que je supposais franche, directe et très peu courtoise me laissa passer un frisson dans le dos. D’après les histoires de maman et celles bien plus récentes de Aislinn, elle méritait vraiment son sobriquet de « Berserk » ces fameux guerriers de la mythologie nordiques dont la rage au combat les rendait sourd à toute autre alternative que de massacrer ce qui se trouvait sous leur hache ne me réjouissait guère. Elle n’était plus responsable de sa vie puisque son corps enfermait l’âme de Caitlyn. Il ne manquerait plus qu’elle nous prive définitivement d’elle par un acte de folie.

- Je te déconseille de faire ça…interrompis-je, Kreele, Sage et les membres du comité sont hyper protégés…surtout Sage, elle ne reculerait devant rien pour éliminer une menace. Je ne suis pas censée en parler mais ça a faillit se produire il y a quelques temps…Elle a menacé directement notre famille et Maman, Aislinn et Kaya ont joué TRES gros dans cette histoire…même grand-mère à faillit s’en mêler avec tout le X center.

- Grand-mère ? …oh…Ororo, oui….c’est vrai, c’est ta grand-mère au fond…Elle aussi a joué un rôle définitivement trouble dans tout ça…Je n’ai pas peur de Kreele, encore moins de Sage…c’est une peureuse. Tu peux me dire ce que tu veux, j’ai besoin de réponses et je vais les obtenir…Je veux comprendre où, quand et comment tout ça est parti en couille. Et de toi à moi, Jade…je pense que « Grand-mère » pourrait bien lâcher sur moi, toutes les troupes du X center…ils n’arriveront pas à m’arrêter. Ceux qui pouvaient y parvenir sont morts ou disparus depuis longtemps et c’est pour eux aussi que je veux mes réponses à nos questions.

Calie la plus raisonnable des deux ? J’en doutais fortement. Sans doute la plus obstinée, et cela collait parfaitement avec l’image édulcorée que j’avais d’elle. Caitlyn l’avait toujours secondée dans son ombre mais c’est bien elle qui ouvrait la marche. Si ce caractère affiché  avait toujours bien été présent chez elle, il était plus évident de comprendre pourquoi maman s’était effondrée à ce point à sa disparition. Je croyais au rapport de domination entres les êtres et je comprenais clairement qui avait été la dominante et la dominée.
Jade Oldfield
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