[Terminé] Face à sa propre tombe [Caitlyn]

- J'peux laisser d'la place mais j'te préviens... J'parle et j'bouge quand j'dors. Du coup si j'bouge de façon "inappropriée", c'pas ma faute, c'est mon subconscient.

Je m’observais bêtement devant la glace de la penderie. Mouais…mon dernier phasing total datait d’il y avait presque quatre ans lors de l’attentat. Ca faisait que mon corps devait accuser un âge de quelque chose comme 30 ans…Le retour après une forme de Chiméra me ramenant automatiquement à 26 ans, jour où mon codage génétique s’est « réécrit » lors du premier phasing. Oui et bien en quatre ans, j’avais pris des hanches et un peu du cul aussi faut dire. Ma poitrine elle restant désespérément plate, mes fesses restant pourtant mon atout « charme ». Peut-être qu’un régime à coup de phasing total me permettrait de retrouver un peu mon sex appeal, mais j’y perdrais un peu de longueur de cheveux, hélas…mais moins de cernes aussi.à méditer. Je commentais tout en me déplaçant avec charme dans la pièce.

- Oui et bien moi ça fait dix ans que je dors seule alors tu penses que dans la nuit je risque de tenter de retrouver mon middle territoire du matelas, hein…Et oh…tu te souviens de mes terreurs nocturnes, elles n’ont jamais disparues….il m’arrive encore de me réveiller en larmes et en hurlant. Y’a rien à faire dans ce cas-là, parles moi doucement en me rassurant et je me rendormirais…ne panique pas, j’ai l’habitude.

Je rampais à quatre pattes sur le matelas comme un félin jusqu’à trouver ma place à côté d’elle et de creuser mon nid dans ma couette avec elle qui se collait à mon coté. Je finis par sourire lorsqu’elle m’embrassait, lui rendant baiser après l’autre avec une passion manifeste.

- Bonne nuit, s'pèce de MILF. Littéralement.

J’émis une sorte de rire idiot avant de lui coller un petit coup sur le nez.

- Avec ton pij sur le cul, ce n’est pas demain la veille, je compte bien décrypter chacun de tes tatouages à coup de doigt et de langue. Tiens, si t’as l’temps demain…passe voir dans une parfumerie ou un sexe chop pour de l’huile de massage parfumée, j’te rembourserais. J’adore les massages. Ca permettra de patienter…quelques jours.

Elle s’avança si près et je su ce qu’elle avait en tête. Oui, c’était trop tôt mais c’était complètement partagé. Je me demandais si j’arriverais à dire ces mots magiques aussi, nous avions tous un sacrée problème avec ça…Jade avait attendu une éternité avec Sanzo au point d’avoir eu besoin de « désacraliser » le mot et de la banaliser à l’extrême, Aislinn n’y arrivait toujours pas et se retrouvait complètement paniqué dès qu’elle devait exprimer ses sentiments. Quand a Ari, sa bisexualité séparant ses egos poserait forcément problème.

- Tu m'as manquée. Et j'suis heureuse qu'on ait enfin pu s'décider.

Je lui souriais, tant mieux, elle avait botté en touche.

- Je te croyais perdue à jamais…je ne veux plus jamais te perdre.

Je me redressais pour claquer des mains, la lumière s’éteignant en réponse.

- Mode ver luisant ON

En me glissant sous la couette pour ne pas la déranger par ma luminescence, je finis par me blottir contre elle me recroquevillant comme une enfant contre son flan pour y ressentir la chaleur, la chaleur qui avait disparue depuis si longtemps.

Cette nuit la rêvais d’elle. De Calie je veux dire, j’ignore si c’était un rêve ou la réalité, je m’étais redressée dans le lit regardant Kaya dormir a poing fermée et Calie était là, assise sur le bord du lit dans son uniforme de X Men, elle la regardait aussi avec un demi sourire chargé de tristesse et d’émotion. Mon regard croisa le sien, elle m’observa longuement avant de chuchoter avec cette voix rauque à l’accent italien.

- Bien sûr que ça fait mal… mais c’est bien. Ce jour-là, je t’ai sauvé pour que tu vives, pour qu’un jour une autre que moi ramène cette lueur au fond de tes yeux. C’est ce que je voulais….ce que j’ai toujours voulu. Redeviens heureuse Caitlyn Emilie Oldfield. Ne la laisse jamais…prendre le même chemin que moi. Aucune cause ne vaut de briser l’amour. Aucun enjeu…aucun grand mystère.
- Calie…mon ange…je t’aime…je t’aimerai toujours. Sanglotais-je.
- Oui, je sais mais….(elle pointa de l’index Kaya)…tu l’aimeras aussi, elle est ton avenir, moi ton passé. A présent dors, dors ma belle sorcière. Je serais toujours à tes côtés, d’une manière différente…oui….mais je te protégerai.

Je me rallongeais en pleurant, les ténèbres m’envahissant jusqu’au sommeil.

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Elle venait d’hurler assise sur le lit, tout en l’observant comme une prédatrice, quasi perchée sur la chaise à déshabillée de Caitlyn. Son sourire ressemblant à une sorte de rictus trahissait l’amusement ou la moquerie puisqu’il était si difficile de déchiffrer ses iris couleur d’encre. Tenue d’écolière traditionnelle, agrémentée de rubans violet, frange impeccable, chemise ouverte sur un T-Shirt « Best WTF in the World », elle faisait reluire à l’aide d’un chiffon ses chaussures Doc martens violette les tenant d’une main pour les enfiler rapidement en faisant ses lacets. Sa jupe plissée traditionnelle achevait ce tableau d’un look chic faussement décontracté mais savamment étudié.

- Tu es affreuse au réveil, et en plus tu baves. Maman est partie bosser depuis des heures, elle m’a demandé de te réveiller avant de partir à la Fac. Ca fait cinq minutes que je te regarde, Ari a lâché l’affaire quand je lui ai dit d’aller chercher des feutres pour t’ajouter des tatouages…dommage, tu sais, les « ados… » et leur résistance à avoir un bon humour.
Notes, j’t’aurais bien laissé roupiller tout ton soul mais maman devait avoir peur « que tu hurles à l’abandon » au réveil ….
C’était cool, la pijama partie ?
Sur ce !

Elle se redressa, défroissant la jupe et enfilant ses gants d’un bleu foncé.

- Je suppose qu’on se voit ce soir. Fermes bien la porte si tu sors et la vaisselle du déjeuner VA dans le lave-vaisselle. Tu m’excuseras, j’ai des cours ennuyeux et soporifiques à avaler…

Elle se retourna un bref instant prenant un air sérieux.

- Et défense de toucher à mes affaires dans la chambre.

Terreurs nocturnes...? Ouais, je m'en rappelais. Mais vu mon état... Il valait mieux ne pas avoir besoin d'une assistance trop intense ou immédiate, franchement. Enfin, d'ici quelques heures après, ça devrait aller nettement mieux. Je hochai donc la tête en bâillant amplement. Je l'entendis aussi, dans mon demi-coma, parler d'huile de massage... Bizarrement, cette partie-là était restée dans mon cerveau. Au final, elle affirma ne plus vouloir me perdre... Ah, ça, je ne pouvais pas lui promettre : impossible de savoir ce qui pourrait m'arriver à l'avenir. Mais en tout cas, si elle me perdait, ce ne serait pas du tout par un quelconque acte volontaire de ma part. Une fois la lumière éteinte, je me rappelai subitement du fait qu'elle luisait dans le noir. Eh, ça devait être pratique pour lire la nuit ! Cela ne me posa en tout cas pas de problèmes majeurs pour m'endormir d'un profond sommeil plus que réparateur et plus que bienvenu...

Je dirais bien que pendant la nuit je me mis à faire des voyages fabuleux et oniriques, avec de la lumière, des grandes révélations sur moi-même et sur autrui, des idées novatrices, la combinaison du loto, ou un truc du genre mais... Rien. En fait, si je rêvai, je n'en eus aucun souvenir. Quelque part, c'était plutôt préférable : les rêves que je faisais tenaient en général plutôt du cauchemar sévère et ils me réveillaient en sursaut. Une fois sur deux je finissais à moitié en train de trembler dans un coin de la pièce. Du coup, un sommeil (à priori) sans rêves, j'étais entièrement preneuse. Et je ne me retrouvai pas réveillée par un mouvement brusque de la rousse - à laquelle je restai accrochée non pas fermement mais en tout cas avec une certaine volonté pendant la nuit - donc normalement, pas de terreurs nocturnes pour cette fois. Merde, entre mes cauchemars brutaux et ses terreurs, quelque chose me disait qu'on ne ferait pas des cures de sommeil super réparatrices, toutes les deux. Bah... Au final ça valait le coup et de toutes façons, le sommeil c'était surfait. Sans compter le fait que je bosse assez rarement tôt le matin, je n'avais d'ailleurs pas de réveil.

Néanmoins, ce matin-là... Il y eut carrément un réveil.

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L'éclat de voix me fit me réveiller en sursaut. De quoi ? Me redressant d'un coup je parcourus toute la pièce du regard, les muscles tendus, cherchant d'où pouvait venir la menace... Car dans ce type de situation, le symbiote avait des instincts plutôt défensifs et animaux. Assez rapidement néanmoins, j'aperçus l'auteur de ce son plutôt désagréable : Jade. Elle était là, mais pas Cait'... Merde, quelle heure était-il au juste ? Et comment ça "la fille la moins sexy du monde au lit" !? Je me frottai le visage, les yeux se refermant à moitié. Certes, le pyjama n'était pas conçu pour être affriolant. Il était quand même assez fin, de couleur blanc cassé, dans un tissu dont j'ignorais tout mais qui est ultra doux, et il était un peu large, donc je me sentais bien à l'aise dedans. Par contre, baver sur le lit ? Mensonges ! Calomnies ! Bon, ok c'était possible mais je continuerait de le nier toute ma vie, faisant preuve de toute la mauvaise foi que je pouvais utiliser. En attendant, elle et Ari avaient hésité à m'écrire dessus... Hmh... Mauvaise idée, vraiment mauvaise idée. Je me frottai encore les yeux alors qu'elle demandait si la pyjama party s'était bien passée, avant de me dire de fermer la porte et m'interdire de toucher à ses affaires. Avant qu'elle ne parte, je rassemblai un peu d'énergie pour parler de façon civilisée :

- Euh... Merci pour l'réveil. Promis j'rent'pas dans ta chambre.

Je ne voyais pas trop ce que j'y foutrais. Une fois la jeune habitante des lieux partie... Il n'y eut plus personne. Je restai là une dizaine de minutes, un peu emplâtrée, à me demander si je devais sortir du lit ou non, jusqu'à ce qu'une horrible évidence ne me frappe : je devais retrouver Johan à l'aéroport.

- OH MERDE ! criai-je d'un coup, bondissant du lit comme un ressort.

En moins de quinze minutes, j'eus le temps de me laver, de boire un demi-litre de lait, me brosser les dents, m'habiller à la va-vite, et partir à toute vitesse en espérant pouvoir être là-bas dans les temps. Et sur le trajet, je réalisai que le fait d'avoir dormi me permettait d'avoir l'esprit... un peu plus éclairé sur tout ce qu'il s'était passé. Un point de vue plus "frais" sur la situation, disons. Cait' avait demandé, le soir précédent, si ce n'était pas "trop tôt". Je venais à peine de réapparaître dans son existence et déjà on dormait ensemble. Et c'était au sens littéral, parce qu'elle avait ses règles - sinon ça aurait été au sens propre comme au figuré. Et soi dit en passant, il y avait moyen de s'amuser malgré tout mais quelque chose me disait qu'il était encore un peu tôt dans notre relation pour faire des bêtises dans ces périodes-là... Bref... N'avait-elle pas raison au fond ? Comme je le disais, je venais à peine de re-débarquer. En moins de 24 heures on était passées de "je te pensais morte" dans son cas et "je n'ose pas paraître devant toi" dans le mien, à "je t'aime mais j'ose pas trop le dire". Était-ce trop rapide ?

La vraie question était surtout : "les années pendant lesquelles nous nous sommes connues avant comptent-elles encore ?". Car nous avions changé. Elle comme moi... J'avais commis des horreurs et j'avais obtenu les moyens d'en commettre des bien pires encore. Elle avait pris part à la mise en place d'un système qui semblait la perturber - elle ne m'en avait pas dit des masses mais visiblement le fait d'avoir dit "oui" à Kreele sans réfléchir l'avait affectée. Et si Kreele n'avait demandé que des choses positives qui aident les petits n'enfants, elle n'en aurait pas honte... Ah, oui, et elle avait 3 filles dont 2 adoptives, au fait, petit détail mais trois fois rien. Et elle avait dû tuer son propre père biologique. Et elle avait appris qu'elle faisait partie d'une lignée de "sorcières" irlandaises. Puis dernier point, non le moindre : elle avait perdu l'amour de sa vie, qui était mort littéralement en elle. Du coup... Les années pendant lesquelles nous nous étions rencontrées et connues comptaient-elles vraiment ? Le fait était que j'étais face à une nouvelle Caitlyn Oldfield. Et au fond... Apprendre à la connaître était loin d'être une idée qui me dérangeait. Ce fut donc avec un petit sourire rêveur que je me dirigeai vers l'aéroport, avec une sacrée dalle - il allait falloir que je me trouve un petit déj' sur place.